L Âme meurtrie d Anouck
88 pages
Français

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L'Âme meurtrie d'Anouck , livre ebook

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Description

... Était-elle humaine pleine, ou fallait-il y ajouter une dimension autre pour se fondre dans la masse... Elle chassait assez vite cette pensée sotte de son esprit, et finissait de temps à autre, par se demander s’il y avait une raison autre que ce qu’elle percevait, ou ce qu’on lui avait laissé entendre... Et si elle ignorait tout simplement la véritable raison de ces réactions? (...). Elle réalisait alors à quel point les humains étaient animés des mêmes dynamiques, des dynamiques qui se déclinaient simplement sous d’autres formes...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juillet 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414249350
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-24933-6

© Edilivre, 2018
Exergue


« On vit et on meurt de nos représentations… »
Prélude
C’est un récit sur un ensemble de perceptions et de vécus, dans le tourbillon de la vie d’Anouck. Son parcours invite à un trépidant voyage vers les contours d’une acculturation parfois choisie, mais bien souvent imposée… Les tourments d’une famille qui a vu son univers changer à bien des égards, à travers trois générations, sont ici explorés ; et un accent est particulièrement mis sur le cheminement d’Anouck…
Les différentes appartenances familiales, spirituelles, et sociales de notre héroïne, témoignent ici d’une possibilité de réinventer les identités humaines… Elles présentent une alternative audacieuse aux différentes façons d’apprécier les dimensions multiples que possède l’Homme d’aujourd’hui… L’histoire d’Anouck est une ode à ces identités qui se confrontent quotidiennement, et de manière plus intense, depuis l’ouverture sur le monde, des sociétés actuelles…
C’est une mise en lumière des « tiraillements » entre différentes appartenances à l’intérieur de notre héroïne ; une mise en lumière dans laquelle, on en arrive à constater le caractère finalement universel de « ses identités »… Ce récit transporte vers des univers pleins de confusions et de richesses, des univers qui vont de ceux de son grand-père, à ceux de son père, pour en arriver aux siens…
Se reconnaître collectivement et individuellement…
Anouck arrivait au monde en pleine Afrique centrale, au sein d’une famille Bantou-soudanaise et catholique. Encore appelé Bamiléké, le peuple Bantou-soudanais semblait complexe, vu de loin… Anouck reconnaissait aisément que son peuple ne paraissait pas seulement trouble pour des personnes extérieures, mais quelques fois aussi, pour sa population actuelle. D’après ses dires, les diverses colonisations, la « modernité », et le désintérêt grandissant de son peuple face à son devoir de transmission, en étaient les principales causes…
Pour Anouck, ce désintérêt s’était accentué avec les nouvelles formes de migration qui avaient générées une intensification des brassages culturels. Ceci avait eu pour conséquence, l’émergence des formes nouvelles de perceptions et de compréhensions… Anouck trouvait donc légitime que certaines personnes aient plus de difficultés à saisir les aspects culturels qui caractérisaient son peuple…
En effet, son peuple était issu d’un métissage dont les nuances étaient plus perceptibles, dans un certain nombre de pratiques. Ce peuple faisait de la place à la fois au Patriarcat et au Matriarcat. Le tout se jouait dans la recherche d’un équilibre entre les deux. Le patriarcat qui se réfère à un système de parenté avec une autorité dominante du père, était l’héritage de sa partie Bantou ; et le matriarcat qui s’appuie sur un système de parenté avec une autorité dominante de la mère, était l’héritage de sa partie soudanaise…
Des récits qui lui étaient faits, cette partie soudanaise était arrivée dans ces espaces, en provenance de la vallée du Nil. Elle avait eu pour destination finale, les montagnes d’altitude, en Afrique centrale… Les diverses invasions du Soudan (ex-Nubie) en Égypte par les barbares, en étaient les causes. Ces soudanais (ex-Nubiens), une fois dans les hauts plateaux de l’Ouest du Cameroun, s’étaient unis au peuple Bantou qui y résidait. Leurs descendants avaient formé le peuple Bantou-soudanais, appelé aujourd’hui peuple Bamiléké.
Anouck disait de son peuple que l’une de ses particularités les plus frappantes, était la possibilité certes minime, mais bien réelle, de succéder à son père ou à sa mère, dans la fonction spirituelle qu’occupait l’un des deux, indépendamment du fait d’être une fille ou un garçon. L’exception était faite pour l’aîné des enfants. Pour prétendre à la succession de son père, il ne fallait pas être l’ainé, encore moins l’aîné des garçons. L’aîné des enfants était considéré comme faisant partie de la lignée de sa mère ; et l’aîné des garçons, considéré en plus, comme étant l’ami du père, et ayant bénéficié de tous les privilèges qui allaient avec ce statut, du vivant de ce père. Il ne pouvait donc pas prétendre à la succession de ce dernier… C’est ainsi qu’on pouvait et qu’on peut encore aujourd’hui, voir des garçons succéder à leur grand-mère, tout en laissant perplexes des personnes extérieures à ce système… Ceci semblait d’autant plus troublant que ce peuple vivait entouré d’autres peuples, qui ne voyaient pas la pratique du matriarcat d’un bon œil…
Du récit qui lui avait été fait, les deux cultures, Bantou et soudanaise, à l’époque de leur alliance, avaient trouvé un certain nombre de compromis… Ces compromis avaient abouti en ces temps-là, à un partage du pouvoir de manière à maintenir une équité relative… La place du chef de famille était alors maintenue aux hommes, tout comme la chaise du roi. Cet accord avait été motivé par le fait que sa partie soudanaise venait d’ailleurs… L’héritage de la terre, avant l’air de la modernité, était exclusivement réservé aux hommes ; ce qui n’est plus forcément le cas… L’héritage maternel après ces alliances, conférait plus à une posture d’autorité spirituelle et religieuse…
Par ailleurs, le roi, tout en étant roi, avait le devoir d’accorder un égard particulier à sa mère, qui n’était jamais bien loin du trône ; ce qui est encore le cas aujourd’hui… Il était en ces temps-là, et il est encore pour ce peuple, à bien des égards, plus correct d’appeler les gens par leur nom que par leur prénom ; le nom étant pour eux plus significatif, et témoignerait mieux du sentiment d’appartenance à une famille, ou d’identification à un aïeul…
Anouck arrivait donc au monde, au sein de ce peuple, dans un contexte postcolonial. Elle y arrivait en s’inscrivant dans la lignée de TEUGANG dit Pierre, son grand-père. Il n’était pas possible de remonter plus haut qu’au-delà de ce grand-père. Pour des raisons obscures, le discours sur ceux qui l’avaient précédés restait tabou… Bien après, lorsque les langues s’étaient déliées, Anouck avait appris que son grand-père n’était pas originaire de « Melang », petit village où en famille, ils étaient toujours allés en vacances d’été ; et où il lui avait bien souvent été répété qu’elle y tirait ses racines…
Anouck allait apprendre que TEUGANG était parti de son village Fotouni, après un violent désaccord avec son père… Ce désaccord était lié à des drames familiaux. Elle découvrait par la même occasion que KWEMO, la mère de TEUGANG, originaire de Fokoué, était décédée peu de temps après les 16 ans de son fils. KWEMO avait eu deux enfants de cette union, son fils TEUGANG, et une fille dont on ne parlait jamais… La personne dont TEUGANG était la plus proche dans ce contexte-là, était sa petite sœur… Malheureusement pour lui, moins de 6 mois après le décès de leur mère, sa petite sœur était mariée…
Le père de TEUGANG avait eu deux épouses, et plusieurs autres enfants de sa deuxième épouse… Dans ce contexte marqué par la polygamie, il n’était pas rare de voir les enfants confiés à des parentes, après le décès de leur mère… Cela n’avait pas été le cas pour TEUGANG et sa sœur… ils étaient un peu plus âgés… TEUGANG avait 16 ans, et sa sœur en avait 14… Ils étaient donc assez grands pour vivre dans la case de leur défunte mère, et sa sœur, assez « mature » en ces temps-là, pour être mariée…
TEUGANG était allé vendre des vivres en ville un matin, et à son retour, sa petite sœur n’était plus là… Elle était partie avec un monsieur qu’il n’avait jamais croisé, et qu’il ne croisera jamais… Sa sœur avait été mariée par leur père, à un homme venu d’une contrée lointaine. TEUGANG n’avait pas été mis au courant d’un éventuel mariage… Personne n’en avait parlé… Personne n’avait jugé nécessaire de lui communiquer la terre d’appartenance du mari de sa sœur. Son père avait gardé le silence sur l’origine de cet homme, et l’avait exigé de son entourage, pour l’empêcher d’aller l’enlever…
TEUGANG s’était senti déchiré… Déçu et confus, il avait insisté auprès de son entourage pour avoir des nouvelles de sa sœur, sans succès… Désemparé face au silence qui régnait autour de ce mariage, il avait entrepris d’investiguer dans les villages environnants… Personne n’avait croisé sa petite sœur… Ses demi-frères et sœurs ne savaient pas non plus le renseigner… Seul la coépouse de sa défunte mère était dans la confidence… Elle avait choisi de tenir sa langue sur les menaces de son mari, et avait eu peur d’être répudiée… En ces temps-là, il planait une croyance forte sur le fait qu’une femme répudiée avec des enfants, portait une malédiction qu’elle pouvait transmettre à tous les membres de sa famille, qui auraient eu en projet de l’héberger… TEUGANG s’était alors senti trahi par tous, et avait tourné le dos, non seulement à ses racines, mais aussi, dans une grande mesure, à sa culture, et sa famille, pour s’installer sur des terres chrétiennes…
En ces temps-là, l’Église catholique « offrait » des terres aux adeptes qui choisissaient de renoncer à leurs rites traditionnels pour épouser ceux de l’Église… L’Église catholique avait acquis des rois environnants, des terres… Elle les avait obtenue moyennant des armes de chasse, le sens de l’hospitalité, et les impôts, comme c’était le cas pour toute personne étrangère qui venait s’installer dans la région…
TEUGANG, le grand-père d’Anouck, avait tourné le dos à ses rites traditionnels, et se faisait désormais appeler Pierre… Il avait fièrement adopté ce prénom, et aimait tout aussi bien les préceptes bibliques qui le mettaient en lumière. Il aimait l’idée de porter le même prénom que ce personnage fondamental qu

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