L Echo du passé
79 pages
Français

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Description

La narratrice connaît une enfance sombre, dans l’ombre d’un père disparu prématurément, à la suite d’une tumeur au cerveau. Elle vit cette rupture comme un traumatisme profond, dont elle devra porter les cicatrices toute sa vie. Devenue jeune femme, Valérie commence à ressentir les premiers symptômes de sa pathologie; paranoïa, sentiments de persécution, hallucinations... commence alors un combat long et difficile contre la schizophrénie. Valérie tente avec courage de faire face à la maladie tout en continuant à mener sa vie professionnelle et familiale, malgré les lourds traitements médicaux et les séjours répétés en hôpital psychiatrique. L’Écho du passé est une autobiographie, le témoignage poignant d’une femme au courage exceptionnel, contrainte de lutter sur deux fronts contre la maladie et contre les problèmes de sa vie personnelle. Elle nous raconte son histoire avec simplicité et clarté, dans un style riche et savoureux, où on décèle une grande générosité et un réel talent d’écrivain. à travers son récit, elle apporte des éclaircissements sur la schizophrénie et porte un message d’espoir à toutes les personnes atteintes de maladies psychologiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 novembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748370805
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Echo du passé
Valérie Audibert
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
L'Echo du passé
 
 
 
Je voudrais que ce livre soit un témoignage pour tous les gens atteints de la même maladie psychologique que moi, qu’ils sachent qu’il est possible avec un traitement au point et un soutien médical de s’en sortir.
Au travers de mon histoire j’aimerais redonner espoir à d’autres malades et apporter des éclaircissements sur cette pathologie.
 
 
 
 
Chapitre 1. Mon enfance
 
 
 
1.1. La mort de mon père
Je me levais ce matin, l’esprit un peu embrumé, mais heureuse je trouvai mon bol de chocolat au lait que ma grand-mère m’avait préparé.
« Dis mamie, tu crois que Papa reviendra ? »
« Ton père est parti faire un long voyage Valérie, il ne reviendra plus jamais, mais il sera toujours avec toi. Déjeune ma chérie sinon tu vas être en retard à l’école. »
 
Cette manière d’expliquer ce qu’est la mort à une enfant de 6 ans est rédhibitoire, et à six ans on est loin d’imaginer les conséquences d’une disparition si mystérieuse.
 
Cette nuit-là, toute la famille était réunie dans le salon, la peur au ventre. Comment croire qu’une tumeur au cerveau puisse causer de tels dégâts ? J’étais blottie dans les bras de ma mère et mon grand-père était en train de barricader la maison. Les volets claquaient dans une panique générale, pendant que ma grand-mère fermait à double tour le verrou de la porte d’entrée.
Soudain un effroyable bruit retentit sur les volets, mon père cognait de toutes ses forces et se mit à hurler : « Je veux voir ma fille, ouvrez-moi, ouvrez ! »
Prise d’une envie d’amour de rejoindre mon père j’étais moi-même derrière ces volets et je hurlais en larmes : « Papa, Papa ! » Ma mère me dit alors : « On ne peut pas ouvrir Valérie, il pourrait nous tuer, il est malade, il ne se contrôle plus. »
 
Comment une enfant de six ans pouvait-elle croire que son père, qu’elle aimait plus que tout, put la tuer ? Prise de désespoir, je me mis à pleurer de plus belle.
Bien plus tard, lorsque j’eus vingt-huit ans, ma mère me dit que durant l’année qui suivit la mort de mon père, je m’étais mise à refuser l’approche et surtout le contact de tout homme, y compris mon parrain que j’adorais plus que tout. J’avoue l’avoir aimé comme un père pendant toute mon enfance et mon adolescence. Il s’agit du frère cadet de ma mère.
 
Je suis née le 31 août 1971 à Grenoble, j’ai très peu de souvenirs de mon père. Je me souviens notamment d’une gifle magistrale lorsqu’un matin je l’ai dérangé pendant la lecture de son journal, puis également lorsqu’il m’a fait conduire « pour de faux » sa voiture ; j’étais aux anges sur ses genoux. Le souvenir le plus présent reste celui de cette nuit, peu de temps avant sa mort, « la nuit de l’enfer », un enfer gravé dans un coin de mon subconscient.
 
Mon père était cheminot à la SNCF, tout comme mon grand-père maternel. Ma mère travaillait également au kiosque à journaux de la gare à cette époque. Mariée très jeune, ma mère fut veuve à vingt-cinq ans, elle a énormément souffert de la maladie de mon père. Lorsque la tumeur se déplaçait dans son cerveau, il perdait tout contrôle sur sa personne et de nombreuses fois, elle retrouva la maison sens dessus dessous.
Sans compter les situations délicates où mon père se mettait à insulter tout le monde. À cette époque notre voisin le fit interner à l’hôpital psychiatrique de Saint-Égrève parce qu’il l’avait insulté. Il trouvait que mon père avait un comportement menaçant vis-à-vis de sa famille. Il est vrai que mon père perdait de temps en temps pieds avec cette tumeur, et qu’il n’était pas très patient avec cette famille nombreuse. Je me rappelle que cette famille comptait cinq enfants, dont deux enfants sourds et muets. J’ai joué de nombreuses fois avec Linda, et Soraya, Soraya était sourde et muette.
Mon père est mort d’une crise cardiaque sur la table d’opération, à la suite d’un accident de voiture. Ses yeux complètement sortis de ses orbites avaient été recousus. Le pire c’est que ma mère avait appris sa mort dans le journal, au travail.
 
Ce matin-là je m’apprêtais donc à aller à l’école, comme chaque matin. J’avoue que ma scolarité en maternelle est un peu floue, seules quelques photos qu’il me reste montraient déjà chez moi une fibre artistique.
En primaire c’est une tout autre histoire, mes souvenirs sont très nets. Ma tante à l’époque avait réussi à convaincre ma mère de m’inscrire en primaire à l’école privée catholique Bayard. Cette école tenue par des sœurs m’a relativement traumatisée. Elle est en partie responsable du fait que j’ai banni la religion pendant des années. Plus exactement de l’âge de treize ans et demi (âge de sortie de cette école) jusqu’à l’âge de vingt-huit ans. Ceci dit, il n’y a pas que du mauvais, cette école m’a également appris la persévérance et laissé une trace de Dieu dans mon cœur et mon âme.
 
Ce vendredi-là, je pris donc le bus comme une grande et je filais à l’école. À l’époque, les rues étaient encore tranquilles.
Me voilà enfin arrivée. Sœur Marie-Thérèse qui attendait à l’entrée de l’école que tous les enfants soient arrivés avant de fermer le portail me dit : « Bonjour Valérie, nous avons appris la mort de ton papa et nous avons décidé de faire une messe pour le repos de son âme. Nous réunirons ta classe à midi dans la chapelle ».
J’étais très émue mais étais loin de me douter des conséquences de cet acte. La messe eut lieu après les cours de français. Le cauchemar commença à la récréation de 14 heures, après le repas que je prenais sur place.
« Elle n’a pas de papa, elle n’a pas de papa ! », Ces remarques provocantes m’ont suivie durant toute ma scolarité dans cet établissement que j’ai quitté en 6 e . Rien de pire que le regard des autres quand on est gamine et que l’on a quelque chose de différent. Quant à ces messes qui furent répétitives, elles me firent haïr ce soi-disant Dieu tout-puissant d’avoir pris mon père.
 
Ce vendredi soir d’hiver, je rentrais chez moi dans le sens inverse, en larmes et désorientée. Ma grand-mère me fit faire mes devoirs comme chaque soir avant le souper. Je ne lui ai jamais rien dit de la souffrance que faisait naître en moi cette école. Elle était tellement contente de me savoir dans une école catholique, elle était très croyante. Je ne l’ai jamais dit à personne, même pas à ma mère.
 
Je me rappelle avoir appelé ma grand-mère « Maman » de nombreuses fois, elle m’a non seulement élevée de six à huit ans mais elle m’a inculquée des valeurs qui sont les miennes aujourd’hui : la sagesse, la croyance et le respect d’autrui.
Pour ce qui est de mon grand-père, je l’adorais et le craignais comme un père, il m’a appris à apprécier la nature à sa juste valeur. De nombreuses fois, je l’accompagnais dans son jardin que nous cultivions ensemble avec amour.
Il m’apprenait à planter les salades, à ramasser les pommes de terre, à reconnaître les fraises des bois…
Je garde également un souvenir émerveillé des journées fabuleuses en pleine forêt ou nous ramassions les champignons. C’est grâce à lui aujourd’hui si je fais la différence entre les trompettes chanterelles, les trompettes de la mort, les mousserons, les « petits gris », les rosés des prés, les vesses-de-loup et bien d’autres espèces encore.
1.2. La Mounette, son petit, et Oscar
À l’aube de ce samedi matin, une première journée de printemps allait éclore.
 
Ce matin-là, je fis mes devoirs puis sortis me détendre un peu.
 
Nous habitions une petite citée charmante, rue des Martyrs. Cette cité était constituée d’une série de maisonnettes généralement agencées avec des cours et il y avait également quelques immeubles. Pour moi il s’agissait de devant et derrière : devant la maison de mes grands-parents, et derrière ces immeubles ! Derrière il y avait un grand étendage commun à toute la cité. Ma grand-mère y discutait souvent avec des voisines, un parc assez grand avec quelques jeux pour enfants entourait la totalité des immeubles. En face de la cité se trouvait le CENG (Centre d’Études Nucléaires de Grenoble) qui de nos jours est devenu le CEA (Centre d’Énergie Atomique). À cette époque, j’étais loin d’imaginer que j’y ferais carrière ainsi qu’une partie de mes études.
Ma grand-mère avait à l’époque un pinscher nain qui s’appelait Oscar, nous l’aimions beaucoup.
 
Il était 10 heures à peu près. J’étais tout près de l’étendage et je vis des gamins entrain de faire subir des violences à un chat, ils lui couraient après en l’encerclant, pour essayer de l’attraper par la queue.
Je me mis à hurler. « Foutez-lui la paix, ou je vous tue tous ! »
Les gamins de ma cité avaient un peu peur de moi, j’étais considérée comme anormale, sans père ou du moins avec un père qui était fou. Étais-je un monstre ? Folle ? Que sais-je ? En tous les cas il m’arrivait parfois de profiter de cette situation.
« Vite foutons le camp avant qu’elle ne nous fasse une crise ! »
Le chat déguerpit derrière les étendages sur les voies de chemin de fer.
Le lendemain, je le revis, je m’approchais tout doucement en murmurant « Mimine, mimine ! Viens », Il me regarda puis s’enfuit à toute berzingue. Ce jeu dura plus d’une semaine, chaque jour je piquais de la nourriture au repas du soir et j’allais lui porter le lendemain matin. Petit à petit, elle s’habitua à mes visites quotidiennes et se mit à apprécier grandement les petites collations ! Nous devînmes les meilleures amies du monde. Une histoire d’amour était en train de naître !
C’était une mine

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