Chemins de passage
170 pages
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Chemins de passage , livre ebook

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Description

« Petit, rien ne me disposait à écrire. Courir après un ballon était mon passe temps préféré, et il m’était difficile de rester enfermé. Un jour, une expérience étrange et singulière bouleversa ma vision de la réalité. Je me suis mis à écrire, avec cette impression de devoir témoigner. »



En 2016 Ben Simon cesse six mois d’enseigner pour partir, seul, avec un sac à dos. D’abord sur les chemins de Compostelle, puis au Pérou et enfin en Inde.



Ce livre retrace la première partie de ce voyage, entre le Puy et Fistera. Il vous emmènera donc sur ces célèbres sentiers, et, à travers le prisme du regard et des réflexions de l’auteur, à s’interroger sur nos vies et nos visions des choses.



Bienvenu au lecteur, pour ce voyage, intérieur comme extérieur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414474462
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-47445-5

© Edilivre, 2020
Préambule
Mai 2016, Saint-Malo.
Je suis extrêmement privilégié.
Face aux grandes souffrances de ce monde, aux grands malheurs, il n’y a pas de commune mesure.
Cela dit, quelque part et ici même, je me suis éteint, plusieurs fois. Comme une mort intérieure, celle du cœur touché, brûlé, devenu cendres.
La vie est une chose formidable, mais, coupée du cœur, elle perd de sa saveur. Car l’amour n’est plus là pour nous y connecter, et l’amour est ce qui relie chaque chose, chaque être aux autres et à soi-même.
C’est en tout cas mon impression : de ne plus être alors touché, plus nourri comme avant. Que s’estompent l’envie et la curiosité, elles qui sont le sel de la vie.
Certes, même sans le cœur, l’extérieur peut me donner l’illusion de vivre vraiment. Dans le regard des autres, les univers parallèles, les plaisirs des sens…
Le monde alors me procure cette impression que tout va bien, que ma vie est intense. C’est que le corps et l’esprit s’activent pour que le miroir de la vie leur renvoie une image rassurante, plaisante.
Las. L’image est fausse, qui ne reflète ni l’état de mon cœur ni celui de mon âme. Enfermé à double tour dans la cave de ma demeure intérieure, mes blessures, frustrations et tristesses se débattent pour remonter, génératrices à mon insu de pensées, paroles et expériences négatives.
Parfois leur souvenir remonte, que bien vite je noie dans le tourbillon de la vie. Je fuis, je ne prends pas le temps. Et, quels que soient mes efforts, le manque est toujours là, dans l’ombre, latent, que je ne comprends, que je tente d’étancher par toujours plus.
La question est de déterminer qui nous sommes vraiment, et, si je considère que je suis d’abord une âme et un cœur, il convient de se demander : sont-ils vraiment présents ? Dans la joie et la paix ?
Bien que je sois conscient du caractère sacré de la vie, et nullement d’esprit suicidaire, partir actuellement serait un soulagement. Fin de ces souffrances profondes, du poids et des efforts.
Alors, même si finalement tout ne va pas si mal, que je donne le change à mes élèves, mes amis et ma famille, que j’ai tout loisir à tester, expérimenter, rencontrer et lire, que je remercie chaque jour la vie des beaux cadeaux qu’elle me fait et de cette liberté qu’elle m’offre,
la prise de conscience de cette considération ne peut que m’inciter à ne pas rester où je suis, à faire en sorte de bouger les choses.
Ne pas passer à côté de la vie,
ne pas passer à côté de qui l’on est vraiment.
Partir pour revenir,
mourir pour renaître,
fermer les yeux pour les ouvrir vraiment.
***
Comment les cartésiens peuvent-ils être si sûrs d’eux ? Tant de mystères entourent la vie, et celle-ci est un tel mystère,
tant de choses que nous ne pouvons expliquer,
tant de pensées contradictoires, de sentiments changeants, d’émotions incomprises chez chacun de nous,
tant de visions différentes de la réalité, qui rien qu’à notre regard se modifie parfois d’un moment à l’autre.
Et nous sommes si fragiles, à même de tomber à tout moment,
et puis, tant de grands maîtres nous disent que ceci n’est pas la réalité, qu’elle se cache derrière le rideau…
C’est souvent lorsqu’il approche la mort que l’homme ouvre les yeux,
et lorsqu’il met un genou à terre qu’il relève la tête.
Effet collatéral, mourir, même si ce n’est que quelque part, nous ouvre à la réalité de ce qui se trouve derrière le rideau.
La vie alors nous paraît la scène d’une pièce dont nous sommes acteur et co-auteur,
le sens de la vie, ses mystères et ses lois d’un seul coup nous reviennent, comme évidences oubliées.
Aimer a ce même effet d’amener à dépasser les apparences, avec une différence notoire : mourir (même si ce n’est que quelque part) nous éjecte de la scène, quand aimer nous y positionne au centre.
Ainsi, je suis prêt à partir,
Mais aussi à revenir,
Et jouer mon rôle,
Conscient de ma petitesse,
Et de la grandeur du monde,
Avec amour, joie et humilité.
Première partie COMPOSTELLE
I Le Puy-en-Velay - Saint-Jean-Pied-De-Port
Estaing. dimanche 11   septembre 2016 , 10 h.
Estaing, petit village médiéval niché sur les bords du Lot, cher à notre ancien président du même nom.
Après une semaine sur les chemins de Compostelle, il m’a fallu me résoudre à l’arrêt, suite à une expansion mystérieuse, sérieuse et persistante de la cheville droite.
Cela faisait quatre jours que je tentais de résister à la douleur, de me convaincre que ça allait passer. Et puis, devant l’insistance de camarades expérimentés croisés en chemin, je me suis résolu à cette halte.
Une semaine, donc.
Une semaine passée avec un sac épuré,
À dormir sous les étoiles,
À laisser voguer les pensées.
Une semaine de rencontres souvent plaisantes, enrichissantes, étonnantes.
Depuis si longtemps, j’avais dans l’idée de quitter ce monde des apparences, là où l’on court après un temps qui n’a pas le temps d’attendre, et où il m’est si difficile de ne pas ressasser ces pensées futiles, inutiles, sous le poids desquelles chaque instant me glisse entre les mains. L’instant, ce fameux « ici et maintenant » que je n’arrive à bien saisir, et où se trouve la vraie vie, aimante, intense et belle.
Nous pensons tous vivre dans le présent, mais à quel degré y sommes-nous vraiment ? Les grands maîtres bouddhistes pensent qu’en dépit des apparences, il est très difficile d’y demeurer. C’est mon ressenti aussi, d’être souvent happé par des pensées futiles, entre le passé et le futur, parasité par des filtres qui m’éloignent du présent. J’ai longtemps eu l’illusion de vivre, alors que je passais mon temps à paraître, plutôt qu’à être. C’est peut-être une pensée difficile à partager, difficile à imaginer. Dans son livre Toi et moi j’y crois , Philippe Pozzo di Borgo qui inspira le film Intouchables, nous livre un témoignage en ce sens. Lui qui avait tout, argent, intelligence, gloire, santé, famille…, dit si bien combien l’accident, l’immobilité l’ont aidé à atterrir sur terre, à ouvrir les yeux et être davantage vivant, conscient.  
10h30. Il m’aura fallu vingt ans pour franchir le pas et me décider à partir.
Vingt ans à hésiter.
À tenter de m’accrocher aux branches de la vie dite « normale ».
À tenter de retrouver mon chemin, de défaire les liens du passé, de prendre mon envol.
À trouver toutes sortes de raisons de ne pas bouger, d’espérer.
Mais, quoi que j’ai pu faire, tout m’a toujours ramené à ce même carrefour, d’où aucune route ne s’est jamais dégagée. Et alors, finir par suivre cet appel profond, ce chemin de traverse, en oubliant toutes ces considérations contraires, ces « bons » conseils de mon mental et de la société.
C’est une forme de lâcher prise, une façon de faire confiance à la vie, où l’on accepte de perdre plus, pour grandir plus.
C’est l’écoute de son âme, au-delà du mental, qui amène à peut-être distinguer l’important du futile, le superficiel du profond.
Enfin, tout ceci est ma pensée du moment, des observations que je n’aurais pas eues il y a vingt ans, et sur lesquelles il sera toujours temps de faire le point dans six mois, à la fin de ce voyage.
Et puis, à défaut d’avancer vraiment, tout au moins le chemin se creuse-t-il vers cette réalité profonde dont je souhaiterais arriver à témoigner.
Voici donc l’objet de cette pause dans ma vie, de cette prise d’un mi-temps annualisé : retrouver santé et joie de vivre, un cœur aimant, mon chemin. Dénouer pour cela les liens, faire le ménage, ou juste écouter la vie, qui me demande d’être ici, et de faire cela.
11h00. Bien qu’il fût difficile de se résoudre à l’arrêt, je ressens une grande joie à me poser et à reprendre la plume.
Il fait chaud. Je lève un instant les yeux sur cet environnement magnifique : fleurs, pierres, chant des oiseaux, marcheurs qui poursuivent le chemin… En contrebas, l’eau s’écoule lentement dans le Lot.
Et puis je replonge dans mes notes, avec le plaisir de voir les mots glisser, emplir sans effort les pages de mon calepin.
Il y a vingt ans, un choc amoureux eut l’effet de me plonger dans une réalité qui me sembla plus profonde. J’eu l’impression de voir au-delà des apparences, de saisir les connexions entre les choses, les chemins possibles...
Nous étions sur la presqu’île de Gien, dans un village vacances. Je venais de finir une troisième année d’étude, j’étais barman, c’était le début de l’été. Tout à coup, sans crier gare, le temps s’est arrêté, et la vie s’est éveillée.
Je ressentis l’inexplicable attirance qu’ont les aimants. En moi et autour de moi, tout était vivant. Tout me parlait, je voyais, je savais. Quelque chose me guidait, et semblait m’inciter à écrire.
Très vite pour autant la magie se heurta à une réalité contraire – la belle déjà était prise… L’étincelle partit aussi mystérieusement qu’elle était apparue, me laissant sur le bord du chemin, brûlé et illuminé.
Restèrent ces certitudes, ce guide, alors même que le cœur se fut éteint.
Assis entre deux chaises, je ne me suis plus retrouvé dans ce monde, surpris que personne ne voie ma détresse, et sans pouvoir accéder à la légèreté de mes hôtes. J’étais dans la lune, ne retenais ni les prénoms ni les visages. Mais le souffle du vent, les yeux, le timbre des voix et l’énergie des personnes, eux s’étaient mis à me parler.
Je devins alors étranger au sein des miens, seul au milieu des autres, fantôme parmi la foule. Je pris conscience de la nécessité d’un travail intérieur, tout autant que de cet appel profond à témoigner de cette expérience.
Ce que je tente depuis, en marge de ma vie normale, inlassablement. Qui le sait, qui le voit ? P

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