J étais sportif mais ça va mieux
206 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

J'étais sportif mais ça va mieux , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
206 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Et puis tout à coup, le drame. Le geste inévitable, la bavure... ! Un des policiers venus en renfort est soudain pris d'une frénétique envie de dégainer. Dans un hommage ultime à John Mac Lane et à l'inspecteur Harry, il tente le coup de folie, le geste que personne n'attend et qui transforme un policier ordinaire en sauveur de l'humanité. Clint Eastwood et Bruce Willis n'auraient certainement pas fait mieux. Notre héros a le même rictus que les plus grands justiciers, ce fameux mélange de concentration avec une pointe d'arrogance et de jouissance intérieure. Les yeux concentrés sur la future victime, il se lance vers Alain Bernard d'un pas ferme et décidé. Il dégaine un stylo et se met à hurler : “un autographe pour mon fils Jonathan s'il vous plaît” ! En cette après-midi de mars 2008, j'ai moi aussi replongé dans la maladie du sport. Je suis reparti trente ans en arrière... Retour au sport-étude, retour au début de l'histoire. Je vais tout vous dire, tout avouer, c'est promis. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 octobre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342013733
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

J'étais sportif mais ça va mieux
Robert Leroux
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
J'étais sportif mais ça va mieux
 
 
 
À mes parents qui m’ont beaucoup donné, y compris le goût de lire et d’écrire
 
 
À Manon et Inès
 
 
 
Prologue
 
 
 
« Come on… make my day »
Clint Eastwood
 
 
Aéroport de Roissy, mars 2008
La scène ressemble au moment crucial d’un polar, quand le bandit se fait cueillir par la police. Instant suspendu dans le temps où d’un seul coup tout bascule, où le héros comprend subitement qu’il est fait comme un rat. Tout s’écroule, les repères, les certitudes…
Que suis-je donc venu faire dans cette galère ? disait l’autre. Idem pour moi. Pourquoi me jeter dans la gueule du loup ? Moi, le malade du sport ayant tenté l’impossible guérison, je me retrouve au beau milieu d’un aéroport avec des gens très bizarres venus attendre le nouveau champion… la terreur des bassins, l’homme qui a été flashé trois fois à très grande vitesse. Trois records du monde à quelques mois des jeux Olympiques de Pékin, ça ne laisse personne indifférent… même un malade en voie de guérison. J’aurais dû y penser… j’aurais dû refuser d’être son manager. Inconscience.
C’est toujours quand tu crois que tu es tiré d’affaire, que tu penses être assez fort pour résister, que tu te fais rattraper. La maladie du sport c’est comme la clope. Tu vas bien, tu t’es désintoxiqué, tu vis mieux et là, d’un seul coup, à l’occasion d’un barbecue avec des potes, entre le café et le pousse-café, il y en a un qui sort un paquet et qui t’en propose une… Bingo ! C’est reparti, tu replonges. Le sport c’est pareil.
Que suis-je allé faire dans cette galère… !
Trente CRS, plus une équipe de policiers en soutien, plus un essaim de journalistes et moi au milieu ! On a connu mieux comme guérison. Il se pourrait même qu’il y ait les services secrets mais justement comme c’est secret… impossible de savoir.
Bref, il y a du beau monde à Roissy. Beaucoup de forces de l’ordre visibles et invisibles. Tout ce beau monde plus moi. Tout ce déploiement pour accueillir et protéger une nouvelle star du sport : Alain Bernard.
La tension est palpable. Une crispation de chaque instant visible sur les maxillaires sculptés d’un CRS martyrisant un chewing-gum. Puis d’un seul coup, le sursaut suivi d’un branle-bas de combat. Une hôtesse en tenue officielle, spencer bleu nuit et chignon parfait, vient annoncer d’une petite voix fébrile : « il arrive dans deux minutes ». Elle pousse même le perfectionnisme jusqu’à repasser la porte pour annoncer : « il arrive dans trente secondes ». Pas nette l’hôtesse ! Soit elle en a marre d’Air France et ambitionne de rejoindre la compagnie de CRS du Val d’Oise – les vocations des uns et des autres, ça ne se critique pas –, soit elle est subitement tombée amoureuse de l’adjudant, képi sur le coin du sourcil et regard affûté. Là aussi pas de commentaires, tous les goûts sont dans la nature.
Le temps que l’hôtesse reparte en dandinant du chignon et quelques secondes plus tard c’est enfin la délivrance. Alain Bernard est là de l’autre côté de la porte vitrée qui d’un seul coup apparaît sous-dimensionnée. Les battants s’entrouvrent et les corps s’agitent dans un balai désorganisé. La nouvelle star tombe dans la nasse comme une starlette people tomberait d’un plongeoir dans une émission sur TF1. Le transfert mouvementé vers la voiture qui l’attend, moteur en marche et gorille au volant, commence. A mi-chemin, tout se déroule parfaitement. On compte simplement quelques dommages collatéraux… une arcade sourcilière ouverte à cause d’un objectif de caméra et un photographe renversé par la meute puis généreusement piétiné par l’adjudant et ses collègues. Tout va bien…
Et puis tout à coup, le drame. Le geste inévitable, la bavure… ! Un des policiers venus en renfort est soudain pris d’une frénétique envie de dégainer. Dans un hommage ultime à John Mac Laine et à l’inspecteur Harry, il tente le coup de folie, le geste que personne n’attend et qui transforme un policier ordinaire en sauveur de l’humanité. Clint Eastwood et Bruce Willis n’auraient certainement pas fait mieux. Notre héros a le même rictus que les plus grands justiciers, ce fameux mélange de concentration avec une pointe d’arrogance et de jouissance intérieure. Les yeux concentrés sur la future victime, il se lance vers Alain Bernard d’un pas ferme et décidé. Il dégaine un stylo et se met à hurler : « un autographe pour mon fils Jonathan s’il vous plaît »  !
En cette après-midi de mars 2008, j’ai moi aussi replongé dans la maladie du sport. Je suis reparti 30 ans en arrière… Retour au sport-études, retour au début de l’histoire. Je vais tout vous dire, tout avouer, c’est promis.
 
 
 
Chapitre 1. Les apprentis champions
 
 
 
« Dieu a partagé : il a donné la nourriture aux riches et l’appétit aux pauvres. »
Coluche
 
 
Quand tu es un jeune ado de 14 ans et que tu es déjà bien imbibé de sport, la solution qui s’offre à toi est simple. Soit tu vas tenter la première clope avec les copains à la sortie du collège soit tu vas tenter le premier régime en allant en sport-études à Font-Romeu ! Pour moi ce sera direction les Pyrénées… Lycée climatique et sportif… Centre curatif pour gamins asthmatiques et trublions athlétiques. Six mois à peine après mon arrivée, j’avais déjà frôlé la mort. Le médecin a dit à mon entraîneur et à mes parents : « Il faut ralentir sinon on va le perdre, à ce rythme-là il ne passera pas l’hiver » . Alarmiste quand même le toubib ! Tout ça pour un taux de masse grasse de mannequin vedette à 6 % : à peine 3 fois moins qu’un homme sain et en pleine forme qui fait métro, boulot, et dodo quand il lui reste du temps ou quand la RATP n’est pas en grève.
À Font-Romeu, le métro ce n’était pas pour tout de suite, la grève non plus d’ailleurs… Du coup on faisait tout en courant ou à la nage. Forcément, au bout d’un moment ça tire un peu sur les lipides. Donc, pour contrecarrer la fuite du gras, j’ai reçu des colis toutes les semaines avec de la nourriture appropriée. Que du diététique pour malade en manque : crème de marrons, gâteau Papy Brossard et pain d’épice. Grâce à ça j’ai quand même réussi à passer la barre des 7 % et l’hiver Pyrénéen, celui de 1981. Un long hiver aussi glacial que le vent parcourant l’échine d’un riche rentier voyant arriver Mitterrand au pouvoir au printemps de la même année. C’est à peu près la même chose… toi, tu te gèles dans les Pyrénées et lui, il part se les geler en Suisse. Glacial, je vous dis !
Bref, pour ceux qui ne connaissent pas les Pyrénées, Font-Romeu c’est joli. Il y a de belles pistes de ski, de magnifiques hôtels, une vue superbe sur le Canigou. Attention, Canigou ce n’était pas la nourriture que nous avalions, non ! Nous, on avait la même gamelle mais sans le goût pour éviter de s’embourgeoiser ! Canigou, en réalité c’est le nom de la montagne de l’autre côté de la vallée. Un mont majestueux culminant à plus de 2 700 mètres. Sa simple vue ou bien l’évocation de son nom suffisaient à nous laisser rêveurs et la bave aux lèvres. Comme un élevage de chiens de traîneaux qui cavale 20 bornes par jour et qui, au moment de manger la gamelle, voit le gros Lucien remplir sa 4L avec des caisses pleines de victuailles. Forcément, ça fait un creux dans la masse grasse et ça aiguise les crocs ! Du coup, avec le manque, les effets pervers ont commencé à apparaître au grand jour.
Premier symptôme, le plus flagrant : une propension à attaquer les plus faibles ! À l’heure où les collégiens en pension s’amusent à se bizuter en jouant à se faire le lit en portefeuille et les parties intimes au cirage, les Biafrais de Font-Romeu menaient des opérations punitives ciblées sur ceux qui mangeaient leurs colis dissimulés sous leurs couvertures : « alors, on bouffe en juif ? On partage pas avec les copains ? ». Chopé comme un lapin en plein phares au milieu d’une départementale, le contrevenant aux règles les plus élémentaires de la vie en milieu carcéral des dortoirs de Font-Romeu n’avait d’autre choix que de transmettre l’intégralité de son banquet aux plus forts. Avec mes deux bras en forme de cure-dents, je n’étais pas à proprement parler l’exemple type de la bête de dortoir, mais avoir des copains lutteurs ça aide toujours. Cette amitié salvatrice m’a donc permis de bénéficier d’un répit culinaire qui refoulait temporairement mes instincts de cannibalisme. Ceci dit, tout n’était pas si simple. Il nous arrivait tout de même de rencontrer quelques impondérables, par exemple quand nous tombions sur un Français dont la souche remontait jusqu’aux bords de la mer morte ou sur un Français issu d’une souche d’olivier du bled. Leur dire « qu’ils bouffent en juif » ça réveillait en eux des instincts de rébellion bien légitimes. Nous étions donc obligés d’argumenter avant de pouvoir passer aux agapes. C’est à ce moment-là que j’intervenais pour me substituer au lutteur. J’avais effectivement une musculature de la langue qu’eux n’avaient pas encore développée. Attention, nous n’étions pas du tout racistes, Jean-Marie était à l’époque aussi inconnu pour nous que la littérature pour Frédérique Lefebvre ou bien l’âge de la majorité en Thaïlande pour Frédéric Mitterrand. Du coup je leur assénais une formule choc : « jeune éphèbe, excuse-nous si nous t’avons quelque peu vexé mais peux-tu s’il te plaît partager cet humble repas que tu ingurgites en solitaire sous les draps de ta couche. Allez, sois compréhensif s’il te plaît, mon ami Wil

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents