La Comtesse Rouge
156 pages
Français

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Description

Ce n’est pas sans humour et légèreté que l’auteur nous raconte son enfance terrifiante dans les années 80. Entre un père violent et incestueux et une mère alcoolique et suicidaire, Bénédicte a dû faire face à un quotidien terrifiant, où l’innocence enfantine n’avait pas sa place.
Si des parents aimants cherchent à transmettre à leurs enfants des valeurs positives telles que l’honnêteté et le respect, pour les parents de Bénédicte, le mensonge était une règle et le vol un passe-temps, voire un art.
Comment se construire dans un monde sans repère ? Comment bien grandir sans avoir confiance dans les adultes qui doivent nous servir de modèles ?
Entre espoirs et désillusions d’une enfance malheureuse, ce récit ne tombe jamais dans l’auto-apitoiement et reste malgré tout une ode à la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 avril 2017
Nombre de lectures 8
EAN13 9782414055623
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-05560-9

© Edilivre, 2018
La Comtesse Rouge

Hôtel première classe de Villepinte, 1992, banlieue parisienne, Rudy est à la réception, normal, c’est le gérant de l’hôtel, et c’est mon chéri, mon homme. Il mesure un peu moins d’un mètre soixante-dix, c’est un beau gosse. Châtain, les cheveux courts et de superbes yeux bleus. Il a les jambes arquées, signe familial.
J’ai tout de suite su que c’était lui, quand nous nous sommes embrassés pour la première fois à l’aube de mes dix-sept ans.
J’ai vingt-trois ans, une vie simple, un travail, je suis serveuse au “Côte à côte”, un restaurant grill à deux pas de la prison et du parc des expositions. L’extérieur est banal, mais l’intérieur me plait beaucoup, un bar accolé à une salle centrale, puis trois salles disposées en étoile. La décoration est simple mais moderne, moquette rouge et tables noires, un style US. Je suis une pro, rapide, organisée, jamais fatiguée ; je suis une employée fidèle et corvéable à merci. Mais j’aime la reconnaissance et j’en ai besoin. De serveuse quelques jours, je suis rapidement devenu pilote, c’est ainsi qu’ici on nomme le chef de salle.
Je place les clients, j’organise, je surveille, je sers, je dessers, je facture, j’aide mes collègues, je délègue et j’ai l’œil, l’œil qui voit tout, celui qui anticipe tout, jamais dans le jus, telle est ma devise.
Le jus dans le métier, c’est quand tout est hors de contrôle, quand tu ne sais plus qui veut l’addition, à qui est cette entrecôte bleue qui traine sur le passe, ou vont ces putains de cafés qui refroidissent, quand tu ne maîtrises plus rien, que tu t’aperçois que tout le monde attend dieu sait quoi…, qu’il reste au moins dix commandes à prendre, que la table numéro huit n’a pas de pain, que la vingt n’a pas de boissons, que des clients en manteaux attendent à la caisse, mais que… personne ne les attend, que la porte s’ouvre sans cesse pour en déverser de nouveaux, qui attendent eux aussi ; et cet enculé de téléphone qui sonne depuis cinq minutes, et personne pour répondre. Voilà la définition d’un bon vieux jus en salle. Il se passe parfois la même chose en cuisine, cela se voit moins ! Alors dans ces cas-là, une seule solution, mon rythme cardiaque s’accélère, j’analyse la situation brièvement, je me mets au travail avec méthode et organisation, je vais au plus pressé, je deviens ultra rapide, je secoue mon équipe, je ne pense qu’à gagner du temps, j’en fais un défi personnel, l’adrénaline envahit mon corps, j’ai quinze bras, huit cerveaux, vingt-trois paires de doigts longs et effilés, je suis Wonder serveuse, la plus rapide de l’ouest, j’entre dans les salles tel le messie, je me sens vivante et efficace, tout ce que j’aime ; à ce jeu-là, personne ne me bat !
Et puis serveuse, ce n’est pas porteuse d’assiettes, c’est bien différent, ce sont des rencontres, des challenges, de l’inattendu, toujours ; c’est aussi, il me semble, un travail d’artiste, car le serveur est un comédien avant tout, et la salle est son théâtre. Quand la salle du restaurant est remplie, le midi, nous recevons jusqu’à deux cents clients, qui doivent être servis en une heure trente maximum. C’est un vrai travail d’équipe, bien plus même, les membres des restaurants où j’ai travaillé sont devenus ma famille, la restauration est ma maison, un lieu où je me sens bien. J’aime mon métier et toute ma vie est là, je veux relever tous les défis et je suis capable de travailler jusqu’à épuisement tant moral que physique, je suis une guerrière des temps nouveaux. Je mesure un peu plus d’un mètre soixante-cinq, cheveux noir jais, courts, peau blanche, ornée de taches de rousseurs, lèvres minces, petites dents, des faux airs de Winona Rider paraît-il, voilà qui je suis, plutôt normale, standard, un peu branchée.
Aujourd’hui je ne travaille pas, et quand je ne travaille pas, je vais souvent voir la tour Eiffel que j’admire. Non pas tant pour sa beauté que pour ce qu’elle dégage : je la trouve unique, géante, brillante, quand elle s’illumine, elle en devient grandiose, et puis quel génie cette construction ! Même si Gustave a racheté les plans à un collègue, le mérite lui revient, c’est lui qui l’a mise en œuvre. Mais il faut le souligner : quelle injustice pour celui qui a ébauché l’idée !
Je passe mon temps à écouter de la musique. En ce moment c’est Etienne Daho, l’album Paris Ailleurs, le meilleur ; pop et rock en même temps, un vrai moment de bonheur, une petite dépendance emplie de poésie. J’aime le personnage, sa musique, surtout ses paroles, mais je ne suis pas fan, pas le genre de la maison. Je ne pourrais pas courir après lui en criant, ou en pleurant, non vraiment pas.
J’ai rendez-vous pour mon thème astral. Un ami de l’hôtel qui aime refaire le monde avec nous la nuit tombée, moitié astrologue, moitié allumé, que j’aime beaucoup m’a dit :
– Bénédicte, j’ai réalisé ton thème astral, ce n’est pas de l’astrologie, c’est différent, viens me voir dans ma chambre je vais tout t’expliquer, mais n’en tire pas des conclusions hâtives, je commence, je ne suis pas un pro.
J’escalade les escaliers tranquillement, une Peter Stuyvesant menthol longue à la main, je porte un jean bleu, une chemise à carreaux rouge et noire, un ceinturon argenté, et des bottes en cuir noir, mat, bout arrondi avec une grosse boucle sur le côté, argentée bien sûr. Il ne pleut pas, mais le ciel est gris souris, tout pourri, comme souvent. J’arrive devant sa porte au deuxième étage, côté façade, je toque, il est là, puisqu’il m’attend et m’ouvre tout sourire.
Je m’étale sur son lit, ma clope encore à la main. La chambre est petite, c’est une chambre d’hôtel économique et confortable, la même que celle où nous habitons Rudy et moi, au rez-de-chaussée, la nôtre est plus grande et ressemble plus à un appartement de nain qu’à une chambre d’hôtel. Il a ouvert les rideaux à fleurs pour faire entrer la lumière. Tout est méticuleusement rangé, mais un nombre incalculable d’objets se reposent. Il commence par une brève dissertation sur le sujet, où je dois bien comprendre qu’il ne faut pas confondre astrologie et thème astral. Le thème astral vous guide et vous avertit des changements de cap qui peuvent se produire, sans vous donner trop de détails.
– Alors, voilà, dit Roland, j’ai fait ton thème astral et je dois absolument t’en parler, je ne le fais pas à tout le monde, seulement les gens qui comptent pour moi.
Il tient dans sa main plusieurs feuilles, dont une avec des schémas, une rosace énorme y trône et de cette rosace sort, tel un soleil, une multitude de traits obliques avec des repères. Cela est donc mon thème astral. Je suis bien consciente qu’il me fait là un privilège.
– J’ai donc étudié ton thème en fonction de tes données, et je dois t’avertir que ton destin va changer, car tout va bouger bientôt. Il est sérieux comme jamais, son visage si souriant d’habitude est fermé.
– Ecoute-moi attentivement, mais prends cela à la légère, je me suis peut-être trompé, mais j’ai vérifié, je ne pense pas… Cependant, je suis novice. Alors, voilà, tu vas rencontrer une personne bientôt, mais je ne sais ni quand, ni où, et cela va bouleverser ta vie, je ne sais pas si c’est une bonne chose, ou une mauvaise, je vois cela clairement, un changement radical va t’arriver.
Je suis stupéfaite, je vais rencontrer quelqu’un qui va changer ma vie, mais je suis avec Rudy, et je me sens bien avec lui.
– Je vais rencontrer quelqu’un, attends… tu dois m’en dire plus, un homme ? Une femme ? Je vais quitter Rudy, pour partir avec une autre personne ?
– Non Bénédicte, je ne crois pas, en fait je ne sais pas, tu sais je m’intéresse à cela, mais c’est assez nouveau pour moi.
– Attends, tu me dis que ma vie va changer, qu’elle va bifurquer, qui est cette personne qui va tout transformer ? J’aime bien ma vie.
– Je ne t’ai pas tout dit, donc je récapitule et je ne peux pas t’en dire plus, l’avenir te le dira, tu vas rencontrer une personne qui va bouleverser toute ta vie, bientôt, mais je ne sais pas quand, je ne peux pas te dire qui est cette personne, ce que je sais, c’est que quand tu vas rencontrer cette personne, tu ne la connaîtras pas.
– Non, mais Roland, arrête ton délire, impossible, je vais rencontrer une personne, mais je ne la connais pas, c’est ça ? Bah, si je la rencontre, je la connais forcément, au moins un minimum, et cet illustre inconnu va changer ma vie, bah merde alors…
Je retourne en boucle tout ce qu’il vient de me dire, et je trouve cela étrange, j’imprègne tout dans ma mémoire pour ne rien oublier, chacun de ses mots, afin d’y repenser au calme, hors du champ de l’émotion. C’est brusque et direct, mais je préfère : j’aime aller droit au but. Je rallume une cigarette, je bouillonne, je veux tout savoir, je dois lui tirer les vers du nez. Comme une impression qu’il ne me dit pas tout ! Je le scrute pendant qu’il parle, et je sais qu’il est bel et bien sincère et qu’il y a entre nous une vraie amitié. Roland n’est pas le genre de mec qui t’embobine, cela se sent tout de suite ; nous les femmes avons un genre de sixième sens inné pour détecter les baragouineurs de haut vol, les enfumeurs. Je sais que Roland ne fait pas partie de cette catégorie, c’est un mec bien, un gentil, un vrai.
– Donc je ne peux malheureusement pas épiloguer sur le sujet, je dois aller bosser… Tu vas rencontrer une personne qui va changer ta vie, bientôt, mais je ne sais pas quand, un an, deux ans, un mois, aucune idée, quand tu vas rencontrer cette personne, tu ne sauras pas qui elle est, mais cette rencontre va changer ta vie à tout jamais.
– Béné je t’ai tout dit, reste cool avec tout ça, ne change rien

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