Humanitaire : notre itinéraire
396 pages
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Description

Cet ouvrage est le témoignage déterminé et inaccoutumé d’une ONG qui réalise des chantiers humanitaires en Afrique noire, depuis 1990. C’est une constatation intrépide d’expériences admirables, mais aussi frustrantes. L’auteur souhaite fédérer ses expériences à des débats plus théoriques, car il se réfère à des travaux réalisés par des chercheurs en sciences sociales, même si les présentations sont laconiques afin de faciliter la lecture aux non-initiés. Réaliser des missions en Afrique est un défi. Un travail en amont est considérable car vivre avec les Africains, c’est plonger dans une culture déroutante mais bénéficier aussi d’une hospitalité hors du commun. Suivre les chantiers relève de challenges parfois insurmontables compte tenu des guerres à un tel point que l’association est parfois menacée. Ce que souligne cet ouvrage, c'est l'impossibilité d'établir aussi un clivage net entre l'aide structurelle et l'aide d'urgence. Il décèle surtout l'immense richesse des rencontres culturelles mais aussi les incompréhensions. L'Afrique n'est pas que le continent de la misère. La joie peut être présente dans toutes les conditions de vie, même chez les gens vivant dans un dénuement consternant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 juillet 2018
Nombre de lectures 4
EAN13 9782414254682
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-25469-9

© Edilivre, 2019
Exergue

Là où l’on donne, il ne fait jamais nuit
Proverbe africain
Remerciements

Remerciements : je remercie surtout Marie Edith Meens sans qui cet ouvrage n’aurait pu être réalisé
Je remercie aussi Maurice Thietard, mon ami, avec qui j’ai créé l’AES en 1990.
Je remercie aussi ces 50 jeunes pour la remise de leurs carnets de route et commentaires qu’ils m’ont confiés (bravo à certains pour les prises de notes)
Présidents de l’association AES (Action, Éducation, Solidarité) : créée en 1990
Christian ELLEBOODE 1990-1998
Marie Edith MEENS 1998-2009
Laure PIOT 2009-
Introduction
L’action humanitaire et altruiste dans le monde prend de plus en plus d’ampleur et constitue un phénomène qui, dans les sociétés contemporaines, ne peut être réduit à la marginalité. Si l’objectif n’est peut-être qu’un rêve dans un océan de cauchemars, il demeure mobilisateur de générosité. Courtisées par les pouvoirs publics, les organisations de solidarité internationale n’en sont pas moins sur tous les fronts de la misère. Hier, elles limitaient leurs ambitions à l’Afrique, aujourd’hui elles sont sur tous les continents. On leur demande d’ailleurs de fuir le sentimentalisme médiatique (même si on se pose la question, les militants de l’humanitaire peuvent-ils échapper au tragique ?), de redéfinir le statut des victimes, de délimiter le champ d’intervention de l’humanitaire et de refuser la récupération politique. Il existe d’ailleurs une conception utopique de l’action humanitaire : c’est la promesse d’un monde dans lesquels les gestes de sollicitude deviendraient en quelque sorte le modèle de la loi morale, d’un monde qui échapperait à la contingence et aux passions, mais cette conception n’est pas celle de toutes les ONG. Une dimension du monde, radicalement différente de l’individualisme et de l’avidité, commence à influer sur la réalité, « l’éthique de la sollicitude » comme le dit Paul Ricœur. Elle est organisée par de grandes familles d’acteurs : les agences de l’ONU, les Etats, les ONG (ces trois lettres qui se sont imposées à travers le monde), des fondations qui commencent à jouer un rôle majeur dans la réponse à des défis sociaux en finançant leurs propres programmes, mais aussi de plus en plus par de nombreuses associations de plus petites tailles aux ambitions plus modestes. Il est quasiment impossible de connaître le nombre précis d’ONG (porte drapeau du dynamisme du secteur social) dans le monde. Aujourd’hui, ce terme générique, en dépit de ses imperfections manifestes, a traversé les décennies pour devenir incontournable au sein du secteur de la solidarité internationale et gagner en visibilité auprès du grand public. Concrètement, dans l’imaginaire collectif au Nord, le terme d’ONG renvoie, le plus souvent aux grandes structures professionnalisées et médiatisées. Or, il recouvre une variété de réalités, tantôt adulées, tantôt férocement critiquées, et son ambiguïté est soulevée par une très large littérature, qu’elle soit scientifique, associative ou institutionnelle. En effet, s’agissant « d’un terme libre d’appropriation et qui ne constitue pas, à de rares exceptions, dans les droits internationaux une catégorie juridique spécifiquement délimitée, et encore moins en droit international, de plus en plus d’entités, petites ou grandes, tendent à s’auto-baptiser ou se rebaptiser « ONG » (J Godin). Aucun indicateur suffisamment précis ne permet de mesurer l’amplitude du phénomène car on ne peut que noter aussi la floraison de l’associatif du Sud. Comme le dit C Lechervy, «  Ce serait reproduire des schémas traditionnels, à forte connotation paternaliste, que de s’imaginer les ONG du Nord, débarquant sur des terres vierges, tels des « Robins des Bois du développement », ou des Saints laïcs de l’urgence » . Le Sud voit s’épanouir ses propres associations de solidarité dont un certain nombre parviennent maintenant à maturité et réclament d’être traitées à parité avec celles du Nord. Terminée, l’époque de ceux qui veulent croire qu’il faut un Blanc pour gérer, un Blanc pour organiser, quelqu’un de chez soi pour superviser « son » action. Refus aussi d’admettre que l’expertise doit rester le domaine réservé des organisations du Nord qui la mettent au service de celles du Sud. Depuis quelques années, le Sud réclame une désoccidentalisation de l’aide internationale, affirmant que dans la conception et la mise en œuvre des programmes de lutte contre la pauvreté ou contre les épidémies, les réalités et les cultures locales sont trop souvent méconnues et oubliées. Il est vrai que les sociétés africaines disposent des forces et des ressources qui permettent une plus grande pertinence et donc une meilleure solidarité internationale. Le Nord peut y trouver une source d’inspiration pour se renouveler dans certains domaines et pratiques.
La manifestation d’un esprit humanitaire, mot chargé de symboles, est universelle et de tradition ancienne mais cette réponse est bien laconique. Le mouvement humanitaire moderne est né en 1968 avec la guerre du Biafra, l’un des conflits les plus sanglants de l’après-Seconde Guerre mondiale ; qui a était l’événement déclencheur de ce qu’on appelle le « sans-frontiérisme ». Comme l’écrit P Bourdieu, dans Télérama (15 février 1995) : «  dans l’histoire du mouvement humanitaire, il y a un « avant » et un « après » Biafra  ». Parce que, pour la première fois, les images des enfants squelettiques ont envahi, en temps réel, les écrans des postes de télévision qui équipent presque la moitié des foyers français, et qu’il s’agissait des images les plus dures livrées à l’opinion publique depuis l’entrée des Alliés dans les camps nazis. Le poids des mots, dans les médias, est dérisoire face au choc des images. «  Article d’hebdomadaire contre séquence directe , résume Régis Debray, c’est pot de terre contre pot de fer. Signification contre sensation. Froid contre chaud  ». De toute façon, quand la vérité est compliquée, on ne peut la dire que de manière compliquée. L’humoriste Coluche disait : «  on ne peut pas dire la vérité à la télé, il y a trop de monde qui regarde »  : le débat est lancé, image contre analyse, vidéo sphère contre graphosphère dit R Debray. Voilà pourquoi, faute d’expliquer au téléspectateur pour quelles raisons un enfant en Afrique meurt de faim, on préfère l’émouvoir avec l’image d’un petit corps décharné. Voilà pourquoi les magazines ont si souvent recours à ceux que P Bourdieu appelle les «  intellectuels médiatiques  », au lieu d’interroger les véritables spécialistes lorsqu’ils sont confrontés à des sujets que les rédactions jugent difficiles. Des voix de médecins s’élevèrent alors pour dénoncer la situation, alerter l’opinion publique et instituer la loi du tapage médiatique, opposant au devoir de réserve de la Croix-Rouge un devoir de parole et Médecins sans frontières fut créé en 1971. Le premier objectif est de soigner et de nourrir, mais aussi de « témoigner » de l’horreur observée, quelles que soient les contraintes et les pressions.
Certes, si le phénomène humanitaire explose depuis une génération, l’aide apportée à autrui n’est donc pas une nouveauté car elle s’enracine dans l’Éthique de la charité chrétienne, mais aussi dans bien d’autres religions, puis dans la pensée philosophique du siècle des Lumières, avant de se structurer progressivement au XIX e  siècle. Encore au stade artisanal, après la seconde guerre mondiale, l’action humanitaire connait actuellement un développement sans précédent, au point de devenir une véritable « industrie ». L’humanitaire, ce n’est pas la charité parce que cette dernière, c’est un élan vers l’autre mais qui est vertical. Il vient de quelqu’un de nanti qui choisit son œuvre. Ce n’est pas réciproque. Ce n’est pas non plus chevaleresque ni de la pitié. Ce n’est pas la solidarité car la solidarité est un phénomène social, ça ne demande pas de qualités intrinsèques. On se sent solidaire : or l’humanitaire n’est pas une question de solidarité uniquement. L’action humanitaire, c’est un engagement : celui qui remplit une action humanitaire la réalise avec un élan généreux, enthousiaste, avec compétence et cette action, comme dit X Emmanuelli, «  est plus grande que lui-même parce qu’il la fait au nom d’une idée transcendante de l’homme  ». Chaque homme que l’on rencontre dans l’action humanitaire représente lui-même en même temps qu’il est le symbole de toute l’humanité. En tous cas, l’action humanitaire, c’est symbolique, secret et d’ordre métaphysique.
L’action humanitaire vise à sauver, à préserver la vie et la dignité de personnes victimes de la misère économique et sociale et de conflits et l’indifférence n’est plus permise. Effectivement, mais face à une telle masse d’associations, sous les feux de l’actualité, une distinction est à faire entre les organisations charitables (Resto du Cœur, Emmaüs, etc.) et les ONG, organisations formées par des personnes ayant décidé de se regrouper librement, hors de la sphère de l’Etat, pour mener des activités de solidarité internationale à but non lucratif. Ce qui distingue donc les ONG des autres, même si l’humanitaire est l’idéologie du secours, c’est la dimension internationale de leurs activités et c’est ce choix que nous avons réalisé en 1990. Présentes lors des catastrophes naturelles, parfois spectaculaires, au cœur des conflits sanglants, les organisations humanitaires œuvrent sur tous les points brûlants du monde et s’activent de plus en plus auprès des défavorisés au sein des sociétés les plus riches. Déployée dans l’urgence, elle envisage également des opérations de prévention et rejoi

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