Evolution
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Description

Né en mai 1957 en Moselle d'un fils d'immigré polonais, le jeune Yves connait des débuts très difficiles dans la vie après un drame familial et le divorce de ses parents. Personne n'en veut, il a 14 ans, il est en quatrième, il lui est difficile de suivre sa scolarité. Il sera “placé” par son père, comme apprenti mécanicien auto sur dérogation académique. Il arrête son apprentissage, rejoint sa mère et entre dans la vie active à l'âge de 16 ans dans une usine de fabrication de câbles et reprend ses études en cours du soir. Il participa à l'âge de 17 ans, comme apprenti, à la réalisation des premiers mètres de câbles pour l'avion Airbus A 320. Devenu ingénieur, il déposera onze brevets nationaux et internationaux. Il est devenu le spécialiste mondial dans la conception et la production de câbles et micro-câbles hyper fréquence principalement utilisés dans des applications militaires aux USA (Avions de combat, satellites de communications, missiles...). Il a également conçu et réalisé les machines (rubaneuses) permettant de fabriquer les câbles et micro-câbles conçus et développés par lui, dont la rubaneuse utilisée par le CERN de Genève (Centre Européen de Recherche Nucléaire), pour fabriquer les câbles supraconducteurs qui intègrent les aimants supraconducteurs du plus grand et plus puissant des accélérateurs de particules au monde : le LHC (le grand collisioneur de hadrons). Un beau parcours porteur d'espoir, une ode à la persévérance et au travail, que l'auteur double d'une réflexion lucide sur le déclin industriel français avec une explication et critique sans concession du système politico-financier grenoblois qui a voulu sa perte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 août 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342027044
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Evolution
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Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Evolution
 
 
 
« Ce n’est pas assez de faire des pas qui doivent un jour conduire au but, chaque pas doit être lui-même un but en même temps qu’il nous porte en avant »
Goethe
 
 
 
« Il n’appartient qu’à la tête de réfléchir, mais tout le corps a de la mémoire »
Joseph Joubert
 
 
 
 
Chapitre 1. Un drame familial
 
 
 
Je suis né le 1 er  mai 1957 à Algrange, dans le département de la Moselle (57). Mes souvenirs débutent vers l’âge de cinq ou six ans, lorsque mes parents habitaient dans une cité ouvrière de la Trans Fensch à Florange, non loin du domicile de ma marraine.
Mon père avait vu le jour à Anzin, dans le Nord, en 1924. Fils d’immigrés polonais venus en France en 1920 pour travailler dans les mines de charbon, il était alors chauffeur de bus à la Trans Fensch, société de transport de personnes, située à Florange dans le département de la Moselle. Ma mère n’exerçait pas d’activité salariée, trop occupée avec quatre enfants, à l’époque, dont un frère sourd et muet de six ans mon aîné et un autre, handicapé, que je n’ai pas connu car il est décédé au bout de seulement quelques mois d’existence.
Je me souviens de la vitalité économique de cet endroit à l’époque. Elle était principalement due au secteur de la sidérurgie, très puissant (société De Wendel), dans la vallée de la Fensch, entre Uckange et Fontoy, et au secteur des mines de charbon situées au-delà de Fontoy, sur le plateau, aux environs des villes d’Aumetz et de Villerupt, et à deux pas du grand complexe sidérurgique du Grand-duché de Luxembourg : « L’arbed », comme disaient les gens de la région.
Vers mes sept ans, mes parents sont devenus gérants d’un hôtel-restaurant avec jeu de quilles traditionnel, le « Café du centre » à Aumetz dans le nord du département de la Moselle, ville proche de la frontière luxembourgeoise, au sud. Ma mère en assurait la gestion tandis que mon père continuait son travail à la Trans Fensch et l’aidait quand il n’était plus en service, en soirée. La clientèle était composée de mineurs de fond et de quelques sidérurgistes luxembourgeois.
J’assurais quelquefois le ramassage des quilles qui était naturellement manuel, à ce moment-là, afin d’aider mes parents, surtout ma mère.
Ma sœur aînée, mon frère cadet et moi-même étions élevés par une « bonne », l’épouse d’un mineur de fond immigré italien qui travaillait à la mine d’Aumetz, qui s’occupait de nous pour que ma mère puisse vaquer à ses occupations professionnelles. Mon frère aîné avait rejoint un institut privé spécialisé pour les sourds et muets dans la région de Nancy.
« La bonne » nous lavait le soir avant que l’on aille se coucher et quelquefois, nous préparait le petit déjeuner le matin avant notre départ pour l’école.
 
À cette époque, j’étais un peu turbulent… mais sans plus. Par exemple, les copains et moi fabriquions des pipes avec des marrons et des tubes de stylos, et nous fumions dans ces pipes artisanales du tabac que je dérobais à mes parents en en faisant profiter mes copains.
Mon père, devant les vols répétitifs de tabac et friandises que je donnais régulièrement à mes copains, s’était mis d’accord avec un gendarme, client habitué dans l’hôtel bar restaurant, de me faire peur. Ce gendarme était venu me chercher dans la cuisine pour obtenir mes explications sur ces larcins. À la vue de ce représentant de la loi qui voulait m’interroger, j’ai eu extrêmement peur et me suis enfermé dans les toilettes plusieurs heures, pour n’en sortir qu’après son départ. Malgré tout, cela a fonctionné : j’ai eu tellement peur que, si mes souvenirs sont exacts, je n’ai jamais recommencé mes vols.
Les années ont passé, puis mes parents ont décidé de devenir gérants d’un nouvel hôtel-restaurant dans la vallée de la Fensch, le « Café Wilson », à Knutange, endroit très fréquenté par les ouvriers sidérurgistes car il y avait des usines importantes à proximité. L’établissement accueillait nettement plus de monde, surtout le matin vers 4-5 heures. Souvent, je voyais les sidérurgistes boire une bière avec un petit verre de marc (de l’alcool de raisin) avant d’embaucher dans leurs équipes du matin.
À l’âge de dix-onze ans, j’ai intégré l’école primaire de Knutange en CM2. J’ai malheureusement subi pendant toute cette année-là les assauts répétés d’un instituteur « entreprenant » : bisous et lèches dans le cou, caresses, etc. Il profitait des études de fin de classe où j’étais inscrit pour faire les devoirs, quand je me trouvais seul avec lui le soir en bout de classe.
Comme mes frères et notre sœur, je vivais en permanence dans le bar. Je suis devenu doué au baby-foot et au flipper, mais plutôt paresseux au niveau scolaire, parce que mes parents n’avaient pas le temps de s’occuper de nous ; ni de sortir avec nous, de nous emmener en vacances, de passer du temps de loisir ensemble. Je suis allé en colonies de vacances en Normandie deux ou trois étés de suite.
Mon père continuait son travail de chauffeur à la société Trans Fensch. Il jouait beaucoup aux courses, au PMU, mais rien de particulier n’a attiré mon attention pendant cette période, sauf que nous étions encore plus esseulés que lorsque nous étions à Aumetz, d’autant que nous n’avions plus de « bonne » pour s’occuper de nous.
Au bout de quelques mois, un matin, en me levant, j’ai entendu beaucoup de bruit et des cris dans l’arrière-salle à manger de l’hôtel bar restaurant. Lorsque je suis arrivé sur place, mon père était en train de porter de nombreux coups de couteau à ma mère qui, tout en tentant de se débattre, criait apeurée, effrayée : « Je reviens avec toi, Johnny, je reviens avec toi, Johnny… » En fait, ma mère souhaitait quitter mon père, qui ne l’avait pas supporté. Par la suite, on m’a expliqué que ma mère avait trouvé un amant au niveau de l’hôtel même, depuis plusieurs mois. Il habitait l’étage au-dessus de l’hôtel bar restaurant, où il louait une chambre.
Cet homme était algérien et analphabète, arrivé en France à l’âge de dix-huit ans pour travailler comme manœuvre (homme à tout faire) à la SMS, une société de fonderie d’acier installé à Knutange dans le département de la Moselle, appartenant au groupe sidérurgique De Wendel.
Je crois qu’en ce temps-là, tout leur appartenait, à la très grande famille De Wendel, dans la vallée de la Fensch.
L’homme vivait seul en France depuis son arrivée d’Algérie.
En voyant mon père frapper ainsi ma maman avec un couteau et sans même réfléchir, je me suis jeté sur lui puis placé entre eux afin de protéger ma mère et finalement, j’ai réussi à lui arracher le couteau de boucher des mains par la lame, qui mesurait 20 centimètres de long. Il était bien aiguisé, aussi ai-je été blessé de nombreuses coupures aux mains. Ma mère a profité de mon intervention pour s’échapper et a réussi à atteindre la rue, où elle a trouvé de l’aide. J’ai encore cette image terrible en mémoire : sur le mur contre lequel elle s’était appuyée de dos, sa forme était totalement représentée, comme une ombre. Sa robe de chambre était totalement trempée de sang, de haut en bas, et elle avait maculé le mur. Elle a été emmenée à l’hôpital en urgence. Plus tard, j’ai entendu dire qu’elle avait été touchée de plus de 40 impacts de couteau.
Mon père a aussitôt été incarcéré tandis que ma mère est restée à l’hôpital pendant plusieurs semaines. Ma sœur aînée et moi-même avons été placés chez ma grand-mère maternelle à Dornot, un petit village près de Metz, et nous sommes allés à l’école dans ce petit village pendant quelques semaines. Les classes étaient regroupées, en primaire, nous devions être une vingtaine d’élèves. Puis ma sœur et moi nous avons pu revoir notre père, libéré quelques semaines plus tard. Je crois qu’en définitive, sa peine de prison a été minime, les circonstances de crime passionnel (ou tentative) ont été retenues. Mon autre frère, plus jeune, était rapidement parti avec notre mère, à sa sortie d’hôpital. Notre père nous a inscrits dans un lycée de frères, le lycée Faber de Metz, où nous étions internes, mais nous n’y avons passé qu’un trimestre puisqu’il n’a plus réussi à payer ce lycée privé. Il était contraint de rembourser les différents emprunts contractés pour la prise en gérance de cet hôtel-restaurant, celui-ci ayant été déclaré en faillite suite au drame et à leur absence forcée qui avait entraîné sa fermeture, bien évidemment.
Ma sœur et moi-même avons donc rejoint ma mère et le nouveau beau-père que je ne connaissais pas préalablement, dans les Ardennes à Fumay, l’ayant simplement aperçu au restaurant. J’ai démarré une fin de CM2 à Fumay, dans le quartier « le Charnois », une cité d’immigrés avant tout, peuplée d’Espagnols, de Nord-Africains et de Portugais, puis j’ai intégré une 6 e au collège de Fumay.
Mon beau-père avait trouvé un travail comme employé à tout faire à l’usine locale où l’on fabriquait des câbles électriques divers.
Très rapidement, je me suis aperçu que je n’étais pas le bienvenu, les ressources du ménage n’étant pas élevées, loin s’en faut, même si mon beau-père travaillait à mi-temps en complément de son travail principal à l’usine en 4x8 (équipes postées de semaine et de week-end). Pour ma part, j’avais beaucoup de mal à accepter ce beau-père, alors je suis parti et j’ai rejoint mon père à Florange dans un logement mis à sa disposition par la Trans Fensch, société qui ne l’avait pas licencié le temps de son incarcération, ce qui était généreux. C’est ce qui a permis à mon

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