Itinéraires
280 pages
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Description

"Ce médecin, arrivant au chevet de son patient, était attendu comme le messie. Il n'y avait pas moins de huit personnes pour l'accueillir malgré l'heure tardive. Ce tableau « vivant » du médecin et de son mourant, me donnèrent conscience non seulement de la notoriété du métier, mais surtout de son importance vitale. Je me souviens de m'être juré à moi-même que plus tard, j'en ferai mien." Un véritable mode d'emploi romancé des études et de la carrière médicale. Mais pas que ! C'est exactement ce que doit savoir tout parent dont l'enfant se prépare à embrasser la carrière médicale. Tout lycéen qui en rêve. Tout étudiant en Médecine. Tout Interne des Hôpitaux, tout jeune spécialiste hésitant entre une carrière en hôpital ou en clinique et toute autre personne curieuse d'être invitée dans le sacro-saint des blocs opératoires. La Médecine, par son côté universel, est un chez soi permanent qui assimile toutes les cultures, et annule toutes les frontières. L'auteur nous livre son expérience professionnelle multiple et variée, et termine sur quelques réflexions plus générales portées sur l'actualité, traitant de sujets légers ou graves. Jamil Berry livre au lecteur un assortiment multicolore d'idées, et par la même occasion rend hommage à ses patients « qui lui ont tant appris ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 septembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342167917
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Itinéraires
Docteur Jamil Berry
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Itinéraires
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouver l’auteur sur son site Internet
jamil-berry.societedesecrivains.com
 
 
J’ai toujours entendu parler de Toi. Je connaissais ton existence. J’ai vu des heureux aidés par Toi, mais je n’ai jamais eu recours à Toi. Je pense m’être débrouillé seul, sans Toi !
Mais même en cela, il y a une part de Toi…
(Dialogue avec la Chance)
 
Dédicace
Il est indécent de commencer par « Je » un livre qui trace une carrière. Cela signifierait au mieux une amnésie, et au pire une ingratitude vis-à-vis de toutes les personnes qui ont œuvré des années et des années durant auprès de ce JE afin de le construire, de lui donner forme humaine et de le faire exister.
Un hommage tout particulier est rendu, à ce propos, à mes parents et à leurs sacrifices à mon égard, ainsi qu’à mes sœurs et à feu mon frère.
 
Hommage à tous mes profs, et maîtres d’école depuis la maternelle jusqu’en terminale : Vous avez construit mes fondements.
Hommage à toutes les équipes de formateurs universitaires bordelais qui se sont succédé durant huit ans, reprenant à chaque fois le flambeau de plus belle jusqu’à l’obtention de mon doctorat d’État en médecine. Vous avez construit mon socle.
Hommage, à l’occasion du concours d’internat, aux professeurs strasbourgeois, alsaciens ou pas, qui ont fait de moi un chirurgien. Vous avez élevé mon édifice.
 
Je rends ici également un hommage soutenu à tous mes patients qui m’ont tant appris.
Vous avez donné sens à ma vie…
Écrire
Écrire, c’est déborder.
Écrire, c’est torturer notre mémoire, pour la faire avouer.
La césariser, pour en extraire la naissance qu’autrement elle n’aurait jamais donnée.
Écrire, c’est se montrer en ombre chinoise derrière l’écran de l’alibi.
Se donner, de jour en jour, et d’heure en heure, avec le risque de ne pas trouver d’acquéreurs.
Écrire, c’est changer d’accoutrement le temps de visiter notre moi ; afin de pouvoir nous rassurer. Nous dire « Ce n’est pas moi ».
Écrire, c’est fomenter un attentat contre soi.
Accoucher d’un livre tout en en gardant le placenta.
Vouloir raconter ce que parfois tout le monde sait, mais eut la discrétion de ne pas dire.
Larmoyer, tout en faisant semblant d’en rire.
Voilà ce que c’est l’acte d’Écrire.
Une confession des athées…
Une invitation des mots à un bal masqué.
Une réception des lecteurs à une journée « portes ouvertes » de notre pensée…
 
Si écrire est la création d’un ouvrage, l’acte de lire en est le partage.
Un livre est une pensée souveraine écrite à un moment donné. Sa conception est un acte intime où l’écrivain, réuni en colloque avec lui-même, se penche sur sa vision du monde. Avec son propre recul ou sa propre « avancée » vis-à-vis des gens et des évènements.
Toute création humaine artistique (musique, peinture, danse, cinéma) obéit au même processus participatif.
Que vaut un livre s’il n’est écrit et lu que par son propre auteur ?
Ce serait une bobine d’un long métrage avec tout le travail qu’elle a nécessité, l’écran lui faisant défaut au moment de la projection. L’image se dissipera dans le vide et nul ne pourra la voir. Cela n’enlèvera rien à la valeur intrinsèque de la bobine, sauf que le partage sera mort-né. Faute d’écran, il n’a pu avoir lieu. Cela donne toute sa place à cet acte fondamental de nos vies : le partage.
Le livre, une fois lu, ne sera plus l’exclusivité de l’auteur, en ce sens que d’autres personnes pourront désormais en parler. Elles en seront des coauteures.
Lisant un titre, le lecteur « à juste titre » aura été fécondé par les idées du livre. Une fécondation qui pourrait soit avorter par refus de l’opinion exprimée, soit trouver auprès du lecteur une manière similaire de penser qui jusque-là n’avait germé que dans son inconscient. Il y verrait des pensées similaires qu’il n’a pas formulées par lui-même, ou qu’il n’aura pas eu l’envie ni l’audace d’exprimer. Le livre sera alors vécu comme un renfort.
Le lecteur apportera un plus à l’œuvre, et rajoutera, en en parlant, des pages « orales » à l’écrit. Toute œuvre lue se comporte comme un cheval de Troie ; une fois intériorisée, elle tentera d’ouvrir notre forteresse par une critique positive qui enrichit le livre, ou par une critique négative qui l’ampute. Dans les deux cas, il se sera établi un véritable corps-à-corps entre assiégeant et assiégé. Une interaction avec l’idée du livre, la hissant, ou la rabaissant.
Tout livre est contagieux, et tout lecteur en est le miroir réfléchissant, aidant à son intégration ou œuvrant à sa désintégration.
Si l’auteur est le parent naturel de l’œuvre, le lecteur en sera le parent adoptif.
Chaque vie humaine est un chef-d’œuvre en soi, et personnellement j’ai toujours pensé que les cimetières sont des bibliothèques où chaque tombe est un bouquin.
La Bruyère en son temps avait écrit : « Tout a déjà été dit, et nous arrivons trop tard. »
Quand bien même La Bruyère avait raison, jamais nous n’épuiserons la manière de dire, la grâce de narrer, d’analyser, d’agencer, de prioriser.
L’humanité compte autant de sensibilités que de lecteurs.
De futurs auteurs en somme…
Les années d’école
On ne choisit pas le métier de médecin, ou de chirurgien, par un pur hasard, un concours de circonstances, ou pour juste faire de l’alimentaire dans le cadre du « cela ou autre chose… »
 
Non.
 
Ce n’est pas ainsi qu’on devient médecin.
 
La chronologie qui va suivre tracera dans un premier temps une trajectoire scolaire, non représentative certes, mais ne dit-on pas qu’« il n’y a pas de fumée sans feu » ?
 
Elle sera talonnée par la trajectoire universitaire débouchant sur la ô combien intéressante, et attachante que sera celle de la vie trépidante de la carrière hospitalière.
 
L’évènement
L’évènement est survenu tôt dans ma vie.
Très tôt même. En CM1.
Ce fut l’avènement du « classement » des jeunes pousses que nous étions, élèves et camarades de ma classe. Classement, en Premier, Deuxième, Troisième, etc. jusqu’au Dernier.
 
J’ai mis des majuscules aux classements, parce que, malheureusement, cet ordre remplaça presque nos noms et prénoms. Nous disions « le Premier ou le Deuxième ou le Dernier » pour parler de tel élève ou de tel autre.
 
Nous n’en savions rien, tous, tel que nous étions, sur ce phénomène de classement. Nous en ignorions jusqu’à l’existence.
 
En cette mi-décembre, les notes du trimestre devaient nous être rendues et, telle une pluie battante, elles se déversèrent sur nous, inondant notre enfance, charriant avec elle à jamais les couleurs de la quiétude de la vie qui désormais ne s’offrirait plus à nous avec sa splendeur d’avant.
Comble de la chose, voici que mon voisin de pupitre, un certain Joseph K… (Cela me rappelle la première page du roman de Kafka Le Procès , où le personnage principal était un homonyme de mon voisin de pupitre, mais Kafka avait dû se contenter de ne citer que l’initiale de son nom, peut-être pour faire un clin d’œil à son propre nom, ou pour mettre d’emblée du suspense romanesque à son récit débutant.)
« On avait sûrement calomnié Joseph K. […] »
 
En cet instant précis où je raconte ce souvenir, je suis à cent années-lumière de vouloir faire un exercice de style, car ce souvenir me fut douloureux. Je devais avoir un ego prématuré ; toujours est-il que mon voisin de pupitre se nommait véritablement Joseph, mais je m’interdis de citer son nom de famille, pour le seul respect de son anonymat.
Ce nom commençait effectivement par « K » ; et ce Joseph-là, personne ne l’avait calomnié.
Au contraire !
Il venait de découvrir qu’il était le « meilleur » de nous tous comme l’avait dit le Maître.
Il venait de découvrir qu’il était le « Premier de la classe ».
On nous avait demandé de l’applaudir. Le Maître le félicita et le fit asseoir sur sa propre chaise, à son bureau, pendant un petit quart d’heure, ce qui fit naître en moi pour la première fois de ma vie un sentiment humain très connu : la jalousie.
 
Comble de l’évènement, le Maître, une page coloriée à la main, nous apprit qu’elle serait désormais la fiche du classement de chacun de nous tout au long de l’année. Il l’épingla sur le tableau d’affichage à l’entrée de la salle de classe. On y distinguait cinq colonnes horizontales aux couleurs différentes, qui contenaient nos noms. La colonne du dessus, dorée, n’affichait qu’un seul nom : celui du premier.
Joseph y trônait, comme s’il habitait un château.
Celle de dessous était bleue, et cinq noms y figuraient. Elle faisait office de loft ou d’appartement spacieux logeant le deuxième, jusqu’au sixième. Après on passait au vert, qui était encore correct. Puis à l’orange qui faisait figure de cage à lapins, pour finir avec le rouge qui était cave ou cachot, et qui affichait un seul nom : celui du dernier de la classe.
Je ne sais pour les autres, mais pour moi-même ce fut un choc.
Pourquoi tant d’éloges ostentatoires vis-à-vis de ce « premier » de la classe ?
Mon propre nom figurait en douzième ou treizième position dans la colonne orange, mais je me refusais obstinément d’admettre que le Joseph pouvait être, en quoi que ce soit, meilleur que moi.
«  Il n’est meilleur en rien ! Rien, rien, rien.  » Phrase que je me suis répétée en bo

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