Garimpeiros
132 pages
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Garimpeiros , livre ebook

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Description

L’or, richesse ou plaie de la Guyane ? La forêt amazonienne, enfer vert : mythe ou réalité ?
Un gendarme raconte son vécu à travers les nombreuses missions accomplies durant six années en forêt guyanaise.
Immergez-vous dans le monde complexe, très organisé, dur, parfois violent, toujours surprenant des garimpeiros.
Découvrez les aspects variés et méconnus des missions des forces de l’ordre (gendarmes, militaires, policiers et douaniers) dans le cadre de la lutte contre l’orpaillage illégal (L.C.O.I.)
Explorez la biodiversité de cette forêt menacée. Comprenez les relations parfois particulières entre gendarmes et « voleurs ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 décembre 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414170920
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-17090-6

© Edilivre, 2018
Garimpeiros



La forêt guyanaise, souvent appelée « Amazonienne » ou « jungle » par les Français métropolitains, est très mal connue. Tout simplement parce que peu de monde y met les pieds.
Beaucoup de gens ont peur de cette forêt.
En effet, très hostile, elle possède une faune et une flore que l’on connaît tous pour être peu accueillantes. Pourtant beaucoup de chasseurs des différents peuples qui y vivent trouvent leur bonheur en parcourant des kilomètres de jour comme de nuit et tout le monde en revient sain et sauf.
Chaque Guyanais connaît la richesse de ce département qui lui est si cher : une diversité végétale des plus grandes, une diversité animale extraordinaire, mais aussi la richesse de cette terre…
Bauxite, diamant, manganèse, fer, lithium… et bien sûr l’Or constituent le sol guyanais.
L’Or, pourquoi l’Or est-il si attrayant ? Pourquoi pas d’autres minéraux ?
L’Or est convoité depuis la nuit des temps, il peut se fondre à notre convenance et en durcissant devient extrêmement résistant.
Outre son aspect brillant qui illumine nos yeux, c’est symbole de richesse dans toutes les cultures.
L’Or est la cause de tellement de méfaits, de batailles, de conquêtes, d’extermination de peuples, de victimes par vol aux quatre coins du monde.
Mais quand les fonds monétaires vont mal, n’est-ce pas une valeur refuge ? Quelle femme n’a pas eu les larmes aux yeux en ouvrant une boîte à bijoux et découvrant un présent doré ?
Cette richesse offerte est alors preuve d’amour car nous connaissons son prix et le sacrifice qu’a dû consentir l’auteur de ce cadeau pour embellir l’être aimé d’une paire de boucles d’oreilles ou de colliers.
Mais l’or de Guyane embellira très peu car il est essentiellement destiné à faire partie de la composition de matériels et de puces électroniques… destin moins noble mais ça le garimpeiros n’en a que faire, il ne voit que l’argent que cela va lui rapporter dans sa vie de garimp : femmes, fêtes, alcool ou tout simplement une vie meilleure au Brésil pour les plus sages d’entre eux.
Le but de cet ouvrage est de transmettre des connaissances du milieu, je ne vais pas juger, je laisse ce soin au lecteur.
Cette expérience de la lutte contre l’orpaillage illégal, je l’ai acquise lors de nombreuses missions que nous qualifions de « missions harpie ».
Adjudant de Gendarmerie, Officier de Police Judiciaire, je vais humblement vous décrire mes vécus.
Pendant six années de 2011 à 2017, j’ai vécu à St Laurent du Maroni. Volontaire pour servir dans ce département que je connaissais en tant que gendarme mobile et qui m’avait profondément attiré.
Cette Guyane est pour moi un échange de cultures permanent, une diversité phénoménale tant dans ses habitants et ses langues que dans ses célèbres faune et flore.
Ma direction me propose un jour « un groupe forêt » sans plus d’explications.
Je pars sans hésiter à Saint Laurent du Maroni.
Je ferai donc partie d’une unité expérimentale composée de deux enquêteurs de la brigade de recherche, deux membres spécialisés dans l’intervention et moi-même.
Il n’est pas facile pour la gendarmerie de désigner des gendarmes pour ce travail. Il faut que ces derniers soient O.P.J, volontaires, assez rustiques pour vivre jusqu’à quinze jours d’affilée en autonomie en forêt avec les risques sanitaires que cela comporte, assez sportifs pour marcher des kilomètres en jungle avec un sac à dos pesant, qu’ils ne se lassent pas de dormir en hamac, aient une famille conciliante qui acceptera les absences prolongées, qu’ils maîtrisent si possible le portugais et soient conscients des dangers potentiels que représentent la faune, la flore, les maladies liées aux moustiques, et les garimpeiros.
Souvent les volontaires le sont les cinq premiers jours, ensuite leur enthousiasme s’étiole rapidement…
Cette unité se nomme le G.R.I.F : Groupe de Recherches et d’Interventions en Forêt (ou investigations pour les enquêteurs.)

Le groupe est renforcé d’un référent forêt de l’escadron de gendarmerie mobile (EGM) tournant tous les trois mois. Cet escadron participant à la sécurité de la ville, ce personnel sera la clé de voûte pour réquisitionner les moyens humains et matériels dont nous aurons besoin.
Pour ma part, j’apporterai ma pierre à l’édifice grâce aux langues. Je pratique le portugais du Brésil et j’apprendrai tout au long du séjour le taki-taki, langue des neg-marron du fleuve Maroni.
Je ne cesserai de dire que la connaissance des langues est extrêmement importante, grâce à cela j’ai pu nombre de fois désamorcer des situations difficiles ou rechercher le renseignement.

Alors pourquoi cet ouvrage ? Comme dit précédemment, expliquer ce qui se passe réellement et sans bridage en Guyane avec l’Or mais aussi permettre aux militaires et gendarmes mutés, ou venant y faire simplement un séjour de trois ou quatre mois, d’arriver avec une certaine connaissance du milieu dans lequel ils vont travailler.
J’étais sidéré de voir une retranscription d’une télévision régionale montrant un escadron de gendarmes mobiles sur le point de venir travailler en forêt prendre la mission avec autant de légèreté.
Nous pouvions y voir, en métropole, des gendarmes progressant dans une forêt de chênes, s’arrêtant soudainement ayant vu une cabane avec deux plastrons jouant et chantant la lambada habillés en Mexicains, mettant aussitôt leurs techniques d’arrestation en exergue : « mains sur la tête » ! Bien sûr les deux, sensés être des garimpeiros, s’exécutent immédiatement.
Le commandant de l’escadron expliquait alors au journaliste être prêt à affronter la Guyane et lutter contre l’orpaillage illégal.
C’est à ce moment que je me suis dit que nos adversaires seraient toujours les plus forts.
Ces néophytes ne soupçonnent pas la machine de guerre superbement bien rôdée qu’il y a en face de nous.
Il n’y a personne pour leur expliquer que les garimp sont extrêmement bien organisés, solidaires, qu’ils ont créé leurs lois, possèdent leur propre banque, une centrale de transmission et paient des guetteurs jusqu’à 30 g d’or par jour (900 euros).
Mon travail sera de les diriger sur le terrain en tant que directeur d’enquête.
A présent que je ne suis plus sur place j’espère que ce livre les aidera.
Mais il reste quand même un point positif : aux jeunes des escadrons de gendarmerie mobile et aux militaires des Forces Armées de Guyane (FAG), le département offre un magnifique terrain d’entraînement.
Nous ne sommes pas en Afghanistan ou au Mali, nous ne sommes pas en guerre mais nous avons à notre disposition un lieu hostile avec un ennemi néanmoins présent.
La faune et la flore, le climat et les moyens accordés sont formateurs.
Nos jeunes gens développeront des qualités de courage, d’audace, de connaissance de soi, de cohésion, ils seront vite seuls au monde en mission dans l’enfer vert.
Nous connaissons l’Awara, plante épineuse qui ne fera aucun cadeau, les maladies, dengue ou paludisme, les animaux réputés dangereux, araignées, serpents, jaguar, grenouilles… mais aussi ce garimpeiro, adversaire méconnu dont on entend tant parler.
1 Les garimpeiros
Le garimpeiro est un ouvrier, légal ou non, travaillant au garimp, c’est-à-dire un exploitant d’Or.
99 % sont des Brésiliens qui proviennent à 95 % du même Etat du Brésil, le Marahnao, Etat réputé le plus pauvre du Brésil dont les habitants parlent un dialecte familier.
Les 5 % restants viennent des Etats proches comme l’Amapa et le Para.
Je compare souvent ces Brésiliens aux travailleurs portugais qui sont venus en France avec leur savoir faire et qui travaillent durement dans la chaleur ou le froid, dans le vent ou la pluie pour gagner leur vie avec l’espérance d’une vie meilleure.

Les garimpeiros arrivent sur le territoire guyanais grâce à des filières clandestines via le Suriname et maintenant le Guyana pour l’Ouest, ou par mer, débarquant sur les plages de Cayenne (plage de Soula notamment).
J’ai personnellement été témoin lors d’un voyage au Guyana de scènes de passeurs soudoyant la police aux frontières de ce pays pour faire passer en priorité des Brésiliens sans en regarder les passeports.
Et le passeur criait haut et fort sur le bac : le paradis de l’Or est par là. En montrant à l’est, l’horizon de la Guyane française.
Pour l’anecdote, nous arrivons même à reconnaître les campements de Brésiliens venant du Maranhao et ceux venant d’ailleurs. Les déchets des garimpeiros du Maranhao s’entassent immédiatement près de leurs carbets, des monticules de canettes de bière ou bouteilles à même le sol. Les autres creusent des trous pour les enfuir rendant leurs lieux de vie beaucoup plus propres.

Arrivés aux frontières (à Oiapoque à l’est au Brésil ou à Albina, à l’ouest au Suriname), ces potentiels travailleurs iront se faire recruter dans des lieux connus de tous et à ciel ouvert. Ils attendront quelquefois plusieurs jours qu’un patron de site, qui souvent ne va jamais en forêt (moins de risques) les embauche. Ils n’auront alors qu’à suivre le contact et le piroguier pour se rendre sur leur chantier.
Il existe même à Paramaribo, capitale du Suriname, des hôtels spécialisés pour garimpeiros, tenus par des Brésiliens.
Ils pourront dans ces lieux louer des consignes pour laisser leurs bagages, papiers d’identité…
Généralement pacifiste, très croyant, le garimpeiro n’est pas violent à la base mais pour que la communauté travaille en sécurité, ils sont amenés à établir leurs propres lois.
On ne s’attaque pas aux femmes, enfants et vieillards, on ne vole pas et on doit l’hospitalité à qui que ce soit. Dès qu’une de ces règles n’est pas ap

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