Ils m ont pris mes 17 ans
106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Ils m'ont pris mes 17 ans , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La vie a commencé sereinement pour Aurore qui grandit auprès d'une famille unie, avec ses parents et sa petite sœur.


Alors qu’elle est au collège, Aurore doit rechercher une information dans le livret de famille pour un banal devoir d’éducation civique. Elle ouvre donc ce document quelque peu obscur à ses yeux d’adolescente. Sans comprendre grand-chose au jargon administratif, elle comprend cependant que quelque chose n’est pas logique : si sa sœur a été inscrite deux jours après sa naissance, Aurore ne l’a été que quatre mois après ! Un mauvais pressentiment lui étreint le cœur.


Le mutisme de sa grand-mère face à ses questions n’arrange rien. Autour d’elle, un silence lourd se fait sentir jusqu’à la révélation. Sa mère consent à lui dire la vérité sur sa naissance. Commence alors une descente aux enfers pour la jeune fille, tout son être se trouvant bouleversé par la levée de ce secret.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mai 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414231652
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-23163-8

© Edilivre, 2018
La leçon
Si les professeurs pouvaient imaginer parfois les conséquences d’un devoir donné à la maison sous forme d’une petite requête paraissant bien anodine, sur un registre personnel… Mais ce qui est personnel peut gravement atteindre la sphère intime, sans doute n’en ont-ils pas conscience et un grain de sable peut déclencher un cataclysme, s’il s’immisce dans des rouages apparemment bien huilés. J’ai 15 ans et tout va bien pour moi. Je suis en troisième au collège dans ma petite ville du Nord, mon existence, tout ce qu’il y a de plus normal et agréable dans une famille unie au sein de laquelle nos parents veillent sur ma petite sœur et moi. Un jour le professeur d’éducation civique nous demande de nous renseigner sur notre heure de naissance. En élève studieuse, dès le retour à la maison, je déniche le livret de famille, je n’y connais pas grand-chose aux documents administratifs mais je suis curieuse alors je le feuillette méthodiquement. J’y trouve les premiers renseignements : quelque chose m’intrigue, quelque chose me pousse vers la curiosité alors j’approfondis. Ce sont des détails administratifs, des détails de dates, des détails d’heures qui ne collent pas. Je suis née le 20 février 1982 à Maubeuge dans le Nord et je suis enregistrée dans le livret de famille en juin 1982, tout ça paraît normal mais quand je continue mes recherches, je me rends compte que ma petite sœur est née le 14 juin 1983 et est inscrite sur ce même livret le 16 juin 1983.
Bizarre, vous avez dit bizarre !
Un problème de temps, une énigme… ils ont mis quatre mois à m’inscrire sur le livret, ma sœur deux jours, ça ne colle pas, ça ne colle pas… Je ressens une angoisse qui m’envahit comme si j’avais le trac, le trac de demander, de parler, de découvrir. Je suis de nature curieuse, curieuse de la vie, curieuse de ne pas savoir, d’ailleurs je suis toujours curieuse, peut-être même plus encore, j’essaie même de la transmettre cette curiosité. Que s’est-il donc passé ? J’en ai marre, plus j’examine ce livret, moins je comprends, tout paraît normal mais rien n’est normal, c’est comme si j’avais une intuition, un mauvais pressentiment. Je n’arrive pas à décrire cette émotion que je ressens à 15 ans. Toutes ces interrogations dans ma tête qui n’ont pas de sens à ce moment-là ! Pourquoi ? Pourquoi quatre mois ? Rien n’a de sens mais quelque chose me pousse à chercher à ne pas en rester là. J’ai besoin d’une réponse claire.
Je n’en finis pas d’inspecter ce maudit livret de famille, en ce mercredi après-midi assise par terre dans l’appartement, pendant que ma sœur vaque à ses occupations. La plus grande bataille de ma vie commence avec ces feuilles de papier que je tourne et retourne frénétiquement. Enfin je décide d’appeler mémère, ma grand-mère maternelle qui n’habite pas très loin, seulement trois étages au-dessus de notre appartement. Elle sait tout, sur tout le monde… Je l’appelle avec le téléphone fixe rouge de mes parents posé sur le bureau, et contre toute attente elle refuse de me répondre, ne me donne aucune explication, ce qui accentue ce côté étrange de dates, d’heures ; cela accentue mon angoisse. Elle me dit : demande à ta mère et puis c’est tout « à plus tard « dit-elle, elle raccroche. Et puis quelques minutes après, elle sonne à la porte avec son châle enveloppant ses épaules et les clés de son appartement dans une main qu’elle agite. C’est son tic à elle. Elle est perturbée, mal à l’aise, contrariée de mon appel. Elle me fixe, son regard est de plus en plus lourd, elle me répète sans arrêt : « demande à ta mère, demande à ta mère », jusqu’à ce que ma mère finisse enfin par rentrer. Elle me répond simplement : « je l’ai perdu et à cette époque ça prenait beaucoup de temps pour en refaire un autre » ; la réponse tombe sans hésitation, ma mère est catégorique. Puis elle met un terme très rapide à cet épisode, elle fixe sa mère froidement qui regagne son appartement tout en continuant d’agiter ses clefs dans sa main ; le dossier est clos… bizarre, bizarre… je trouve la réponse trop simple mais ma mère s’obstine dans son affirmation.
L’ambiance du quotidien est lourde, bizarre, étrange, je sens que ma demande a secoué tous mes proches… et puis le quotidien reprend son cours, je retourne au collège, j’aime bien le collège, j’aime bien l’école, je bosse plutôt bien, en toute modestie. Je veux devenir pilote de chasse, c’est mon rêve ! J’aspire énormément à intégrer une école de l’armée de l’air et à faire partie de cette élite privilégiée. Je trouve ce métier fascinant, les avions de chasse encore plus, et cette alliance de l’uniforme et de la rigueur, c’est le top pour moi. J’ai vraiment de grandes ambitions. Je les dois à mon père cet amour de l’armée… et puis dimanche arrive, ce dimanche matin qui suit l’épisode du mercredi.
La révélation : elle a fait un bébé toute seule
Le dimanche est synonyme pour moi de grasse matinée. Comme beaucoup d’adolescents, j’aime bien mon lit et rester blottie sous la couette. Mes parents laissent faire même si mon père préfèrerait que j’émerge plus tôt. Alors pourquoi en ce dimanche matin ma mère me tire-t-elle de mon sommeil profond ? Dans un semi-brouillard, je l’entrevois, elle s’assoit à mes côtés sur mon lit, ce qu’elle ne fait jamais, elle me caresse tendrement le visage dans un silence immense ; ça ne lui ressemble pas du tout, habituellement ma mère ouvre la porte de ma chambre pour laisser entrer la lumière afin de me réveiller tout doucement et j’entends mon père râler en fond parce qu’il est déjà neuf heures. Je voudrais te dire quelque chose à propos du livret de famille, me chuchote-t-elle dans ce silence… je la regarde, je la fixe, j’attends, elle a du mal à trouver ses mots, elle tourne autour du pot…
« Comment te dire ? Ton père n’est pas ton père, j’ai fait un bébé toute seule ».
Je suis envahie, submergée. Quoi ? Comment ? Que se passe-t-il ? Nous sommes quel jour ? Je suis où ? Je dors encore, je vais me réveiller, les larmes montent, mais des larmes de quoi ? À cet instant, je ne peux même pas définir ce que je ressens, ce que je viens d’entendre, pourquoi moi ? Mais qui suis-je ?
« Je ne comprends pas bien ce que tu me dis », lui dis-je, suffoquée de larmes…
Ma mère se confie, lâche les mots, les phrases qu’elle doit retenir amèrement depuis tant d’années : « en fait, j’ai vécu une grande histoire d’amour avec un autre homme, mais il ne souhaitait pas avoir d’enfant parce qu’il désirait voyager. On s’est aimé durant huit années, j’ai décidé d’arrêter ma contraception (pilule ?), je me suis dit quand il verra que je suis enceinte – on s’aimait tellement – que cette annonce viendrait s’ajouter à notre grande histoire… Mais cela ne s’est pas passé comme je l’imaginais… je suis tombée enceinte très rapidement, mais lorsque je lui ai annoncé que j’étais enceinte, il m’a demandé de partir. Il m’a dit que j’avais fait un bébé toute seule dans son dos, sans son accord, je suis donc retournée chez ma mère. »
Je n’arrive pas à distinguer ma mère, mes larmes me brouillent la vue, ma voix est craquée, je ne sais pas quoi dire pendant tout un temps.
Mais qui est mon père, cet inconnu ?
Ma première question est : « Comment s’appelle-t-il ?… Est-ce que j’ai déjà vu ? Est-ce que tu as une photo ? Est-ce que je peux le voir » ? Tout en essayant de ressuyer mes yeux.
– « Ton père s’appelle Bernard ».
– « Tu as une photo ? Je lui ressemble » ?
– « Non je n’ai rien gardé de lui. Je n’ai pas de photo ».
C’est très compliqué pour moi, comment nourrir mon imagination qui est partie au galop ?
Ma mère se lance dans une vague description : Il est assez grand, costaud, très intelligent, tu lui ressembles beaucoup…
Je dois faire avec ce que j’entends, j’essaie d’imaginer un personnage, cette personne qui est mon père…
– « Et puis il ne vit pas en France, il navigue entre Madagascar et l’île Maurice ».
Je comprends tout de suite que non seulement je n’aurai pas de photo mais encore que je ne vais pas pouvoir le voir. Je tombe dans un trou sans fond, avide de détails et d’une représentation sur cette nouvelle personne qui m’a conçue et qui débarque dans ma vie 15 ans plus tard. Personne n’imagine le bouleversement, la dévastation que cette révélation produit en moi. Ma mère, elle, soulagée de ce poids, de ce secret qui l’a sans doute « bouffée » pendant toutes ces années de mensonge, sort de ma chambre, me plante seule dans mon lit avec cette vérité que je viens de prendre en pleine figure.
C’est dit, on n’en parle plus, ce n’est pas si grave que cela, le principal c’est de savoir. Ce genre de secret éclate tous les jours, mais chez les autres. Chacun peut voir ce scénario dans les films, à la télé, dans les journaux, les bouquins, où il essaie de comprendre, de compatir avec le personnage principal, mais là dans ma tête, dans mes pensées, je fais la une à moi toute seule. Je n’aurais jamais imaginé que ce secret soit le mien et qu’il représente un jour mon histoire. Qui suis-je ? Qui est cet inconnu ? Mon imagination a instantanément dressé le portrait d’un homme qui est mon père biologique, un portrait totalement imaginé de toutes pièces, un portrait imaginé quand je me regarde dans le miroir. Je lui ressemble ? Je sors de mon lit, je suis encore sous le choc, abasourdie .
Je sors de ma chambre pour aller prendre mon petit déjeuner ; alors que je suis comme un zombie marchant sur une nouvelle planète, presque en lévitation, la routine s’affiche devant moi. Nous sommes là tous les quatre autour du petit déjeuner, comme nous y étions dimanche dernier et le dimanche d’avant et tous les di

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents