Jeanne de la périgouse
192 pages
Français

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Jeanne de la périgouse , livre ebook

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Description

Jeanne n'a que 19 ans quand elle est nommée Institutrice, sur son premier poste, quelque part sur le Causse Méjean, en Lozère...seule et loin de tout.
La guerre vient d'être déclarée et les conditions de vie pour la jeune fille sont rudes. Mais c'est sans compter sur la volonté de Jeanne qui aime son métier plus que tout ...
Ce sont de nombreux entretiens entre la vieille dame et l'auteur, qui la trame de ce livre. Jeanne y raconte sa vie professionnelle et personnelle où elle témoigne aussi des formidables changements qui sont survenus dans les campagnes françaises.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 décembre 2013
Nombre de lectures 4
EAN13 9782332622174
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-62215-0

© Edilivre, 2014
« La vie est une phrase interrompue ».
Victor Hugo
Jeanne
Dédicaces
Je dédie cette biographie à mes enfants, mes petits-enfants et arrières petits enfants qui depuis si longtemps m’exhortent à l’écrire : « Écris nous ton livre, maman, rien que pour nous, on aimerait tant ! », dit Jeanne.
Je dédie ce livre à toutes les institutrices et à tous les instituteurs de campagne qui ont avec abnégation et enthousiasme, exercé leur si beau mais si difficile métier… et en particulier à mon amie Jeanne, dit Catherine.
Avant-propos
J’ai mis longtemps avant de trouver le bon rythme pour l’écriture de cette biographie, [pour être exacte, je devrais dire pour la retranscrire] non, parce que celle qui me faisait face, n’était pas explicite dans ses souvenirs ou qu’elle en occultait des pans ou des parties, mais plutôt parce qu’elle était incroyablement précise et déterminée à me dévoiler le cours de sa vie. J’avais l’impression que je m’immisçais dans sa mémoire et du coup, en me désignant comme sa dépositaire, elle m’imprimait quelque chose de l’ordre de l’appréhension à la décevoir et de l’angoisse à désenchanter son récit. Car Jeanne possédait une énorme envie de léguer son histoire et de témoigner des changements survenus durant sa vie. Mais transmettre son savoir ou ses souvenirs, n’est-ce pas pour elle, indissociable de sa condition d’institutrice ?
J’ai commencé par enregistrer les paroles de Jeanne, mais ni elle ni moi n’étions à l’aise avec ce procédé. J’ai donc décidé de prendre des notes lorsqu’elle s’exprimait puis à l’aide de mon ordinateur, je transcrivais sa parole une fois rentrée chez moi. Puis j’imprimais, et lui donnais à lire ces premières pages. Elle les modifiait, ajoutait des précisions ou des commentaires qu’elle retrouvait à la relecture de ce que j’avais déjà écrit pour elle.
C’est ainsi, en lui rendant maintes fois visites que se structura mon texte qui est d’abord le sien. Mon livre achevé ; je lui redonnerai ses pages ; remplies de sa belle écriture ronde, bien tracée, facile à lire, sans hésitation et sans faute ; car elles sont sa propriété.
Et puis je m’étais attaquée à l’écriture d’une fiction qui prenait racine au plus profond de mon enfance : conduire en parallèle la construction de ces deux manuscrits, me soutenait car je pouvais passer de l’un à l’autre avec plaisir.
Je compris petit à petit qu’utiliser mon propre vocabulaire et ma façon d’écrire, n’altérait en rien sa parole mais qu’au contraire en me l’appropriant, je la rendais plus vivante et plus aisée à parcourir. Il me fallait trouver sa cadence et suivre sa respiration.
Jeanne possède une bonne humeur et une vitalité si grande et si communicative que je me laissais convaincre de devenir, et avec grand plaisir, sa plume !
Présentation
La Périgouse dans le patois d’ici, ça signifie : « la pierre sèche » ; et des pierres sèches, là-haut sur le causse de Sauveterre, il y en a partout et à perte de vue. Des pierres faites d’un calcaire blanc, friable, et si léger qu’il tinte quand on marche dessus. Une pierre qui se délite et qui donne l’incroyable impression, de piétiner des morceaux de vaisselle brisée avec les semelles de nos chaussures. Le Causse c’est aussi le domaine du vent et des herbes folles qu’on appelle des cheveux d’ange, qui brillent sous le soleil et qui transforment le paysage chaque début d’été, en un ondoiement lumineux. C’est aussi celui des grands troupeaux de moutons qui se confondent de loin avec les rochers dont ils ont pris la couleur, des vautours qui planent avec lenteur en suivant les courants du vent pour s’élever dans le ciel et des vastes maisons bâties sur des voûtes, aux toits couverts de lourdes lauzes de pierre, aux murs épais et massifs qui les arriment au sol. C’est un paysage immense, aride, aux amplitudes de températures énormes, beau à couper le souffle mais difficile à appréhender et à endosser, lorsqu’on n’y est pas né.
Jeanne y habite depuis qu’elle est mariée, ou à peu près, dans un vieux mas, défini par un grand nombre de bâtiments en pierre, reliés entre eux par des ruelles, des voûtes ou des escaliers. Et, si elle a les deux pieds bien ancrés dans ce sol rocailleux, elle n’y a pas toujours vécu : elle explique même d’un air malicieux : « j’ai beaucoup voyagé, vous savez ! ». Elle ajoute qu’elle aime ces grands espaces où le soleil reste présent beaucoup plus longtemps que dans le fond de la vallée où, dès quatre heures de l’après-midi, il disparaît tout à coup derrière les grandes falaises ! Comme si quelqu’un éteignait brusquement la lumière. « Mon aïeule est née à quelques distances d’ici et j’aime à penser que je suis comme elle ; une « caussenarde », ajoute-t-elle avec un petit brin d’orgueil.
Elle vit seule mais à côté de la maison de ses enfants, dans une demeure envahie de chats gris aux longs poils et de chiens bruyants et démonstratifs qui montent une garde toute approximative. Depuis sa terrasse, elle aime embrasser du regard l’immense paysage qui s’étale devant elle, changeant et variable suivant la saison, la lumière et l’heure de la journée. Elle désigne du doigt les chevaux au poil bourru qui viennent boire dans l’abreuvoir à quelques dizaine de mètres de son habitation et dit : « ils sont beaux en hiver, on dirait qu’ils sont habillés de velours ! » Merveilleuse Jeanne qui malgré ses quatre-vingt-treize ans, garde ce formidable pouvoir de s’étonner des beautés d’une nature qu’elle connaît pourtant par cœur.
Il est difficile de donner un âge à Jeanne tant elle fait jeune : elle n’est pas grande mais elle se tient droite et s’excuse de devoir se servir d’une canne de temps à autre. Elle est toujours habillée de façon élégante et toujours impeccablement coiffée. Ses yeux gris clairs changent de teinte selon ce qu’elle ce qu’elle évoque : souvenir nostalgique ou réminiscence de bonheur ou de félicité.
Jeanne aime à annoncer son âge et espère secrètement, quelques compliments tout à fait légitimes et ô combien mérités !
Chapitre premier Ma jeunesse
Nous sommes au début de l’année 2012, et la très vieille mais très jolie et alerte dame aux cheveux blancs qui me raconte sa vie est née à Prades au milieu des gorges du Tarn, il y aura quatre-vingt-douze ans dans quelques semaines ! Prades, c’est un petit village féodal avec ses maisons en pierre de calcaire clair, blotties autour d’un grand château qui domine la rivière de ses murs formidables, au soleil à l’abri des hautes falaises blanches. Ses parents et leurs deux familles étaient originaires des gorges, eux aussi.
Toute la mémoire de Jeanne est intacte : elle est vive, enjouée et terriblement bavarde. J’ai écouté Jeanne narrer le fil de son histoire, et une fois revenue chez moi, j’ai transcrit à l’aide de mon ordinateur ce qu’elle m’avait conté. Je lui ai alors donné à relire les quelques pages déjà imprimées et lui ai demandé de corriger ou d’ajouter tout ce qu’elle voulait ! C’était sans compter sur l’envie qu’elle avait de raconter sa vie ; et c’est elle qui a écrit d’une jolie écriture régulière et soignée le récit qui va suivre. La vielle instructrice, pour ne pas se renier, a utilisé des grandes copies à petits carreaux, les mêmes que celles que je remplissais quand j’étais encore élève. Je suis retournée la voir bon nombre de fois et au fil de mes visites son récit s’est construit ; je me suis juste contentée de le mettre en forme. Ce dont je ne me doutais pas c’est que Jeanne avait conservé son habitude d’une orthographe irréprochable et elle corrigeât à plusieurs reprises des fautes que ma machine n’avait pas détectées. Je l’admirais d’autant plus ; car rien ne lui échappait ; ni à son œil aiguisé, ni à son esprit critique. Nous modifiâmes ainsi nos écrits et nos corrections qui grossissaient de mes nombreux questionnements et de ses commentaires, au fur et à mesure de mes visites et de nos échanges.
« Ma grand-mère maternelle Mélanie, tenait un petit bureau de tabac et préparait de temps à autre des repas pour des gens de passage. A cette époque on voyait encore souvent passer des mendiants (aujourd’hui on dirait des SDF.) qui cheminaient de bourg en bourg, en suivant la route. Certains savaient que Mélanie leur servirait un bol de soupe chaude avec un quignon de pain, au coin de la cheminée et qu’elle les autoriserait à dormir à l’abri sur le tas de copeaux de l’atelier de son mari. Car mon grand-père Prosper, était sabotier et, petite fille, j’adorais me glisser dans son échoppe par une porte située sous la terrasse de la maison pour le regarder travailler. Il était très adroit pour transformer un rondin de bois en un joli sabot qu’il décorait d’une fleur sculptée à l’aide d’un petit ciseau à la lame recourbée et très affutée. Mélanie était une femme très gaie et il lui arrivait souvent, me dit Jeanne, qu’elle imite pour s’amuser le discours et les paroles d’un de ses « clients » pour faire rire tout son petit monde. Jeanne possède une belle photo en noir et blanc, prise à Prades devant la petite maison de ses grands-parents. On peut y voir la jeune Mélanie en longue robe ample et serrée à la taille, les cheveux retenus dans un chignon haut placé sur la tête, Prosper Durand son mari, Louis Durand l’arrière-grand-père dans sa longue blouse de maquignon. Et puis on y voit Marie, la mère de Jeanne, adolescente, la chevelure sagement partagée en deux bandeaux réguliers sur le front, ainsi que les deux jeunes frères de cette dernière. Derrière le petit groupe on aperçoit un gros tas de belles branches de noyer, émondées et écorcées : c’est la réserve du sabotier ! Jeanne ne sait pas qui a pris la photo ni qui est

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