Crimson cherries
64 pages
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Crimson cherries , livre ebook

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Description

D'une « écriture nerveuse » et enlevée, l'auteur retrace l'histoire de sa famille sur trois générations. De l'exil volontaire de son grand-père, quittant le Maroc pour un avenir meilleur, à sa propre émancipation de citoyen du monde en passant par le douloureux parcours de son père, il interroge la question de l'immigration dans toute sa complexité. Élève méritant et ambitieux, l'énergie qu'il déploie pour s'élever intellectuellement sans se laisser décourager par les obstacles contredit le fatalisme du déterminisme social et force le respect. Dès l'enfance pourtant, il fait l'expérience amère du racisme, qui aura raison de son premier amour. Après un séjour marquant en Grèce, il part étudier en Angleterre, avant d'intégrer la prestigieuse université américaine d'Harvard. Aujourd'hui à la tête d'une entreprise en Allemagne, il défend avec toujours autant de ferveur les valeurs de l'éducation et le projet d'un revenu universel pour tous.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414066759
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06673-5

© Edilivre, 2017
Exergue

Histoire contemporaine
Pour ma famille, pour ma mère
Une histoire que l’on ne transmet pas n’a que modestement mérité d’être vécue.
Son personnage principal ne l’aura que jalousement honoré.
J’honore avec générosité, c’est ma nature qui l’exige de moi et je lui suis humblement soumis.
Le 26 juin 2014
Skorpios, Grèce
Crimson cherries

22 juillet 2015, Plaka, Athens, Greece
Fatherhood has led me to wonder… Étrange, j’entame ma phrase en anglais, sans doute parce que je m’adresse à ma fille.
Écrirai-je toujours pour elle et seulement pour elle ?
D’ailleurs, quelle bizarrerie comme en toute émotion, je réprime, retiens, enfle et explose, exprime, donne – écris.
L’écriture, finalement une émotion comme une autre.
Moins pudique que les autres.
Ça y est, le stylo parle.
Voyons…
Je reprends dans ma langue ni maternelle, ni paternelle, la mienne, acquise au prix de combien de blessures, combien de combats, combien de larmes et combien de prises de col.
Romain, il s’appelait, avec un effort supplémentaire je me souviendrai de son nom.
Ça ne vient pas tout de suite. Ça viendra comme tout le reste.
Ce n’est qu’une affaire de patience, cet art de mettre le temps sous son bras, de le calmer, et de le laisser dire ses souvenirs ou proposer ses solutions.
Ça y est. Romain Merière, brillant, sympa, blond, grand, blanc, Français de langue maternelle française.
Romain, le rival premier, la première petite bataille.
Il est là l’Arabe, le café au lait, le chocolat ; c’est comme cela que m’appelaient mes camarades de jeu en maternelle. Il se débat au fond de la cour de récréation, tenu à bout de bras par un, deux, trois, six de ses camarades. Il veut en être. Ils ne veulent pas mais qui peut les blâmer. Ils ont 4, 5 peut-être 6 ans ; que savent-ils ?
J’étais entré en maternelle sans parler un mot de français. Ma première langue était le dialecte marocain. La langue française fut ma première quête, un Everest.
Cinq ans parmi eux, ça y est, il y est, il parle aussi bien, parfois mieux et, pour sûr, plus. Il débite, plutôt à l’aise avec les lettres, un peu plus encore avec les chiffres. Fini le mutisme. Voilà le temps d’un sans blanc d’assurance.
Ce qui est sûr, c’est que l’espièglerie lui est innée.
Comme ce jour où, par pure malice, il prit les billets de tombola de Marie pour les mettre dans le sac d’Anna et accuser Anna d’un petit larcin, mais un vol quand même.
Petite raclée, coup pied au cul, toute la hiérarchie de l’école un peu manipulée. Un fou rire (partagé avec le maître d’école) quand vient le moment tragique : celui des aveux, souriant, effronté, détestable, rigolard ; le petit prend une petite revanche sur les années maternelles, les années du mutisme.
Oronce Fine a été une superbe école, beaucoup de bonheur. La république et le corps enseignant des années quatre-vingt, dans ce qu’il y a eu de meilleur, je pense.
Le couple Manuel menait l’école avec une passion évidente pour l’enseignement et la pédagogie. La belle Madame Manuel et le grandiose maître d’autorité, Jean-Michel Manuel, lui, un fou de foot, un peu comme moi, enfant ; elle, élégante, dévouée, douce et gentille.
Du haut de son mètre quatre-vingt et de sa tenue aussi aristocratique qu’autoritaire, elle devait nous voir comme des lutins, ses lutins, des enfants dont elle prenait soin avec amour et passion.
Ce livre est un peu un hommage à ces maîtres qui se sont montrés très protecteurs et sont partis trop tôt pour que je puisse retourner les voir. Les remercier.
Monsieur et Madame Manuel, c’étaient finalement ce papa et cette maman dont nous n’osions pas rêver, tellement la famille et le sang sont sacrés chez nous.
 
Port du Pirée, Grèce, 25 juillet
Nous, qui ? Les Berbères, les Arabes, les Marocains, les Méditerranéens, les gens du sud.
Identité fabriquée, remodelée, mouvante. Je suis né Séfrioui, Marocain, Arabe. Je croyais plus tard me découvrir Briançonnais, Français, puis comprendre que je ne le serai jamais vraiment au regard de certains. Ne leur en déplaise, je serai un citoyen européen avant l’heure.
Encore hier, ce conducteur de taxi à Athènes, « vous êtes élégant », me dit-il. Vous semblez un « homme du monde ». Je suis dubitatif, peut-être un compliment en remerciement pour ce petit cigare échangé en négociant la course. Il me ramène au Pirée. « Je déteste les extrémistes en tout genre », me dit-il en me montrant « ici les orthodoxes prient, là les cathos, et là les protestants. »
Trois boîtes de nuit où se succèdent chauffeurs en mal d’amour et touristes infatigables. « Un homme du monde, mais je peux dire que vous n’êtes pas Français. » En anglais, je ne sais pas s’il me tutoie ou me vouvoie.
Sa manière à lui de me porter sur le terrain du religieux et de sonder mon avis sur les secousses sécuritaires qui tourmentent notre époque.
Il est sympathique et, à 35 ans bientôt, me rappelle mes démêlés identitaires.
Ne suffit-il pas que de mon autorité et de ma voix la plus grave je me revendique de la France, des Alpes, de ce coin de paradis entre Turin la grise et Gap la morne.
« Briançon, terminus. Le train ne va pas plus loin. »
C’est sur un ton rigolard que mon grand-père chéri cachait sa véritable histoire. Celle d’un homme libre aux deux cents savoir-faire, et un savoir-vivre qui bientôt fera défaut à l’humanité entière, si j’en crois la presse française, britannique et américaine.
Il a fui, ils l’ont rattrapé. Il a laissé l’ennui, les gosses, la femme, le reste et, deux années durant, prétendant leur chercher un avenir meilleur, s’est réfugié en terre libre.
Le Maroc a bon dos, la précarité de son économie, ses lourdeurs des années soixante-dix ont bon dos aussi.
Il a quitté Séfrou, un véritable paradis douze mois sur douze, pour Briançon, un paradis du printemps à l'été, mais une terre sèche, rude et froide six mois durant.
Séfrou, la petite Jérusalem, était, dans les années soixante-dix, un havre de paix et d’abondance. Les Arabes, les Français, les Berbères et les Juifs, qui étaient restés après la guerre de 67, y partageaient avec bienveillance les fruits d’une terre riche, travaillée avec amour et respect.
Je rencontrai récemment M. Assouline, sénateur de Paris, lui aussi originaire de Séfrou. Nous avions convenu d’un rendez-vous de 15 minutes dans le prestigieux salon Victor-Hugo au premier étage de l’aile Est du Sénat. Je lui avais demandé de me recevoir pour parler de Séfrou.
Quand il parle de Séfrou, ses propos font écho à tous ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ont quitté la petite ville pour poursuivre leur chemin.
Comme les autres, il lève la tête au ciel, ferme les yeux et se trouve de nouveaux appuis, comme s’il s’agissait de ne pas vaciller, tomber en arrière sous le poids d’une nostalgie lourde en saveurs et en couleurs.
Tous évoquent immanquablement les rapports sains et vertueux entre autochtones juifs, autochtones musulmans, fins connaisseurs des qualités et des forces de l’une et l’autre des...

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