Insoumissions
173 pages
Français

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Description

Roman aux accents autobiographiques, Insoumissions met en scène
un jeune Allemand arrivé au Québec en 1969. Pour lui, l’agitation lors
de la crise d’Octobre amplifie les nouvelles qui lui parviennent de
son pays d’origine, où le terrorisme tient en otage toute l’Allemagne
de l’Ouest. Tandis que les chocs culturels se suivent, à l’Université
Laval où il enseigne, son supérieur, un arriviste magouilleur, tente
d’avoir sa tête. Mais le jeune homme ne se laissera pas faire…
Le directeur place devant moi un stylo, me tend une feuille à en-tête
de l’université : « Votre signature. » Je lis ma démission. Le coup est
ignoble, je connais la femme qui a rédigé ce torchon.
« La fourberie appuyée sur le bras de la méchanceté », aurait dit
Chateaubriand.
Je me lève, saisis la lettre. « Je ne signe rien de ce qui vient de vous.
Je partirai au moment qui me conviendra. »
L’autre hurle : « De l’insoumission ? Des menaces ? Vous refusez
d’obéir ? »
Le directeur place devant moi un stylo, me tend une feuille à entête de l’Université : « Votre signature. » Je lis ma démission. Le coup est ignoble, je connais la femme qui a rédigé ce torchon.
« La fourberie appuyée sur le bras de la méchanceté », aurait dit Chateaubriand.
Je me lève, saisis la lettre. « Je ne signe rien de ce qui vient de vous. Je partirai au moment qui me conviendra. »
L’autre hurle : « De l’insoumission ? Des menaces ? Vous refusez d’obéir ? »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mars 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764440148
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
Romans :
Le pélican et le labyrinthe , avec Guy Boivin, L’instant même, 2018.
Le photographe d’ombres , L’instant même, 2015.
La colère du faucon , L’instant même, 2013.
Le temps figé , avec Guy Boivin, L’instant même, 2012.
Job & compagnie , L’instant même, 2011.
M. , L’instant même, 2010.
Le jugement , L’instant même, 2008. Traduit par l’auteur sous le titre Das Urteil , Stämpfli Verlag, 2011.
La bonbonnière , avec Guy Boivin, L’instant même, 2007 (2 e édition, Les 400 coups, 2008).
Orfeo , L’instant même, 2003 (2 e édition, format de poche, L’instant même, 2013). Traduction anglaise par Fred A. Reed, Véhicule Press, 2008.
L’Autre Pandore , Leméac, 1990.
Recueils de nouvelles :
Complots à la cour des papes , L’instant même, 2016.
Échardes , L’instant même, 2014.
Le chat proverbial , L’instant même, 2009 (2e édition, format de poche, L’instant même, 2014). Traduit par l’auteur sous le titre Auf leisen Pfoten , Berlin-Verlag du Groupe Piper Verlag GmbH, 2015.
Solistes , L’instant même, 1997.
Berbera , Éditions du Boréal, 1993. Traduit par Danielle Jacques de Kein Schlüssel zum Süden , Bläschke, St. Michael, 1984.
Essais :
La littérature québécoise – 1960-2000 , avec François Ouellet, L’instant même, 2004.
Literatur in Québec/Littérature québécoise – 1960-2000 , avec François Ouellet, Synchron Wissenschaftsverlag, 2000.
Christa Wolf : Wie sind wir so geworden wie wir heute sind ? , Lang, 1978.
Siegfried Lenz : Das szenische Werk , avec Wilhelm J. Schwarz, Francke, 1974.
Zum modernen Drama , Bouvier, 1973 (2 e édition, 1975).
Huysmans A Rebours und die Dekadenz , Bouvier, 1971.
Das Thema des Todes in der Dichtung Ugo Foscolos , Université de la Sarre, 1967.



Projet dirigé par Danielle Laurin, éditrice

Conception graphique : Nathalie Caron et Nicolas Ménard
Mise en pages : Nicolas Ménard
Révision linguistique : Sylvie Martin et Chantale Landry
En couverture : Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), Les Prisons imaginaires, pl. VII, « Le Pont-Levis », 1750, détail.
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Insoumissions / Hans-Jürgen Greif.
Noms : Greif, Hans-Jürgen, auteur.
Collections : Collection Littérature d’Amérique.
Description : Mention de collection : Littérature d’Amérique
Identifiants : Canadiana 20190039027 | ISBN 9782764440124
Classification : LCC PS8563.R4445 I57 2020 | CDD C843/.54—dc23
ISBN 978-2-7644-4013-1 (PDF)
ISBN 978-2-7644-4014-8 (ePub)

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2020

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2020.
quebec-amerique.com




Au lecteur :
Si les lieux et la plupart des événements dans ce livre correspondent pour l’essentiel à la réalité, j’ai dû recourir à des éléments fictionnels afin de respecter le cadre temporel. On comprendra que, pour protéger l’identité des protagonistes, je leur ai donné de nouveaux noms.
HJG



Si le hasard mêle les cartes, la raison perd le jeu.
Proverbe allemand
Écrire : survivre à qui voulait vous tuer.
Claire Martin, À tout propos


Prologue


Le cabinet d’ambre
En Sarre, mai 1956
Mon avenir se dessine le jour où, adolescent, je tombe, dans la bibliothèque de mon père, sur une brochure illustrée au titre accrocheur : Le plus somptueux cadeau royal disparu . Les photos montrent le « célébrissime cabinet d’ambre », composé de douzaines de panneaux sur lesquels des artisans liés à la cour prussienne ont assemblé plus d’un demi-million de morceaux d’« or de la mer Baltique ». L’auteur parle de six tonnes d’ambre.
J’examine longuement les clichés devant moi avant de décider que le style tarabiscoté des appliques, chandeliers, miroirs, niches et corniches me déplaît. Du haut de mes quinze ans, la palette des couleurs ne m’impressionne nullement. Je ne comprends pas pourquoi ces mosaïques sont vantées comme « la huitième merveille du monde ». Au contraire : l’agencement me rappelle un étalage de charcuteries, mortadelle, pâté de foie, jambon cuit ou fumé. Par contre, je découvre une histoire fascinante.
J’apprends qu’en 1716, le prince-électeur et duc de Brandebourg Frédéric-Guillaume I er a offert l’ensemble au tsar Pierre le Grand, à la suite de leur alliance par laquelle la Prusse et la Russie espéraient contrer la position de la Suède sur les côtes de la mer Baltique. Le tsar s’est dit ravi du cadeau, qu’il a entreposé dans un sous-sol humide ; il l’a oublié aussitôt. Au début des années 1760, la tsarine Catherine II, princesse d’origine allemande, a ordonné de nettoyer et de restaurer ce gage du premier pacte d’importance germano-russe. Elle l’a fait installer dans son palais de Tsarskoïe Selo, proche de la capitale, Saint-Pétersbourg. Pendant deux cents ans, ce trésor d’une valeur inestimable est demeuré intouché.
En 1941, les envahisseurs nazis ont démonté le cabinet : d’après l’auteur de la brochure, les militaires allemands considéraient que « les barbares venus des steppes de l’Est en étaient indignes ». Par la suite, les panneaux ont été transportés à Königsberg, ancien siège de l’ordre teutonique et symbole de la suprématie du peuple allemand. En 1943, Hitler jurait encore que les rouges n’entreraient jamais dans ce dernier bastion de la domination aryenne et a ordonné tant à l’armée qu’aux civils la résistance « jusqu’à la dernière goutte de sang ».
Un an plus tard, la ville et la province étaient perdues. Dans le chaos total, des centaines de milliers d’Allemands ont fui devant l’avancée soviétique. Le 27 janvier 1944, l’Armée rouge a brisé l’interminable siège de Leningrad et a mis en déroute les divisions allemandes, qui se sont retirées en Prusse-Orientale. Quand les Soviétiques sont entrés dans le « joyau de la mer Baltique », fondé par le tsar Pierre le Grand, ils l’ont trouvé en ruine. Des quatre millions d’habitants, plus d’un million étaient morts de faim pendant le blocus allemand, d’une cruauté sans nom. Mais avant d’abandonner ses positions, l’armée Nord avait pillé musées, palais impériaux, résidences privées, et détruit des monuments historiques. Le trésor d’ambre a été entreposé dans la cale du dernier navire amarré au port de Königsberg, le Wilhelm Gustloff , qui a sombré en haute mer, le soir du 30 janvier 1945.
À la fin des années 1950, Moscou a lancé des recherches pour localiser l’épave. On l’a trouvée, mais les panneaux avaient disparu.
Mon père me surprend dans ma lecture. Il confisque la brochure et me reproche de perdre mon temps en futilités, au lieu de potasser les matières de mes cours. « Pourquoi t’intéresses-tu à cet objet ? Je n’aime pas ta curiosité, proche du sensationnalisme. »
Il me laisse seul et emporte le document. Je ne sais pas pourquoi je suis censé me sentir coupable d’avoir voulu savoir . C’est toujours la même chose avec mon père : d’un côté, il demande que mon frère Gerhard et moi, nous en sachions davantage que nos camarades de classe, de l’autre, il nous enlève les lectures qu’il juge « inadéquates » ou « superflues ». Je n’ose protester, mais je n’oublie pas ce que j’ai vu.

Les oubliés de l̵

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