Histoire vraie d un pêcheur à la ligne - Tome III
294 pages
Français

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Histoire vraie d'un pêcheur à la ligne - Tome III , livre ebook

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Description

« La pêche du saumon implique régulièrement cette frustration pour le pêcheur. On le voit, il est là en face de vous, il godille, marsouine, saute... bref, manifeste sa présence. Vous lui passez sous le nez votre leurre, au besoin toute votre panoplie défile au bout de la ligne, et il l'ignore superbement. Pis, il effectue un écart pour s'en détourner. » Le troisième tome des mémoires d'Yves Mahieu consacré à sa passion pour la pêche aux quatre coins du monde se lit comme un roman d'aventures. Entre 1993 et 2000, l'auteur fait de lointaines escales au Sénégal, en Guinée-Bissau, au Québec, au Mexique, en Argentine et aux États-Unis, dont plusieurs en Alaska. Ces expéditions comportent parfois des risques et lui réservent des surprises. De très bonnes, comme le partage occasionnel de sa passion avec ses enfants, et d'autres... nettement moins agréables. Le savoureux récit s'achève sur un voyage en Patagonie, sa destination favorite.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342159066
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Histoire vraie d'un pêcheur à la ligne - Tome III
Yves Mahieu
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Histoire vraie d'un pêcheur à la ligne - Tome III
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.


À Arthur, mon premier petit-fils.
 
 
Au moment où j’écris ces quelques lignes, tu es encore un p’tit bout de chou de trois mois et demi. Tes parents, Émilie et Marc, sont à leur bureau à Manhattan. Toi et moi passons deux semaines ensemble, toi dans le rôle du nouveau-né qui porte en lui les espoirs d’une famille, moi dans celui du papy baby-sitter, un rôle que j’assume avec une grande joie.
 
Nous nous découvrons, nous nous regardons, nous nous sourions et je te chantonne, des dizaines de fois par jour, les couplets dont je me souviens de L’eau vive, du défunt Guy Béart.
 
Pardonne-moi si j’anticipe de la sorte. Je ne puis m’empêcher d’imaginer que, dans quelques années, nous pêcherons à deux le goujon à trousse-culotte, dans un petit courant sablonneux de la Semois. Ou d’une rivière des États-Unis d’Amérique ?
Siné Saloum (Sénégal) Novembre 1993
 
La surprise
1
 
[Marie-Thérèse]        Oui, c’est ça. Tu abandonnes truites et saumons ? Tu vas tâter de l’eau salée ?
 
[Yves]J’étais en Norvège en août. Avec la famille. Nous avons tâté de l’eau salée dans un fjord. Lieus, maquereaux, cabillauds, sébastes… Tout le monde s’est bien amusé.
 
[Marie-Thérèse]Et au Sénégal, tu pars aussi en famille ? Avec Mireille et les enfants ?
 
Je tique à cette réflexion, décolle un instant le combiné de mon oreille pour réfléchir à mon aise. « Bien sûr, c’est la semaine des vacances de Toussaint. Les enfants seront en congé. Mais Mireille ne veut pas prendre l’avion… » Je reprends la conversation téléphonique.
 
[Yves]        Ce n’est pas évident mais c’est possible. Je te rappelle dès que j’y vois plus clair.
 
[Marie-Thérèse]OK. Je t’inscris provisoirement, toi seul. J’attends ton appel pour les autres. Ce serait une chouette expérience pour les gamins, non ?
 
J’avais appelé du bureau. Le même soir, je mis les enfants au lit selon le rituel quotidien. Ce rituel consistait à les charger sur mon dos, Pierre d’abord, Marc ensuite, et à monter les marches qui menaient à l’étage, à leur chambre. Je les déchargeais sur leur lit, les couvrais, les embrassais en leur souhaitant de faire de beaux rêves. Ce soir-là, je me demandai si leurs rêves esquisseraient, même vaguement, le projet qui avait pris forme dans ma tête. Mais il fallait d’abord convaincre Mireille, et je ne prévoyais pas que la partie serait facile.
 
J’avais tort. En fait elle m’avait devancé. Et bien qu’il lui en coûtât, elle avait mis de côté sa sempiternelle trouille du transport aérien, pour offrir aux enfants un voyage qui s’imprimerait durablement dans leur mémoire. Cependant ma femme a toujours adoré les surprises. Les recevoir et les organiser. Aussi :
— On ne leur dit rien. Jusqu’au jour du départ. OK ?
— OK mais ça ne va pas être simple : on doit tous se faire vacciner contre la fièvre jaune.
— J’y ai pensé. Je pense pouvoir arranger ça avec le médecin.
 
Le lendemain, je rappelai Marie-Thérèse pour inscrire ma famille au voyage dans le delta du Siné Saloum. De son côté Mireille prit rendez-vous avec un hôpital de Luxembourg-ville. Adoptant une mine contrite, elle raconta aux enfants que leur père allait encore s’embarquer dans une expédition de pêche lointaine, cette fois dans un pays d’Afrique. Un pays au climat tellement pourri qu’il risquait d’en revenir porteur de microbes dangereux pour toute la famille. Aussi était-il prudent de se faire vacciner. Non seulement lui mais aussi ses proches : sa femme et ses enfants. À l’époque, Marc, onze ans, avait commencé à m’accompagner à la pêche de temps à autre. Il se montra indulgent. Pierre s’enquit :
— Vacciner… C’est pas des piqûres au moins ?
— Si, malheureusement. Une seule piqûre.
— Alors, comme ça, non seulement il va encore nous planter là pendant une semaine, mais en plus il faudra subir une piqûre ? Pour ses foutus "pichons" ?
 
La fable était grosse. À son arrivée au cabinet du médecin en charge des vaccinations, Mireille demanda à lui parler en aparté. Tandis que les enfants patientaient (Pierre en bougonnant) dans la salle d’attente, elle mit au parfum le praticien et son infirmière, qui acceptèrent de bonne grâce de jouer leur rôle. Le toubib en rajouta même une couche alors qu’il injectait le produit dans le bras de notre cadet :
— Ainsi donc, ton papa va affronter les moustiques et les autres bestioles dangereuses qui pullulent au Sénégal ? Tu dois être fier de lui, non ?
— Hmmmmm…
 
Arrivèrent la fin octobre et la semaine de vacances de la Toussaint. Dans la tradition familiale, nous avions pour habitude de nous rendre le premier novembre en Belgique, dans les régions du Centre et du Borinage, pour nous recueillir sur les tombes de nos aïeux et les fleurir. En 1993, ce pèlerinage eut lieu deux jours plus tôt. Après la visite au dernier cimetière, nous prîmes la route de Bruxelles, de l’aéroport de Zaventem. J’étais censé prendre l’avion quelques heures plus tard. Durant le trajet Pierre boudait. Marc voulait savoir comment se passerait la semaine de vacances, s’il pourrait aller jouer chez des copains de classe. Mireille éludait…
 
Je garai la voiture dans un parking de longue durée, en face du hall des départs. Les enfants consentirent à aider au déchargement des valises et à leur transport sur deux chariots. En pénétrant dans le hall je repérai aussitôt le groupe des compagnons de voyage, reconnaissables de loin aux longs tubes qui contenaient leurs cannes. Mireille me pinça le coude :
— Il faut le leur dire maintenant, sinon ils vont l’apprendre par quelqu’un du groupe.
 
J’acquiesçai. Elle arrêta Marc qui poussait le premier chariot, s’accroupit pour enlacer les enfants par les épaules :
— Vous ne trouvez pas que papa emporte beaucoup de bagages ? Plus que d’habitude ?
— Ouais, c’est vrai. Qu’est-ce qu’il y a de spécial aujourd’hui ?
— Il y a que nous partons tous au Sénégal. Tous les quatre !
 
Leurs yeux s’agrandirent. Lentement, progressivement… Ils nous regardèrent, incrédules. Nous leur souriions tous deux, Mireille et moi. Soudain Pierre explosa. Il se mit à sauter, à gambader autour des chariots à bagages, riant, criant, hurlant sa joie. Les voyageurs, les employés de l’aéroport se tournaient vers nous. Notre groupe, qui attendait dans la file devant un comptoir d’enregistrement de la Sabena, en fit autant. Entre-temps, Marc s’était écarté. Il s’était assis sur un banc et regardait droit devant lui, sans rien voir apparemment, perdu dans des pensées pas nécessairement joyeuses. Mireille s’approcha de lui :
— Tu n’as pas l’air content. Ça ne te fait pas plaisir ? À quoi penses-tu ?
 
Notre aîné se tourna vers sa mère, la regarda dans les yeux :
— Je pense… à tous les mensonges que vous nous avez racontés… les vaccinations…
— C’était pour une bonne cause, non ?
— Oui, bien sûr. Et… oui, ça me fait plaisir, mais j’ai un peu peur de l’avion.
 
Une réflexion que Mireille ne pouvait que comprendre, voire approuver. Pour les enfants c’était le baptême de l’air. Pour elle, son second vol. Le premier, à Madère, quinze ans plus tôt, lui avait laissé des souvenirs nauséeux d’appréhension et de mal-être. Alors qu’à l’époque (mais sans doute en partie à cause de ça), elle travaillait comme aiguilleur du ciel dans la tour de contrôle de ce même aéroport.
 
Nous nous mêlâmes à nos futurs compagnons, qui nous accueillirent chaleureusement. Les enfants – les seuls du groupe – avaient d’ores et déjà capté la sympathie de tous. L’avion décolla avec retard, pour une procédure d’identification de plusieurs bagages non accompagnés. Deux heures de plus dans la grisaille et la froidure. Vol de six heures, sans histoires. À Dakar, en sortant de l’Airbus, le contraste nous sauta au visage : à 19 heures l’obscurité était tombée sur la capitale du Sénégal, mais quelle sensation de chaleur, l’impression de pénétrer dans une fournaise ! Nous étions attendus dans le hall d’arrivée par un représentant de l’agence organisatrice. Il nous fourra tous, avec les bagages, dans un minibus qui prit aussitôt la direction du sud.
 
2
 
Le patron (blanc) nous accueille avec le verre de bienvenue. Il se fait tard, aussi nous invite-t-il à passer à table avant d’emménager dans nos chalets. Les serveurs (noirs) nous apportent un repas froid : gambas mayonnaise, pain et crudités. Il est 22 heures, il fait encore 25 °C. Demain, c’est le deux novembre et nous soupons en plein air, presque à la belle étoile. Marc et Pierre baignent encore dans l’émerveillement mais accusent la fatigue. Nous aussi. Il est bon de s’étendre sur un lit aux draps immaculés, sans un pli. Deux par chalet, comme les autres membres du groupe. Je loge avec Marc, Mireille s’est installée dans le chalet voisin avec Pierre. L’appareil à air conditionné émet un ronronnement sonore, mais nous sombrons rapidement dans le sommeil.
 
Le lendemain matin, le déjeuner est rapidement expédié. Pourtant il n’y a pas d’expédition halieutique au programme l’avant-midi. Seulement de la "petite pêche" (quoi que ça puisse être) après le dîner. Marc et moi avons hâte d’explorer notre environnement. Derrière le bâtiment principal,

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