Catharsis ou le chant qui guérit
104 pages
Français

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Catharsis ou le chant qui guérit , livre ebook

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Description

Née en Algérie, Soraya Zekalmi a vécu l'exil comme un traumatisme. À l'âge de huit ans, elle part pour la Belgique avec sa mère en laissant derrière elle ses frères et son père tant aimés. Charismatique danseur de profession, celui-ci l'emmenait avec lui lorsqu'il participait à des spectacles. Elle restera à jamais marquée par les airs entraînants de ces atmosphères de fête. Que ce soit lors de son expérience de la solitude dans le pensionnat de son enfance ou plus tard en Inde au sein de chaleureux collectifs, elle puise force et réconfort dans la musique. La pratique du chant traditionnel en particulier lui a permis renouer avec ses racines et de retrouver équilibre et sérénité. Essentiel au bien-être des hommes depuis la nuit des temps, valeur commune partagée par différentes cultures et religions à travers le monde, le chant est source de joie et d'harmonie. Habitée dès son plus jeune âge par la spiritualité, l'auteur de ces lignes a l'intuition d'être en contact avec des forces bienfaisantes. Devenue thérapeute spécialisée, inspirée par le bouddhisme, le soufisme ou encore les penseurs Eckhart Tolle et Wayne Dyer, elle consacre désormais son énergie à aider les autres à s'épanouir. Dans le cadre d'ateliers de guérison par le chant et la danse, elle offre un espace d'expression où chacun est libre de bouger son corps et de faire entendre sa voix propre, afin d'extérioriser son ressenti profond.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342151183
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catharsis ou le chant qui guérit
Soraya Zekalmi
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Catharsis ou le chant qui guérit

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Plusieurs chemins mènent à Dieu ; j’ai choisi celui de la musique et de la danse
Jalal Edddine Roumi, poète soufi

Seul est malheureux celui qui ne sait pas chanter
Proverbe égyptien

Ce n’est pas tant le chant qui est sacré, c’est le lien qu’il crée entre les êtres
Philippe Barraqué, À la source du chant sacré
 
À mes enfants Ryan et Yanis
Et pour toi, maman, par ton intelligence et ta soif d’apprendre
Tu as fait de moi qui je suis aujourd’hui, une femme libre
Engagée humainement et ouverte sur le monde
 
Introduction
Ce livre est le récit d’une renaissance. Et d’une guérison. J’ai été arrachée brutalement, à l’âge de 8 ans, à ma terre natale, l’Algérie, à mon père adoré et à mes frères chéris, et ce traumatisme de l’enfance a engendré pendant toutes mes années d’adolescence et de jeunesse, un mal-être lancinant.
 
Le chant m’a guérie. La pratique du chant – des chants devrais-je dire, car j’ai pratiqué les chants de plusieurs traditions culturelles – a été le remède miraculeux qui m’a permis de trouver le bonheur et l’équilibre.
 
Aujourd’hui, j’ai choisi de partager avec les autres cette expérience formidable qui fut la mienne, de guérison par le chant : je suis devenue vox-thérapeute, c’est-à-dire thérapeute par la voix et le chant.
 
Mes ateliers de travail sur la voix et le chant, qui alternent exercices individuels et pratiques collectives, ont permis à des dizaines d’hommes et de femmes de tous âges et conditions de trouver le chemin de leur épanouissement personnel, et leur place dans la ronde de la vie.
 
C’est cette expérience que je veux vous raconter ici.
1. À cinq ans en Algérie, premières souffrances et premières découvertes
À cinq ans, une voix mystérieuse me parle…
J’ai eu mes premières expériences mystiques à l’âge de 5 ans. Je me souviens de la scène comme si elle s’était déroulée hier. Nous vivions à Oran, en Algérie, avec mes parents, ma petite sœur qui a deux ans de moins que moi, et mon petit frère qui n’avait pas un an : je suis l’aînée d’une fratrie de quatre enfants – le benjamin, Jamel, naîtra un an plus tard.
 
Ma mère était partie faire des courses en nous laissant seuls, ma petite sœur, mon petit frère et moi, et en laissant la marmite du couscous sur le gaz. Maladroitement, je touche à cette marmite, qui se renverse, et je me brûle vivement en recevant une partie de son contenu sur mes mains et mes bras. Mon petit frère, qui était encore bébé, était dans la cuisine avec moi, mais il était loin de la cuisinière et il ne lui arriva rien.
 
Je panique, mais j’entends aussitôt, très clairement, une voix qui me dit :
— Va sous le lavabo, prends des pelures de pomme de terre dans la poubelle, et mets-les sur ta peau, sur tes mains, partout où tu t’es brûlée.
 
Je trouve effectivement des pelures de pomme de terre dans la poubelle. Je sais aujourd’hui qu’elles soulagent les brûlures. Mais je ne m’étais jamais brûlée avant ce jour, et je n’avais jamais vu quelqu’un utiliser ce moyen pour soulager une brûlure : cette voix était vraiment une voix qui venait d’on ne sait où.
 
Effectivement, je suis soulagée par ce remède. Ma mère revient bientôt, voit la scène, la marmite renversée, moi toute rouge d’avoir été brûlée, mon petit frère à côté, et elle se met à hurler.
 
Mais je ne pleurais pas. Je continuais d’entendre cette voix très apaisante qui me parlait, comme si elle faisait partie de moi depuis toujours. Cette voix restait en moi, elle résonnait. Elle ressemblait un peu à ma propre voix. Et elle est revenue le soir…
 
Parce que le soir, quand il est rentré de son travail, mon père était furieux : il m’a très sévèrement grondée, m’a accusée d’avoir pu tuer mon petit frère, qui était encore bébé. Et comme punition, il m’a mise au placard, en me disant :
— Tu vas passer la nuit ici !
Il faisait noir, dans ce placard, il faisait froid, c’était horrible. De nouveau, la voix revient vers moi. Elle me dit :
— N’aie pas peur, ce n’est rien, tout va bien se passer.
 
Et là, je sens que je quitte mon corps, et je me mets à voyager dans toute la maison. Je m’évadais de ce placard où on avait voulu m’enfermer, je flottais, comme en apesanteur, comme si j’étais un papillon, ou une libellule, pendant que mon corps, lui, restait dans ce placard noir et froid.
 
C’était une façon aussi de ne pas ressentir la douleur : à la fois la douleur psychologique de la punition, et la douleur de ma peau brûlée et rouge encore… Mon âme se détachait en quelque sorte de mon corps, et voguait, libre…
 
Cela faisait donc deux expériences assez extraordinaires le même jour…
 
J’avais une peur bleue de mon père : il était très sévère, très autoritaire. Et le lendemain matin, quand il m’a fait sortir du débarras, il m’a dit :
— J’espère que tu as bien réfléchi ! Ne t’avise plus de recommencer ! Parce que la prochaine bêtise, ce sera une semaine dans le débarras !
 
En même temps, mon père était amour… Il nous adorait, nous ses enfants, et ça nous le sentions bien, même s’il n’était pas démonstratif avec nous. Et quand j’y repense aujourd’hui, je me dis que cette punition du placard était, bien que fort maladroite, proportionnelle à sa frayeur d’avoir pu perdre son bébé dernier-né, c’est-à-dire, finalement, un acte d’amour, malgré tout…
Avec mon père, je chante et je danse dans les fantasias
Jusqu’à mon départ de l’Algérie, à l’âge de 8 ans, j’oscillais entre deux sentiments opposés par rapport à mon père : je l’adorais, et il me terrorisait. À la maison, sans doute à cause de cette expérience traumatisante malgré tout du placard, je faisais toujours attention à être la plus sage possible, la plus silencieuse possible.
 
Les seules fois où je pouvais m’amuser follement avec lui, c’est quand il m’emmenait dans les fantasias. Car mon père était danseur, il faisait partie d’un collectif de danseurs, de musiciens et de cavaliers, que l’on appelle la fantasia en Algérie, et qui intervient dans les mariages et les fêtes. Par exemple, je me souviens que nous allions à des mariages où Cheikha Rimitti chantait – c’est une grande artiste, aujourd’hui décédée. Mon père et elle étaient grands amis, et quand elle était invitée à chanter à des mariages, elle faisait venir la fantasia de mon père.
 
Mon père m’emmenait dans ces fêtes, et c’étaient les seuls moments où je pouvais rire, chanter, et m’amuser follement, avec lui. J’étais la seule gamine du groupe, si bien que j’étais comme leur mascotte, et on me demandait de chanter.
 
Mon père m’adulait, et, en me demandant de l’accompagner dans ces sorties et fêtes, il me traitait un peu comme le fils aîné qu’il n’avait pas eu. Il m’appelait « ma fille khafza » – ça veut dire dégourdie. Il me lançait toujours des défis à relever. Je pense qu’il aurait aimé avoir un garçon, si bien qu’il m’éduquait comme un garçon. Par exemple, il m’envoyait faire des courses, il me chronométrait, me demandait de revenir à telle heure, et quand j’arrivais à l’heure dite il m’applaudissait.
 
Je pense que c’est de là que vient le fait que je me sens toujours en perpétuel défi par rapport à moi-même : comme s’il avait installé une espèce de traumatisme de toujours faire plus…
 
Et d’abord, je ne devais jamais pleurer. C’était comme un ordre implicite. Puisqu’il m’élevait comme un garçon, et que les garçons ne pleurent pas… Le débarras, c’était cette leçon : ne pas pleurer.
« Cette fille est folle… »
Quand mon père est venu me libérer du placard, le lendemain matin de cette punition, il m’a dit :
— Alors, tu as bien compris maintenant ?
J’ai répondu :
— Je n’ai pas eu peur. J’ai entendu une voix qui m’a parlé.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Cette voix m’avait dit d’aller prendre les pelures de patates pour guérir mes blessures, et elle m’a dit de ne pas avoir peur.
 
Et je raconte à mes parents ce que j’ai vécu dans le débarras, comment j’ai senti mon âme quitter mon corps, et que je n’ai plus ressenti aucune brûlure… Et j’ose lancer un défi à mon père :
— Maintenant, je n’ai plus mal. Tu peux me mettre autant de fois que tu veux dans le débarras, maintenant je sais comment en sortir.
Et là, il est devenu furieux, et il a dit :
 
— « Hadi majnouna » (elle est folle. Elle a des « jnouns » (des « génies » – c’est-à-dire : elle est habitée par des esprits). Nous devons l’emmener chez un guérisseur.

Et le lendemain, ils m’ont emmenée voir un marabout – un homme saint, qui a le pouvoir de guérir, dans l’islam populaire algérien. Cet homme m’a examinée attentivement – il me faisait peur, il était vieux, et ne parlait pas. Au bout de longues minutes, il a décrété :
— Elle est très bien cette gamine, elle n’a rien.
Mon père m’a regardée méchamment, il reste persuadé que je suis possédée par des esprits malfaisants…
Ma mère, musulmane, prie la Vierge, à Oran…
Un moment que je privilégiais avec mes parents – car, depuis cette punition du placard, j’étais devenue une rebelle – c’était le dimanche, quand nous allions à la grotte de la Vierge Marie (Lalla Mariama en arabe), dans les environs d’Oran, pour une journée de pique-nique.
 
Ma mère entrait dans la grotte, et se mettait à prier – bien que musulmane. Car de

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