Changer de regard
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Description

En début d'ouvrage, André Jeanjean met en garde ses lecteurs afin qu'ils ne considèrent pas ses textes comme de simples flâneries de la pensée, mais plutôt comme de mûres réflexions sur la vie et la société contemporaine. Il mêle des citations de textes profanes à d'autres plus spirituels au fil de ses souvenirs vécus dans différents pays pour aboutir à sa vision du monde. Émerveillé par le spectacle plein de promesses de l'enfance, en grand-père attentif, il écrit pour l'élévation de ses enfants et petits-enfants mais aussi pour tous ceux qui voudront bien le lire. Ce faisant, il rend hommage à l'œuvre de grands artistes – écrivains, poètes et peintres – qu'il a souvent connus et qui, confrontés au réel, ont cherché comme lui, inlassablement à en percer l'étrange mystère. À travers l'écriture, d'une plume alerte et précise, il cherche à dessiller le regard de ses lecteurs afin de leur faire prendre conscience de leur condition d'humbles mortels appelés par-delà le trépas. Habité par la foi chrétienne, André Jeanjean poursuit une quête de sens pour la conduite de laquelle il estime important de « changer de regard » . Il nous invite à suivre l'exemple d'hommes et de femmes engagés dans l'Église ou dans le monde, qui ont trouvé leur bonheur au terme de leur engagement au service des valeurs que sont le partage et l'amour.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2017
Nombre de lectures 3
EAN13 9782342151633
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Changer de regard
André Jeanjean
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Changer de regard
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
Reconnaissez-vous les visages sur la couverture ?
Réponse : Claude Monet, Général de Gaulle, Mère Teresa de Calcutta, Victor Hugo, Rembrandt, Clemenceau, Ernest Hemingway, Sainte Thérèse d’Avila.
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://andre-jeanjean.societedesecrivains.com
 
 
 
 
À Léontine
 
 
 
 
Ici même l’idée de Dieu ne parvenait pas à réunir les hommes.
Je ne sais s’il se taisait, ou bien si nous ne savions pas l’entendre.
Auguste Renoir
 
Introduction
Les chapitres de ce livre, leur séquence et leurs sujets apparaîtront aux yeux de certains lecteurs comme un pêle-mêle confus, hétérogène et soumis aux seules flâneries de la pensée. Pour d’autres, ce sera un fourre-tout, un bric-à-brac de souvenirs, de souhaits et de constats. Pourtant il n’en est rien !
En 1840, dans sa correspondance, Flaubert appelait de ses vœux pour l’écriture : « une masse de facéties, de dévergondages, d’emportements, le tout pêle-mêle, sans ordre, sans style, en vrac, comme lorsque nous parlons ensemble et que la conversation va, court, gambade… »
C’est dans cet esprit de libre entretien que j’ai consigné souvenirs réels ou romancés. Aux dévergondages, j’ai préféré dénoncer les excès de notre époque bling-bling et souligner les effets néfastes d’un temps toujours plus individualiste, consumériste et agnostique.
Lorsque Alain dissertait dans ses propos sur le bonheur des passions, de la fin des oracles ou de la destinée, c’eût été une méprise de la part de ses élèves de khâgne au Lycée Henry IV de croire qu’il se dispersait. En réalité dans chacun de ses propos, il prenait parti contre tous les grands courants dominants de la fin du xix e siècle et du début du xx e . Quant à la philosophie de Bergson, très en vogue à l’époque, elle n’était pour lui qu’une philosophie « pour dîners en ville ».
Il est de bon ton aujourd’hui pour « dîner en ville » d’adopter une langue politiquement correcte, celle-là même qui découle de la pensée unique.
Cette novlangue contemporaine française est empruntée à Orwell 1 . Elle est ordonnée à la réforme du langage, puis des mœurs, puis des esprits. Rien de tel pour orienter la pensée que de changer le sens des mots et rien de plus facile pour en répandre l’usage que des médias à votre botte et une école à vos ordres. Pour Orwell, théoricien de la novlangue qu’il dénonce, elle fut créée pour satisfaire les besoins idéologiques du socialisme anglais, l’ English socialism, l’Angsoc, dans son roman  1984 . Comme tous les socialismes modernes, l’Angsoc n’existe qu’en s’opposant à ceux qui refusent sa doxa.
L’objectif ultime du politiquement correct est de favoriser la parole officielle et ses codes en écartant toute expression qui lui serait contraire. Pour restreindre l’étendue et les subtilités de la pensée antérieure et l’éradiquer, on adoptera la méthode globale pour l’apprentissage de la lecture et l’on préfèrera au latin le style, si tant est que l’on puisse parler de style, des circulaires pédagogiques issues du mammouth tel que : « Cette volonté de transversalité se traduit aussi par le nécessaire approfondissement de la continuité et de la complémentarité entre les projets d’éducation au développement et à la solidarité internationale et ceux d’éducation au développement durable 2 . »
Sans doute faut-il être initié pour comprendre la signification de ces trente-cinq mots à première lecture. Je ne le suis pas. Pas même à la deuxième ou troisième lecture ! En réaction, j’ai évoqué ces échanges épistolaires charmants entre nos académiciens et ces demoiselles de la Légion d’honneur dans le chapitre 8, « Vois-tu comme je vois ? »
Trente-cinq mots inintelligibles pour quelqu’un qui n’est pas du sérail ! C’est précisément en années, de 1981 à 2016 le temps qu’il a fallu pour atteindre le stade actuel de négation du beau, du bien, du vrai.
Pour expulser le beau, il a suffi d’exposer Koon à Versailles. Le bien s’est trouvé balayé en même temps que l’autorité et pour relativiser le vrai, il a suffi de faire de l’homme un dieu. Il adore ! S’affranchir de la mort, procréer à la carte, être l’égal de tous, quel programme !
Bonjour les vieilles lunes et les racines chrétiennes de l’Europe. Du passé faisons table rase 3 . Désormais, l’homme se pense enfin par référence à lui-même et non plus à l’image de Dieu, son Créateur. Il relègue l’âme au second plan et la subordonne aux passions. N’était-ce pas déjà la tentation de Keats ?
Il y a aussi bien des façons de voir et d’entendre. Reste à choisir la bonne.
Quant au chapitre consacré à Léontine, ne cherchez pas. C’est ma dernière petite-fille.
Impressionnante du haut de ses dix-huit mois, Léontine m’émeut. Elle m’émeut comme l’enfant placé par Jésus au milieu de ses apôtres pour leur montrer qui était le plus grand dans le Royaume.
Son appétit de vie, son innocence plus transparente que le diamant le plus pur, sa capacité d’imitation bouleversante sont ses seules armes. Puisse-t-elle les garder sa vie durant avec l’aide de ses parents. Et si elle lit ces lignes à l’aube du xxii e siècle, je souhaite qu’elle se félicite si, sa vie durant, elle a suivi ce mode d’emploi de l’amour que sont les Béatitudes.
Chapitre premier. Le caddie d’Augusta
Vous n’allez pas partir comme un tramp 4 , me dit affolée Emma Ittel, une amie new-yorkaise, à l’annonce de mon intention de visiter durant l’été 53 le maximum d’états de son immense pays avec le minimum d’argent. Voici, ajouta-t-elle à tout hasard, une lettre de recommandation pour les Fleming, mes amis d’Augusta. Si vous passez en Géorgie…
Peut-être Emma pensait-elle que je voulais imiter Dominique Lapierre, qui à 17 ans, venait de publier chez Grasset Un dollar les 1000 kilomètres . Je ne le voulais pas. Loin de tout esprit de compétition, je souhaitais simplement découvrir ce pays, le plus puissant du monde à l’époque par ses ressources minérales et agricoles, le dynamisme de son peuple, son patriotisme, son horreur du mensonge et sa foi.
En 1953, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe et les pays composant alors ce qu’on appelait le tiers monde, – désormais les BRIC 5 – n’avaient d’yeux que pour l’Amérique. Non contente d’avoir vaincu la plaie du nazisme, l’Amérique tenait tête au communisme, cette rivale du nazisme en horreurs et en mensonges. L’Allemagne et le Japon vaincus, le modus operandi de la guerre ayant cessé d’être l’affrontement frontal devint dans les années 50 la dissuasion qu’on appela guerre froide. En Asie, cependant, l’emploi de la force armée perdura encore quelques années, en Corée et au Viet Nam.
J’avais hâte de connaître ce peuple à la vitalité étonnante, ces fils et filles d’aïeux finalement assez proches qui choisirent un continent quasi vierge pour y prospérer, il y a moins de six siècles.
Après avoir beaucoup usé – parfois trop – des bombardements aériens pour amener l’ennemi à résipiscence – je pense ici à Dresde et à Nagasaki – les Américains imaginèrent le plan Marshall 6 en 1948. Ce plan dit aussi « Programme de redressement européen » profita autant à l’ennemi de la veille, l’Allemagne, qu’aux voisins européens que cette même Allemagne avait commencé à envahir dès 1938.
Cette libéralité envers le vaincu, infiniment plus réaliste que celle prévue dans le traité de Versailles qui voulut faire payer à l’Allemagne le prix de sa défaite de 1918, éveilla dans mon esprit l’image de la compassion, laquelle était devenue à l’époque un enjeu politique entre les démocrates et les républicains américains.
Plan compassionnel réel envers celui qui souffre ou simple posture afin que l’Europe achète les produits américains pour éviter une récession américaine intérieure après l’énorme effort de guerre consenti par l’industrie américaine ? Sans doute un peu des deux, car la ligne de partage entre le bien et le mal, entre l’altruisme et l’égoïsme, est aussi fluctuante et floue dans la société que chez l’individu.
J’embarquais donc fin juin 1953, avide de découvrir ce peuple libérateur, reconstructeur de l’Europe, compassionnel, entreprenant et fidèle à Dieu écrivais-je à l’époque bien qu’un demi-siècle plus tard, j’observe que cette foi en Dieu s’estompe comme dans un fondu enchaîné, au profit de la foi en Superman .
À l’époque, les États-Unis ne comptaient que quarante-huit états. L’Alaska et Hawaï ne rejoindraient l’Union qu’en 1959.
Le pays était trop vaste pour que je tente d’en parcourir ne serait-ce qu’une fraction à pied, comme cela est devenu la mode en Europe dont l’échelle est plus réduite. Je ne disposais que de trois mois et non pas de deux ans comme Meriwether Lewis et William Clark qui, à la demande de Jefferson, traversèrent pour la première fois le continent américain d’est en ouest en 1804 et 1805, pour reconnaître la Louisiane que l’Amérique venait d’acheter à la France.
D’ailleurs, la seule fois où je me suis trouvé seul à marcher le long d’une route américaine, dans le Kentucky, une voiture s’arrêta pour me prendre, sans même que j’aie eu à lever le pouce. Sans doute le conducteur me prit-il pour un fou ou un malade.
Après quelques jours à New York, je choisis le Sud.
Le drapeau confédéré avec ses 13 étoiles blanches pour le

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