Dans le corps d un autre
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Français

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Description

Cela fait longtemps que Daniel vit dans le corps d’un autre, un grand-père de quatre-vingts ans. Tout a commencé à ses vingt ans. De plus en plus fatigué, il dort beaucoup, mais ne récupère pas comme d’habitude. Il faudra attendre que son état se dégrade pendant quinze ans pour qu’un diagnostic soit enfin prononcé: fibromyalgie... Méconnue, la fibromyalgie touche pourtant plus de deux millions de personnes en France. En partageant cette quête au diagnostic et son combat quotidien, Daniel de Coninck nous fait découvrir ce mal encore flou aux yeux de nombreux médecins. Il livre un témoignage renversant mais édifiant, collant à la réalité du malade et riche de conseils pour enfin savoir faire face.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748372083
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dans le corps d'un autre
Daniel de Coninck
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Dans le corps d'un autre
 
 
 
À ma femme Christine, Pour ta patience, ton soutien, et ton amour…
 
 
 
 
2004. J’ai trente ans, la force de l’âge.
L’ostéopathe me demande de mettre mes mains contre les siennes et de pousser.
— Poussez. Poussez. Allez, poussez !
— Mais je pousse docteur, je ne fais que ça.
— Ah bon, alors vous avez le corps d’un grand-père de quatre-vingts ans !
 
 
 
 
 
 
 
Je suis né en 1974, dans une famille d’Ecaussinnes où l’on vit vieux, et costauds.
Mon père a construit sa maison dans les bois de Couvin une fois pensionné.
Ma grand-mère bêchait encore son jardin à quatre-vingts ans passés.
 
Mon frère jumeau et moi sommes les derniers de cinq enfants. Nos trois sœurs, de douze, onze et dix ans nos aînées, se sont bien occupées de nous. La dernière aurait pourtant aimé des triplés, car elle était souvent privée de poupée. Priorité aux grandes.
 
En bref, une belle jeunesse dans une belle famille.
Nous partageons notre temps entre notre maison d’Ecaussinnes, notre chalet de Brûly-de-Pesche pour le week-end, et les vacances à Anduze, dans le Gard.
 
Petit à petit, les oiseaux quittent le nid, 1986, 1988, et enfin, mon frère se marie en juin 1993, me laissant seul avec mes parents. Notre complicité rend difficile cette séparation. Heureusement, il y a le téléphone, et parfois pendant une heure, on s’écoute simplement respirer au bout du fil. C’est dur quand même.
 
 
 
 
1994
 
 
 
Je quitte l’école, promis à une belle vie, bien remplie, et en bonne santé. Qu’attendre de moins de la vie quand on a vingt ans ?
 
Je suis pourtant de plus en plus fatigué. Je dors beaucoup, mais je ne récupère pas comme d’habitude.
On a toujours aimé la sieste dans la famille ; en tout cas, moi, je suis un champion. Mais là… ?
Notre médecin de famille me fait une prise de sang. Je crois que c’est la première fois de ma vie.
— Vous avez eu la mononucléose il y a environ deux mois. Ce n’est pas grave, vous êtes costaud. Vous allez vite récupérer.
Quelques vitamines plus tard, je pense en avoir fini avec cette maladie, qui commence pourtant avec moi un jeu de cache-cache dont j’ignore encore la durée.
 
Je pratique peu de sport, ou même aucun. Mais j’aime nager, et dès que j’en ai l’occasion je saute à l’eau, sous l’eau, ou je me sens vraiment dans mon élément. La piscine avec les copains, c’est vraiment génial. Mais pourquoi font-ils plus de longueurs que moi ?
Quand j’étais enfant en vacances au domaine de Gaujac, dans le sud de la France, je faisais des concours de natation avec mon frère jumeau ; à celui qui faisait le plus de longueurs. On en faisait des vingtaines. Mais je n’y arrive plus. Je suis essoufflé. Bah, je peux toujours faire des largeurs.
 
 
 
2001
 
 
 
Je me marie !
J’ai rencontré ma femme le 11 mars 2000. On s’est plu tout de suite, même si je ne lui ai jamais fait savoir. Heureusement, Christine a osé faire le pas, en juillet, et j’ai dit oui.
Nos fréquentations ont duré un an, et nous nous marions le samedi 14 juillet 2001.
 
Nous achetons une maison à rénover à Bouillon, une jolie petite ville des Ardennes. En deux mois, presque tous les travaux sont réalisés, aidés par nos parents. Mais c’est dur. Le matin je travaille à la banque, et l’après-midi, je fais l’impasse sur ma sieste pour avancer la rénovation.
On est fou parfois ! Nous avons transporté une nouvelle chaudière sur un diable pour la descendre à la cave. En haut des escaliers, le diable casse, et la chaudière en fonte emporte avec elle mon beau-père, resté devant. Sans la présence d’esprit d’écarter les jambes en arrivant en bas, il ne serait plus là aujourd’hui. Même mon frère a eu la jaunisse en travaillant sur le toit de la maison, tellement il a eu peur.
 
Un mois avant notre mariage, les projets de mon patron d’ouvrir une nouvelle agence à Bouillon tombent à l’eau, et moi au chômage.
 
Quelques mois plus tard, un ami me propose de travailler à mi-temps dans sa quincaillerie. Ce n’est pas mon domaine, mais il y a des avantages. C’est à côté de la maison, Christine profite de la voiture, je peux faire ma sieste l’après-midi…
J’apprends vite. Les DIN n’ont bientôt plus de secret pour moi.
Mais il faut aussi préparer les commandes des clients, et réceptionner les marchandises. Mais que les sacs de dix kilos sont lourds !
Je profite du monte-charge pour me décharger un peu. Au premier, il faut ranger tous ces sacs et ces caisses, mais c’est vraiment épuisant. Ce n’est pas normal !
Nous consultons le médecin plus bas dans la rue. Il me prescrit une cure de vitamines.
 
J’ai de plus en plus mal au poignet droit. Je le fais croquer, et ça passe un moment.
Christine me masse souvent, même parfois lorsque je conduis. Quel amour !
Mais les douleurs persistent, je consulte à nouveau.
 
Notre médecin me fait une prise de sang.
Il nous annonce que j’ai produit les anticorps de la borréliose. J’ai dû être piqué par une tique, peut-être dans mon jardin, mais je ne m’en suis pas aperçu. Toujours est-il que j’ai contracté la maladie de Lyme. Je me rappelle d’un monsieur de l’Escaillière. Je discutais régulièrement avec lui quand j’habitais à Brûly-de-Pesche avec mes parents. Il avait aussi cette maladie. Chaque semaine, il allait à l’hôpital pour recevoir des antibiotiques par intraveineuse. Un de ses amis était mort de cette maladie.
 
Pas le choix, il faut traiter. Notre médecin m’annonce que mon état ne justifie pas d’intraveineuse, je peux recevoir le traitement d’antibiotiques à la maison. Et alors ? Je ne sais pas. Peut-être ce traitement empêche-t-il la bactérie de se développer. En tout cas, il ne m’enlève pas les douleurs. Elles empirent. Les bras me font parfois mal lorsqu’ils sont posés, alors quand je porte des caisses d’outils…
 
 
 
 
2003
 
 
 
Je décide de quitter mon emploi. Il faut que je me repose quelque temps. Mon épouse est compréhensive. Je cherche rapidement autre chose de moins dur, j’écris aux banques de la région, mais pas de nouvelles.
 
Mes douleurs diminuent, ça m’encourage. Mais je ne porte pas de poids, c’est normal. Quoi qu’il en soit, on pense être dans la bonne voie vers la guérison.
 
Après de nombreuses tentatives un peu partout, un entretien d’embauche paraît positif. Un plein-temps dans un magasin d’ameublement et de décoration. On espère. Il est temps. Les finances sont au plus bas.
 
Nos parents viennent nous voir régulièrement, même s’ils ont une heure et demie de route. Les parents de Christine sont là aujourd’hui. Nous leur montrons les derniers aménagements de la maison au deuxième étage, dans la chambre d’amis qui fait encore office de bureau pour le moment.
Le téléphone sonne, c’est le magasin. La gérante me demande la taille de mes chemises pour commander ma tenue. Je recommence à travailler !
 
Les trente minutes de route pour Libramont ne me font pas peur, et puis, j’ai toujours aimé la décoration. Le travail est assez varié. Il faut conseiller les clients, encoder leurs commandes, nettoyer les rayons, monter des meubles et les exposer, changer les prix pour le nouveau catalogue, réassortir. À tour de rôle, on tient la caisse, ça me rappelle la banque. J’insiste toujours auprès de mes collègues pour qu’ils rangent tous les billets dans le même sens. Déformation professionnelle. Je pense à l’employé qui va devoir tout retrier. Il y a aussi les pauses, dix minutes essentielles pour récupérer.
 
Le pire, c’est le camion du lundi matin. Oh, qu’il arrive à sept heures n’est pas grave, j’aime me lever tôt. Mais il faut trier toutes les commandes des clients.

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