Enfances au Maroc 1912-1972
286 pages
Français

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Enfances au Maroc 1912-1972 , livre ebook

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Description

L’auteur présente plusieurs établissements scolaires avec internat ayant marqué de nombreux enfants entre les années 1912 et 1972, au Maroc. Nous découvrons également quelques témoignages, de personnes nées au Maroc pour la plupart, reflets d’une partie du vingtième siècle dans ce protectorat français qui s’acheva en 1956. L’époque et le pays reprennent vie et couleurs de l’intérieur, à partir de souvenirs d’enfances ou d’enseignement, ressurgis pour évoquer ces années pré et post indépendance. Malgré parfois une histoire douloureuse, cette terre, dont ils durent s’arracher un peu plus tard, devint et reste la leur. Chacun en garde le souvenir gravé au cœur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juin 2019
Nombre de lectures 8
EAN13 9782414343782
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue Président Wilson – 93210 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-34379-9

© Edilivre, 2019
Du même auteur
Du même auteur
Essais
Organisation d’équipe et placement d’enfants, Essai , Editions de l’Harmattan, Paris 2002.
L’agression sexuelle chez les adolescents placés, Essai , Editions de l’Harmattan, Paris 2005.
Les coulisses du travail social, Essai , Chronique sociale, Lyon, 2012.
101 clés pour penser, parler, agir autrement, Système et société, Essai , edilivre.com, 2018
Lexique de l’abandon, de l’abus et autres maltraitances, en cours 2019
Changer le système, en cours 2019
Récits et Témoignages
Un orphelinat au Maroc, 1913-1963, Récit, Mémoire de notre temps, Montpellier 2006.
Juste un grain de sable entre France et Maroc, 1949-1965, Témoignage , Mémoire de notre temps, Montpellier 2008.
Un centenaire au Maroc, Historique de l’implantation d’une congrégation religieuse au Maroc 1912-2012, Chez l’auteur, 2012 1
Itinéraire d’une formatrice, Témoignage, Raconter la vie, Seuil 2016
Roman
Le 366 ème jour, 1952-1953 au Maroc. Roman , Mémoire de notre temps, Montpellier, 2010.
366 jours après, réédition du roman « le 366ème jour », edilivre.com, 2014
Albums photographiques et maximes 2
Le couchant de nos vies, un siècle de portraits, 1900-2000, Album , Mémoire de notre temps, Montpellier 2010. Épuisé
Ports et bateaux au Maghreb 1900-1960, Album en collaboration avec Jean Bellis, aquarelliste illustrateur . Mémoire de notre temps, Montpellier 2011.
Chez l’Auteur , 2014/2018
– Réclame et humour au Maghreb avant 1960, album
– D’or, de soie et d’ombre , 6 albums avec citations , Femmes du Maghreb et d’ailleurs . Photos Alain Régi
– Enfances au Maroc, 2 albums photographiques, « Casablanca, Anfa, Rabat » et « Meknès, Tanger, Fès »


1 . Les personnes qui voudraient se procurer ce cahier peuvent le demander à l’auteure

2 . Les personnes qui voudraient se procurer ces albums peuvent les demander à l’auteure
Prolégomènes
« Le temps retrouve la vérité » 3
Longtemps, je me suis tue, quand je croyais encore que la distance me protégerait de mes souvenirs, puis le désir d’en dire quelque chose m’a submergée, s’emparant de moi pour ne plus me quitter. Nos enfances sont lointaines maintenant, mais la nostalgie de ces années passées ne nous épargne guère, lorsque nous regardons en arrière le temps parcouru. Puis, quand la frustration est trop grande de se refuser l’essentiel, quelques bribes nous reviennent à travers les images, photographies, cartes postales que nous parcourons, avides d’y retrouver ce que nous croyons encore y avoir oublié. La mémoire reste pourtant incertaine, bien que le choc des regards qui se croisent un jour d’automne aux confins du désert tunisien, algérien ou marocain, vienne chercher ce que nous avions enfoui mais savions toujours présent. La douceur d’une saveur de miel, un parfum pimenté, une rose éphémère, le couchant rougeoyant, l’aube tendre et claire, la rudesse d’une paume au contact de la nôtre.
La violence des refus de l’Histoire nous contraint à nouveau, devant ce que nous connaissions depuis toujours, qu’il nous est maintenant interdit d’évoquer comme un chez soi retrouvé, une odeur reconnue, une couleur ocre, bleue, verte, mauve, dont la nuance soudain nous étourdit, tant elle insiste pour coloriser le souvenir qui reflue au point de nous faire mal. Algérie de nos aïeux et de nos pères, Tunisie, Maroc tant aimés, contrées de nos enfances, de nos adolescences, couchant de nos vies insouciantes, parfois brisées, ou torturées par de cruels remugles, amputées de leur présence tant appelée, ô Maghreb dont nous sommes façonnés, construits à l’aune de ta rudesse, de ta force, de ta fierté, de ta beauté, comment te rappeler à nous sans froisser ceux qui, aujourd’hui, y vivent légitimement sur leur terre ? Cette histoire est aussi la leur, aussi sombre, aussi douloureuse et teintée d’amertume que la nôtre. Si joyeuse aussi, si douce, si chaude, si savoureuse, comme un pain odorant, une gorgée de soupe, un morceau d’agneau braisé qui fond sous la dent.
Pays de contrastes, histoires d’amour et de haine, de mépris et d’admiration, gaîté et tristesse se mêlent soudain quand je voudrais que tout s’apaise. Les sourires se figent, les pleurs laissent leur sillon sur nos joues creusées par les ans, les sanglots étouffent les cris de colère, les mots d’amour, la tendresse trop longtemps refoulée, tous ces instants à nouveau nous assaillent, que nous ne pouvons plus retenir, quand enfin le ressentiment disparaît. Alors ne subsiste que le plaisir des retrouvailles. Quelques rencontres ici ou là-bas, nous ont ainsi permis de concrétiser un rêve qui resterait à jamais le nôtre, bien qu’ils soient déjà nombreux ceux qui s’y sont essayés. Je n’ai rien voulu cacher de ces images parfois intrusives, d’un passé qu’il nous faut bien assumer comme celui d’une époque qui ne ménageait ni les femmes, ni les hommes, encore moins ceux d’une culture différente qu’on ne cherchait pas toujours à comprendre dans son étrangeté.
Car, il y a de l’insolite à découvrir les anciens clichés 4 que nous parcourons souvent, de l’inattendu, de l’impudique à dévoiler ainsi à travers le regard sans complaisance de ces photographes mais aussi de nos souvenirs vivaces, rappelant ou exposant dans leur nudité, la misère, le sordide peut-être, mais surtout la fierté de ceux et celles qui s’offraient aux regards des curieux, avides d’exotisme. Alors, comme une fulgurance, la beauté intérieure illumine le présent qui redécouvre, paysages, vie quotidienne, portraits, nous laissant pantois devant une telle authenticité percutante, même si la qualité esthétique ou artistique n’est pas toujours garantie. Notre mémoire, elle, y trouve un certain réconfort
Tous ces enfants, toutes ces femmes, ces hommes qui posent parfois face à l’objectif de l’étranger qui leur vole leur âme, nous apprennent avec force ce que l’anecdote est incapable de nous décrire. Magnifiques visages d’hommes, de femmes et d’enfants que la pauvreté ou la dépendance n’avilie jamais, car leur dignité reste intacte. Moments de vie, scènes champêtres, élans de fantasia ou marchés odorants sous le soleil, danseurs ou musiciens, porteurs d’eau typiques, chaque photographie, chaque carte postale envoyée, chaque souvenir, nous renvoie à une autre vie dont nous avons connu le pittoresque et le véridique, sur lesquels nous pouvons aussi témoigner. Y compris sur ces moments dramatiques, tremblements de terre d’Orléans-ville et d’Agadir qui décimèrent les familles et laissèrent de terribles cicatrices. Il y a aussi tous ces enfants accueillis dans les établissements religieux qui les protégèrent et les initièrent aux métiers traditionnels, sans jamais les couper de leur culture d’origine. Il y a notre vie d’écoliers avec ces livres, cahiers et buvards, dont certains nous sont restés, grâce à la magie conservatrice de quelques-uns.
Il est grand temps de nous réconcilier avec un passé dont nous ne fûmes pas maîtres, de donner à voir autrement une époque qui laissa de profondes traces dans les esprits et les cœurs. Voir, regarder, pour repenser ce que représentent ces années pour les uns, mais aussi pour les autres. Années qui furent pour beaucoup celles de leur enfance, celles de leur vie d’avant, mais également celles du déracinement et de l’adieu. Je formule donc un souhait, que ce travail de recomposition participe à la refondation commune. Car il y a des larmes et des rires dans ces souvenirs, mais chacun de nous « ne pleure ni ne rit des mêmes choses », c’est pourquoi ce sont celles de nos vies que nous offrons pour la petite histoire, ce sont celles de la mienne que j’offre à celles et ceux qui ont cherché à comprendre.
Entre le Maroc de notre enfance qui nous émerveilla mais que nous dûmes quitter un jour, celui de nos familles, de nos aïeux, de notre vie d’avant, et ce pays que nous retrouvons parfois dix, vingt, cinquante années plus tard, se sont bâtis un monde qui nous est devenu étranger et parfois étrange, et des civilisations qui nous ont rejetés. Nous y cherchons nos racines, nous découvrons des cultures qui se sont forgées sur la foi des combattants pour la liberté, sur les batailles pour l’indépendance, sur la rupture avec leur passé de « colonisés », sur la construction de nouvelles cités
Pourtant, nous y revenons sans cesse, d’abord par la pensée, car nos souvenirs ne peuvent pas s’effacer. C’est un pan de mur retrouvé, une ruelle encombrée, une odeur entêtante, l’art culinaire transmis par nos aînés, la saveur d’une orange, une datte sucrée. Une ferme désertée, un immeuble délabré, une école surpeuplée nous retiennent, car le retour aux sources s’est effectué ; un jour de grand chambardement émotionnel nous y sommes retournés, d’abord un peu perdus, puis complètement dépassés par la cohabitation entre l’ancien et le moderne, les traces de notre passé, et l’implantation de tout ce que nous ne pouvons reconnaître.
C’est ainsi que j’ai chaussé mes « pataugas » pour arpenter le Haut-Atlas que je ne connaissais pas, visité Marrakech que je n’avais jamais vu auparavant, refait ville après ville, route après route, toutes celles où j’avais souffert, aimé, détesté ; appris, grandi, découvert la beauté de l’océan, de la montagne, des bois et des vergers ; celle du désert tant recherché. Ce désert, qu’il soit marocain, algérien, tunisien, j’en connais maintenant toutes les particularités ; grâce à ce soleil saharien, à ce sable blond ou rouge, à ces rochers, à ces oasis, ces palmeraies, ces puits, ces fontaines et surtout ces Touaregs, bédouins, et autres fiers cavaliers, je sais que je leur dois la réconciliation avec mon

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