Histoire vécue
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Description

La guerre est déclarée et lorsque les Allemands envahissent la Belgique, le gouvernement décrète que tous les hommes âgés de 16 à 35 ans doivent être évacués en France. Lorsqu’on a 16 ans, les frontières sont faites pour être passées et dépassées et c’est sous couvert de trafic de charbon que le jeune héros retourne sur sa terre natale. Mais rien ne se passe comme prévu et le jeune Brasseur séjourne dans plusieurs camps de travail d’où il finit par s’évader pour entrer en résistance... La Seconde Guerre mondiale prend un éclairage nouveau sous la plume d’un jeune Belge dont le cheminement intérieur suit la grande histoire, façonné de chaos, de rebondissements, de petites faiblesses et de grande espérance. À l’âge de l’adolescence, tout est possible!

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 décembre 2011
Nombre de lectures 2
EAN13 9782748371970
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Histoire vécue
Victor Brasseur
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Rescapé du peloton d’exécution
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Société des Écrivains
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Texte intégral
 
© Société des Écrivains, 2011
 
 
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Histoire vécue
 
 
 
 
 
 
 
Pour des raisons que j’ignore, je ressens un immense besoin d’écrire mes souvenirs noir sur blanc. Ainsi, mes proches pourront comprendre quel homme j’étais réellement. Je suis né à La Louvière, en Belgique, le 6 août 1924, dans une famille ouvrière qui comptait déjà trois enfants. Je n’ai plus aucun souvenir de mes cinq premières années, mais je me rappelle de mon arrivée à l’école primaire Saint-Joseph à Haine-Saint-Paul, au lieu-dit Jolimont : il devait son nom au passage de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint qui, chargée de gouverner les Pays-Bas bourguignons et ayant reçu le bénéfice viager des villes et des terres de Binche à Morlanwelz, était descendue de sa calèche et admirant le paysage à perte de vue s’était écriée : « Quel joli mont ! ». Sa passion pour la chasse l’incita à construire un pavillon dans les bois giboyeux. Le parc de Mariemont (mont de Marie) est l’un des plus beaux de Belgique, entièrement clos, il couvre une superficie de quarante-cinq hectares, à laquelle il faut ajouter l’allée d’accès, dite drève de Mariemont, d’une longueur de 900 mètres et des vergers attenants de 35 mètres de part et d’autre. Marie de Hongrie fit construire ce pavillon de chasse en 1546, dont il demeure encore quelques vestiges bien conservés. Je suis né sous le signe du lion et vous pouvez le croire, j’en étais un, petit bien sûr, mais je le faisais déjà sentir à tous ceux qui m’entouraient. Mes parents eurent encore deux enfants, ce qui donnait en tout trois filles et trois garçons. J’étais un élève moyen à cause de ma mémoire inférieure à la moyenne, mais très intelligent et ceci en toute modestie. Ma jeunesse s’est déroulée sans problème dans cette famille à laquelle mon paternel imposait une discipline de fer, qui semblerait incroyable à l’époque actuelle, mais qui était normale pour notre famille nombreuse, avant la guerre de 1940.
Mon père était un ouvrier travaillant dans une verrerie à vitre qui dû se reconvertir suite à la mécanisation de cette industrie : cela provoqua un chômage inattendu à l’époque et bon nombre de gens ne purent survivre que grâce à l’aide de l’assistance publique. Mon père, qui était débrouillard, créa une affaire commerciale toute simple, même s’il fallait quand même y penser ! Les lois sociales n’existaient pas, mis à part les retenues sur les salaires uniquement pour les pensions et chacun devait s’en sortir comme il le pouvait car les indemnités de chômage n’existaient pas : il fallait travailler pour survivre.
 
Mais revenons à l’idée de mon père, il existait déjà en ce temps-là le marché aux puces à Bruxelles et il était au courant, je ne sais comment, de ce qui s’y vendait. Bref, il s’était rendu sur place et après plusieurs transactions, il achetait des vêtements d’occasions (vestes, pardessus, pantalons) qu’il faisait démonter, nettoyer par des petites mains et avec le tissu récupéré, il faisait fabriquer des culottes pour les garçons avec ou sans bretelles en tissu bien sûr et les vendait sur les marchés publics.
Son commerce prospérait et il se rendait deux dimanches par mois à Bruxelles pour ses affaires. Nous vivions assez bien, nous avions le nécessaire et la vie se passait sans problèmes majeurs ; ce qui ne veut pas dire que nous mangions de la viande tous les jours ! Non, mais nous élevions des poules et des lapins et de temps en temps, c’est-à-dire pour les grandes occasions, mon père sacrifiait une poule ou un lapin et ce jour-là, c’était bombance. Nous mangions dans la cuisine qui était spacieuse : il y avait une grande table avec un banc de chaque côté, un pour les filles, l’autre pour les garçons et à chaque extrémité une chaise pour les parents. Il nous était interdit de parler à table et si nous voulions quelque chose, nous devions lever le doigt et attendre d’obtenir l’autorisation du chef de famille, accordée par un simple signe de tête. Tous les dimanches, ma mère qui était un cordon-bleu comme la majorité des mères de famille à cette époque, nous préparait du bouillon avec un bouilli de viande et un tas de légumes du jardin : céleri, poireau, oignon, carotte, thym et laurier. Nous recevions chacun un morceau de bouilli et une partie des légumes que nous mélangions avec quelques pommes de terre ; c’était notre dîner dominical sauf pour les grandes occasions, comme cité plus haut. Inutile de vous dire que j’ai été dégoûté de la viande bouillie pour le reste de ma vie ! Un jour, mon paternel eut l’idée de faire de l’élevage de chien, mais pas n’importe quels chiens ; il avait rencontré une dame âgée qui lui avait donné son toutou chéri qu’elle ne pouvait plus garder, je ne sais pour quelle raison, mon père accepta parce qu’il s’agissait d un pékinois femelle et que cette race coûtait assez cher sur le marché.
Il fit donc saillir sa chienne gratuitement, à condition de donner un jeune chiot au propriétaire du mâle qui avait sailli sa femelle. C’est ainsi que commença un élevage qui marchait très bien. Un dimanche après-midi alors qu’il s’était rendu à Bruxelles comme d’habitude, il revint avec un jeune chien de la race des papillons, il était très beau, tout blanc à long poil lisse comme de la soie, avec de petites oreilles brunes et bien pointues. Il nous apprit qu’il envisageait de commencer l’élevage des papillons et à partir de ce jour, il connut le premier échec en tant qu’éleveur de chiens. Un beau matin en se levant il constata que son mâle de papillon avait sailli une de ses femelles pékinoises, il attendit le temps que la femelle mette ses chiots au monde. Elle mit bas, sept magnifiques bâtards, il piqua une crise de colère et jura que le dimanche suivant il les revendrait au marché de Bruxelles, et ce fut fait. Il n’empêche que les sept bâtards furent vendus en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et qu’ils lui rapportèrent un bénéfice appréciable ; cela me rappelle une anecdote que je vais vous raconter tout simplement, comme cela s’est passé.
Le dimanche matin nous sommes donc partis à pied à la gare de Haine-Saint-Pierre. Arrivé sur place, il prit le chien et le mit dans la poche intérieure de sa grosse veste qu’il faisait fabriquer et qui s’appelait une casaque d’accapareur parce qu’il y avait de grandes poches et qu’on y mettait n importe quoi. Interloqué, je lui demandai pourquoi un tel comportement et il me répondit que c’était pour ne pas payer une place pour le chien. Nous débarquâmes à Bruxelles et il me chargea de me promener autour du marché avec le chien en laisse, ce que je fis sans discuter. Au bout d’une demi-heure, un monsieur qui regardait Kiki (c’était son nom) me demanda s’il était à vendre, je répondis par l’affirmative et je prévins mon père qui lui donna tous les renseignements concernant le chien, l’âge le pedigree, le sexe et le prix : le candidat acheteur prit le chien dans ses bras, le tâta sous le ventre et dit tout étonné à mon paternel que Kiki n’avait qu’un seul testicule. Mon père outré, scandalisé, s’esclaffa dans son patois originel : « Vous n’allez quand même pas me dire que mon chien n’a qu’une couille ! » Mon paternel tâta à son tour et fut bien obligé de reconnaître que c’était vrai, il lui raconta sa mésaventure avec la pékinoise et ils conclurent la vente pour 300 francs. Ce jour-là, il m’offrit une crème glacée et j’estimai qu’il avait réalisé une bonne affaire, car c’est la seule fois de ma vie que mon père me paya une crème glacée, c’était en 1936, j’avais douze ans.
Je me rappelle d’une anecdote qui nous avait beaucoup fait rire après coup : comme nous n’avions pas grand-chose pour nous amuser, il nous arrivait souvent de jouer à chat perché et ce jour-là, mon père avait décidé de vidanger la citerne du W-C qui se trouvait à l’extérieur de la maison. Pour cela, il avait enlevé la plaque de fermeture de cette citerne à purin, il remplissait deux seaux et les vidait sur le sol de son jardin au fur et à mesure qu’il bêchait. Alors que nous commencions à jouer, mon frère aîné fonça se cacher dans le cabinet et tomba dans la fosse à purin ; il criait tellement fort que mon père arriva au pas de course pour le sortir de sa fâcheuse position, ma mère prépara une grande bassine d’eau de pluie pour nettoyer mon frère, elle vidangea l’eau deux fois et huit jours plus tard, mon cher frère sentait encore le purin ! J’ai oublié de vous dire que Papa avait mis du sulfate de fer dans le cabinet pour liquéfier le contenu de la fosse.
À ce stade de mon histoire, il faut que je vous dise ce que j’ai appris à l’âge de quatre-vingts ans de la bouche de ma sœur aînée, qui elle en avait quatre-ving

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