Et je me suis relevée
26 pages
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Description

Le cancer, pour être vaincu, mobilise toutes les forces du patient, qu’elles soient physiques ou morales. Mais comment surmonter cette épreuve quand le "crabe" frappe au moment où vous êtes affaiblie, au moment où vous avez perdu un proche, où les vôtres sont aussi sous le coup du malheur? Et comment se battre quand l’homme que vous aimez n’est pas le support attendu? Comment vouloir vivre encore quand tous les signaux sont au rouge drame, au rouge panique? Peut-être en acceptant qu’il s’agisse là d’un ténébreux tunnel à affronter pour revenir, plus forte, plus consciente de ce que vous méritez, à la vie... Là est la morale de ce récit autobiographique écrit par une femme qui a vécu sa maladie comme un moyen de renaître. "Je sais, cela peut paraître insensé, mais je reste persuadée qu’il fallait que je vive tous ces moments terribles, qu’un seul mot parvient à décrire, L’ENFER, pour actualiser le meilleur en moi", écrit M. Zanetta. Et par là même, l’auteur bouleverse absolument les perspectives sur la maladie qui, si elle génère évidemment des souffrances, permet aussi de se recentrer, de se retrouver, de prendre enfin conscience de ce qui est bon pour soi. Porté par un optimisme discret mais palpable, "Et je me suis relevée" appartient à ces témoignages qui aident à triompher du pire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748369304
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Et je me suis relevée
Michèle Zanetta
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Et je me suis relevée
 
 
 
 
 
 
 
La maladie, quand elle vous tombe dessus, c’est le corps tout entier qui souffre, mais également l’esprit. Vous pouvez baisser les bras et vous laisser couler, ou vous pouvez vous battre comme un véritable guerrier. C’est une guerre dont les combats seront éprouvants, il y aura plusieurs batailles, certaines seront soldées par un échec, mais votre force, les médecins, les traitements seront aussi bien armés pour anéantir cet occupant indésirable qui s’est installé dans votre corps. Et finalement, à force d’y croire, de le vouloir, vous pourrez un jour enfin hisser le drapeau de la victoire.
 
 
 
 
Prologue
 
 
 
En décidant d’évoquer un pan important de mon existence, je me vois contrainte de laisser une place dans ces pages à un homme qui m’a conduite sur un sentier tortueux dont je ne croyais plus voir la fin ; il n’est donc pas digne, à première vue, d’être ne serait-ce que cité dans mon témoignage. Pourtant, si l’on considère qu’il est l’artisan d’une part considérable de mes malheurs, mon récit serait lacunaire et incompréhensible si je faisais l’impasse sur ses actes et ses paroles.
Malgré tout, par souci d’anonymat mais aussi par pudeur et dans le dessein de regagner ma dignité, je tairai son état- civil et conserverai ainsi une distance certaine par rapport à son identité. Par ailleurs, comme il résume à lui-même le combat que j’ai mené contre mes propres démons, je souhaite l’affubler d’un surnom évocateur : Gorgone . En effet, son manque d’humanité me laisse voir en lui une monstruosité qui n’a d’égale que celle des créatures antiques. Les Gorgones étaient souvent représentées avec un seul œil et une seule dent (j’aime à l’imaginer ainsi !) mais, le plus souvent, on leur accordait une beauté étrange et des attraits fascinateurs. C’est là tout le paradoxe de l’amour qu’il a fait naître en moi : le mal habillé de charmes a élu résidence en mon cœur en s’avançant masqué et méconnaissable. Je n’ai pas vu immédiatement que sa chevelure était faite de serpents, figuration démoniaque par excellence, figuration de mon propre péché originel qui m’a chassée hors de l’            Éden.
Ainsi, Méduse, la reine des Gorgones, avait le pouvoir de changer en pierres tous ceux qui la regardaient ; or, cet homme m’a, au sens propre du terme, médusée  : je suis restée pétrifiée et stupéfaite devant tant de cruauté, je suis restée paralysée, comme dans l’incapacité d’agir et de m’enfuir face à la promesse désormais évidente de tant de chagrin. Inversons le mythe : Gorgone sera homme, Persée sera femme et à mon tour je pourrai placer la tête du monstre sur mon bouclier protecteur. Je lui présenterai, en signe de victoire, son propre reflet pour que sa propre perfidie l’atteigne et le rende vulnérable.
En définitive, ne vous méprenez pas, j’apprends à ne plus le maudire, ce serait trop l’honorer, ce serait trop m’accabler. Mon seul but est de démontrer à quel point l’espèce humaine peut faire preuve d’ignominie mais aussi à quel point elle peut s’avérer secourable et charitable. C’est contre moi-même que j’ai dû me battre pour de pierre redevenir une pierre vivante et laisser sur le seuil de l’Enfer ces monstres terrifiants : c’est tout dire, ils ne sont pas même dignes d’entrer aux Enfers mais sont condamnés à rester à sa porte. Le néant en quelque sorte.
 
 
 
 
Fragments d’une vie en morceaux
 
 
 
12 février 2010. Mon deuxième cancer, la récidive, ma renaissance. Je pense souvent aux paroles de ma fille : « ce cancer est une épreuve que Dieu t’a envoyée afin que tu réalises que rester avec cet individu, qui te détruit depuis 8 ans, finira par te tuer ». Je savais, malgré la dureté de ses paroles, qu’elle avait raison. Je vivais une vie triste et j’étais follement éprise d’un être sans scrupules, malhonnête, mais ça, je l’ai su beaucoup plus tard ! Il a bien failli faire de moi une épave.
Lorsque nous nous sommes connus, nous n’étions pas libres ; de mon côté, mon mariage battait de l’aile, et, d’après lui, le sien aussi. J’ai sans hésiter tout quitté, sans me douter qu’il allait bien en profiter. Effectivement, 8 ans de mensonges, de trahisons. D’ailleurs, je ne peux oublier ses paroles (j’aime les femmes ! mais je ne peux pas me passer de toi !). Pourtant, selon moi, la virilité d’un homme ne se mesure pas au nombre de ses conquêtes mais à sa capacité à garder auprès de lui une seule femme. Cent fois, j’ai voulu le quitter, cent fois j’ai espéré refaire ma vie, connaître une situation plus saine mais il était là, tapi dans l’ombre, à attendre que je sois complètement cassée pour être en mesure de me manipuler encore davantage et me supplier, après mille promesses aussi vaines que lui, de lui accorder une chance, rien qu’une chance. À ce moment, j’ai sombré aussi bas qu’il est humainement possible de tomber, je ne voyais plus d’issue, j’ai même été hospitalisée à deux reprises en hôpital psychiatrique car une multitude de malaises émotionnels ont entrainé une détérioration complète de ma santé. En définitive, ce grand amour n’était, à bien y réfléchir, qu’une passion attisée par l’interdit.
Maman était alors atteinte d un cancer du poumon, depuis trois ans déjà. Sa tumeur avait disparu grâce à la chimiothérapie et les rayons qui lui avaient hélas fragilisé les bronches. Elle était fatiguée et n’avait plus envie de se battre ; nous savions pertinemment qu’un jour elle nous quitterait, mais nous faisions comme si, par enchantement, une fée avait décidé, d’un coup de baguette magique, de nous la laisser encore quelques années. En effet, lorsque l’on s’apprête à perdre sa mère, l’adulte que l’on est devenu rejoint presque instinctivement les rives de son enfance à la recherche de cette douceur maternelle qui les enveloppait d’insouciance. Et la candeur d’autrefois ressurgit, apportant avec elle la volonté de croire aux miracles. Plus rationnellement, ne dit-on pas que, chez les personnes âgées, le cancer se développe moins vite ? Ces dernières années, tu les as passées bien souvent à l’hôpital, le seul endroit où tu te sentais en sécurité ! Et ce qui devait arriver arriva, mais pas de la manière à laquelle nous nous étions préparés. Tu as eu une hémorragie nasale suite à une quinte de toux ; immédiatement, le médecin t’a fait hospitaliser, c’est ma fille qui est partie avec toi. Plus jamais tu ne reviendrais chez toi. Oui, j’aurais pu rester plus longtemps avec toi maman ce dernier soir, mais je ne voulais pas laisser Gorgone seul trop longtemps afin d’être là à tout prix quand il rentrerait.
Le lendemain matin, tu m’as rappelée avec ta petite voix essoufflée, je t’ai dit que j’avais posé un congé et que je passerais l’après-midi avec toi : mes projets se sont envolés. En effet, vers 11 h30 du matin, je reçois un appel de ma sœur : il faut à tout prix que l’on se rende à la clinique car ton endoscopie s’est mal passée, tu as fait une hémorragie massive. Moi, je veux te voir, et savoir si tu es consciente. Le médecin me répond que non. Malgré tout, j’insiste, je veux te parler, je ne comprends pas la portée de ses mots quand soudain il formule très clairement la réalité à laquelle je me heurte tel un train jeté à grande vitesse dans le vide et dont la chute ne semble plus pouvoir s’interrompre : « madame, je pense que vous n’avez pas bien compris, votre mère est décédée. » Mon rythme cardiaque s’accélère, je me dis que c’est insensé, je lui ai encore parlé ce matin ! Il me précise qu’elle n’a pas souffert, que tout est allé très vite sans qu’elle ne puisse se rendre compte de quoi que ce soit. Finalement, son cancer ne l’a pas directement emportée, ce n’est qu’un simple examen médical qui s’est mal passé. De plus, maman n’avait plus envie de se battre, elle était si fatiguée ces derniers temps.
Mon frère et ma sœur arrivent à leur tour et je leur annonce le décès de notre mère. Le plus dur reste à faire : prévenir d’une part nos enfants, et, d’autre part, la sœur de notre mère qui s’est beaucoup occupée d’elle, avec tendresse et complicité. Les petits-enfants sont tous là, la tristesse se lit sur leur visage ; leur mamie chérie qui a composé la mélodie de leur enfance de tendres souvenirs, celle qui a toujours été là pour eux, leur demande d’apprendre à vivre sans elle. Cependant, tout est dans l’ordre des choses puisque nos aînés sont censés partir avant les enfants, tout cela est somme toute naturel. Pourtant, avec leur départ, c’est une partie de notre vie qui s’en va.
Tous sont allés se recueillir dans la chambre où elle reposait ; pour ma part, je ne voulais pas voir son visage déformé par la mort car j’avais encore en tête le visage de mon père après son dernier soupir. Mes proches essaient tout de même de me convaincre : « viens la voir sinon tu le regretteras ». Oui, j’ai regretté… d’avoir suivi leurs conseils. Depuis, son visage m’obsède, elle était si jolie plus tard dans son cercueil, apaisée et reposée. Puis, mon frère s’est occupé de tout, nous en étions incapables. Vider ton appartement a été un déchirement, cela revenait à profaner un lieu sacré, un temple au sein duquel chaque objet rappelait un instant du passé.

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