Cor à corps ou La Folie d’interpréter
262 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Cor à corps ou La Folie d’interpréter , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
262 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Francis Orval Artiste et pédagogue né en Belgique, de nationalité américaine et Liégeois de cœur nous fait voyager sur tous les continents. Sa faim de vie surprend, inquiète parfois, et toujours passionne. Sérieux et concentré dans son travail, il peut être extravagant dans sa vie privée. Personnalité attachante, Francis ne laisse jamais indifférent. Moi, son instrument, le cor, je suis le mieux placé pour vous conter ses péripéties « cor à corps ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414378012
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-37833-3

© Edilivre, 2020
Préface
Nous sommes en janvier 1967 sur l’autoroute Ostende-Bruxelles. Un jeune musicien corniste rentre d’un concert et transporte dans sa voiture un autre musicien, jeune pianiste. Tout va bien jusqu’au moment où le jeune corniste dit au jeune pianiste que la voiture ne fonctionne « pas très bien »…
C’est semble-t-il le radiateur… ou la batterie qui manquerait d’eau… ou les deux… Qu’à cela ne tienne, les bas-côtés de la route sont de petits caniveaux, on prélève le liquide et voilà nos deux musiciens repartis ! Mais les petits arrêts se multiplient, l’angoisse est palpable et le doute s’installe. D’autant que le jeune corniste s’inquiète pour les mains de son passager couronné quelques années auparavant au Concours Reine Elisabeth.
Finalement la voiture a bien voulu « tenir » jusqu’à Bruxelles et tous deux se retrouvent au domicile du corniste, où l’épouse de celui-ci les accueille, certes un peu mécontente et stressée, mais avec un bol de soupe tout fumant apportant aux deux aventuriers un réconfort bienvenu.
Voilà comment est née une amitié qui depuis plus de 50 ans ne s’est jamais démentie, de même que l’admiration artistique mutuelle qui s’est traduite par de nombreux concerts en commun. Que dire de cette amitié sans tomber dans une banale flatterie ou des éloges sans grand intérêt ?
Tout simplement que nous n’avons pas eu besoin de contacts fréquents pour la vivre de manière authentique et fidèle et que la Musique pratiquée ensemble est certainement le plus beau dialogue qui soit, bien au-delà des mots, dans une communion que l’on peut qualifier de fraternelle.
Aujourd’hui, nous pouvons nous féliciter d’avoir une santé nous permettant de continuer la pratique de notre Art et Francis est devenu au fil du temps un Ami avec un grand A (j’ai presque envie de dire un frère), qui a été mon témoin lors de mon mariage avec Véronique, et qui m’a bien soutenu lors d’épreuves familiales assez pénibles.
Notre amitié a pris maintenant une dimension toute particulière, et j’espère que nous pourrons la vivre encore longtemps, parce qu’elle est à mes yeux la chose la plus précieuse parce qu’extrêmement rare.
Jean Claude Vanden Eynden
Introduction Moi d’abord !
Bonjour,
Avant de vous présenter Francis Orval, je me présenterai moi-même.
Vous me connaissez bien : je suis le cor d’harmonie.
Vous m’avez entendu dans E.T., Star Wars et Harry Potter.
Toutes ces super productions me doivent leur musique de générique et Mozart m’a honoré de nombreuses œuvres.
Dans un orchestre symphonique, on ne voit que moi, je reflète la lumière des spots lights comme aucun autre instrument.
Je suis de la famille des cuivres.
En parlant de famille, mon arbre généalogique est si haut qu’il ferait frémir le plus hardi des grimpeurs.
Mes arrière-arrière-arrière-grands-parents orientaux ont fait trembler les murs de Jéricho lors de la conquête du pays de Canaan.
Ils s’appelaient « Shofar » et étaient constitués d’une corne de bélier ce qui donnera le nom de « corn » dont le diminutif deviendra « cor ».
Mes ancêtres romains sonnaient l’arrivée de l’empereur dans sa loge pour assister aux jeux du cirque.
Ils s’appelaient « tuba curva » et ressemblaient à la lettre
« G » majuscule.
Quant à mes arrière-petits-cousins nordiques, les « luurs », ils prévenaient les petites communautés vikings du retour des drakkars d’Erick le Rouge dans les fjords norvégiens.
Ils avaient la forme d’un delta minuscule, en revanche eux étaient majuscules.
Mes ancêtres avaient tous une vocation d’appel, d’avertissement dont l’histoire de Roland sonne comme le plus navrant des exemples.
Celui-là s’appelait « oliphant » ou « trompe de chevalier ».
Je reviendrai plus tard sur la partie cuivrée de mon histoire.
À ce stade, sachez seulement que je suis le plus sophistiqué des cuivres puisque si vous dépliez mon tuyau vous constaterez qu’il mesure plus de quatre mètres de long et que le malheureux instrumentiste qui tente de produire un son avec moi ne dispose que d’une toute petite embouchure pour ce faire.
En parlant d’instrumentiste, le mien s’appelle « corniste » et celui qui fait l’objet du présent ouvrage, Francis Orval que je me contenterai à présent d’appeler Francis.
La difficulté de produire un son doux, chaleureux et harmonieux avec moi est telle que celui qui ose me donner vie par son souffle et qui pense y avoir réussi, le paie souvent très cher.
Jamais il ne pourra être satisfait, ce qui le condamne à une humilité de tous les instants.
Francis est de ceux-là, c’est la raison pour laquelle c’est moi qui vais vous le présenter.
Entre le charbon et les patates
Ce jour-là, les pavés de la rue Jean-d’Outremeuse à Liège tremblaient et avec eux les façades des maisons à deux ou trois étages que l’on avait pavoisées des drapeaux des alliés.
Les chars américains défilaient dans un bruit de moteurs et de chenilles grinçantes, le tout dans une atmosphère de poussière mélangée à la fumée d’échappement des blindés tant attendus.
Depuis la drôle de guerre jusqu’à la guerre pas drôle du tout, la ville avait souffert et allait encore souffrir davantage.
Mais pour l’heure, la population était dans la rue et criait sa joie d’être libérée. C’était la fête, une de celles que l’on n’oublierait pas.
Pourtant, au numéro 65, un cri plus aigu s’était élevé. C’était celui d’une jeune maman au visage de madone qui venait de donner naissance à un petit garçon.
Nous sommes le 8 septembre 1944 et alors que Liège se libère du joug allemand naît Francis Orval, fils de Marie Josée Tilmant, pianiste et de Jules Orval, violoncelliste, employé au service comptable de l’Usine des Conduites d’Eau, ancêtre de la Compagnie Intercommunale Liégeoise des Eaux.
Les choses ne sont simples pour personne à cette époque et quand les V1 vont s’abattre sur la ville, la petite famille ira plus d’une fois se réfugier dans la cave transformée en abri.
Ce qui fera dire plus tard à Francis qu’il est né entre le charbon et les patates, ce qui est à peine exagéré.
Le bébé a déjà un regard attentif fixé par de grands yeux écarquillés, ses oreilles sont implantées un peu bas et sont de dimensions intéressantes pour un futur musicien.
Le jeune garçon et sa famille
Si le bébé de la rue Jean d’Outremeuse était souriant et en bonne santé, c’est un petit garçon triste que l’on rencontrerait rue Remouchamps, puis au 33 du Boulevard Emile-de-Laveleye, derrière l’Eglise Saint-Vincent. Cette tristesse est compréhensible : son univers est limité à la maison familiale.
En effet, il n’ira jamais à l’école ! Ses parents avaient obtenu une dérogation à l’obligation scolaire moyennant quoi un précepteur venait lui donner cours trois fois par semaine.
Sa mère qui avait subi une légère déviation de la colonne vertébrale avait été aidée durant une partie de sa grossesse par sa propre mère qui devait décéder six mois après la naissance de l’enfant.
C’est ainsi que la maman du petit Francis avait dû traverser une période pour le moins difficile puisqu’à la douleur de perdre sa mère, s’ajoutait la perte d’une aide précieuse.
Sa demi-sœur et la fille de celle-ci (la marraine de Francis) étaient pourtant très prévenantes avec elle et ont été très présentes pour l’enfant.
Très tôt, Francis avait cependant dû faire face aux tâches ménagères qui consistaient surtout à prendre les poussières et à faire les courses.
Cette situation du « petit d’homme » lui a appris très vite à assumer des responsabilités qui auraient dû l’être par des adultes.
Ceci aura une incidence majeure sur sa destinée qui, on va le voir, n’est pas toujours aussi triste.
En attendant, voici le « petit d’homme » privé de contacts avec d’autres enfants puisqu’il ne va pas à l’école et qu’il est confronté à une maman constamment en demande qui le surprotège franchement.
Ses rares moments de liberté sont consacrés à aller servir les messes du dimanche matin.
Notons à cet égard que le « petit d’homme » n’arrose pas que les fleurs de la maison familiale, il s’applique également à arroser les bénitiers de l’église Saint-Vincent de Liège, celle située juste devant le pont de Fragnée garni de ses quatre anges dorés.
Quant à sa curiosité pas seulement scientifique pour le vin, ne vous demandez pas d’où il la tire, vous avez la réponse.
Ses contacts avec les autres enfants sont très rares, on l’aura compris.
Les séances de catéchisme et sa communion solennelle constitueront les rares occasions de lier connaissance avec d’autres « petits d’hommes ».
Quant à son père me direz-vous ? Où était-il ?
Comme souvent dans ce genre de situation, il était peu présent car il travaillait, comme il a été dit plus haut, au service comptable de l’Usine des Conduites d’Eau.
Le père de ce dernier (le grand père de Francis) de conviction libérale, en avait conçu une tolérance absolue et une laïcité compréhensive à l’égard des habitants de toutes convictions religieuses et en particulier des catholiques.
Le père de Francis, Jules, éduqué dans une telle ambiance, va épouser une femme croyante et la suivre sans chercher à l’éloigner de ses convictions.
Prisonnier de guerre en 1940, il en était revenu fin 1942 avec son frère jumeau, grâce à de faux papiers. Son employeur lui avait gardé son emploi ce qui lui avait permis de faire bouillir la marmite. S’il avait joué du violoncelle à l’opéra après la guerre, il n’y avait pas un emploi musical stable.
À partir de 9 ans, Francis entre au Conservatoire Royal de Musique de Liège. Ce sera le premier contact, quelques heures par semaine, avec d’autres élèves toujours beaucoup plus âgés que lui.
Les frères de sa gr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents