Doucette vivra, maman...
106 pages
Français

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Doucette vivra, maman... , livre ebook

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Description

Dotée d'une sensibilité à fleur de peau, Doucette livre ses souvenirs d'enfance, assombris par la fragilité maladive de sa mère. Une relation fusionnelle, mêlée de sentiments contradictoires, les unit depuis toujours. Atteinte d'un cancer, celle-ci fait péniblement face aux maux et tourments qui la hantent, soutenue jusqu'au bout par sa fille. Après sa disparition, il reste à la jeune femme tout ce qu'elle lui a transmis : l'amour des livres, la tendresse, mais aussi l'angoisse de la mort. Sa mémoire morcelée rassemble également les moindres détails qui composent son bonheur présent : l'amour sans borne qu'elle voue à son mari, son fils et sa fille. Son émouvant témoignage nous exhorte à savourer chaque instant de la vie et à prendre la mesure de la beauté éphémère du monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414195558
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-19553-4

© Edilivre, 2018
Dédicace

A Cyrielle et à Gonzague, mes deux loulous, mes deux amours.
Merci pour ce si joli chemin depuis que je vous tiens la main.
Je vous aime plus qu’aucun mot ne pourrait le dire…
À Toi, mon Mulot, pour m’avoir fait naître et grandir dans tes mains, pour la joie, la confiance, l’amour et les plus magnifiques « miettes » que tu pouvais m’offrir dans ma vie.
Merci pour ces rêves réalisés et ton regard si doux sur moi…
Je t’aime si fort Mulot…
À ceux qui ont toujours cru en moi…
À toi ma petite maman adorée, pour tout ceci et tout cela, merci…
Exergue

À toutes les Lucioles du monde…
À toutes les Mamans de la terre…
Chapitre 1 Moi
Je vois tout un monde de couleurs ; un arc en ciel en dégradé, pastels déjà délavés.
Douces mais pas agressives, couleurs de vie en kaléidoscope, multitude de points lumineux, rosés, zinzolins, irisés.
Dans mon monde, un et un ne font pas toujours deux, parfois même ils ne m’évoquent que si peu de choses.
Un monde, une bulle, pas dans la vôtre mais en marge, deux bulles parallèles, qui ne se rejoindront jamais mais qui sont amenées à se côtoyer.
Dans mon monde à moi, la nuit ne vient pas, quelques siestes au gré d’une mécanique corporelle qui m’échappe encore.
Là où je suis, je peine à comprendre vos règles, elles sont régies par un fonctionnement étrange, si étrange pour moi.
Je dois sans cesse sortir de ma bulle pour m’adapter.
Si j’y reste, je me dois d’y faire le ménage, de repousser ce qui me sécurise et de laisser pénétrer votre ombre, toutes vos ombres.
Je vois des choses que vous ne voyez pas, les soupçonnez-vous seulement ?
Ma vie à moi est remplie de détails, qui ne s’effacent jamais, qui s’ajoutent les uns aux autres, sans cesse…
J’ai la perception intime des saisons qui passent, du bruissement des feuilles, d’une lumière mordorée, de la caresse du soleil, de la nuit qui tombe, froide, de ces gens qui courent, après quoi, après qui, le savent-ils seulement ?
Quand je marche, j’ai la sensation aiguë de ma semelle de chaussure qui frappe le caillou, du bruit d’un moteur, de pneus de voitures sur l’asphalte.
Le moindre changement génère des angoisses, l’imprévu peut me tétaniser, me paralyser.
Je décèle en vous ce que vous tentez de cacher ; le moindre grain de sable qui vous modifie, de façon imperceptible.
Je fais mieux que voir, je ressens votre désarroi et je transperce mon âme de vos larmes intérieures.
Vos colères m’effraient, vos amours, vos émois m’attendrissent.
Je devine, quelques secondes avant, quand vous allez pleurer ou vous fâcher. Quand votre souffrance se lit à la brume de vos yeux.
Je n’ai pas toujours les mêmes codes ; je peux pleurer très fort pour m’être cognée, et endurer des douleurs à la limite du raisonnable.
Je n’aime que ceux que j’ai reconnus ou choisis, des proches, se comptant sur les doigts d’une main, pas les deux mains, ça ferait bien trop.
Souvent, vos émotions me cueillent et je peux pleurer à la vue d’une main qui tremble, d’une dame âgée esseulée qui traverse avec peine la route, frêle et fragile.
Nous avons une chose en commun, dans votre monde et dans le mien, je suis différente, parfois handicapée car inadaptée.
J’ai vingt-huit ans, je me sens parfois autiste et ceci est mon histoire.
Chapitre 2 Le début
Je n’ai pas de souvenirs de moi petite ; c’est assez flou, je ne pourrais pas dessiner mon portrait de moi petite, et je ferais difficilement mon portrait actuel je crois.
Ma mémoire est intacte, mais en détails.
J’ai la souvenance précise des odeurs, des lieux, des couleurs, des goûts.
Je me rappelle de l’odeur mêlée de chou et de cire d’antiquaire dans la maison de maman.
Je me souviens du livre de Victor Hugo posé en biais sur la table du salon ; du contraste saisissant de la couverture en cuir marron sur la nappe en lin blanche chinée.
J’ai en mémoire le bruit de la couverture qui craque à l’ouverture, des pages froissées qui sont tournées par les doigts fins et doux de ma mère, son visage encadré par un carré blond parfait.
Ma maman, ma mère, mon tout, incapable de me séparer d’elle comme incapable de m’en approcher.
Je sais quand elle va mal, elle cache alors son désarroi dans des tartes aux abricots dont elle seule a le secret ; le sucre cassonade qu’elle y met, l’ingrédient mystère fait de ses larmes de fée et de ses rires sonores doit assurément rendre particulière cette tarte.
En tout cas, elle m’est particulière, et un jour, je n’aurai de cesse de vouloir retrouver cette saveur.
Maman est ce que je ne suis pas : aérienne, magique et douce.
Elle aime Brassens, Brel, Jean Ferrat, la Gymnopédie n°8 d’Erik Satie, les Quatre Saisons de Vivaldi.
Elle aime la peinture des impressionnistes, la musique, les belles lettres et les fleurs bleues. Elle aime tant les myosotis, fleurs symboliques signifiant « Ne m’oubliez pas ».
Maman peut pleurer pour la vue d’une impatience qui éclot, pour le chant d’un rouge-gorge à la fenêtre ; sa saison préférée est l’automne.
À cette belle saison, maman aime passer des heures au jardin pour surprendre l’écureuil à la queue en panache faire ses réserves de noisettes.
L’hiver, elle façonne des boules de graisse aux graines multiples : lin, tournesol, pavot, sésame.
Un tablier à la dentelle ancienne posé sur son tailleur impeccable, et la cuisine de la maison comme bastion principal.
Elle rit aux éclats, elle bouillonne, elle tempête.
Elle aime le thé Matcha dans des gâteaux faits maison, le thé Earl Grey dans la journée, les tasses anglaises à la porcelaine raffinée.
Elle ne peut pas s’endormir sans sa tisane verveine-menthe le soir, accompagnée de douceurs et d’un fruit frais.
Maman aime la soupe de poireaux, le pot au feu, le poulet Gaston Gérard, la crème au caramel, la guimauve à la violette, les tomates farcies.
Pour mes dix-huit ans, elle a passé deux jours, enfermée en cuisine pour réaliser un gâteau à étages aux saveurs des îles, avec ananas, noix de coco et bananes fraîches.
Chapitre 3 Elle est moi
Nous deux ne formons qu’un tout en faisant deux.
Il m’est impossible de la rejoindre complètement, de m’approcher de près, au plus près d’elle.
Et pourtant je me fonds en elle, bien plus qu’en n’importe qui.
Je sais ses colères-tempêtes, ces heures sombres où la douleur devient foudre destructrice.
Je connais ses colères, océans de rage et de cris, qui cachent une fragilité rare, une pluie acide de larmes intérieures qui ne pourront jamais s’échapper de son corps, de son âme, la privant de tout apaisement, de tout repos.
Je la suis du regard quand elle marche, de peur qu’elle ne tombe.
Je tremble quand je la sais seule dans la rue, à la merci de tous.
Si peur pour elle, ma fragile maman.
Je suis son tuteur, sa béquille, sa luciole dans la lumière et dans l’obscurité.
Elle lutte, je le sais, contre un crabe terrifiant qui la ronge, la grignote peu à peu, qui l’enserre de ses pinces noires acérées, qui grandit en elle, qui respire peu à peu à sa place ; c’est ce qu’elle nomme « la double peine »
Tout cela la privera un jour certainement du sourire de ses petits-enfants au pied du sapin de Noël.
Elle qui a toujours veillé sur moi, sur mes nuits agitées, qui a caressé mes tempes moites d’enfant bien malade, ne veillera plus, un jour, sur personne.
Un voile glacial alors s’abattra en moi, sur moi.
Je sais, que de sa disparition, je ne me relèverai jamais tout à fait. Petite luciole à jamais entre le jour et la nuit.
Je lui dois tant, l’amour du livre, la beauté des mots, la poésie, ma joie de vivre et mes chagrins.
Je grandis comme nulle autre, bercée à la fois par un monde innocent, naïf et enfantin où mes refuges sont la poésie, la littérature et un monde fait de chaos, de douleurs sombres, de peur du lendemain.
Un jour, je sais, son sourire me manquera, la douceur de ses bras, l’odeur de son parfum Chamade de Guerlain flottant dans l’air.
Oui, déambuler dans ses alcôves feutrées, au temps suspendu, à la décoration soignée, me manquera.
Je poursuivrai alors l’espoir de la voir apparaître au détour d’une ruelle, au coin d’une rue.
J’espérerai secrètement la voir… Si tel est le cas, je courrai alors à perdre haleine pour l’apercevoir, la serrer dans mes bras.
Pour le moment, je la regarde, petite reine fourmi, œuvrant en cuisine pour nourrir sa fourmilière ; je la regarde, la tête penchée, étalant une pâte brisée pour le dîner du soir.
Les gestes sont rapides, précis.
Bientôt la pâte étalée rejoindra la tourtière, où elle épousera le moule ; elle veillera ma petite fourmi guerrière à rabattre la pâte en un trottoir épais, toi qui cherches toujours à satisfaire au mieux les tiens.
Là, elle étale consciencieusement la pâte sur la table farinée ; aucun geste ne la trahit ; quiconque entrerait, n’y verrait rien.
Rien d’autre qu’une mère aux fourneaux.
Mais moi je sais.
Je sais que le temps nous est compté. Je sais que ce crabe l’aura, tôt ou tard, la privant de tous ces petits riens de la vie qui font ces grands bonheurs.
Et elle sait que je sais.
Maman que je devine comme personne, qui me devine comme nulle autre.
Un jour maman, je ferai mienne cette citation de Victor Hugo : « Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout où je suis ».
Chapitre 4 La nouvelle
C’était il y a un mois, une promenade en forêt du Morvan.
La lumière était belle, les reflets dorés, et l’air était sec malgré un froid vigoureux.
Nous nous promenions, maman, son compagnon, ma fille, moi et le petit chien Pollux.
Ma fille, au-devant de nous, du haut de ses quatre ans, petit bout de femme blond, aux grands yeux bleus, l’air assuré, la sensibilité

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