En quête de liberté
53 pages
Français

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Description

Épris de liberté, Mathieu Fabre l’a toujours été. Il nous livre dans cet ouvrage le récit des trente premières années de sa vie. Une autobiographie qui dévoile sans fard les embûches semées sur son passage de jeune handicapé moteur, contraint de mener un combat pour (sur)vivre dans un monde qui tourne vite et un combat intérieur intense pour accepter sa condition. Il nous conduit au fil de la lecture avec lui sur le chemin de sa conversion, un retour à la foi catholique, qui l’a sauvé du solide désespoir dans lequel il se sentait emprisonné.
Pour Mathieu, il y a eu un avant et un après ce livre : raconter les épisodes douloureux et témoigner des rencontres lumineuses qui l’ont façonné ont été un moyen d’unifier sa vie, et de mesurer le chemin parcouru. Sa tempête intérieure est désormais apaisée et il accueille celui qui le sollicite ou celui qui l’aide beaucoup plus paisiblement.
Puissent ces pages vous inviter à comprendre ce qu’il a traversé et vous donner l’occasion d’échanger avec lui, que vous soyez handicapé, philosophe, musicien, religieux ou tout simplement disposé, comme lui, à construire un monde plus accessible et plus fraternel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 avril 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782958729509
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Préface
Chapitre 1 : Train-train quotidien
Chapitre 2 : l'enfance
Chapitre 3 : la révolte intérieure
Chapitre 4 : la découverte de la liberté comme concept
Chapitre 5 : en quête de sens
Chapitre 6 : une réponse, la philosophie
Chapitre 7 : Honorine
Chapitre 8 : un essai d'autonomie à la fac de Grenoble
Chapitre 9 : recherche spirituelle
Chapitre 10 : Jean-Guy
Chapitre 11 : faites entrer la lumière
Postface
Illustrations : Roméo Das Neves
Aide à l'écriture : Amélie Mallié
Couverture : Alix Bonaimé, Marseille
Création du livre numérique : IL ÉTAIT UN EBOOK SAS
ISBN : 978-2-9587295-0-9
Dépôt légal internet : avril 2023
« Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur, ou de ses ayants droit, ou ayants cause, est illicite » (article L. 122-4 du code de la propriété intellectuelle). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par l’article L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorise, aux termes de l’article L. 122-5, que les copies ou les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, d’une part, et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration.
À Christine,Vincent et Benoît,
à Pierre, François, Hélène, Jean-Guy et Jean-Eudes.
“Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits
de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Evangile selon Saint Matthieu, 25,40
Préface
Un parcours du combattant : voilà comment j’ai lu cette histoire personnelle de Mathieu. Un parcours du combattant avec deux batailles à mener, une extérieure, une intérieure.
La bataille extérieure, c’est hélas celle que vivent toutes les personnes dépendantes, que Mathieu décrit si bien : il faut grandir et progresser dans un environnement difficile, quand il n’est pas hostile. Ecole, transport, santé, formation, logement, aides humaines, tout est compliqué, qui rend le développement de son projet personnel difficile. Chaque droit est à conquérir un par un, sans être jamais sûr d’être obtenus, quand ils devraient être proposés sans cesse en amont pour que la personne puisse faire ses choix sereinement et librement. Difficile dans ce contexte de ne pas être en colère, y compris contre soi-même, et contre ce handicap que l’on subit alors comme une contrainte insupportable, jusqu’à vouloir en finir avec la vie. Mathieu nous fait entrer avec beaucoup de vérité, et sans complaisance aucune dans ce douloureux combat.
La bataille intérieure, c’est celle du consentement progressif. Pas une résignation, pas une soumission, non ! C’est véritablement un travail parfois rugueux de consentement que Mathieu Fabre nous partage. Dans ce combat intérieur, il y a des visages, celui de ses parents, celui de Benoît son frère, au premier chef. Les visages de ces professeurs de français, ou encore de philo, qui ont perçu la richesse de la personne de Mathieu, bien au-delà de son handicap, et qui lui ont permis de grandir en intelligence pour poursuivre par lui-même cette quête de sens qui le taraude. Et puis les visages d’Honorine, de Jean-Guy, Jean-Eudes, ces compagnons de vie, qui ont introduit Mathieu de façon si concrète à l’Ami par excellence, Jésus. Mathieu se sait aimé tel qu’il est, et il en tire une grande liberté. Une liberté intérieure qui lui permet d’envisager plein d’espérance tous les obstacles que la vie lui réserve, animé par cette prière de Charles de Foucauld :
« Quoique tu fasses, je te remercie, je suis prêt à tout, j’accepte tout ».
Un chemin pour toute une vie, dont on a hâte de découvrir la suite, tant il semble le chemin que nous avons tous à suivre pour trouver la joie profonde, celle qui ne passe pas.
Philippe de Lachapelle
Directeur de l’Office chrétien des personnes handicapées
www.och.fr
CHAPITRE 1 : TRAIN-TRAIN QUOTIDIEN
J’aimerais beaucoup avoir mon train comme tout un chacun ce soir. Nous sommes un vendredi soir de février 2012 et il fait déjà nuit quand j’entre en gare de Grenoble. C’est un peu la jungle. La foule est dense de ceux qui partent en week-end et beaucoup de voyageurs trimballent leurs skis en plus de leurs valises, ce qui ne me facilite pas la tâche. Tout le monde court, le stress du départ est palpable. Moi aussi, je suis pressé, sauf que je ne peux pas courir, pas vraiment marcher non plus d’ailleurs, car je roule en fauteuil. Depuis six mois, mes parents m’attendent à l’autre bout de la chaîne SNCF pour quarante-huit heures de tendresse familiale réconfortante. La Fac est un univers sauvage. Une fois entre leurs mains, je me laisserai porter, comme lorsque j’étais enfant, mais en sortant du Tram, le parcours de santé réservé à ceux qui ne se déplacent pas au même rythme que les autres m’attend, comme chaque vendredi à dix-huit heures.
D’habitude, me faire aider comme il se doit par les agents me prend un temps fou et une énergie dingue. En descendant du Tram, je marche au milieu de la foule en poussant cahin-caha mon fauteuil en direction du comptoir d’information et une fois devant, je brandis mon billet en lançant mon traditionnel : 
“ Puis-je avoir de l’aide ? auquel j’ajoute quelques secondes plus tard un :
- S’il-vous-plaît ” lorsque le regard de l’agent accompagnant croise le mien. Sécurité oblige, il m’enregistre d’abord dans sa base de données, c’est la procédure. J’en profite pour lui confier ma valise et reprendre mes droits sur mon fauteuil. Quarante minutes de verticalité se sont écoulées depuis que j’ai quitté ma résidence universitaire, j’en ai plein les pattes. Après les dix minutes de paperasse, considérant que le plus dur est fait, je n’ai plus qu’à me caler dans le champ de vision de l’accompagnant du jour (pour qu’il ne m’oublie pas, c’est déjà arrivé) et l’attendre. Je rouvre les yeux en général lorsque je sens la pression des mains de l’agent sur les poignées du fauteuil. Il enfile son gilet orange pendant que le jingle de la SNCF résonne dans toute la gare :
“ Le train en direction de Valence va entrer en gare voie 4. Veuillez vous éloigner de la bordure du quai s’il-vous-plaît. ”
Toujours un peu angoissant pour moi ce message. Je pars deux fois plus tôt que tout le monde et je ne suis jamais certain d’être dans le bon train et à la bonne heure. Mais mon accompagnateur du jour ouvre alors la voie en demandant aux gens de s’écarter. Gare à celui qui s’aventure à rester devant moi, “le cale-pieds du fauteuil dans les chevilles, mon ami, je peux t’assurer que ça fait mal”. C’est comme au bowling, je suis confiant, je sens que je vais faire un strike ! Premier ascenseur, cette fois il marche, jour de chance, puis nous traversons le passage sous-terrain où l’agent perd toujours trop de temps à expliquer avec courtoisie qu’il faudrait peut-être se pousser et finit en général par accélérer le pas pour atteindre le deuxième ascenseur. La tension monte, il appuie en moyenne dix fois sur le bouton, comme si cela allait le faire descendre plus vite. Et enfin petit sprint sur le quai pour gagner la porte spécialement réservée au fauteuil devant laquelle l’agent m’abandonne dans le froid, car c’est l’heure du déménagement... Il revient quelques minutes plus tard avec le monte-charge qu’il oriente face à la porte ouverte. Le métal choque alors le sol dans un fracas épouvantable. Pas très relaxant cette histoire, mais après l’avoir actionné, je suis à bord du train et je découvre enfin mes compagnons de voyage.
«  Le passager Monsieur Fabre est actuellement dans le wagon de tête. Merci et bonne journée.  » conclut le gilet orange dans son talkie-walkie. Le comité d’accueil sera là à Valence où le manège recommencera pour monter dans le train en direction d’Aix-en-Provence.
Depuis six mois, je me soumets tous les vendredis soir à ce marathon. Je suis las de cette dépendance.
Alors ce soir j’ai un plan, j’y pense depuis des semaines, je connais désormais la gare comme ma poche et j’ai beaucoup appris à chaque déconvenue. J’ai décidé pour une fois de ne pas faire appel à l’équipe “mobilité réduite” et de rejoindre mon wagon par mes propres moyens. Enfin presque.
Ce soir, je descends donc du Tram d’un pas décidé et suis le flot pour entrer dans la gare, fermement appuyé sur mon fauteuil. Je me dirige vers le bon tableau d’affichage. Sur mon chemin, un voyageur se retourne brutalement et les skis qu’il porte en bandoulière me barrent la route :
“ Oh excusez-moi ! ” me lance-t-il. Boosté par mes velléités d’indépendance, je le prends avec humour et passe sous ses carres...

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