L amour à crédit
258 pages
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L'amour à crédit , livre ebook

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Description

Nadia est l’aînée d’une famille kabyle qui arrive en France dans les années 70. Nadia passe son enfance à élever ses frères et sœur et à aider ses parents dans leur intégration. C’est dans ce don de soi qu'elle va trouver sa place et se construire en tant que femme. Nadia nous raconte le long chemin qu’elle a dû parcourir pour être ce qu’elle est aujourd’hui : une jeune femme de 43 ans, formatée pour donner aux autres. Nadia s’enferme dans une terrible spirale : elle offre sans compter pour se faire reconnaître et aimer, a recours au crédit sans discernement et fini par se trouver surendettée, aux prises avec des escrocs qui vont profiter d’elle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782332594006
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-59398-6

© Edilivre, 2014
Dédicace

À tous ceux que j’aime
Remerciements
À Nadine Beraha qui a participé à l’élaboration de ce livre.
Première partie L’enfance
De la Petite Kabylie au BTS
Le paradis perdu
Je m’appelle Nadia. C’est mon grand-père qui m’a donné ce prénom, en hommage à l’une de ses femmes décédée qu’il aimait beaucoup. En 1969, lorsque je suis née, en Algérie, les gens se mariaient si jeunes qu’ils n’avaient pas l’autorisation de choisir le prénom de leurs enfants. Ils étaient considérés eux-mêmes comme des enfants !
Je suis arrivée en France à l’âge de six ans avec mes parents et mon petit frère en bas âge. Je garde le souvenir d’un tapis roulant interminable, un jour de temps maussade, et de mon père qui nous attendait avec une jambe dans le plâtre, car il s’était blessé sur un chantier. J’avais quitté l’Algérie, plus exactement la Petite Kabylie, où j’avais été élevée par mon arrière-grand-mère maternelle.
Quand mes parents se sont mariés, mon père avait dix-neuf et ma mère pas encore dix-sept ans ! Ils m’ont eue aussitôt après. Ils n’étaient encore que des enfants !
Mes parents ont commencé à vivre chez mon grand-père paternel. Puis mon père, en quête d’indépendance, et sur le conseil d’un ami qui lui dit qu’il y avait des postes à pourvoir en France dans le secteur du bâtiment, décida de postuler en tant qu’électricien. Il reçut très rapidement une réponse favorable. Il n’était pas enchanté de nous quitter, mais il fallait bien subvenir aux besoins de la famille ! Alors, comme beaucoup d’hommes, il quitta l’Algérie.
Mon père est parti seul pour la France, tous frais payés, au début des années soixante-dix. Il chercherait un appartement afin de nous y faire venir. Quant à ma mère, supportant difficilement la mauvaise humeur de sa belle-mère, elle rejoignit sa mère à Alger avec mon frère encore nourrisson. Lorsqu’elle partait travailler comme couturière afin de mettre de l’argent de côté pour pouvoir payer le voyage en France, elle me confiait à sa grand-mère. C’est donc avec mon arrière-grand-mère que j’ai passé les premières années de ma vie.
Cette vieille femme, qui faisait office de sage-femme dans notre village, m’avait mise au monde. J’étais sa première arrière-petite-fille, et des liens très forts s’étaient créés entre nous. Je suis d’ailleurs toujours restée sa préférée. Je la considérais et la considère encore aujourd’hui comme ma propre mère.
Ce furent deux ans et demi de bonheur ! C’était une femme imposante, autoritaire et très forte. Une sorte de « Mamma » ! Elle était la chef du village, l’épouse de l’imam et appartenait comme lui à une famille « riche », c’est-à-dire possédant une terre, du bétail et des œufs. Dans le village, celui qui possédait des œufs était riche !
Tout le village était composé de la famille de mon arrière-grand-mère, une famille de « marabettes », c'est-à-dire des descendants de guérisseurs que les habitants consultaient autrefois, et encore aujourd’hui. C’étaient des « nobles », des gens dotés de sagesse et riches en termes d’histoire.
Je conserve des souvenirs magnifiques de paradis perdu avec cette arrière-grand-mère qui m’a prise sous son aile. Je tétais directement au pis de la vache lorsque chaque jour je l’accompagnais à la traite. Je vivais dans l’insouciance. Je n’étais pas scolarisée, car l’école maternelle n’existait pas. Elle m’amenait avec elle ramasser les olives pour en extraire l’huile en les écrasant avec un rond en pierre. Je ne la quittais pas de la journée et la suivais partout. Tout était verdoyant, calme, serein, et sentait bon. Je garde encore en mémoire toutes ces odeurs. En particulier, celle du savon de Marseille qui se dégageait du puits où les femmes lavaient le linge, et dans lequel un jour je suis tombée. Tout était naturel et « fait maison » : le pain, l’huile d’olive, le miel. Je vivais une véritable vie de bergère, et j’étais une petite fille très heureuse !
À l’époque où je dus quitter la Kabylie pour venir en France, la France représentait l’abondance dans mon imaginaire. J’imaginais des poupées à profusion, des toboggans partout, des grands parcs pour enfants pleins de bacs à sable ! Je m’imaginais la France comme un pays de cocagne, celui d’Alice au Pays des Merveilles, un pays magnifique ! Mais la déception a été amère.
J’allais sur mes six ans lorsque nous avons débarqué dans le 19 e , dans un petit appartement, quelque part près de la porte de la Villette. J’ai découvert un pays où tout allait trop vite pour moi qui avais vécu dans le calme. C’était un pays bruyant. Le changement fut violent car, contrairement à mon frère, j’ignorais tout de la ville.
La séparation d’avec mon arrière-grand-mère me pesa. J’étais triste et regrettais sans cesse son absence. Je ne comprenais pas pourquoi elle n’était pas venue avec nous. C’était comme si j’avais perdu ma mère, celle qui représentait tout pour moi et qui était au centre de mon univers. Je savais que plus jamais je ne vivrais cette vie de rêve avec elle. Je pensais à elle le soir, seule dans mon lit et en silence pour ne pas faire de peine à mes parents. Je me remémorais les histoires qu’elle me racontait le soir au coucher. Et je lui parlais. Je m’inventais une vie avec elle et cela me faisait du bien de me sentir ainsi connectée avec celle que j’aimais tant.
À Paris, je me retrouvais entre deux parents que je connaissais finalement très peu. Tout était à construire avec eux, à recommencer.
Il me fallait aussi apprendre à les aimer et à me faire aimer d’eux. En tant que premier enfant-fille, ma naissance avait probablement dû être décevante pour eux. Car, dans la tradition, on espère toujours un garçon en premier. Avais-je même été désirée ? Je ne le sais pas. Il me fallait en tout cas me faire aimer de ces parents-là, encore eux-mêmes adolescents. Tel était l’enjeu de ma petite enfance, enjeu qui n’a cessé de me poursuivre durant toute ma vie.
Mon arrière-grand-mère est morte quand j’ai eu dix-sept ans. J’étais tellement attachée à elle que personne n’a osé me l’annoncer. À sa mort, curieusement, je n’ai pas versé une larme. Je ne suis même pas allée me recueillir sur sa tombe. Depuis, je ne suis jamais parvenue à la pleurer vraiment. Je m’étonne moi-même de cette réaction bizarre…
Depuis sa mort, je ne suis jamais retournée dans le village où j’ai grandi, en Kabylie. Y retourner sans elle n’aurait pas eu de sens.
Ai-je vraiment fait mon deuil de cette arrière-grand-mère et de mon village kabyle ? Peut-être pas encore tout à fait. Il faudra qu’un jour j’y parvienne en trouvant le courage de m’y rendre. J’espère alors que je retrouverai toutes les sensations de ma petite enfance, et qu’enfin, je parviendrai à la pleurer.
Déceptions et frustrations
Quelle déception lorsque je suis arrivée en France !
Je n’aimais pas la France. Ce pays allait trop vite et était méchant ! J’étais perdu. Quel changement brutal ! Où étaient les toboggans à perte de vue ? Où étaient les parcs de jeux ? La ville roulait à deux cent à l’heure. Les voitures grouillaient dans les rues. Et puis il y avait des feux rouges partout !
Je ne parlais pas un seul mot de français. Mon seul souvenir est celui de l’école, où l’on portait un tablier et où, le matin, on nous donnait du chocolat avec un biscuit sec. Je subissais la méchanceté des enfants qui se moquaient de moi parce que je ne parlais pas leur langue. J’étais la seule enfant d’émigrés dans la classe, la seule non francophone. La première année a été très dure.
Les gamins abusaient de mon incompréhension et me prenaient pour leur souffre-douleur. Un jour, un petit garçon avait fait pipi sur ma chaise. Tout était bon pour rire de moi, de ma tenue, de mes réactions. Ils me demandaient de répéter des gros mots, ce que je faisais bêtement ne sachant pas ce que je disais. À la cantine, on renversait mon verre dans mon assiette. Dans la cour de récréation, on me salissait, on me décoiffait, on me poussait. J’avais six ans. J’étais complètement isolée. J’en avais parlé à la maîtresse, mais les enfants se gardaient bien d’agir en sa présence si bien qu’elle ne voyait jamais rien.
Mon père a vite décidé de quitter Paris. Il ne voulait pas que sa famille vive dans cette ville qu’il qualifiait de « ville de débauche » ! Il voyait aussi que j’étais malheureuse, privée de la verdure dans laquelle j’avais vécu et cantonnée à une vie confinée. Il a décidé de s’installer à Verneuil-en-Halatte, aux portes de la Picardie, près de Chantilly. Connue pour son hippodrome et son château, à l’époque où n’existait pas le RER, la commune de Verneuil-en-Halatte n’était pas encore considérée comme faisant partie de la banlieue parisienne. On y employait des expressions picardes avec un accent régional prononcé. C’était une ville populaire ouvrière avec des logements sociaux. Une sorte de cité-dortoir où résidaient beaucoup d’émigrés. Enfin ! Je pouvais me reconnaître dans cette population ! Je me sentais moins seule et me considérais même comme moins « émigrée » que certains, car j’avais un peu vécu à Paris. Je commençais même à maîtriser la langue mieux que les nouveaux arrivants. J’avais déjà franchi un pas dans l’intégration au pays, ce que d’autres n’avaient pas encore eu le temps de faire.
J’ai alors commencé à revivre et à retrouver certaines de mes sensations de mon ancienne vie en plein air. Certaines petites filles parlaient le kabyle comme moi si bien que j’ai pu me faire des copines. J’ai suivi une scolarité normale, du primaire au collège, puis au lycée.
Autorité et violence du père
Mais, je n’étais pas vraiment heureuse. Les relations avec mon père étaient très dif

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