J'ai mangé mon totem à Paris , livre ebook

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Ils sont nombreux, les candidats à l'exil. Tous sont prêts à braver n’importe quel obstacle, et rien ne les arrête. Ni le froid de l’immensité (la mer), ni les reptiles et autres dangers des forêts, ni le sable chaud du désert. Ils sont prêts à enjamber les cadavres encore très chauds de leurs devanciers pour parvenir à leur Eldorado. Sans doute parce qu’ils n’ont pas le choix. Ils veulent s’arracher à la misère et à la précarité. Mais le bonheur a un prix qu’il va falloir aussi payer sinon c’est la fin de toutes les illusions. Et encore ! Ce sont ces drames, que vivent ces femmes et ces hommes, qui vont à l’assaut d’un bonheur qui vire très vite au mirage, voire au vinaigre, que dépeint ce livre-témoin de Théodore Dagrou dont le titre, J’ai mangé mon totem à Paris, est plus qu’évocateur.

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Date de parution

14 août 2014

Nombre de lectures

50

EAN13

9782332717221

Langue

Français

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-71720-7

© Edilivre, 2014
Du même auteur
Du même auteur :
1. Comprendre le Code foncier rural de la Côte d’Ivoire , 2002, publié par l’Association Ivoirienne pour le Développement du Droit (AIDD).
2. Comprendre le Code Foncier Rural de la Côte d’Ivoire, revu et corrigé, 2007, publié par Frat-Mat-Editions.
3. Compatibilité du Droit foncier rural ivoirien avec le Droit Communautaire , étude réalisée en 2008 pour le compte de l’Institut de Droit Communautaire (IDC).
4. Le Code foncier rural ivoirien en 100 Questions et plus, 2009, publié par Les Editions du CERAP.
5. Les Non Ivoiriens et le Code Foncier Rural de la Côte d’Ivoire , 2009, publié par Les Editions du CERAP.
6. Les juges et les problèmes de terre , 2013, publié par le Centre National de Documentation juridique (CNDJ).
7. Code Foncier Rural annoté , 2013, publié par le Centre National de Documentation Juridique (CNDJ).
A toutes les personnes
englouties par les cimetières marins.
Plus particulièrement aux victimes de Lampedusa ;
Elles, qui n’auront jamais la chance
de parvenir à leur eldorado…
… malgré tout le courage qui les portait.
Dédicace


A ma famille,
A mes enfants
Dieu ne donne jamais une charge
sans les moyens pour la supporter.
Alors, levez-vous et battez-vous.
Car l’Avenir réserve toujours
le Meilleur à ceux qui y croient.
A Rose Zahi Naki.
Puisse cet ouvrage être
le meilleur témoignage
de notre fraternelle amitié.
Préface et présentation de l’œuvre
J’ai insisté pour écrire la préface de l’ouvrage de mon père 1 . Je ne sais trop pourquoi. Sans doute parce que je tenais à lui rendre hommage à ma façon et exprimer ainsi toute l’admiration que je lui ai toujours vouée. Il est vrai, en effet, qu’il reste pour moi un modèle de sagesse et de vertu. Cependant, je me doute bien que l’entreprise ne sera pas aisée. Je m’attends donc à des critiques pour les maladresses qui ne manqueront pas. Mais puisque j’ai obtenu l’accord pour le faire, alors il faut bien que j’y aille. Dès lors, peu m’importe tout le reste. De toutes les façons, quoi de plus normal ? Et puis, je me satisfais déjà de la joie d’écrire ces lignes en guise d’introduction à ce livre en espérant transcrire au mieux ma pensée.
Ainsi que le lecteur le constatera, « J’ai mangé mon totem à Paris » est un cri de cœur. Nombre de personnes se reconnaîtront dans ces écrits fortement inspirés des témoignages. Et j’insiste sur la dimension témoignage qu’il faut accorder à l’ouvrage. Car, plus que de simples constructions littéraires, il s’agit d’histoires plus ou moins réelles qui traduisent une seule et même aspiration : la recherche d’un bien-être. C’est dire que mon père aurait pu tout aussi bien choisir le titre : « A la recherche du bonheur à Paris ». Mais il est vrai qu’il fait moins « mouche ».
En quittant l’Afrique pour l’occident, nos frères et nos sœurs courent après un mieux-être qu’ils ne sont pas sûrs de trouver sur place. Et ils sont prêts à l’obtenir quels que soient les obstacles qui se dressent devant eux et les sacrifices à consentir. Malheureusement, cette quête obstinée du bonheur ne tend qu’à les enfermer davantage dans leurs illusions. Et c’est là tout le drame, que dis-je, tous les drames-car ils sont nombreux. Ces inconditionnels de l’exil volontaire ont été contraints de faire ce qu’ils n’ont jamais imaginé. Ils ont été amenés à transgresser tous les interdits, à s’affranchir de tous les tabous, pour se donner les moyens de s’intégrer dans le pays de leurs rêves. C’est ce qu’on appelle « manger son totem » .
Pour avoir assisté mon père tout au long de la germination de cet ouvrage (et vous aurez compris mon entêtement), je puis dire qu’il expose au grand jour la détresse et la douleur de ceux qui se battent contre la précarité ainsi que le drame vécu dans leurs âmes et leurs chairs par tous ces exilés qui se retrouvent ainsi prisonniers de leurs propres illusions. Non seulement ils n’ont pas pu avoir ce bonheur qu’ils recherchaient tant mais ils n’ont pas, non plus, le courage de faire machine arrière.
Mais ce livre est aussi un plaidoyer pour un monde un peu plus juste, avec des hommes et des femmes qui ne se satisfont pas de leur seul bonheur, d’un monde humanisé et moins superficiel où l’on recherche d’abord et avant tout la cause profonde des agissements de ses semblables, d’un monde moins nombriliste qui ne ferme pas volontiers les yeux sur la détresse des autres. Malheureusement, hélas ! chaque jour que Dieu fait, l’Occident cherche à ériger des barricades de plus en plus géantes pour ne pas avoir à recueillir ceux que certains ne rechignent pas à qualifier de « misère du monde » . Si seulement chacun pouvait comprendre qu’il ne pourra pas être véritablement heureux si autour de lui il n’y a que tristesse et désespoir. Surtout, quand il est possible de faire quelque chose pour éviter les cris stridents de ces affamés, assis sous les fenêtres, qui ne demandent pourtant qu’à ramasser ce qui tombe des tables surchargées.
Ce livre s’adresse à tous les âges, aux jeunes comme aux vieux. Ecrit par un modeste homme qui, au demeurant s’essaie à l’écriture, il ne transformera pas le monde. Je souhaite seulement que cette œuvre contribue, d’une manière ou d’une autre, à changer les mentalités et à ramollir un temps soit peu, les certitudes, et ce, de tous les côtés. En tout état de cause, je reste convaincue d’une chose : la profondeur du message que cet ouvrage véhicule ne vous échappera pas.
C’est pourquoi je me risque volontiers à un pari : Lisez « J’ai mangé mon totem à Paris ». Vous m’en direz, sans aucun doute, des nouvelles./
Pascale DAGROU.
1. La préfacière, Pascale est la benjamine de la famille DAGROU .
1. J’ai mangé mon totem à Paris
– Regardez là-bas, cette femme qui passe avec son sac, dit monsieur Dutort.
– Oui, il est beau. Ça doit être du Louis Vuitton, répondit Rosalina.
– Regardez cette autre femme qui la suit et qui a l’air très pressé.
– Je vois. Elle a un très joli manteau. Il a dû coûter très cher, répondit-elle encore.
– Observez aussi le monsieur de l’autre côté, tout au fond.
– Celui qui tire une petite valise ?
– Oui, c’est cela.
– Je vois. Mais au fait, où voulez-vous en venir ?
– Vous allez comprendre, dit monsieur Dutort, alors qu’il venait de tirer deux bouffées de pipe.
– Eh bien ! chacune de ces personnes a ses problèmes. La première a les siens enfouis dans son sac. Mais elle ne les expliquera à personne. Et là encore ! Car ce n’est pas tout qu’on dit. Pourtant ils lui pèsent dessus. Ils sont une partie de son existence. Elle doit donc tout simplement assumer.
– Je comprends, rétorqua Rosalina.
– Il en va de même pour la seconde. Dans son manteau se trouve tous les problèmes et tous les déboires qu’elle a rencontrés ici en France. Ces difficultés la tirent vers le bas et l’empêchent de se mouvoir. Mais elle est bien obligée de faire avec.
– Certainement, répondit encore Rosalina.
– De même l’homme. Sa valise contient les écueils de sa vie. Mais il avance inlassablement. Il ne doit pas s’arrêter à l’instar d’un cycliste qui doit continuer de pédaler sur la colline s’il ne veut pas dégringoler.
– Je vois, dit Rosalina.
– Tous les trois avancent malgré leurs lourds fardeaux. Ils auraient certainement voulu s’en passer. Mais ils ne le peuvent. Hélas !
– Je vois, dit-elle.
– Ce qu’ils sont venus chercher et ce qu’ils ont fait n’ont rien à voir avec ce à quoi ils ont rêvé.
– Comme vous le dites.
– En réalité, ils n’ont pas eu le choix. C’était ça ou le retour à la case départ. Chacun a eu à faire un jour ou l’autre ce qu’il n’aurait jamais dû faire. Sinon c’était la fin de l’aventure, le retour au pays ; ce pays qu’il a décidé de laisser là-bas, derrière lui, volontairement pour s’expatrier. La porte du bonheur se serait brutalement fermée devant lui. On l’aurait probablement renvoyé aussitôt chez lui, pour retrouver les dures réalités.
– Sans doute !
– Mais pour eux, tout cela, c’est désormais du passé. A présent, chacun peut « faroter » 1 comme on le dit chez vous.
– Chez nous ? Vous connaissez chez moi ?
– Bah ! je pense que vous êtes du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Mali ou du Congo…
– Ah, d’accord ! Vous pouvez continuer.
– A présent, le plus dur semble passé pour eux. Alors, ils essaient d’oublier ce que le système et la société leur ont fait endurer…
Il marqua une pause pour tirer encore deux bouffées de pipe. Puis il ajouta :
– Ils sont tombés sur des pratiques et sur nos travers. Ils devaient s’y faire, se laisser modeler, s’incruster à l’intérieur ou sécher carrément comme des poissons sur la berge après le retrait de la rivière. Mais ici, c’est « chacun pour soi Dieu pour tous ». Il s’agit là d’une réalité qu’il faut comprendre. Et tout de suite. En tout cas, il faut être vif d’esprit pour prendre aussitôt la décision qui s’impose. Sinon on n’aura que ses yeux pour pleurer. Ceux qui n’auront pas avisé à temps ploieront sous le poids du passé douloureux et des ressentiments permanents. Ils s’en voudront à mourir. Et un jour, malheureusement, ils mourront, loin de la terre de leurs ancêtres. Alors, on transportera leurs restes pour les ensevelir sous la terre qu’ils ont fuie et que, de leur vivant, ils n’auraient certainement jamais eu le courage de regagner.
– Oui, répondit Rosalina.
– Tout cela pour dire que la vie d’immigré est dure. Et pour emprunter encore une expression de chez vous, « Paris est dur comme caillou » 2 .
– C’est ça. Paris est vraiment dur comme cailloux, répéta-t-elle.
– Ah ! vous avez maintenant compris où je veux en venir, rétorqua monsieur Dutort.
Visiblement, c’

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