Confessions ordinaires d un enfant précoce
166 pages
Français

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Confessions ordinaires d'un enfant précoce , livre ebook

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Description

Yvan est un enfant intellectuellement précoce. Ses difficultés sont accentuées par une scolarité chaotique. Arrivé en sixième, il intègre une école expérimentale et se lie d’amitié avec un camarade malentendant. Mais l’entrée au lycée le plonge à nouveau dans le désarroi jusqu’au jour où il fait une rencontre providentielle...

Couverture illustrée par Lydia BERNARD

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 août 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782332599315
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-59929-2

© Edilivre, 2013
Dédicace

A ma mère.
Citations


« Alors vint le temps où le risque qu’il fallait accepter pour rester prisonnier du bourgeon était plus douloureux que le risque de s’épanouir. »
Anaïs Nin
« La vie n’a jamais été destinée à être une lutte ; elle ne devrait être qu’une douce progression d’un point à un autre, très semblable au fait de se promener à travers une vallée un jour de grand soleil. »
Stuart Wilde
Chapitre 1 Premiers pas
Je venais de souffler mes trois premières bougies lorsque je franchis la porte de la maternelle pour la première fois. Le matin même, mon père m’avait saisi le menton de ses mains calleuses et m’avait dit : « Faut pas pleurer, fiston, tu es grand maintenant. » J’avais alors retenu mes larmes en mâchouillant consciencieusement l’intérieur de mes joues puis avais emboîté le pas de mes deux grands frères qui marchaient profil bas en cette belle matinée du mois de septembre. Bien évidemment, maman m’avait accompagné, le cœur gros, mais ne le montrait pas ou si peu. Je me souviens seulement qu’elle avait échangé son vieux tablier quotidien contre sa plus belle robe et qu’elle avait pris une voix tendre et rassurante pour vanter les mérites de l’école et de l’instruction.
Une foule bigarrée s’était pressée dans la cour de cette grande bâtisse qui allait devenir ma seconde demeure et nous attendîmes que maîtres et maîtresses apparaissent sur le perron. Mes deux frères, plus expérimentés que moi, ne montraient aucun signe d’appréhension et distribuaient çà et là des poignées de mains chaleureuses et masculines. Ils rentraient respectivement en CE1 et CM1.
Soudain, le directeur fit irruption sur le perron, prit une voix de circonstance, réclama le silence et les cris se turent progressivement.
« Je vous souhaite à tous une très bonne rentrée et tous mes vœux de réussite pour l’année à venir. »
Son discours ne variait quasiment jamais au fil des ans. Il céda ensuite la parole aux enseignantes qui se dressèrent simultanément et commencèrent l’appel d’une voix mal assurée : « Abadie, Azouz, Bachelot, Robinet… Vas-y mon bonhomme » lança ma mère tout en rajustant mon col de chemise.
Le ventre serré, je rejoignis le rang et son cortège de cartables flambant neufs. L’entrée en classe se fit dans le calme même si la plupart d’entre nous réprimaient une irrésistible envie de pleurer. La maîtresse nous fit asseoir sur de petites chaises en ligne.
« Je m’appelle Cécile Heurtebise, mais il faudra m’appeler Madame. » déclara notre nouvelle institutrice.
« Oui, Madame Cécile » reprit spontanément mon voisin de gauche.
La maîtresse nous expliqua alors qu’il fallait dire Madame Heurtebise et se lança dans un discours que nul ne comprit réellement. Puis, Aziz éructa bruyamment, ce qui nous amusa beaucoup.
« Il faut que tu dises pardon, Aziz » soupira Madame et Aziz s’exécuta.
« Je vais maintenant vous lire une histoire mais il faudra que vous soyez bien sages. »
Elle chaussa ses grosses lunettes noires, et fronça les sourcils en regardant Aziz.
« Ecoutez-moi bien. Je vais vous lire l’histoire de Riquet, le petit garçon qui ne voulait pas grandir. »
Tous les regards se braquèrent sur les grosses lunettes de maîtresse qui prit un drôle d’accent pour essayer de nous captiver. Elle détachait les syllabes une à une, méticuleusement, et je remarquai que sa bouche s’arrondissait exagérément chaque fois qu’elle prononçait le son [o].
Quelques instants après, j’avais complètement perdu la trace de Riquet et mon esprit vagabondait en dehors de la classe. Je pensais à maman qui se retrouvait seule à la maison, à mes frères qui devaient essuyer les premières remarques de leur maîtresse et à papa occupé, au fond de son atelier. Madame Heurtebise finit par se rendre compte de ma distraction et me jeta un regard méprisant.
« Cela ne t’intéresse pas Yvan ? » demanda-t-elle sèchement.
« Non, Madame Heurtebise » répondis-je le plus naturellement du monde.
C’est ainsi que débuta ma scolarité, par cet affrontement laconique mais révélateur de ce que j’allais vivre, en partie, tout au long de mon enfance. Je finis la matinée au piquet pour la première fois de ma vie, ne comprenant pas en quoi la franchise était répréhensible, d’autant que Papa m’avait dit bien souvent que le mensonge était la pire des trahisons. Je passai un gros quart d’heure dans le coin de la classe puis Aziz se montra à son tour arrogant en appelant maîtresse « Madame Heurtebisou. »
« Va remplacer ton camarade » cria-t-elle. Aziz obéit, tête basse, et je rejoignis ma place.
Lorsque la cloche sonna, la plupart des petits se mirent à courir dans tous les sens comme des lions en cage. Quant à moi, je m’adossai à l’unique platane qui trônait au milieu de la cour et me mis à regarder les nuages dont les formes variaient au gré des vents.
Soudain, maîtresse tapa dans ses mains et je sortis de ma rêverie. Quelques-uns d’entre nous se mirent à pleurer à nouveau et réclamèrent leur mère, mais madame Heurtebise n’y prêta pas attention.
« Dépêchez-vous, dépêchez-vous. Rejoignez la classe ! »
Nous passâmes une heure à coller des gommettes sur des formes géométriques sans que je ne comprenne l’utilité de cette activité puis maîtresse frappa encore dans ses mains.
« Et maintenant, vous allez faire un joli dessin pour vos papas et vos mamans. »
Elle distribua à chacun d’entre nous une feuille blanche.
« Appliquez-vous, car vous n’en aurez pas d’autres ! » lança la maîtresse.
Je traçai le contour de gros nuages blancs aux formes insolites. Un d’entre eux portait de grosses lunettes noires. Maîtresse fit mine de s’occuper puis passa à chaque table.
« Alors Aziz, montre-moi ton joli dessin. »
Mais Aziz refusait. Maîtresse lui arracha des mains.
« Ce ne sont que des gribouillis ! »
Puis, elle le lui redonna indélicatement. Marion, Joffrey et Pierre-Yves furent félicités. Leur dessin représentait une grande maison entourée d’un magnifique jardin.
« Et toi, Yvan, qu’as-tu dessiné ? »
Je ne répondis pas.
« Tu aurais pu utiliser des couleurs, ton dessin est tout gris ! »
Je murmurai alors que les nuages étaient blancs mais maîtresse ne m’entendit pas.
Enfin, la cloche de midi nous libéra et nous pûmes embrasser nos mères avec soulagement. Madame Heurtebise changea d’expression et fit de grands sourires à tout le monde, puis s’adressa aux adultes.
« Il n’aime pas beaucoup les histoires, Madame Wikosky » glissa-t-elle à ma mère, un brin d’ironie dans la voix.
« C’est que nous n’avons pas beaucoup de livres à la maison » bredouilla Joséphine.
Maîtresse se pencha vers moi, me sourit avec condescendance puis s’en alla discuter longuement avec les mamans de Pierre-Yves et de Marion.
Durant le trajet, maman me posa des questions et nous marchâmes main dans la main. Il y avait bien longtemps que nous ne nous étions retrouvés seul à seul.
« Aujourd’hui, c’est exceptionnel mon chéri. Je suis venue te chercher car c’est ton premier jour d’école, mais il faudra que tu manges à la cantine, comme tes frères. »
Puis tout en dénouant son tablier, elle avait ajouté :
« Alors, dis-moi, elle est comment cette maîtresse ? »
Je jetai un coup d’œil vers la fenêtre et les nuages continuaient à danser dans le ciel.
« Très gentille, maman. »
Chapitre 2 Mots volés
Après trois années de maternelle qui me parurent interminables, j’entrai enfin au CP. Je redevenais petit parmi les grands et l’idée de côtoyer des enfants bien plus âgés que moi me séduisait. D’après mes frères, l’année s’annonçait des plus difficiles. Je les écoutais donc parler en prenant un air sérieux et désolé, mais au fond de moi, je sentais naître un immense ravissement. Le CP semblait l’eldorado promis, la grande porte ouverte sur le monde et le savoir. Enfin, si ce n’était qu’un mirage, j’allais quand même en finir avec les coloriages, les cubes aux formes étranges, les pots de peinture desséchés, les tabliers salis, les récitations enfantines que j’ânonnais sans passion et ces sempiternelles répétitions d’exercices bêtifiants : j’entoure la bonne lettre, je colorie le bon mot, je barre l’intrus … Même avec la plus grande volonté de notre maîtresse qui n’avait pas ménagé sa peine pour nous inculquer quelques notions fondamentales, j’avais le sentiment d’avoir perdu mon temps.
Enfin le grand jour arriva. Sans quitter l’établissement où je venais d’accomplir mes premières armes, je quittai la petite cour pour la cour des grands, leurs cartes magiques et leur partie virile de football.
Notre nouvelle institutrice s’appelait Madame Ledoux. D’abord docile, comme son patronyme le laissait entendre, elle prit la classe en mains avec la plus grande fermeté. Avec elle, les apprentissages avaient des allures militaires, si bien que je peux avouer qu’au bout d’un mois, je lisais sans difficulté. Bien évidemment, comme beaucoup d’enfants, j’avais emmagasiné un certain nombre de mots, décelés çà et là, sur un panneau publicitaire, un paquet de céréales, un journal abandonné, mais ce n’est que de façon intuitive que je pus déchiffrer les premières lignes.
Cependant un peu tôt. Lorsqu’il fallait que je m’applique et que j’écrive les phrases les plus simples : « Le chat mange la souris… le chat n’aime pas le rat » je rechignais à la tâche. Madame Ledoux fustigeait donc toutes mes imperfections et considérait que j’étais un élève paresseux. Elle m’invitait incessamment à recommencer mon travail, à tracer des o plus ronds, des s moins larges, des m moins écrasés et surtout à écrire sur les lignes consciencieusement, avec application, ce dont j’étais incapable. Heureusement, je n’étais pas le seul à pâtir de

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