Gregory au sourire d un ange
296 pages
Français

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Description

«?Écrire, réécrire et modeler est une chose merveilleuse quand on a un beau sujet. Le mien est tout trouvé. Depuis le 23 mars 2013, il se nomme Gregory. Gregory est mon neveu, le fils de mon plus jeune frère, Pierre. Une crise d'asthme aiguë l'a emporté en quelques minutes. Il n'avait que quatorze ans. Qui peut imaginer que l'on puisse mourir en 2013 de l'asthme ? Il faut sortir du cauchemar, regarder la réalité en face et finir par admettre que, oui, c'est possible.?» Comment affronter la perte d'un des siens, si jeune ? Un petit homme nature, un petit homme sourire, grand réconciliateur, attentif et discret, plein de chaleur et de joie de vivre, heureux d'un rien, heureux de tout. Mais si elle rend ici hommage à son neveu, le but de ce livre est avant tout d'alerter les parents sur l'asthme, de mieux former les médecins traitants pour ne pas sous-traiter les patients atteints d'une vraie maladie malgré des allures parfois bénignes : une crise aiguë continue de tuer 2 000 personnes par an en France. Conçu comme un journal sur une durée d'un an, son témoignage ne laissera personne indifférent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 janvier 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342034141
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gregory au sourire d'un ange
Françoise Pariente Ichou
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Gregory au sourire d'un ange
 
 
 
À Béatrice et Pierre.
À Véronique et Jean-Pierre.
 
À toi, Gregory.
À tous ceux qui t’aiment.
 
 
 
Tous mes remerciements à mes fidèles relecteurs, Francis Ichou, Séverine Postic, Monique Cohen et Isabelle Rozenfarb.
Merci à Antoine Clermont et Gilles Bonan pour leurs conseils sur la maladie asthmatique.
Merci à tous les proches qui ont bien voulu témoigner.
 
 
 
Prologue
 
 
 
Écrire, réécrire et modeler est une chose merveilleuse quand on a un beau sujet. Le mien est tout trouvé. Depuis le 23 mars 2013, il se nomme Gregory.
Gregory est mon neveu, le fils de mon plus jeune frère, Pierre. Une crise d’asthme aiguë l’a emporté en quelques minutes. Il n’avait que quatorze ans. Qui peut imaginer que l’on puisse mourir en 2013 de l’asthme ? Il faut sortir du cauchemar, regarder la réalité en face et finir par admettre que, oui, c’est possible.
Avant même que Gregory ne soit mis en terre, Pierre s’est adressé à moi avec ces mots :
— J’ai besoin que tu immortalises mon fils par un livre, beau comme il était, beau comme il restera. Toi seule, ma sœur, tu en es capable. Tu l’aimais. Vos destins étaient liés à tout jamais. Tu es depuis quelque temps devenue “l’écrivain de la famille”. Tu es médecin et tu sauras parler de la maladie asthmatique avec des mots accessibles à tous ; je te demande d’alerter les parents sur les dangers de l’asthme, même l’asthme léger, celui de mon fils, celui que l’on néglige car facile à juguler avec un spray de Ventoline.
J’ai été touchée par ces mots simples mais forts. Ils ont guidé le fil directeur de cet ouvrage.
Je n’ai discuté avec Pierre sur le moment que du rôle qu’il voulait que je joue sur le plan médical. Je ne m’en sentais pas la légitimité. Après quelques minutes, j’ai baissé les bras devant l’intensité de sa demande et sa détresse extrême. Je me suis convaincue que j’arriverai à répondre à son attente en procédant en deux temps. J’allais écrire un premier chapitre sur l’asthme et le faire valider ou corriger par un pédiatre en qui j’ai toute confiance, un pédiatre qui a pratiqué les urgences pédiatriques et avec qui j’ai travaillé des années dans une harmonie totale, Antoine. Dans un second temps, je ferai relire le chapitre modifié par un pneumologue de nos amis, Gilles. Sachant qu’il y a deux écoles qui s’affrontent sur la prise en charge de l’asthme chez le jeune, je savais qu’un chapitre complémentaire s’imposerait sûrement. Cela a été le cas.
J’ai choisi le ton de ce livre. Il me plaît, depuis que j’ai lu Christian Bobin, d’accéder au langage poétique et à mon tour de transfigurer le quotidien. Je ferai mes premières tentatives dans cet ouvrage car la poésie en prose, et plus encore en vers, est une façon de s’exprimer sans craindre de trop se dévoiler. Du moins, c’est ce que je pense. Elle est aussi, comme le disait Paul Valéry, « l’ambition d’un discours qui soit chargé de plus de sens, et mêlé de plus de musique, que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter ».
J’ai tenu à aborder ce livre comme un journal qui se déroule sur un an. Gregory sera le personnage principal au passé proche (mes souvenirs et tout ce que j’ai aimé et voulu rassembler sur lui), au présent (l’inévitable) et au futur tel qu’il me plaît de l’imaginer et auquel je crois au plus profond de moi. Mais comme dans un journal, je parle au quotidien de mes émotions et de ceux qui m’entourent, ma famille et mes amis. Certains seront peut-être gênés que je parle autant de moi dans un livre consacré à Gregory. Je m’en excuse par avance. Mais j’ai choisi « le mode journal ». Ce dernier démarre le 14 mars 2013.
Je vais tantôt m’adresser à Gregory et j’emploierai le « tu », tantôt aux siens et j’utiliserai la troisième personne.
Les thèmes abordés dans ce récit sont ceux qui ont un rapport direct avec Gregory, tel mon AVC, ou la famille que nous partageons et qu’il aimait, ou les sujets qui l’intéressaient au plus haut point comme le tennis, le ski, la natation et la politique.
Je me dois de préciser au lecteur que je ne suis pas la meilleure personne pour parler de Gregory. Cela, je ne l’ai pas dit à Pierre lorsqu’il m’a fait sa demande. Nous étions tous sous l’effet du choc, KO. Je ne l’ai pas suffisamment connu pour en parler comme j’aurais aimé le faire. L’éloignement géographique en est la cause principale. Mais ne cherchons pas d’excuse, les deux seules personnes qui peuvent vraiment en parler sont sa mère et son père, et je n’ai sollicité ni l’un, ni l’autre au niveau de l’écriture. Pour enrichir la connaissance du petit, j’ai fini par faire appel à plusieurs de ses proches. Leurs témoignages jalonnent ce récit. J’espère qu’ainsi, le ressenti de chacun sera à la hauteur de ce que ce petit bout d’homme, merveilleux, mérite. Je l’ai infiniment aimé et continue de l’aimer au-delà du temps. C’est le privilège de l’écrivain de pouvoir dire ce que nous sommes nombreux à vouloir exprimer.
Partons du constat que j’écris ce livre comme Prévert a ouvert la cage de l’oiseau après l’avoir peinte. Je vois à mon tour l’oiseau prendre son envol, tout comme mes pensées qui se mêlent à la grisaille de cette journée d’hiver. Nous sommes à quelques heures du 23 mars 2013. Je souhaite laisser mes souvenirs remonter vers le ciel et l’éclaircir comme les « belles pensées » que je ressens en cette « belle journée ». Je n’ai rien fait d’extraordinaire aujourd’hui, mais pourtant j’utilise des mots forts. Peut-être parce que j’ouvre mon ordinateur à nouveau pour la première fois depuis plusieurs semaines.
Prévert avait peint la cage pour que l’oiseau y rentre. Moi, je le vois sortir de la cage et s’enfuir dans la forêt pour l’illuminer. Je fais en sorte qu’il ne se blesse pas les ailes en franchissant la porte de sa prison, qui n’en est plus une. Je ne pouvais pas me douter, en ce mois de mars que Gregory, l’ange de notre grande famille, parents et amis, allait prendre son envol. Sans savoir pourquoi, je la tiens grande ouverte et je le vois glisser entre les arbres, comme un champion de ski s’élance entre les piquets du slalom avec l’intention de faire le meilleur temps. L’oiseau est d’une agilité extrême. Voilà ce que je voulais vous dire pour commencer : l’oiseau a ouvert les portes de la vie. Il y a une vie qui reprend son cours très différemment, mais qui ne s’arrête pas pour autant.
Par où commencer ? Tout se bouscule au moment où l’oiseau sort de mon champ visuel. Il est définitivement libre de vivre une nouvelle vie ; cela me procure une joie céleste. Je le vois tourner une dernière fois comme pour me dire au revoir. Peut-être à plus tard, si Dieu le veut. La forêt s’enflamme pendant quelques secondes.
L’étang brille sous le ciel d’une couleur étonnante, ni bleue, ni grise, ni rouge (ce n’est pas l’heure). Le ciel se mire dans l’étang. On dirait qu’une pluie de diamants noirs se mêle à l’eau. J’ai besoin de les attraper avant qu’ils ne soient inaccessibles. L’eau est glacée et je retrouve mes esprits. Je ne suis pas folle. Je viens de passer à côté d’une petite fortune. L’oiseau me nargue une dernière fois et disparaît. Je lui souhaite le meilleur.
Le ciel s’éclaircit subitement. C’est ce que l’on appelle le début d’une belle journée. Une lame de lumière me traverse. Mon cœur est grand ouvert. Je me sais couverte par des centaines d’étoiles, peut-être des milliers et j’imagine le paradis sans savoir ce qu’il est. Je ferme les yeux. Vous ressentez la douceur qui m’entoure. Un bruit d’ailes fracasse la lumière de diamants noirs sur l’étang. C’est mon cadeau du jour. Je n’en demande pas plus. C’est tout à fait incroyable. Vous comprenez déjà pourquoi notre ange est éternel.
Va rejoindre l’autre rive,
Celle des fleurs et des rires,
Deviens souffle, sois colombe,
Pour t’envoler,
Vole, vole petite flamme,
Vole mon ange, mon âme,
Va-t’en loin, va-t’en serein,
Va retrouver la lumière.
(D’après Céline Dion, Vol )
I. 14 mars 2013
 
 
 
J’en ai fini avec mon passé qui m’a fait du mal. Je passe au présent. Nous partons à la montagne pour dix jours. L’endroit préféré de Gregory en compagnie, bien sûr, de son père et de Cédric, son frère.
Céline, ma fille, Mikaël, mon gendre, et Solal, mon petit-fils, nous rejoignent pour quelques jours. Jean est heureux de savoir que sa fille skiera avec lui faute de m’avoir à ses côtés, comme depuis plus de trente ans. L’idée de skier seul lui est insupportable. Nous avons convenu que je ne skierai plus depuis mon accident et mes quatre fractures en tombant de ski, trois ans après mon accident vasculaire cérébral (AVC).
Je serai là pour m’occuper de Solal pendant les quelques heures de ski. Quel bonheur d’être utile aux miens !
Les trois jours passés ensemble ont été merveilleux : soleil, neige, Solal, fondue…
Nous nous retrouvons tous les deux seuls. Nous aimons ces moments. La neige tombe de façon continue. Tout est blancheur, c’est très reposant. Nous disposons d’Internet depuis ce lundi 18 et je me sens à nouveau libre. Jean est dans son monde, moi dans le mien, mais nous savons que nous sommes tous les deux, ensemble. Le reste de la famille va bien. Maman vit son quotidien, contente de m’entendre matin, midi et soir. Mes frères m’appellent comme chaque fois que nous sommes à la montagne, car nous savons que ces moments sont tout à fait privilégiés. Gregory va rentrer d’Angleterre où il

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