Avoir 15 ans, à Caen, le 6 juin 1944
30 pages
Français

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Avoir 15 ans, à Caen, le 6 juin 1944 , livre ebook

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Description

Cet ouvrage qui rappellera bien des souvenirs à nos anciens, maintenant dans le quatrième âge, est le témoignage mis en forme, d’une adolescente, Lysiane, qui a vécu le Débarquement, à Caen, le 6 juin 1944.
Les évènements nous sont contés chronologiquement et tels qu’elle les a perçus, avec ses yeux de jeune fille de quinze ans.
Le récit commence en 1939. Le 20 août de cette année-là, Lysiane fête ses dix ans, chez sa grand-mère, à Blonville-sur-Mer, sur la côte normande.
La guerre qui menace contre l’Allemagne, éclate, dix jours plus tard.
Lysiane vit l’exode de juin 1940, avec sa mère et ses frères et sœurs, jusqu’en Mayenne, la terre des ancêtres où vivent encore beaucoup de cousins qui les accueillent à bras ouverts.
Elle croit mourir, lors du bombardement de Caen, du 10 février 1943.
Puis, apprentie-couturière, elle livre, sans savoir à qui elle a affaire, des robes à la maitresse française du chef-adjoint de la Guestapo de Caen, à l’hôtel Malherbe.
Lysiane a quinze ans, à Caen, le 6 juin 1944.
Dix jours après le Débarquement, elle quitte Caen pour se réfugier à Poussy-la-Campagne, à dix kilomètres de la ville. Mais, les combats la contraignent, le 22 juillet 1944, à reprendre le chemin de l’exode.
Elle revient, à l’automne 1944, dans une ville de Caen, en ruines.

Informations

Publié par
Date de parution 17 avril 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9791029009495
Langue Français

Extrait

Avoir 15 ans, à Caen , le 6 juin 1944
Christian Le Marchand
Avoir 15 ans, à Caen , le 6 juin 1944
( Roman écrit d’après le témoignage de Liliane , née en 1929)
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
Du même auteur :
Le tour d’abandon – Éditions Chapitre .com – Févier 2018
© Les Éditions Chapitre.com, 2019
ISBN : 979-10-290-0949-5
Avertissement
Avoir 15 ans, à Caen, le 6 juin 1944 est un roman, inspiré des souvenirs de Liliane, la mère de l’auteur, née en août 1929, caennaise, et, présente à Caen, le 6 juin 1944.
La cohérence des dates, des évènements et des lieux a été vérifiée par l’auteur à partir des sites, des travaux et des publications les plus souvent cités ou dont l’auteur a personnellement connaissance de la qualité des informations diffusées.
Cependant, c’est toujours la vision des évènements par le principal personnage du roman, Lysiane, qui est privilégiée.
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite.
L’année 1939
Nous sommes le dimanche 20 août 1939, à Blonville-sur-Mer, sur la côte normande.
Lysiane et presque toute sa fratrie : Louis, son cadet de dix-huit mois, Gabriel qui a seize mois de moins que son frère, et sa petite sœur, Marie, qui est née en décembre 1934, sont en vacances chez leur grand-mère maternelle, Félicie, veuve de guerre et gardienne de passages à niveaux, à la retraite, qui s’est retirée près de la mer, dans une location appelée La Cinquantaine.
Marcelle qui est née à Pâques de cette année est, bien sûr, avec ses parents, Marguerite et Auguste, à Caen, dans la maison où la famille habite, rue d’Auge, au fond d’une cour commune, séparée, toutefois, de celle-là par une clôture et un portail. Il y a, au rez-de-chaussée, une grande pièce qui tient lieu de salle à manger et de cuisine, et, une autre aux dimensions plus modestes qui sert de chambre aux parents. Les enfants couchent à l’étage dans une grande pièce coupée en deux par un paravent, auquel on accède par un escalier extérieur en pierres dont chaque marche est fleurie par Marguerite. Mais, c’est Auguste qui arrose les fleurs que Marguerite a choisies et disposées à son gré. C’est une façon, à ce couple peu démonstratif, de montrer sa connivence. Par ailleurs, Auguste a installé l’électricité. Et l’eau, si elle n’arrive pas à l’évier, est à la porte. Il n’y a pas de salle de bains, et, les toilettes sont hors de la maison.
Auguste et Marguerite viennent, chaque dimanche, voir les enfants et soulager, quelques heures, Félicie qui est âgée de cinquante-trois ans.
Marguerite a préparé, pour ce dimanche, une grande tarte avec des prunes comme les aime Lysiane, provenant de l’un des jardins que son père cultive, en plus de son emploi de cheminot.
En effet, aujourd’hui, leur fille ainée prend ses dix ans !
Félicie, accompagnée de Marguerite, lui chante quelques chansons dont Lysiane reprend, avec elles, le refrain. Mais le cœur n’y est pas. Toutes et tous pensent au malheur qui va les assaillir et dont on ne connait pas l’issue. Ce n’est plus qu’une question de jours. La guerre avec l’Allemagne est imminente.
Certes, La France est créditée de la plus forte armée du continent et, son alliée, l’Angleterre, de la plus puissante marine d’Europe {1} . Pourtant, leur fermeté à l’égard de l’Allemagne et de ses visées expansionnistes n’est pas à la hauteur des crédits qu’on leur attribue, ce qui ne manque pas d’inquiéter.
Le train à voie unique pour Deauville-Trouville, qui dessert Blonville-sur-Mer, et qu’Auguste et Marguerite ont pris à Mézidon, d’habitude empli, en août, de couples, de groupes et de familles, et dans lequel résonnent rires et chansons, n’a pas fait son plein de voyageurs. En outre, Il règne dans ses wagons une tristesse qui contraste avec le chaud et lumineux soleil, dont les rayons éclairent avec force les visages inquiets. Seuls les enfants en bas-âge qui jouent au pied des sièges de leurs parents, semblent épargnés par la morosité ambiante.
Deux hommes d’âge mûr tentent, comme pour se rassurer, d’initier une conversation :
– Le président de la république a rendu visite à nos troupes stationnées aux frontières , dit l’un.
– Elles ont un excellent moral {2} , répond l’autre.
Puis, le silence se réapproprie l’espace. On n’entend plus que le bruit saccadé des roues du train sur les éclisses.
Le 2 septembre, c’est la mobilisation générale, en France et en Angleterre, en réponse à l’agression de l’Allemagne envers la Pologne.
Félicie et ses petits-enfants, postés derrière le portail de La Cinquantaine , regardent les blonvillais, en âge d’être mobilisés, se diriger par petits groupes de voisins, de collègues, ou, de frères et de cousins, souvent accompagnés de femmes et d’enfants en pleurs, accrochés à leurs bras, vers la gare où le train de leur destin les attend.
Félicie pense à tous les hommes qui, dans sa famille, rejoignent, eux aussi, un train en partance vers la guerre.
Auguste en sa qualité d’ affecté spécial {3} , est mobilisé sur place.
Nous sommes le lundi 2 octobre 1939.
C’est la rentrée scolaire. Lysiane, Gabriel et Marie vont en classe à l’école paroissiale Sainte-Thérèse, rue d’Auge, à Caen, tenue, sous l’autorité du curé, par les Humbles servantes du Christ-Roi.
Le choix de cet établissement d’enseignement confessionnel et payant, par les parents de Lysiane, aux revenus modestes, n’a d’autre raison que la proximité. Lysiane, et, ses frère et sœur appartiennent au petit groupe d’enfants de familles nécessiteuses que l’établissement accueille, chaque année, sur l’intervention bienveillante du curé.
Louis qui fréquentait, encore, l’école paroissiale l’année précédente, poursuit, en raison de son âge, sa scolarité à l’école publique de garçons du Boulevard Leroy.
Marguerite a pris l’habitude, dès le début de son mariage, de lire le journal pendant le repas, ce qui lui donne l’impression de ne pas perdre son temps, voire même d’en gagner. Et quand, Auguste est là pour le déjeuner, parce qu’il est du matin ou de repos, avec les enfants qui ne restent pas à la cantine, elle lit les grands titres et un peu plus quand il manifeste un intérêt particulier pour un article. Auguste est ainsi informé, en attendant de faire une lecture plus ample du quotidien, plus tard dans la journée.
Depuis que la guerre a éclaté, Marguerite lit, chaque jour, le compte-rendu de la situation militaire, en première page. Les enfants scrutent le visage de leur père, à l’expression duquel ils peuvent évaluer la gravité des informations.
Tandis que la Pologne agonise, la guerre, en France, se ferait presque oublier s’il n’y avait l’absence des hommes et l’instauration du rationnement, tant l’activité sur le front est à peine perceptible. Par ailleurs, la multiplication des permissions agricoles dans les unités territoriales, pour rentrer les récoltes, et, la participation des moyens de transport de l’armée à la campagne de ramassage des betteraves {4} , concourent à une dédramatisation de la situation.
La démobilisation de tous les soldats et sous-officiers, pères d’au moins quatre enfants vivants, ainsi que l’affectation des pères de deux à trois enfants, à des postes moins exposés {5} , d’une part, et le renvoi dans leurs foyers, par le service de santé des armées, d’un certain nombre d’officiers de réserve {6} dont la présence sous les drapeaux n’est pas rigoureusement indispensable, dans les circonstances actuelles {7} , d’autre part, contribuent à rassurer les français.
Toutefois, certains indices montrent que le pays est en guerre et exposé à la pénurie qui engendre des tensions dans la population.
Des tranchées-abris font leur apparition dans les villes. À Caen, on en creuse à Saint-Gilles, à la foire-exposition, Promenade Saint-Julien, Place Saint-Martin, Cours Sadi Carnot et Place Gambetta {8} , pour que les habitants puissent se protéger en cas de bombardement aérien.
Alors que les commerces ne vendent qu’aux clients inscrits sur leur registre et dont ils ont affiché la liste des numéros, la veille, des files s’allongent, dès très tôt le matin devant les rideaux encore baissés, car si tout

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