L’Être et le Paraître
210 pages
Français

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L’Être et le Paraître , livre ebook

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Description

Il a vu le jour dans une humble demeure sise dans un bourg. Il est le cadet d’une famille de six enfants. Malgré une vie, presque instable, il se fraie son chemin, quelques fois difficile d’accès. Il défie la maladie, les difficultés de la vie pour arriver en fin de compte à réaliser ses rêves d’adolescent : être un vrai bohémien, marié, père et grand-père.

Tout au long des pages de son récit autobiographique se dévoilent des sensations physiques, et psychologiques, des souvenirs heureux, malheureux, singuliers et complexes, racontés dans un style sobre à la fois particulier et insolite.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414371792
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-37180-8

© Edilivre, 2020
Exergue

« Une vie sans introspection ne mérite pas d’être vécue »
Socrate
I
C’était à l’occasion de l’Aïd Al fitr, l’appartement situé au quatrième étage grouillait de vie. Les trois filles, Hind, Safae, Zineb, leur mari et leurs enfants avaient fait le déplacement pour passer les deux jours de la fête avec leurs parents. C’était un rituel qu’on respectait.
Rachida et son mari Abdelaziz, deux retraités du ministère de l’éducation nationale, se préparaient à accueillir leurs enfants. Les deux professeurs de français voyaient leur joie grandir quand ils recevaient leur progéniture. La maison, qui sombrait dans un silence totale, reprenait vie et le calme faisait place au désordre, aux bruits, aux cris, aux lamentations des enfants qui couraient de partout, se bousculaient, se chamaillaient…
Les petits enfants avaient hérité de leurs grands-parents l’amour des stylos, des feuilles, des livres. Chaque fois qu’ils arrivaient dans la maison des grands-parents, ils se ruaient vers le bureau du vieux.
Quelle était grande la joie du grand père quand les enfants envahissaient son bureau pour vider son imprimante des feuilles qu’elle contenait, et désemplir ses porte-stylos de tout leur contenu. Chaque enfant prétextait une chose. De temps en temps le grand père reprenait l’âge de ses petits enfants pour jouer avec eux. Il leur imprimait les personnages de bande dessinée qu’ils aimaient : Mickey, Pokémon, la princesse des neiges… On dessinait, on coloriait, on fabriquait des avions en papier, des bateaux, des papillons, on déchirait tout simplement des feuilles.
Les stylos feutres restaient ouverts et séchaient, les crayons perdaient leur pointe, les stylos à bille se dépossédaient de leur capuchon. Ce remue-ménage plaisait énormément au vieux qui se voyait entouré de ses petites fleurs aux jolis noms : Nour, Jad, Selim et deux petits bébés filles, Lilya et Nadine.
Le grand père observait ses petits-enfants et se disait qu’il avait une chance terrible d’avoir eu l’aubaine de vivre ce qu’il était en train de vivre.
La grand-mère de son côté ne ratait jamais l’occasion d’acheter des cadeaux pour ses petits-enfants. Même pour ces derniers, c’était devenu un rituel. Quand ils entraient à la maison, ils se préparaient à recevoir, chacun son sachet à cadeau.
Rachida engageait toujours un traiteur pour préparer, à l’avance, des plats succulents pour les casablancais. En effet, les trois filles vivaient dans la capitale économique. Elles étaient même presque voisines.
Rachida et Abdelaziz mesuraient la grande joie qu’ils vivaient chaque fois qu’ils recevaient les filles, leur mari et leurs enfants et remerciaient dieu de leur avoir donné des enfants pareilles.
Allongés sur le lit, Jad et Selim étaient plongés dans l’écran de leur tablette respective. De temps à autre l’un d’eux cria le nom d’un Pokémon, et voilà qu’ils haussèrent subitement le ton pour vouloir imposer chacun le personnage qu’il appréciait. Puis, le silence retomba.
Assises au salon, les filles et leur maman se racontaient dieu sait quoi. Nour, qui avait déjà plus de huit ans ne les quittait pas : elle se considérait déjà grande et avait même le droit à la parole pour donner son avis sur telle ou telle chose.
Les maris se mettaient devant le téléviseur pour regarder un match de football ou autre chose susceptible de les intéresser. Hassan, chef d’entreprise d’import-export et Amine, directeur d’une agence bancaire, fumeurs qu’ils étaient, allaient au bureau situé à l’autre extrémité de la maison pour brûler une cigarette tandis que Abdessamad, senior manager dans une agence internationale de transfert d’argent, et non-fumeur, restait devant le petit écran, télécommande à la main, cherchant une chaîne parlant anglais. Il maîtrisait bien cette langue : il avait fait une partie de ses études aux Etats Unis d’Amérique.
Abdelaziz, allant vers sa chambre vit ses deux petits-enfants allongés sur le lit. Il se mit dans un coin et observait longuement ses deux bouts de choux, beaux comme des anges. Et comme si on esprit était happé par cette belle image, il voyageait dans un monde lointain. Il fit un bond de plus de soixante ans pour se rappeler sa première enfance. Une enfance bien différente de ce que cette génération vit.
II
Un cri déchira le silence qui régnait dans cette simple demeure et soulagea les inquiétudes de celles qui étaient dedans et celles qui étaient dehors. Un petit enfant « mâle » venait de naître. La grand-mère grommela quelque chose, puis se leva et entra dans la chambre où était allongée la maman avec son fils contre sa poitrine. La sage-femme félicita la dame et voulut commencer à raconter les détails de son action réussie. La grande dame ne l’écoutait même pas et se tourna vers sa belle-fille « Eh bien voilà, maintenant, c’est un garçon !… ». La jeune maman ne répondit pas, elle laissa couler des larmes de souffrance et de joie mêlées. La vieille dame tendit la main que la jeune maman devait embrasser, puis elle se pencha sur le nouveau-né comme pour s’assurer de son sexe. Elle ordonna alors à la sage-femme de terminer son travail et de venir la rejoindre à l’extérieur. Une fois la jeune maman restée seule, elle détachait doucement son petit bout de choux de sa poitrine généreuse et le regardait avec une affection que seules les mamans comprennent, puis elle le blottit contre elle et lui tendit son sein.
Des femmes, des voisines, des membres de la famille, défilaient devant la jeune maman, la félicitaient et se mettaient à parler de leurs problèmes et de ce qui se passait dans le grand village. On parlait des compétences de cette sage-femme et d’une autre qui avait provoqué la mort d’un nouveau-né… On parlait de tout et de rien. La jeune maman, Lalla Yamna n’en pouvait plus, main elle était obligée de faire semblant d’écouter. Ses sens étaient dédiés à son petit. Elle le regardait et son cœur battait beaucoup plus fort. Elle le trouvait beau. Elle dit à haute voix sans en être consciente « Il a le nez et les yeux de son père ! ». Et les spéculations commençaient ; on lui trouvait des ressemblances avec son cousin, avec sa grand-mère, avec elle…
Le père n’était pas présent. La maman sentait un grand vide en un moment pareil. Comme elle avait envie de partager cet événement heureux avec son mari !
Si le papa était absent c’était parce qu’il était obligé d’aller travailler dans une petite ville à vingt-cinq kilomètres de chez lui. Il était maçon et l’ouvrage manquait dans le village, alors le père se déplaçait là où il pouvait trouver du travail.
Avant de partir cette fois-là, il avait glissé un peu d’argent à sa femme, au cas où elle en aurait besoin pour les frais de l’accouchement et avait promis de rentrer le plus tôt possible.
Quand tout le monde fut sorti, la maman fournit un effort considérable pour se relever, plaça doucement son fils un peu loin d’elle et tendit la main à un sac qui était à proximité pour sortir un flacon de parfum et un petit miroir au bord ornés de petites fleurs dorées qu’elle gardait divinement dans une poche profonde de son sac à main. Elle jeta un regard furtif sur le miroir, puis rangea son foulard en refaisant ce joli nœud qu’elle savait parfaitement faire. Elle passa son indexe sur ces lèvres, fronça les sourcils et appuya sur le bouton de son flacon de parfum qu’elle avait dirigé vers son cou. Son cœur battait plus fort. Elle se rappelait les belles paroles de son mari quand il rentrait et la trouvait toute coquette.
Lalla Yamna avait une trentaine d’années. Elle était issue d’une famille riche. Elle était belle et accentuait sa beauté par sa manière de s’habiller et le choix des couleurs qu’elle savait parfaitement marier.
A son âge, elle était déjà mère de trois enfants. Les deux premières naissances étaient des filles, ce qui lui faisait subir toutes les méchancetés de sa belle-mère qui, à chaque occasion pleurait sur le sort de son fils dont la femme ne donnait naissance qu’à des filles.
Cette fois c’était chose faite. Le fils, Si Ali, le fameux maçon, pouvait être fier : il avait un garçon. D’ailleurs quand il avait perdu sa deuxième fille, morte subitement, la grand-mère avait à peine fait couler quelques larmes et s’était félicité presque d’avoir réduit le nombre des filles dans la famille de son fils. Maintenant elle parlait avec une grande fierté à ceux et à celles qui venaient partager la joie de la jeune maman. Elle osait même dire que la famille de sa belle-fille avait un problème génétique à cause du grand nombre de filles qu’elle comptait.
Le lendemain, très tôt le matin, Si Ali fit son apparition devant la grande maison familiale. Sans frapper, il poussa la grande porte ornée de clous sous forme de champignon. Le grincement habituel se fit entendre, et la grand-mère qui avait l’habitude de s’asseoir non loin, après la prière d’al fajr, tendit le cou pour voir qui était ce visiteur matinal. Si Ali accéléra le pas pour se pencher sur la main tendue de sa mère. Il se mit à genou et restait un bon moment recroquevillé devant elle. Elle dégagea sa main et la passa sur la tête de son fils. « Tu es un homme maintenant ! Va ! Que dieu te bénisse ! » dit-elle avec beaucoup d’amour.
Si Ali remercia et avait hâte d’aller aux côtés de celle et de celui qu’il avait envie de voir. Sa mère l’arracha à ce plaisir de mari et de père en ironisant « Elle doit dormir encore comme à son habitude ! Va la réveiller pour qu’elle te prépare à manger ! Tu dois avoir faim ! » Le maçon ne répondit pas et avançait vers la porte de la maisonnette qu’il occupait. Il poussa la porte et sentit une

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