Du rêve en bandoulière
364 pages
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Du rêve en bandoulière , livre ebook

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Description

Faton est né le 24 juillet 1944. Fils et petit-fils de musiciens. Sept ans d’études d’architecture aux Beaux-Arts de Paris. Membre fondateur de Magma (1969) et ZAO (1973). Il enregistre ses compositions à New York en 1980, jouées par Miroslav Vitous, Jack DeJohnette et Michel Seguin, fait un duo avec Didier Lockwood (1982) et crée Faton Bloom avec Didier Malherbe (1984). Compositeur de musiques de films pour Philippe Garrel, Idrissa Ouedraogo, Laurence Ferreira-Barbosa, Raymond Depardon, il fait aussi des concerts de piano solo et des tournées dans le monde entier. Formation du groupe Faton en 1994, reformation de ZAO en 2004, tournées au Japon et en France et enfin, création du Faton Cahen Quintet avec François Causse en 2008.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 février 2014
Nombre de lectures 3
EAN13 9782332669124
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-66910-0

© Edilivre, 2014
Prologue
Faton a écrit un texte sur l’amitié, dont je suis l’objet ; son épouse Clara me l’a fait lire et m’a demandé si je voulais à mon tour écrire quelque chose sur lui. C’est alors que je me suis rendu compte, en y réfléchissant, que je ne connaissais pas tellement de choses sur Faton Cahen, bien que je l’eusse connu depuis très longtemps (car j’étais un vieil ami de sa première femme Jacqueline, que j’avais connue avant même que Faton ne la rencontre). En tout cas, le fait que j’ai pu être ainsi distingué par Faton comme l’ami par excellence m’a, d’une certaine façon, mis devant une sorte de responsabilité morale.
Voici donc ce texte qui m’oblige à relever un défi, celui d’illustrer aussi bien Faton qu’il m’a illustré.
Sur l’amitié
par Faton Cahen
Écrire sur l’amitié, écrire à propos d’un ami, expliquer, analyser un sentiment si magnifique, si fréquemment cité, si décrit dans la littérature par les « maîtres », représente pour moi, Faton Cahen, musicien compositeur et non écrivain, une véritable gageure.
Je vais donc essayer.
Première difficulté : le choix de l’ami car j’en ai plusieurs, filles et garçons.
J’ai choisi Michel Martens, écrivain et scénariste de renom.
C’est de par ma première épouse, Jacqueline Cahen (ils avaient passé le bac option russe ensemble) que je fis la connaissance de Michel dans les années 1965, alors que je préparais le concours d’entrée aux Beaux-Arts, section architecture.
Comment naît le sentiment d’amitié ? C’est un peu comme l’amour avec la lucidité en plus. C’est l’être humain, bête sociale, qui a besoin de compagnons, de complices, de soutiens, de copains pour partager le pain.
Mais pas n’importe qui et pas n’importe comment. La déception risquerait d’être trop grande et dans des circonstances dangereuses le risque serait trop grave.
Il faut donc ne pas se tromper !
Personnellement, je me fie beaucoup à mon instinct. Je pense que l’apparence physique, l’habillement, le « look » ne sont pas des choses anodines. Ils sont les plumes dont le paon se pare pour bien dire qu’il est un paon.
Féru de jazz moderne noir américain, de littérature, de polars, d’aventures, de B. D., je me trouve donc un soir en face de Michel. Notre code immédiat de reconnaissance fut notre capacité réciproque de dire un maximum de bêtises en un minimum de temps.
Lui de savoir que je le prenais pour une sorte de métissage entre Woody Allen et Mortimer (de Blake et Mortimer par Edgar R. Jacobs), amoureux des pulls en cachemire, des chaussures Church’s, des vestes Harry’s tweed, de la bonne bouffe, du cognac, des cigares et des femmes de bonne famille un peu bourges, mais rigolotes et jolies.
Lui-même trouvait chez moi (je le suppose) un mélange parisien, rabelaisien, artiste aimant également le confort et les femmes intelligentes, celles qui savent toujours se rendre attirantes lorsqu’un homme leur plaît.
C’était un bon début, on pourrait toujours refaire le monde sans mourir ni de faim, ni de soif, ni manquer de lit.
On aimait la vie, quoi !
Et puis après, comme disent les joueurs d’échec : le temps ! –
C’est-à-dire le temps qui passe, le temps de la réflexion. Les multiples rencontres, les séjours à la campagne, les dîners, la présentation des amis communs (ce qui ne fonctionnait pas systémati­quement, les amis de nos amis n’étant pas forcément des amis).
Nos valeurs sûres que sont les femmes, les enfants, la politique, le cinoche, les livres, le rugby.
Nos projets, nos réalisations, nos échecs, nos déprimes, nos angoisses et de s’apercevoir petit à petit qu’on n’est pas seul, qu’on est entouré, soutenu, et que soi-même on peut être un soutien, pas dans le sens de la charité chrétienne (que j’ai souvent trouvée un peu boutiquière), mais comme une manière de vivre assez naturelle que je qualifierais du mot noble.
Entre-temps, je vis maintenant depuis quinze ans avec une Clara qui travaille régulièrement pour Michel en lui tapant ses scénarios. J’aurais très mal vécu le fait qu’ils ne soient pas amis, ce n’est pas le cas.
J’aime personnellement beaucoup Marine, la compagne de Michel Martens.
Tout ça pour dire que l’amitié est un sentiment exigeant qui demande d’être d’accord sur l’essentiel.
Un ami doit savoir secouer les puces de son ami pour lui passer ensuite la main dans le dos. Lorsqu’on perd l’estime, on perd l’amitié. C’est de par l’amour et par l’amitié que l’homme existe et perdure.
L’histoire de l’humanité, c’est une vieille bagarre entre la bêtise et l’intelligence dont personne ne sait encore qui va sortir vainqueur… mais deux amis en virée, dans une partie serrée de « déconnage artistique », c’est quand même un réjouissant espoir dans cette triste partie des jeux du pouvoir.
Hedon et Rabelais qui reconnaissent tous deux une valeur morale au plaisir ne me contrediraient pas.
Ivry, le 1 er janvier 2005
Comment lui retourner le compliment ? Comment découvrir l’homme, le musicien, l’artiste qu’il était et dont je n’avais qu’un aperçu fragmentaire, dilué sur quarante ans ? D’une seule manière, me semblait-il : en menant une enquête. Comme celle que mènerait un détective privé dans un vieux polar américain.
Je me suis donc mis à la recherche d’un ami aujourd’hui mort, et voici le compte rendu de mon enquête.
M. M.
Chapitre 1 Le lapin blanc
That which we are, we are.
Alfred, Lord Tennyson
Pour moi, dans mon souvenir de mes premières rencontres avec Faton, en 1965, celui-ci était aux Beaux-Arts où il faisait architecture. Sa mère, professeur de musique, lui avait enseigné le piano et souvent, chez Jacqueline, il n’hésitait pas à se mettre au piano et nous divertir en jouant du jazz américain.
Que lui est-il arrivé pour que quelques années plus tard, juste avant son diplôme, il bifurque ? Et le premier témoin que j’ai interrogé est Yochk’o Seffer, musicien, saxophoniste, d’origine hongroise. Pourquoi Yochk’o ? Parce que nous réveillonnons tous les ans chez un ami commun, Marcel Benabou, qui lui aussi avait été un ami de jeunesse de Jacqueline. De plus, Jacqueline a été associée à Judith, l’épouse de Yochk’o. Toutes deux avaient un stand de fringues déjantées aux Puces de Saint-Ouen.
Donc, je connaissais Yochk’o et je savais qu’il avait joué avec Faton. Réfugié en France en 1956, il a participé à tout un pan de la musique française des quarante dernières années. En me rendant chez lui, je me rends compte que je n’ai jamais parlé musique avec Yochk’o, et cela au bout de quelque vingt ou trente réveillons de la Nouvelle Année. C’est drôle, il faut la mort d’un ami pour que, tout à coup, je m’intéresse à cet aspect, ô combien important, de sa vie…
Yochk’o habite une double maison, rue Doudeauville, dans le XVIII e arrondissement. Pour arriver chez lui à hauteur de Château-Rouge, on traverse un coin d’Afrique, haut en couleurs, en sons, en costumes et boubous divers. Chez lui, dans son intérieur environné d’une dizaine de saxophones, il trône comme un bouddha, avec un sourire aussi sibyllin et un accent hongrois qui enrobe le français d’une sonorité métallique.
Le détective improvisé que je suis assène sans délicatesse sa première question :
– Yochk’o, peux-tu m’expliquer comment quelqu’un qui a fait six/sept ans de Beaux-Arts laisse tout tomber à quelques mois de son diplôme pour se lancer dans la musique de jazz ?
– D’abord ce n’était pas du jazz ; c’était ce qui allait devenir Magma. Mais avant, souviens-toi du Centre culturel américain. C’est là que tout a commencé.
Je me rappelle cette grande baraque, avec un immense jardin sise 261, boulevard Raspail. Fondé à Paris dans les années trente, l’American Center for Students and Artists était une institution privée de promotion de la culture américaine en France. Il accueillait les plus grands artistes américains, écrivains, peintres, danseurs, musiciens et représentait un haut lieu de culture. Son propos était d’encourager des avant-gardes. À sa place s’est édifiée maintenant la Fondation Cartier. Après Mai 68, le Centre américain a été investi par des groupes divers…
Je laisse Yochk’o continuer :
– Musiciens pour la plupart. Chacun, professionnel ou non, vient jouer, s’agréger à d’autres, former des ensembles qui ne durent que le temps de jouer ensemble cette nuit-là. Une liberté extraordinaire. On y entrait et sortait comme dans un moulin. Des filles, des mecs, ça draguait à tout va, dans certaines pièces il y avait des réunions politiques, activistes, etc. C’était la grande époque de la guerre du Vietnam qui monopolisait la jeunesse. Et puis, il y avait ceux qui venaient faire leur musique, comme Faton qui venait jouer du jazz qu’il jouait avec ses propres improvisations. Le Centre aimantait toute une jeunesse qui venait à la fois pour militer (contre la guerre du Vietnam, pour l’autogestion, pour plein de rêveries soixante-huitardes), ou pour écouter des musiciens amateurs ou professionnels qui venaient jouer, faire un « bœuf » qui pouvait durer toute la nuit, pendant laquelle, pour tenir, on fumait des pétards.
Et Yochk’o arrête là le robinet nostalgique pour me recommander de voir Jacques Vidal :
– Il te racontera le début de tout, de Magma…
Il marque une pause, puis conclut d’un ton empreint d’une sonorité romanesque :
– Car c’est bien grâce à Vidal que Faton fera plus tard la connaissance de Vander. Sa vie, sans qu’il le sache totalement à ce moment-là, va basculer et prendre une voie, une voix, un chemin dont il ne déviera plus. C’est Christian qui lui apporte une pensée musicale à laquelle, lui, Faton, avait déjà réfléchi, mais qui s’est cristallisée au Centre américain. Faton a soudain trouvé l’endro

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