L Empreinte du viol
120 pages
Français

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L'Empreinte du viol , livre ebook

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Description

En tentant de trouver un sens à sa vie, Sophie GNIREAH se battra contre ses démons de sa plus tendre enfance jusqu’à ses 32 ans, où ceux-ci s’apaiseront doucement, sans jamais vraiment disparaître.



Elle racontera ses relations si particulières avec les membres de sa famille, son grand-père surnommé Pater, sa grand-mère si froide et aimante à la fois, sa mère si tourmentée et si fragile, son père l’homme de toutes ses références, etc.



Puis, dans le monde affectif qu’elle s’est construit, elle trouvera une solution à travers les hommes qui croiseront son chemin.



Décidée à comprendre, elle remontera point par point ses longues années de tourmente, de souffrance, et mettra au jour ce lourd secret de famille.



Après quoi, elle continuera sa vie dans la désillusion de ce que représentait pour elle « dire la vérité ».



Cette révélation restera une question pour elle... Était-ce nécessaire pour continuer à avancer ? Parfois, sans aucun doute, « oui ». Parfois, se retrouvant dans une certaine solitude familiale, elle regrettera...



Ses batailles avec elle-même auront malgré tout fait d’elle une femme forte et radieuse, toujours prête à braver les challenges de la vie qu’elle aime tant...




Les personnages de cette histoire évoluent dans le cadre d’une histoire vécue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 août 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414472864
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-47284-0

© Edilivre, 2020
Exergue

De son bec il a touché ma joue,
Dans ma main il a glissé son cou,
C’est alors que je l’ai reconnu,
Surgissant du passé,
Il m’était revenu…
BARBARA (L’Aigle noir)
Sans parents
J’ai peur d’oublier mon histoire. J’ai occulté une partie de ma vie trop difficile, trop amère. Elle brûle, elle torpille toujours. Je combats, je ne me ferai plus détruire. Une surpuissance m’habite et m’accompagne au quotidien.
Je voudrais parler de cette partie de vie, un ressenti pourtant occulté à l’époque, car trop lourd. Ma vie, avant la barrière de mes trente-deux ans, quand j’ai grandi enfin, quand la chrysalide étouffante a commencé à se déchirer, quand ma gorge a commencé à se dénouer, quand l’étau s’est peu à peu desserré. À la limite de plonger dans le gouffre, je n’ai jamais sauté. Refuser l’alimentation, le sommeil, pourquoi ? J’ai louvoyé entre ces menhirs, dans un enlisement progressif auquel mon entourage assistait, impuissant.
Née en 1970 à Albertville, je ne perçois pas mes parents comme tels. Mes sentiments restent confus (mêlés à ceux que je ressens envers mes grands-parents). Papa est ouvrier chez Rhône-Poulenc à Pont-de-Claix et travaille en équipe, les 3/8. Maman occupe un emploi dans le commerce d’articles de sport. Un job alimentaire, car elle avait une formation d’aide-soignante. J’ai aussi un frère, mon cadet de deux ans. Les choses pourraient être simples dites ainsi. Mais un iceberg s’impose à nous : notre vie est régie par mes grands-parents maternels. Milieu aisé que celui-ci dirigé par un grand-père ancien colonel et pilote de chasse dans l’armée de l’air. Une cellule familiale avec cinq enfants (maman est l’avant-dernière) installée dans l’ère judéo-chrétienne où l’on échange peu avec les enfants. Grand-père Léon, ou « Pater » comme on l’appelait, baignait dans une référence sociale de poids auprès de la famille envers laquelle il a toujours donné le « la ».
Mes parents triment pour s’en sortir et me confient à la garde de mes grands-parents.
Je reviens sur ma naissance alors que maman est une modeste fille-mère vivant sous la coupe de ses parents, qui s’empressent de prendre en charge le bébé. Pater est en retraite de l’armée et a repris une activité de cadre dans une usine productrice de graphite. La famille vit dans une maison de fonction, ce qui lui permet de faire retaper un ancien corps de ferme qui deviendra plus tard la maison familiale à Méry, proche du lac du Bourget. Je me traîne à quatre pattes sur le carrelage à petits damiers noirs et blancs du long couloir de cette maison riveraine de l’usine. De minuscules particules de graphite se collent sur ma peau délicate d’enfant. Le soir, l’eau du bain témoigne d’une couleur grisâtre devenue habituelle.
Un de mes rares souvenirs reste celui d’une fête de Noël à l’usine, je tiens serrée contre mon moi et dans le froid en rentrant de la fête, une grande poupée, sans doute plus grande que moi, que j’ai du mal à lâcher. Maman vit à Grenoble et à l’époque travaille encore comme aide-soignante avec sa sœur infirmière à l’hôpital. Elle me rend visite sporadiquement. C’est à l’hôpital qu’elle a rencontré papa grâce à son frère venu se faire opérer. Elle se marie et entame une nouvelle vie à Grenoble. Après la naissance de mon frère, elle vient enfin me récupérer chez mes grands-parents. Souvenirs horribles pour moi qui ne conçois pas de vie ailleurs que sous leur toit, quand je me couche sur le paillasson de l’appartement du HLM grenoblois en pleurant. Je veux m’éloigner au plus vite du nouveau domicile familial, comme si le paillasson me protégeait d’un environnement hostile. Ma mère est désespérée. Elle est surtout jalouse de sa propre mère et vit mal la différence de niveau social.
Mon père, n’ayant de cesse que d’apaiser l’ambiance, me conduit dès qu’il le peut chez les grands-parents. Sur le siège arrière de la Renault 4, je lorgne le tapis de sol en caoutchouc qui réceptionne à chaque fois qu’il pleut, l’eau formant de minuscules mares entre les stries. Tassée au fond du siège, je regarde défiler les sommets bordant l’Isère.
Ma grand-mère Francine m’aime à sa manière, mais elle ne sait pas le dire. Grande, revêche, maigre, elle déteste ce qui est doux. Attirée par l’amertume des mets, elle diffuse cette sensation. Le matin, elle boit doucement son grand bol de thé, vaque à ses occupations jusqu’en fin de matinée et passe ensuite une jolie robe qu’elle gardera jusqu’au coucher. Parfois, on va cueillir les abricots dans le jardin toutes les deux. Drôles de fruits grisâtres, dans lesquels je ne peux pas croquer sans les avoir passés sous l’eau. Plus loin, le terrain de tennis que je fréquente de temps en temps, une raquette à la main.
À la retraite de Pater, mes grands-parents déménagent définitivement dans la maison de Méry. Dans cette commune, bordée par la face escarpée du Revard, le patrimoine bâti y est remarquable : châteaux, maisons fortes, maisons de maître dominent le lac du Bourget. Papa, voulant toujours apaiser l’ambiance, me voyant toujours aussi malheureuse loin de mes grands-parents, persévère dans les navettes avec sa Renault 4. Des voyages qui ne sont pas sans coûter cher sur le budget de notre modeste famille. Pater glisse un billet à maman pour financer chaque trajet, lui chuchotant quelques mots à l’oreille. Un geste qui me met, malgré moi, fort mal à l’aise.
Petit à petit la pression s’installe. Je me souviens des fêtes de Noël fastes à Méry autour de la grande famille réunie devant la cheminée. Papa, introverti de nature, assume tant bien que mal sa modeste condition d’ouvrier. C’est surtout ma mère qui souffre le plus, elle ne peut pas égaler ses sœurs et surtout mon oncle, un militaire appartenant au personnel de transport du président de la République, sur la base de Villacoublay. La sœur aînée de ma mère, se plaisait à démontrer son train de vie au travers de ses cadeaux, ses vêtements alors qu’elle n’exerce pas de profession. Elle a repris ses études à trente-cinq ans, pour se lancer dans le monde du travail, craignant de se retrouver seule suite aux adultères de son époux.
La maison de Méry comporte sept chambres. Dans la partie nord (réservée à la famille), la chambre de mes parents au fond à gauche du grand couloir, puis celle de Francette, la fille aînée et de son mari Peter au milieu, ensuite les chambres des petites-filles et celle des petits-fils, et une cuisine d’été. Dans le salon de télévision servant de chambre, mes grands-parents étaient fiers de posséder un des premiers canapés convertibles en lit. Un lustre énorme et majestueux chapeaute le salon central. Cet arbre métallique porte des cristaux en forme de diamants à en faire rêver les petites filles !
Une vaste mezzanine borde l’escalier central qui sépare la partie nord, utilisée surtout pendant les périodes de vacances, de la partie sud. Celle-ci compose l’espace de vie de mes grands-parents. J’occupe la chambre de leur fille handicapée hébergée dans un centre spécialisé. Je dirais « qu’on avait décidé que je dormirais dans cette chambre et non pas dans celles réservées aux filles ».
Je trouve cette chambre, qui est en fait le bureau de Pater, austère avec son papier peint rococo, sa moquette et son tapis oriental. Il y a des tapis partout dans cette maison et les plus chers, tous certifiés, garnissent les murs. Une odeur de « vieux » règne dans la pièce, cette odeur particulière à certaines personnes âgées génère encore aujourd’hui de l’agressivité à mon égard. Une odeur identique à celle d’un lit après la nuit. J’en ai encore la nausée aujourd’hui alors que je me retiens de changer les draps de mon lit tous les jours. Face à la fenêtre donnant sur la cour, un grand placard court le long du mur, avec un petit lit dans le coin. Ce décor ne sied pas à une chambre d’enfant. La chambre de mes grands-parents et la salle de bains s’ouvrent de l’autre côté du couloir, en face de la chambre.
L’étau se resserre
Sans l’avouer ouvertement, Pater n’accepte pas mon père d’adoption. Quelle frustration envers celui qui lui avait piqué la place ! Pourtant, j’entends qu’il parle de lui comme d’un homme d’une « gentillesse extrême, cultivé, sage ».
J’ai six ans. La vie devient difficile. Je plonge dans une tempête perpétuelle. Je refuse de dîner tous les soirs. Délicatement, je place ma serviette sur l’assiette blanche, le verre et les couverts. Un rituel pour que je ne sois pas servie. Malgré tout à Méry on me remplit l’assiette, mais c’est plus fort que tout je ne mange rien et refuse d’aller dormir. Pour avoir le droit de quitter la grande table ovale, il faut plier la serviette à carreaux dans son anneau. Pater termine son verre de vin rouge en savourant jusqu’à la dernière goutte. Sa cave est garnie de vins de qualité.
Je n’ai pas le souvenir de tels rituels chez mes parents, mais exclusivement chez mes grands-parents. Ce sont des scènes en pointillé qui défilent dans ma mémoire, entre les allées et venues de Méry à Pont-de-Claix et mes rejets de nourriture et de sommeil. Je rentre dans un mal-être croissant à l’aube de la préadolescence.
Maman s’inquiète et ne supporte pas ma souffrance. Mes tantes lui conseillent de consulter des médecins. Mon père reste des nuits à mon chevet. Il parle doucement, me tient la main, faisant fi de la fatigue générée par son planning de travail en 3/8. Il essaye d’aller trouver un peu de repos, je me réveille, il revient patiemment et lit des tonnes de livres. Maman préfère se voiler la face et reste dans son lit.
De quatre à sept ans, je consulte un pédopsychiatre. Assise en face de la praticienne,

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