Cabanis, un idéologue : De Mirabeau à Bonaparte
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Cabanis, un idéologue : De Mirabeau à Bonaparte , livre ebook

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Description

Pierre-Jean-Georges Cabanis, médecin, physiologiste et philosophe d’origine corrézienne, est l’un des grands représentants du matérialisme de la fin du XVIIIe siècle. Pour ce continuateur de La Mettrie ou de Condillac : « vivre, c’est sentir ». Venu à Paris pour y faire ses études, il fit rapidement son chemin dans les cercles intellectuels, grâce notamment à Mme Helvétius. C’est dans son salon qu’il rencontra Turgot, Holbach ou encore Condorcet, qu’il se lia avec Destutt de Tracy et qu’il connut ceux qui l’engagèrent dans la Révolution. Remarqué par Mirabeau, il en vécut avec passion les premiers mois. À côté de ses travaux sur la perception qui ont contribué à introduire la physiologie dans la psychologie et influencé aussi bien Schopenhauer et Maine de Biran que Stendhal, il fut aussi une figure politique. Retraçant le parcours de l’un des précurseurs de la neurophysiologie, le professeur Yves Pouliquen redonne vie à tout le bouillonnement intellectuel des derniers temps de la Révolution, qui inspira la politique du Consulat et de l’Empire. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 janvier 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738177650
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , JANVIER  2013
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7765-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Sommaire
I - Un si calme petit cimetière
II - Un rendez-vous posthume
III - Une heureuse rencontre
IV - Poète ou médecin
V - À moi Paris !
VI - Une très aimante hôtesse
VII - Benjamin Franklin et les autres
VIII - Médecin certes mais aussi philosophe
IX - Une conception nouvelle de la médecine
X - La tentation politique
XI - Versailles et Mirabeau
XII - Auteuil, Cabanis et la Révolution
XIII - Des temps difficiles
XIV - Cabanis concubin
XV - Enfin l’espoir d’agir
XVI - Le second cercle d’Auteuil
XVII - Les Idéologues en action
XVIII - Les Idéologues et Bonaparte
XIX - Et ce fut Brumaire
XX - Cabanis sénateur
XXI - La mort d’ Anne-Catherine Helvétius
XXII - Entre Auteuil et la campagne
XXIII - Le temps des complots
XXIV - Cabanis soucieux de son œuvre
XXV - La lettre à Fauriel
XXVI - Auteuil en partage
XXVII - Les Idéologues après Cabanis
XXVIII - Les raisons d’une éclipse
XXIX - Les disciples de Cabanis
Épilogue
Bibliographie
Remerciements
Du même auteur
I
Un si calme petit cimetière

Il vous est peut-être arrivé de visiter le cimetière d’Auteuil, cet insolite petit carré de tombes cerné de grands immeubles que nous découvrons après avoir cherché son imposant portail d’entrée dans la calme et courte rue Claude-Lorrain. Il a accueilli les morts du village d’Auteuil lorsqu’en 1800 l’ancien cimetière du village qui cernait l’église Notre-Dame fut abandonné. En 1860, l’inclusion d’Auteuil dans ce qui devenait le Grand Paris l’enferma de saisissante façon dans la trame urbaine d’un XVI e  arrondissement en pleine expansion. Ouvert pendant quelques années de façon gratuite à qui s’y présentait, il devint rapidement le cimetière des familles aisées qui jugèrent prudent d’y acquérir des concessions à perpétuité. Si vous l’avez visité, votre curiosité s’est peut-être attardée à comparer les monuments bigarrés que les styles de différentes époques et les familles ont dédiés à leurs morts, mais vous avez sûrement sollicité votre mémoire à la lecture des noms célèbres qui y étaient gravés : Charles Gounod, Hubert Robert, Abel Gance, Pierre Benoit, Jean-Baptiste Carpeaux et bien d’autres encore. Vous vous êtes sûrement arrêté chemin Benoît, celui qui borde précisément la division 10, où vous auriez pu en un raccourci topographique rouvrir une grande page d’histoire littéraire et philosophique en contemplant deux tombes. L’une d’elles, très sobre, est composée d’une grande plaque de granite que le temps a teintée d’un gris terne et maculée de lichens roussâtres. Il faut s’appliquer pour y lire sur des lettres en partie effacées le nom de celle qui y est inhumée : Anne-Catherine de Ligniville ; en d’autres termes, la célèbre Mme Helvétius. À quelques pas de là, un enclos cerné par une grille de fer forgé attire l’œil parce qu’il impose à notre attention l’élévation, à la tête d’une plaque tombale fort dégradée, d’une pierre de granit ouvragée d’un caducée hippocratique mais dépourvue de croix, qu’une exubérante et sauvage végétation semble vouloir masquer à notre regard. Au sommet de celle-ci, on peut déchiffrer avec difficulté de grandes lettres en partie gommées par le temps et dont l’assemblage restitue le nom de Cabanis. Ainsi, par-delà leur mort, se retrouvent si proches en éternité deux personnages qu’un hasard réunit un jour et qu’un indéfectible amour, si l’on veut bien garder à ce terme celui qui caractérise la relation d’une mère et d’un fils, lia jusqu’à la mort. Cette proximité en souligne d’ailleurs bien la force et la nature car elle fut ardemment souhaitée par l’un et l’autre des défunts.
II
Un rendez-vous posthume

Mme Helvétius, de trente-huit ans plus âgée que Pierre-Jean-Georges Cabanis, mourut en 1800 à l’âge de 81 ans. Selon sa volonté, elle voulut être enterrée au bout du parc de sa célèbre « maison d’Auteuil », dans le caveau qu’elle avait fait construire à l’extrémité droite du pavillon où Cabanis avait passé les premiers temps de son mariage avec Charlotte de Grouchy, la sœur de Sophie de Condorcet. Sans doute imaginait-elle en cet endroit sa demeure éternelle, d’autant que Cabanis et l’abbé Laroche, dont elle disait qu’ils avaient « fait le bonheur de sa vie », en garderaient selon ses vœux la jouissance quand bien même la propriété en reviendrait à ses filles. L’avenir en décida autrement. En 1817, la propriété fut vendue. Le corps de Mme Helvétius fut transporté au cimetière d’Auteuil en une tombe fort anonyme que seuls les rares initiés savaient reconnaître à la borne cadastrale qui en marquait l’emplacement. Un anonymat qui dura jusqu’en 1892, date à laquelle fut enfin posée sur sa sépulture cette dalle simple portant son nom.
Pierre-Jean-Georges Cabanis mourut quant à lui huit ans plus tard et fort jeune encore puisqu’il n’avait que 51 ans. Un accident vasculaire cérébral l’emporta en quelques heures le 5 mai 1808. Même s’il mourut en la résidence de son beau-père loin de Paris, ses obsèques furent célébrées le 14 mai suivant en la paroisse d’Auteuil et nul doute qu’il eût souhaité reposer en cette maison d’Auteuil s’il lui en eût été donné la liberté. Mais il était sénateur et l’Empereur tenait à ce que sa dépouille fût portée au Panthéon. De son cœur seul et de l’urne qui le contenait sa famille put disposer. Eut-il vraiment la volonté, comme on la lui prête de son vivant, de rejoindre le jardin d’Auteuil auprès de celle qui l’avait accueilli et que ce cœur enfin reposât à côté d’elle ? La seule chose dont on soit certain, c’est qu’il fut déposé plus tard dans le caveau où serait enterrée près de quarante années plus tard son épouse, précisément en cette tombe que nous avons située si proche de celle de Mme Helvétius et, à tout prendre, dans une situation enfin conforme à son vœu.
III
Une heureuse rencontre

Deux personnages que le hasard réunit un jour, disais-je. Si on veut bien considérer le hasard comme cet enchaînement de faits qui conduit à une heureuse rencontre, celle dont on se réjouit qu’elle ait pu être et que l’on imagine ne pas avoir pu connaître et qu’alors rien de notre vie n’eût été pareil. L’auteur principal en fut à coup sûr Turgot même si le poète Roucher, son vieil ami, l’auteur de « Les Mois », qui le rendit célèbre, était présent à ses côtés ce jour-là. Tous deux fréquentaient alors assidûment le salon de Mme Helvétius. L’un et l’autre avaient été sollicités par le père du jeune Cabanis dont l’éducation à Brive laissait à désirer. Turgot était en effet un ami de ce père. Il l’avait connu 1 lorsqu’il était intendant à Limoges et il s’était intéressé à ses travaux. Sous ses auspices, Jean-Baptiste Cabanis, propriétaire à Cosnac, petit village aux environs de Brive, et quoique étant avocat 2 , s’était pris de passion pour l’agriculture, le croisement des mérinos et la culture de la pomme de terre, alors peu prisée 3 . Sous ses auspices, il avait même créé, à Brive, une société d’agriculture 4 . Il publia en 1764 un Essai sur les principes de la greffe et sur les moyens de la perfectionner . C’est probablement Turgot qui avait recommandé à ce dernier, très contrarié par l’opposition de son fils à tout enseignement collégial, son ami le poète Roucher, susceptible de l’accueillir en qualité de précepteur à Monfort-Lamaury. Le jeune Pierre-Jean-Georges Cabanis ne disait-il pas alors qu’il ne s’intéressait qu’à la poésie ? C’est encore à Turgot, devenu contrôleur général des finances que le jeune Cabanis, un peu plus tard, malade et isolé en Pologne, demandera secours. Ce même Turgot qui dans sa jeunesse, bien des années plus tôt, alors qu’il était encore à la Sorbonne, rendait visite, rue d’Enfer à une jolie jeune fille, logeant chez sa tante Mme de Graffigny, qu’il appelait Minette et dont il était déjà amoureux, cette Minette qu’il poussait sur son escarpolette en attendant qu’elle consente à comprendre ses intentions, mais qui en épouserait cependant un autre, à son grand dépit, ce Claude-Adrien Helvétius, dont elle partagerait la vie et la gloire jusqu’à la mort de celui-ci en 1771. Une Mme Helvétius dont il ne quitta jamais la fréquentation et que, devenue veuve, il aimera retrouver en la nouvelle demeure dont elle fera l’acquisition à Auteuil quelques années plus tard. Aussi est-ce tout simplement Turgot qui en compagnie de son ami Roucher, quasi-tuteur du fils de son ami Cabanis, présentera Pierre-Jean-Georges à Mme Helvétius.
Si l’énorme différence d’âge entre les deux protagonistes nous empêche d’évoquer un coup de foudre, il faut bien avouer que la dame de 59 ans fut absolument et immédiatement séduite par ce jeune homme de 21 ans et que lui-même de son côté fut totalement subjugué par elle. Comment ne l’aurait-il pas été ? Mme Helvétius dominait de son intelligence et de son autorité l’un des plus agréables et des plus libres salons de Paris. Elle n’avait rien à envier au succès de celui de Mme Necker, qui faisait les délices de Mme de Staël, ou de celui de Mme Panckoucke, que fréquentaient les académiciens, ou encore du salon de Mme de Sabran, où Boufflers et Ségur lisaient leurs poèmes. Car c’est chez la veuve d’Helvétius que se perpétuait

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