49
pages
Français
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2023
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Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
14 avril 2023
Nombre de lectures
1
EAN13
9782383514800
Langue
Français
Le Kiss Landing, littéralement « baiser d’atterrissage », désigne un atterrissage en douceur. De bases militaires en aérodromes, c’est ainsi que Jean-Jacques Maurel vous emmène en escale pour vous partager sa passion. Des premiers envols aux premières frayeurs, de la vie d’élève à celle d’instructeur, partez à la découverte d'une vie pleine de loopings inattendus. Paré au décollage ?
Publié par
Date de parution
14 avril 2023
Nombre de lectures
1
EAN13
9782383514800
Langue
Français
Couverture
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
D U MEME AUTEUR
NomBre7 Éditions
Sur la piste du Noun , mars 2022
Une improbable rencontre au détour d’un rond-point , janvier 2022
« Il vaut mieux regarder au-dessus de l’horizon que de se regarder les pieds ».
Hommage à mon père
A VANT-PROPOS
Chaque jour qui passe délivre des moments de vie tous différents les uns des autres. Parfois, notre regard se pose sur eux et contribue à saisir l’instant présent. Dans d’autres cas, ces souvenirs ressurgissent longtemps après, malgré nous.
À l’instar d’Antoine de Saint-Exupéry, Gérard Feldzer, Jean-Claude Brouillet, Raymond Garcia et de bien d’autres qui aiment partager la douceur et la beauté des grands espaces, je propose au lecteur une douce et progressive immersion dans le bain de notre existence, au fil des rencontres et des événements. Ce monde est celui de l’aviation militaire et civile. C’est une page d’histoire où l’esprit de fraternité et d’entraide a toute sa place.
Je suis devenu pilote de loisirs il y a quelques décennies maintenant. Ce milieu m’a donné l’occasion de découvrir des endroits magiques, des lieux insoupçonnables, des couchers de soleil toujours différents, les merveilles du monde, la beauté de notre planète Terre, avec un ciel et des nuages toujours changeants, le vent, les rafales, l’inconnu et le danger omniprésent. Le but n’étant pas la destination finale, ce que j’ai vraiment rencontré, c’est mon être le plus profond avec ses qualités et ses défauts, ses craintes et ses angoisses.
Pratiquer le vol, c’est avant tout accepter d’évoluer dans un espace qui n’est pas le nôtre à nous terriens. L’aviation peut en effet devenir un sport dangereux si nous n’y prenons garde. Voler, j’ai pu le faire grâce au monde associatif qui permet de franchir les premiers pas plus aisément en attendant d’être l’heureux propriétaire de son propre avion.
Dans le microcosme aéronautique, j’ai côtoyé bien des individus, majoritairement des hommes et peu de femmes. Des personnes de conditions sociales très différentes, un échantillon de notre société, dans des moments joyeux, parfois cocasses, parfois burlesques, mais aussi déroutants, voire tristes. La vie, somme toute avec ce qui fait aussi le sel de la vie.
L’homme n’est-il pas le plus imprévisible des êtres vivants ?
V ERS DE NOUVEAUX HORIZONS
Octobre 1968. Les mouvements du mois de mai sont derrière nous et le calme est revenu. J’ai mis un terme à ma scolarité alors que mon souhait était de poursuivre mes études. Je l’exprime clairement à mes parents. Mais mon retard scolaire me projette sur des échéances bien trop lointaines à leur goût. C’est « non » et sans appel. J’accuse réception avec un sentiment teinté de tristesse.
L’été n’est plus qu’un heureux souvenir déjà lointain car ce qui trotte dans ma tête n’est pas de nature à apaiser mes moments d’angoisse. Que vais-je devenir ? Quel avenir s’offre à moi ? Quels sont mes moyens et mes opportunités ? Je décidais, après mûre réflexion, que dorénavant ma vie se ferait ailleurs et sans mes parents. La première idée qui me vient est de m’engager dans l’armée, d’autant qu’il me faudrait tôt ou tard me soumettre à mes obligations militaires. À ma plus grande joie, l’avis de mes parents n’est pas indispensable ; je fais donc fi de ce qu’ils pensent et m’affranchis de tout diktat.
Le contexte familial et sociopolitique de l’époque se situait à des années-lumière de celui d’aujourd’hui. Mes parents nous regardaient grandir et n’avaient de cesse de se projeter dans notre futur. Avec le recul, je me garderai bien d’émettre un quelconque jugement à leur encontre, compte tenu de ce qu’ils avaient traversé pendant la guerre et des blessures que le temps n’avait pu effacer. Les paroles de ma mère, bien que paradoxales dans son discours, me reviennent en tête : « il faut qu’un jour ou l’autre la cage s’ouvre pour que l’oiseau puisse s’envoler ». Cette maxime s’est gravée au fil du temps dans mon esprit. Ma sœur jumelle, mon éternelle complice, avait anticipé cette situation bien avant moi en intégrant brillamment l’École Normale. Logée et nourrie, elle n’était plus une charge et poursuivait son cursus dans ce que l’on qualifiait à l’époque de « voie royale ». Courant octobre, je reçois le courrier d’incorporation dans l’armée de l’Air, avec pour destination la base aérienne de Courbessac à Nîmes. Je commence alors à compter les jours et, pour tromper mon impatience, je recherche un travail saisonnier : sans résultat.
Au moment du départ et malgré ma détermination, c’est le cœur serré que je quitte Orthez. Je vois défiler le paysage. Je quitte mes camarades pour une destination inconnue : cette ville romaine du sud de la France, connue pour ces corridas légendaires et son soleil quasi constant, égaye un instant mes pensées.
Ma joie sera pourtant de courte durée. Arrivé à destination, le comité d’accueil est sans faille et mon identité se mue très rapidement en… numéro matricule. Je découvre toute la brutalité du système : « marche ou crève » sont les termes qui me semblent les plus appropriés. Alors, j’essaie d’encaisser le coup. J’apprends que la discipline est la force principale des armées. Je me remémore ce vers tiré d’une fable de Jean de la Fontaine. « Le chêne et le roseau » : « Le roseau plie mais ne rompt pas ». Je me rapproche de mes compagnons de chambrée. Je découvre la camaraderie et ses bienfaits qui permettent de mieux affronter l’adversité. Demeure en moi un exemple criant de la bêtise humaine : la corvée d’entretien et de nettoyage des couloirs, en collaboration avec un camarade, consiste à balayer et cirer le sol. Une fois la tâche accomplie, le supérieur chargé du suivi, court promptement vers les cendriers muraux et les retourne. Il est aisé d’imaginer la nature du sentiment qui me traverse l’esprit. L’individu, fier de son acte d’autoritarisme, n’était autre qu’un individu peu gradé, incorporé quelques mois avant nous. C’est à ce moment-là que je démystifie avec plus de clarté cette autre maxime : « La vie est un éternellement recommencement ». Bien entendu à cette période de mon existence, je ne m’interrogeais pas encore sur l’amélioration de l’homme et sur ses capacités ou sa volonté à y réussir.
À l’issue de la formation militaire, passage obligé pour pouvoir accéder à une spécialité, je formulais le vœu de devenir instructeur sur simulateur de vol. J’aurais préféré souscrire un contrat de formation de pilote mais malheureusement ma myopie me l’interdisait. Néanmoins, mes résultats me permettaient d’intégrer une formation complémentaire de deux mois qui m’ouvrait enfin les portes à la formation d’instructeur sur simulateur de vol du Groupement École 00319 plus précisément de l’École de pilotage de transport d’Avord dans le Cher.
Conforté par ce qui était pour moi un réel succès, je bénéficiais enfin d’une permission de dix jours. C’était l’occasion pour moi de retrouver ma famille et de leur exposer mes projets. Depuis quelque temps, je m’étais rapproché d’un de mes futurs camarades de promotion, retenu pour le même cursus. Il était originaire de Madagascar et s’appelait Strapp. J’étais impressionné par son débit vocal. Il me donnait l’impression de tout connaître, avec une assurance hors du commun en prime. Il connaissait déjà notre future base-école pour l’avoir déjà visitée et projetait de se rendre très prochainement sur la base de l’ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre) à Dax où une de ces connaissances suivait une formation de pilote hélicoptère sur Bell. Cette perspective m’enchante d’autant plus que mon cousin Jeannot est pilote instructeur sur cette même base. Si tout va bien, je pourrai le rencontrer et échanger avec lui !
À peine sortis de la base de Courbessac, mon compagnon me demande d’attendre pour s’éclipser un cours instant. J’imagine qu’un besoin pressant le motive. Je le vois réapparaître au bout d’un long moment dans un déguisement inhabituel : il porte le costume de pilote de l’École de l’Air. Je l’interroge sur la provenance de son costume et sur sa motivation à le porter. Quant à moi, j’aspire à remplacer mes habits militaires par une tenue civile et pouvoir ainsi déconnecter de ma vie sur la base. Les explications qu’il me donne me semblent relever de l’affabulation. Il se voit déjà pilote et cela ne date pas d’hier. D’ailleurs, il sait déjà piloter sans préciser où il l’aurait appris. L’armée l’attend depuis longtemps compte tenu de ses immenses compétences. Il a son réseau.
Nous prenons le train pour Orthez. Je le présente à mes parents. Nous venons passer une nuit et projetons de prendre la direction de Dax dès demain. Mes parents, et principalement ma mère, ont vite fait de sonder les intentions de mon collègue. Si leur étonnement fut évident à travers leurs regards, je devais à mon tour me questionner sur l’exubérance et la logorrhée de Strapp. Je commençais à m’inquiéter. Au cours du dîner, j’apprenais par sa bouche que notre « mission » était de découvrir de nouvelles pratiques de pilotage et que ces éléments étaient indispensables à notre perfectionnement. Le discours de Strapp devenait de plus en plus délirant. Mon père, sourire aux lèvres sans rien laisser paraître, donnait le sentiment d’être au spectacle. Le lendemain, il nous conduit sur la route de notre prochaine destination que nous rejoindrons en faisant du stop.
Il est grand temps de préciser que nous ne possédions aucun titre officiel nous permettant d’entrer, que nous n’appartenions même pas au corps d’armée et que ce que nous allions faire est total