83
pages
Français
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2020
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Ebook
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Publié par
Date de parution
02 novembre 2020
Nombre de lectures
3
EAN13
9782304048520
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
02 novembre 2020
Nombre de lectures
3
EAN13
9782304048520
Langue
Français
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1 Mo
Charles Dreyfus PechKoff avec la participation d’Antigone Mouchtouris
Jean Dupuy écrit à Charles
New York-Paris
Collection Topos
é ditions Le Manuscrit Paris
EAN 9782304048520
© Octobre 2020
Dans la même collection
Emotions (en) vie sociale , Antigone Mouchtouris, 2019
La Patrimoinde de l’autre , Antigone Mouchtouris et Francesca de Micheli, 2019
L’Art au féminin, tomes I et II , Marie Bagi, 2019
Le philosophe et ses avatars dans les cités , Panagiotis Christias, 2018
Remords et honte , Antigone Mouchtouris et Emmanuel Jovelin, 2017
Le Sentiment esthétique , Joëlle-Andrée Deniot, 2017
Temps et devenir , Antigone Mouchtouris et Hervé Levilain, 2017
La nostalgie comme sentiment , Piero Galloro et Antigone Mouchtouris, 2016
Métaphonies , Charles Dreyfus Pechkoff, 2016
Stress et temporalité : du travail à la performance sportive , Antigone Mouchtouris et Olivier Lambert, 2015
Passions sociales , Bernard Valade, Antigone Mouchtouris et Éric Letonturier, 2014
Temporalité et jugement social , Antigone Mouchtouris, 2014
Actualité de la pensée grecque , Antigone Mouchtouris et Panagiotis Christias, 2014
Eros et Liberté , Joëlle Deniot, Antigone Mouchtouris et Jacky Réault, 2014
Actualité muséale , Antigone Mouchtouris et Tiphaine Barbier-Verley, 2013
La réception des œuvres artistiques , Antigone Mouchtouris, 2013
Collection Topos
Durant six années la collection Topos a réussi, dans la continuité, à développer en privilégiant quatre domaines :
• Emotions et sentiments
• Temps et temporalité
• Culture et art
• Philosophie et société
La collection Topos poursuit son objectif premier d’être un espace de dialogue pour promouvoir la pensée innovante.
Introduction
Antigone Mouchtouris 1
Les lettres ou l’art épistolaire obéissent à des règles bien strictes. En effet, il y a une littérature épistolaire des philosophes, hommes de lettres, parfois structurée comme des nouvelles ou des extraits philosophiques. En revanche ce n’est pas le cas ici ; les lettres présentées dans cet ouvrage sont spontanées sans aucune prétention d’être publiées. Ce qui fait leur charme. Si Jean Dupuy n’avait pas l’intention de soigner son style d’écriture dans ces lettres, il privilégie souvent leur graphisme. Il nous laisse des pages agréables à regarder, avec des dessins, des pensées par-dessus des dessins ; il écrivait ses préoccupations comme lui voyait le monde et tel qu’était le monde autour de lui. C’est pour cela que ces lettres ont un grand intérêt pour le lecteur actuel.
La création culturelle peut être en « croissance » et en « décroissance ». Pour la croissance, on dirait qu’il y a des périodes historiques qui sont plus propices que d’autres. Les années 1960 ont été une période de grande effervescence culturelle et socio-politique. Durant ces années, nous avons assisté également à un déplacement de l’espace de la créativité. L’effervescence artistique se définit dans une spatialité/temporalité culturelle qui, ces années-là, a changé de continent.
À travers cet exemple, l’on peut voir comment cette nouvelle spatialité/temporalité a pris forme durant ces années-là. Depuis la victoire de Robert Rauschenberg à la Biennale de Venise en 1964, un déplacement de la création artistique s’est produit, quittant Paris, vers principalement New York.
Comme on le verra dans cet ouvrage inédit, il y a eu une série d’échanges entre ces deux acteurs de l’époque. On retient davantage les écrits épistolaires de Jean Dupuy adressés au jeune artiste plasticien Charles Dreyfus Pechkoff. Ce dernier est plus jeune de vingt-deux ans que Jean Dupuy. Après leur rencontre au printemps 1972 à Paris, au début de l’été, il rejoint Jean à New York pour finir sa maîtrise dans laquelle il consacrera un chapitre à Jean Dupuy et la participation du public dans l’art. Ces lettres témoignent de la façon dont les artistes voyaient leur propre monde et percevaient leur place et leur rôle social.
Pour comprendre ce contenu, il faudrait revenir sur les lieux, dans l’ambiance et l’état d’esprit de l’époque ; d’une certaine façon, nous allons essayer de parler, comme C. Castoriadis, des significations et actions du passé appartenant au monde telles qu’elles ont été produites. Cela demande d’effectuer un retour dans le passé, en essayant d’aller plus loin au-delà des apparences et démontrer les échanges entre les artistes dans leur contexte. Ainsi le lecteur, presque cinquante ans plus tard, prend conscience de l’euphorie, de l’ambiance de cette période et de l’état d’esprit dans lesquels ces échanges se sont produits.
Après autant d’années, publier cette correspondance est très important pour les nouvelles générations ; c’est en quelque sorte un prolongement du passé sans signe de nostalgie, mais également une nécessité de connaître au-delà de l’œuvre d’un artiste ce que le grand public ignore souvent : l’arrière-plan, les coulisses des avant-gardes. Ce qui peut être communiqué d’un artiste à l’autre de façon intimiste nous permet de comprendre le contexte particulier des années 1970. Indirectement, on pourra entreprendre une comparaison avec ce que constitue notre présent.
En effet, les années 70 furent une période charnière pour les avant-gardes 2 . Ces lettres sont le reflet de ce que peut vivre un être singulier, comme un artiste à l’imagination débordante, après la déferlante contre-culture de la décennie précédente de l’autre côté de l’Atlantique. Le tout est plus nuancé, sans oublier le désir de nous projeter vers le futur, malgré les obstacles.
Suite au voyage de Charles à New York durant l’été 1972, tous deux sont devenus très proches, ce qu’on constate dans ces lettres.
Jean et Charles ont construit une solide amitié qui dure, ce qui signifie que les années furent comme un ciment ; pour Charles, c’était comme une référence, un confident ayant une expérience de vie, en tout cas, dans l’esprit de l’époque où régnait une plus grande convivialité. Pour Jean, Charles était un jeune qui montait et qu’il fallait épauler. Un fils qui pouvait lui apporter une compréhension générationnelle différente : « Quand je l’ai connu, j’ai vu un jeune, timide, plein de boutons. Je me suis dit «il est bien timide», mais dès qu’il parlait, il ne disait pas de bêtises, je voyais qu’il était très intelligent. » Avec ses paroles, il a embrassé avec beaucoup de générosité ce jeune timide.
Les individus sont des vecteurs de changement et les déplacements exprimés dans ces lettres nous ont permis de savoir comment les événements se sont déroulés et ce qui a représenté une valeur durant cette période.
Lire et présenter des lettres est instructif aux nouvelles générations pour constater l’espace du possible de l’avant-garde que représentait New York dans les années 1970, et aussi ces allers-retours et les deux points de vue idéologiques entre Paris et New York.
Pour Charles Dreyfus Pechkoff, c’est une étape et si l’on veut comprendre Jean Dupuy, il faut la connaître. À un moment de rupture dans sa vie d’artiste, Jean a jeté un grand nombre de ses toiles ‘abstraites’ dans la Seine, avant de quitter Paris. L’artiste ne se sent jamais déraciné, il ramène avec lui l’image outre-Atlantique et ce que son pays d’origine a construit, chaque topos lui appartient, chaque topos est sa patrie, il crée des ponts entre les cultures et les gens.
Il ne parle pas comme un artiste mal-aimé, il exprime seulement que la France ne lui procure plus rien et que les intellectuels en partent. Il avait une grande et profonde volonté de découvrir ce qui se passait ailleurs qu’en France ; il connaissait tout le petit monde parisien, ses amis avaient obtenu des postes importants ; lui voulait rester un peu à part, ne pas rentrer dans l’establishment.
Faire parler un individu de son passé ce n’est pas un acte anodin, ni facile. Car en laissant les gens parler, ils feront tout pour dire ce qu’on aime entendre ou ce que leur milieu attend et veut entendre ; sous cette pression, l’artiste reprend l’image que ce milieu lui a forgée ou encore ne fait que suivre une mode qui s’avérera par la suite seulement passagère. Il obéit au milieu artistique ; ce qu’il faut faire pour être branché ou pas, ce qui est porteur dans l’espace public. En revanche, les lettres parlent d’elles-mêmes, d’autant plus que cet artiste ne voulait pas forcément rester dans l’histoire à travers elles, ce n’est pas un homme de lettres, mais un artiste plasticien.