Chère Mademoiselle
160 pages
Français

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Chère Mademoiselle , livre ebook

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Description

Adressé à la femme qu'il aime ainsi qu'à ses parents, le roman d'Antoine Godbille est un autoportrait destiné à les convaincre de son amour sincère. À l'aube de la trentaine, le jeune homme leur parle de lui-même et ouvre son cœur dans cette confession sans fausse pudeur. Suite au tragique décès accidentel de ses parents et de ses deux frères, il traverse une douloureuse période de crise, de l'âge de dix-sept à vingt-quatre ans. Dépendant aux drogues douces, puis dures, il entame finalement une cure de désintoxication et retrouve un équilibre. Avec humour et intelligence, cet ouvrage dessine le profil d'une personnalité aussi attachante que courageuse, pour qui la musique a joué un rôle salutaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juillet 2018
Nombre de lectures 5
EAN13 9782414245079
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-24505-5

© Edilivre, 2018
Dédicace
A Manou et Dadou,
A Sacha Gump, Da Bonux et Da Deusm
Chapitre 1
Chère Mademoiselle,
Chère Madame,
Cher Monsieur,
Qu’est-ce que je fais ici, par où je commence ? C’est vrai quoi, parler de soi à seulement 28 ans est une entreprise délicate. Seulement, vous en conviendrez plus tard, les circonstances m’y poussent, m’y obligent, m’y contraignent et m’y forcent ! Je dois cracher ce que j’ai en moi, livrer ma vie à tout le monde, comme si je devais partager avec vous mes bientôt trente premières années et que toute autre urgence devenait subitement futile.
Je suis au centre de mon univers, vous l’aurez compris, Mademoiselle, mais j’ai pris le parti d’avoir un itinéraire choisi alors, même si ce n’est pas drôle tous les jours, je vais essayer, Madame, de vous faire sourire à chaque ligne. Je suis parfois mégalo, Monsieur, mais si je ne juge pas ma route satisfaisante, qui d’autre va l’aimer ? En matière de vie de merde, vous avez déjà la vôtre et nullement besoin de la mienne, non ? Alors rêvons ensemble, voulez-vous ?
Je préfère vous prévenir d’emblée, ma vie est très chouette. Hélas, elle n’est pas funky ou rock’n’roll tous les jours. Je ne suis en définitive qu’un garçon bien ordinaire. Pourtant, mon parcours est unique. Et puis ma vie c’est ce que j’en fais, alors libre à moi de la trouver et surtout de vous la raconter trépidante !
Vraiment, je souhaite à chacun d’avoir un chemin terrestre comme le mien. Je suis un garçon ordinaire. Ordinaire ne veut pas dire moyen. Ordinaire signifie ni mieux ni moins bien. Ma vie est une succession de concours de circonstances, et tous ces concours, comment dire, et bien je les ai gagnés !
Même si je suis comme tout le monde, mon destin est exceptionnel. Pourtant je ne suis ni Gutenberg ni John Lennon, c’est beaucoup mieux, je suis moi.
Partageons un moment d’intimité et laissons nos destins se superposer quelques minutes. Je ne désire pas encore pénétrer dans vos existences respectives mais je vais essayer de vous livrer certaines de mes expériences qui me paraissent pertinentes et dignes d’intérêt pour que vous m’appréhendiez de la façon la plus juste et la plus positive qui soit.
Je le répète, j’exagère quand je parle de moi. Tout le monde exagère, non ? Quand Corneille fantasme sur « ces 500 qui devinrent 3000 en arrivant au port », qui les a comptés ? Corneille amplifie la vérité, cela fait des siècles que ça dure en plus et que personne ne s’en offusque, alors pourquoi pas moi ? D’autres se permettent même de changer l’eau en vin mais de vous à moi, c’est même pas exagérer, c’est abuser non ?
Chère Madame, vous l’aurez compris, je suis un garçon enthousiaste et attachant, alors accordez moi la prétention d’envisager de vous faire rêver. Ou de vous faire cauchemarder, c’est selon car autant vous le livrer immédiatement, je ne suis pas à proprement parler un bonhomme bien. Loin s’en faut même ! Disons que je suis sympa. Le politiquement correct voudrait que je me considère comme sévère mais juste. En réalité, sévère que dalle et juste non plus. Oui, c’est bien de dire que je suis sympa. Je suis un type gentil aussi, mais je ne suis pas un mec bien.
Vous pouvez naitre orphelin, lépreux et unijambiste à Djakarta, ou vous pouvez naitre comme moi. Il est, parait-il, des itinéraires plus heureux que le mien. Je crois surtout encore une fois que tout le monde exagère non ? Naitre comme moi, c’est imaginer qu’« and the winner is » c’est vous. Avoir ma vie, c’est non seulement jouer au Loto et c’est y gagner en plus ! Évidemment on a tous été cabossés différemment par la vie, moi le premier, mais globalement, « so far so good ». Là, je pourrais enchainer en disant que l’on n’est riche que de ces « cabosses » ou blessures. Ce serait sombrer dès la première page dans un cliché fastidieux. Je ne suis pas de ceux qui utilisent les sentiers trop battus, donc passons-nous de ces passages obligés, voulez-vous ? Je suis un être obsessionnel et j’ai eu la chance d’étudier Candide de Voltaire, alors je sais qu’il convient de cultiver sa différence pour s’accomplir.
Laissez-moi vous conter Monsieur mon fabuleux destin. Il est surtout merveilleux parce que c’est le mien, j’en conviens. Ceci est mon histoire, livrée comme une bouteille à la mer. Le propre du parchemin dans un flacon est d’ignorer qui le lira. Le groupe Pop Police nous offrait en 1979 un « message in a bottle » destiné au monde entier. Je n’écris pas au monde, j’écris à vous Mademoiselle, à vous Madame et aussi à vous Monsieur. C’est pour vous, vous et vous que j’entre en écriture. Vous ne me connaissez pas, et moi non plus d’ailleurs, je vous propose pourtant de survoler mon intimité. Je suis un garçon structuré, alors commençons par l’enfance voulez-vous ?
Entamer par le début est capital car, autant vous le dire à tous les trois dès maintenant, je réclame votre plus grande attention. Je vous poserai, à tous les trois une question à la fin de ces quelques pages. L’interrogation que je vous exposerai n’a de réponse que dans la lecture attentive que vous m’aurez tous les trois portée. Je me permets d’insister, le but de tout ceci est la question posée à la dernière page.
Je vous vois venir vous, Monsieur ou vous, Mademoiselle, hésitants à aller directement au dernier chapitre pour voir ce dont il s’agit. Pourtant, je vous l’interdis. Nous sommes ici tous les quatre chez moi, c’est mon existence que je vous livre, et c’est avec mes règles. Commence-t-on un polar d’Agatha Christie par la fin, je vous le demande ?
La vie communautaire exige un minimum d’ordre et c’est ainsi que je vous presse de ne pas aller voir à la fin, sinon vous tricheriez et la gruge ne fait pas partie du jeu. Et puis pour apporter une réponse adéquate au problème posé, il convient d’en connaitre parfaitement les hypothèses. Je désire créer avec vous trois une complicité et une intimité croissantes au fil des chapitres, afin que vous me connaissiez chaque page davantage.
Vous en acceptez les règles, je le vois à vos visages. Du coup, le mien se barre d’un immense sourire et je vais achever ce préambule en vous livrant une clé pour la suite : je suis un garçon heureux.
Chapitre 2
Ma mère est noire. Ma mère est noire et moi je suis blanc. Tout blanc même. J’ai le teint blafard du lavabo éclairé par une ampoule fatiguée certains matins.
J’ai été adopté à ma naissance par un couple dont la femme est native de Yaoundé. Ma mère naturelle, picarde d’origine, travaillait au service de ces époux. Elle était tout à la fois la gouvernante, la soubrette, la secrétaire, la confidente, et l’amie de ma mère noire. C’est ainsi. Ma génitrice célibataire est décédée à ma naissance, et c’est tout naturellement que je fus adopté. Dans mon cas, je devrais dire adoubé même.
J’imagine que la probabilité d’être recueilli dans l’amour le jour de son passage au statut d’enfant solitaire et abandonné est nulle. C’est mieux que le loto mon histoire, je vous dis. Personnellement, je n’ai pas passé une seule nuit en tant que pupille. L’orphelinat la nuit, j’y ai échappé.
Ma nouvelle famille, en plus, me faisait grimper les échelons. Les échelons sociaux, je veux dire. De fils de bonniche honorable et respectable (parfois le pléonasme a du bon !), j’accédais au statut d’héritier d’industriel nantais. Pas mal, non ? « And the winner is »…
J’ai grandi dans l’amour, de celui fondateur qui noue parfois les destins. Dans l’amour et dans le respect de la différence. Mon père adoptif n’avait qu’un précepte dans la vie ; pour lui « la richesse du monde émanait de sa diversité ». Certes, il ne le formulait pas ainsi. Je vous livre l’interprétation que j’en ai, peu à peu, déduite.
Je ne crois pas dans l’inné, mais dans l’acquis. Ce qui m’importe n’est pas ce que je suis (d’ailleurs en tant qu’orphelin le problème d’identité demeure complexe !), mais ce que je fais. Ainsi, la philosophie léguée par mon père n’existe que dans la mise en pratique que j’en ai faite.
Réfléchir à qui je suis m’indispose mais songer à mes actes me passionne. J’ai fait mienne la parabole des talents de l’Évangile. Qu’importe les dons reçus à ma naissance et seule comptera leur utilisation.
« Qui je suis » m’a gavé dès le plus jeune âge car j’étais différent. En classe, chaque élève avait un père et une mère. Les miens ne m’ont jamais caché mon adoption, ni à moi, ni à notre entourage. Mes parents n’étaient donc pas vraiment les miens alors, par flemme je crois principalement, j’ai refusé de réfléchir à qui j’étais au fond.
Un cliché populaire voudrait que l’on n’oublie jamais d’où l’on vient. Pourtant, on s’en fout d’où tu viens. « Qui tu es » est une explication a posteriori et éventuellement une circonstance atténuante mais jamais une fin. Vous tutoyer déjà Monsieur m’est délicat, reprenons un vouvoiement de rigueur voulez-vous ?
J’ai, ça va de soi, une tendresse naturelle infinie pour ma maman biologique mais je ne sais pas c’est qui ? (je pratique volontiers cette inversion, appelons la coquetterie littéraire. J’aime ce « reversal » sujet verbe car c’est celui de l’enfance et de l’impatience. « Donne-moi le » s’exclament certains petits. J’aime les anglicismes aussi vous me le pardonnerez j’espère, mais le monde est devenu un « global village ».) Ma mère, je ne l’ai pas vue alors elle ne m’a pas manqué.
J’ai embrassé ainsi une enfance bourgeoise, sans que personne ne me demande mon avis. Je garderai toujours en moi la marque indélébile de cette usurpation. Intuitivement, j’aurai toujours au fond de moi le fait que rien n’est définitif, que tout va si vite en matière de fortune que la c

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