J ai neuf ans...
74 pages
Français

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Description

« Voilà mon pays, je suis heureuse et je voudrais déjà être dans les bras de mon petit Papa ! Il me tarde tant d'arriver. Patience, encore deux cent kilomètres et nous serons chez nous... » Dans ce récit autobiographique, Christiane Raymakers revient sur un épisode décisif de son enfance. En 1940, elle est contrainte de quitter sa Belgique natale pour se réfugier durant trois mois en France. Entourée de sa mère, ses deux grand-mères, sa sœur cadette et de ses tantes, son exil sera jalonné de péripéties. Elle relate cette expérience inoubliable avec une acuité et un sens du détail étonnants pour une enfant de cet âge. Comment ne pas partager son émotion lorsqu'elle retrouve son père et son cher foyer ? Ce témoignage empreint de sensibilité sur la Seconde Guerre mondiale participe à l'indispensable travail de mémoire enrichi par les délicates illustrations réalisées par son frère et les photographies de famille.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342168495
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

J'ai neuf ans...
Christiane Raymakers
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
J'ai neuf ans...
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
À mes petits-enfants : Gilles, Loïc, Florence, Manon, Pierre, Nicolas, David, Martin, Robin et Baptiste.
À mes arrière-petits-enfants : Bella-June, James, Jude, Juliette, Basile et Athéna.
 
Chapitre 1 : la guerre
Vendredi 10 mai 1940 à 8 heures du matin
 
« Christiane ? Christiane ? » On m’appelle, c’est notre petite bonne Berthe qui me secoue gentiment. Péniblement je m’éveille, encore à moitié au pays des rêves, je me frotte les yeux, mais elle insiste : « Vite, vite, lève-toi, habille-toi, tu ne vas pas à l’école aujourd’hui… »
Une petite idée passe rapidement dans ma tête : ça, c’est amusant, je vais pouvoir jouer. Elle ajoute toute tremblante : « C’est la guerre ! »
La guerre ! Mais c’est grave, c’est l’horreur, paraît-il !
Depuis plusieurs jours déjà, la radio nous en parle et cette fois, ça y est. Mais c’est quoi, la guerre ? Que se passe-t-il pendant la guerre ? Comme pour répondre à mes questions, j’entends maintenant très distinctement au loin un très gros bruit sourd de moteurs qui ronflent et des sifflements très légers qui deviennent de plus en plus forts comme quelque chose qui veut nous écraser, et enfin un « Boum » terrible. On apprendra plus tard que c’était la première bombe tombée sur la ville et qui a atteint l’hôpital. Beaucoup de personnes sont mortes ainsi que monsieur le Doyen retrouvé enseveli dans son confessionnal.
J’ai neuf ans et j’ai peur, très peur, je veux rejoindre Maman, Papa, vite ! Où êtes-vous ?
En bas, au salon, il y a beaucoup de monde, mes grands-mères, mes tantes Germaine et Paula qui sont vertes de peur, il y a aussi la vieille Tante Euphrasie qui égrène son chapelet de buis, mon arrière-grand-mère de quatre-vingts ans, Marie, assise droite comme un i dans un fauteuil, le Grand-Oncle Émile et son épouse Marie qui ne quitte pas le bras de son cher époux. L’Oncle Émile inquiet et nerveux sort pour la dixième fois sa montre en or de son gousset.
Ma petite sœur Jacqueline, trois ans, s’amuse, court autour de lui en quête de bonbons. Elle sait bien qu’ils voisinent dans une petite boîte d’argent avec la montre en or du gousset !
Tous sont venus chercher refuge chez nous. La maison est grande, on s’arrangera, quitte à dormir au salon sur des matelas de fortune. La bonne Berthe, dans sa cuisine, s’affaire pour nous servir du café à tout moment.
Mais tout à coup, voilà un de ces avions qui s’approche et semble tomber sur la maison. Tout le monde se rue au jardin. Pourquoi ? Pour se cacher, mais où donc ? En dessous du grand cerisier ? Derrière le beau lilas en fleurs ? Se coucher contre le mur du jardin de monsieur le curé ? Cette fois, je la vois, cette fameuse bête hurlante, je peux même apercevoir le pilote, je sais maintenant qu’elle s’appelle Stuka.
Me voilà cachée près de la tante Euphrasie et ne peut m’empêcher de rire ; elle est penchée en avant, la tête près du sol, comme une autruche, mais son postérieur bien en l’air comme une cible possible.
Et puis le silence s’installe, tout le monde sort de sa cachette et c’est à nouveau la grande réunion au salon où petit à petit chacun s’exprime à sa façon, par pleurs, recommandations, suppositions et projets futurs.
Une voix est prédominante, celle de Bobonne, ma grand-mère maternelle, mais pourquoi elle ? Il faut savoir que mon grand-père, colonel, commande le 2 e  Chasseurs ardennais à Bastogne, mais à la maison, c’est ma grand-mère le chef, et c’est tout naturellement qu’elle prend la direction des opérations. Moi, je me suis éclipsée, j’en ai marre des discussions. Je vais chercher ma petite voisine, aussi une Jacqueline, pour jouer au jardin.
Il fait si beau, le soleil est chaud, tout doré, pourquoi ne pas profiter de ce temps printanier ? Nous promènerons nos poupées et nous ferons dînette à l’ombre du cerisier. Par les fenêtres ouvertes du salon, des phrases angoissées, mystérieuses, me parviennent. Bobonne, comme prévu, parle d’une voix autoritaire : oui, il faut partir et vite, il faut fuir les Allemands.
Ayant vécu la Première Guerre, les batailles du Nord, Dunkerque, plus tard la Flandre et l’Yser, elle sait ce qu’il faut faire. Les mots d’ordre sont : préparer les valises, emporter le moins possible, le strict nécessaire. Déjà Maman, aidée de Berthe, s’affaire à tout ranger. Les autres sont repartis chez eux pour faire de même. Demain ce sera le départ.
Chapitre 2 : Le départ – L’exode
Les voitures sont en ordre de marche. Dans la grande Ford, prendront place ma tante Paula, excellent chauffeur, Maman avec ma petite sœur sur les genoux, et moi-même. Sur la banquette arrière, ma grand-mère paternelle, la vieille tante Euphrasie et ma tante Germaine, sœur de Papa.

Dans l’autre voiture, l’oncle Émile, chauffeur, mon arrière-grand-mère de quatre-vingts ans et les deux sœurs, Bobonne et Marie, tante de ma mère. Berthe, en pleurs, s’active à descendre valises et sacs. Une chose la console, elle rejoindra sa famille...

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