La Dictée sous les arbres
80 pages
Français

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Description

« C'est une belle histoire que nous avons vécue, de 1961 à 1975, dans ce petit village où nous avons choisi de passer notre retraite et où nous vivions comme au XIXe (voire XVIIIe) siècle, à l'heure du château... épisode curieux qu'aucun de nos collègues des alentours n'a connu. Ce sont donc des “petites histoires d'ici” que nous avons choisi de vous raconter. Bien sûr, nous avons des tas d'autres souvenirs ailleurs... pas très loin... qui nous sont particulièrement chers ! En ville, de la Risle à la Charentonne, à nouveau à la campagne, dans le Lieuvin où nous avons gardé des liens si solides que nous nous retrouvons encore régulièrement aujourd'hui autour d'une table bien garnie où nous glorifions les vertus du trou normand. Nous avons connu des bons moments partout, et nous nous sommes efforcés d'oublier les mauvais. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 août 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342011272
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Dictée sous les arbres
Marie-Thérèse Picard
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Dictée sous les arbres
 
 
 
À nos enfants qui ont vécu cette période, pour leur aide et leurs encouragements et à nos petits-enfants pour qu’ils imaginent une tranche de la vie de leurs grands-parents instituteurs…
 
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Nous remercions vivement tous ceux qui nous ont encouragés et aidés à écrire ces « mémoires », qui les ont lus avec attention en formulant des critiques et de judicieuses remarques dont nous avons essayé de tenir compte dans la rédaction et la mise en page. Ils se reconnaîtront, famille et amis confondus dans cette liste de prénoms qui les assure de notre indéfectible affection, et que ceux qui ont pu être oubliés nous pardonnent…
Annick, Béatrice Caroline, Christiane, Colette, Danièle, Dominique, Édith, Éric, Jacqueline, Jacques, Jean, Jean-Claude, Josette, Louise, Martial, Michelle, Moise, Nathalie, Odile, Pierre, Suzanne, Sylvain, Sylvie…, sans oublier Marie-Jeanne, Martial, Patricia et Sophie qui dans leurs ateliers redonnent à ceux et celles qui l’auraient oublié le goût de l’écriture.
Merci aussi à tous les auditeurs anonymes, aux poètes et écrivains qui ont été amusés ou émus par nos petites histoires lors de lectures publiques ici en Normandie ou ailleurs – en particulier à Aix-les-Bains.
Et… un grand merci spécial à Odile pour les illustrations.
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Le collège d’Évreux, où j’étais pensionnaire à la fin des années cinquante, nous conduisait de la sixième à la première. J’y suis entrée, pour ma part, en seconde. Ma terminale connut un grand « chambardement » dans la vie lycéenne ébroïcienne. Cette année-là, en classe de philosophie, nous essuyâmes les plâtres d’un lycée flambant neuf : le lycée Aristide-Briand, lycée mixte !
C’est grâce à la chorale que mon mari Jean-Pierre et moi nous sommes rencontrés. Le mardi, après les cours, les lycéens descendaient la rue de Pannette qui abritait l’ancien couvent des Capucins transformé en lycée de garçons. Ils venaient répéter « chez nous », au collège, place Dupont-de-l’Eure. C’était pour nous, les filles, la seule occasion de rencontrer les garçons ; aussi candidats et candidates étaient-ils très nombreux. Beaucoup d’idylles sont nées de ces rencontres … Quelques mariages aussi … À l’époque, il fallait se marier pour vivre ensemble, et pour vivre, il fallait gagner sa vie.
Les propositions d’emploi ne manquaient pas après une terminale, mais nous n’avions jamais envisagé de choisir l’enseignement. Ce choix s’imposa à nous quand l’Éducation nationale qui, à cause de la guerre d’Algérie, manquait cruellement d’instituteurs, incita les lycéens en fin de parcours à venir – sans aucune formation – « jouer au maître ou à la maîtresse ». L’amour nous comblait, nous songions au mariage, nous avions passé de bons moments à l’école primaire…, naïvement, nous croyions choisir la facilité. Plusieurs « élus » se retrouvèrent dans des petites écoles de campagne retirées de tout. Sans voiture, les jeunes maîtres isolés des classes uniques, qui « débarquaient » souvent des départements méridionaux, connurent des moments extrêmement pénibles.
Nous, natifs de l’Eure, entourés de nos familles respectives, nous mesurions notre chance. Promptement mariés, nous eûmes rapidement un poste double, un logement de fonction, le permis de conduire et… une 2 CV ! De quoi enjoliver sérieusement la vie de deux jeunes instituteurs ! Nous fîmes rapidement un bébé. Christophe a aujourd’hui cinquante ans, et se porte bien. Merci ! Seul « hic » à ce bonheur, nous n’étions pas titulaires. Pour assurer enfin notre formation, nous devions nous engager à « subir » une fois par mois – le jeudi, jour de congé – des conférences et des stages dans les classes d’application de l’école normale d’Évreux. Ce que nous fîmes, comme tous les autres, pendant deux années.
Ces journées permirent aux jeunes, perdus au fin fond de nos forêts normandes, de rompre leur isolement. Les filles étant plus nombreuses que les garçons, nombre de Périgourdines, de Cévenoles et autres Corses eurent vite fait de mettre le grappin sur les quelques « étrangers » qui subissaient le même sort qu’elles. D’autres surent profiter du goût des « gars normands » pour l’exotisme et « se casèrent » sans aucune difficulté, poussant ainsi de jolies Normandes blondes et rondes à aller voir ailleurs.
Notre « parachutage » en pays d’Ouche nous plongea dans un monde paysan très accueillant, et lorsque des titulaires demandèrent notre poste, nous dûmes nous incliner et partir à regret. L’adolescence nous avait quittés là. Nous étions devenus des adultes responsables.
Dans nos classes fort chargées, la panique nous envahissait. Heureusement, quelques instituteurs chevronnés, solides et bénévoles prirent sur leur temps libre pour nous aider, nous encourager, nous montrer le « bon chemin ».
Les maîtres d’application qui nous recevaient dans leurs classes modèles au chef-lieu du département avaient des effectifs réduits et triés sur le volet. Ils travaillaient en techniciens bien pourvus en matériels divers, aidés par des normaliens attentifs. Ils avaient des moyens que nous n’avions pas dans nos classes rurales de quarante à cinquante élèves. Nous fûmes d’abord médusés par leur savoir-faire, puis vite critiques. Leur monde était tellement différent du nôtre que nous sortions découragés, anéantis par les tâches qu’il nous faudrait accomplir avant de devenir des maîtres compétents.
Au début, nous essayions de reproduire le souvenir de nos apprentissages à l’école primaire. Cependant, ces visites à Évreux se révélèrent pour plusieurs raisons très positives. Pas à pas, nous aussi, nous fîmes de belles expériences, avec nos petits moyens, nos grosses difficultés et toute notre bonne volonté. Notre ignorance renforçait notre souci de bien faire et nous octroyait une belle humilité, qui nous permit sans doute d’avoir des relations plus simples, plus naturelles avec nos parents d’élèves et leurs enfants. Nous entrevoyions déjà les joies que nous allions trouver dans l’exercice de ce métier, et nous nous félicitions de n’avoir pas connu « la vocation » qui donnait parfois une assurance aussi méprisante que méprisable et un jugement trop souvent négatif sur les enfants et leurs parents, lesquels avaient bien souvent été blessés lors de leur passage à l’école.
Nos rencontres mensuelles nous permirent surtout de nous réconforter mutuellement, d’échanger, de nous « passer » nos recettes, nos trucs pour avancer et venir à bout des problèmes que nous rencontrions tous et gérions de notre côté, à notre manière.
À l’heure où l’histoire paraît se répéter, où l’éducation des petits comme des grands ne semble pas être une priorité nationale, je peux vous assurer qu’en dépit des risques encourus et pris, des erreurs commises et ô combien déplorées, des moments de grande incertitude précédant ou suivant l’émotion des victoires, nous n’avons jamais regretté d’être devenus instituteurs.
C’est une belle histoire que nous avons vécue, de 1961 à 1975, dans ce petit village où nous avons choisi de passer notre retraite et où nous vivions comme au xix e (voire xviii e ) siècle, à l’heure du château…, épisode curieux qu’aucun de nos collègues des alentours n’a connu. Ce sont donc des « petites histoires d’ici » que nous avons choisi de vous raconter. Bien sûr, nous avons des tas d’autres souvenirs ailleurs…, pas très loin…, qui nous sont particulièrement chers ! En ville, de la Risle à la Charentonne, de nouveau à la campagne, dans le Lieuvin où nous avons gardé des liens si solides que nous nous retrouvons encore régulièrement aujourd’hui autour d’une table bien garnie où nous glorifions les vertus du trou normand. Nous avons connu des bons moments partout, et nous nous sommes efforcés d’oublier les mauvais. Rien n’est absolument parfait.
Ce recueil anecdotique, nous le dédions à tous nos anciens élèves, à leurs parents, et à tous ceux qui ont croisé notre chemin sur, ou en dehors, des bancs d’école, lors des fêtes de village, des kermesses, des ateliers ouverts qu’ils nous ont aidés à animer, des réunions et des activités extrascolaires que nous avons pratiquées avec bonheur dans ce bon temps où l’administration saluait et couvrait nos initiatives.
À tous, à toutes, un grand merci pour ce que vous nous avez appris.
 
 
 
L’arrivée (septembre 61)
 
 
 
Du fait que nous n’étions pas titulaires, nous ne pouvions pas participer au 1 er  mouvement 1 des instituteurs, qui se situait en mai. Il nous fallut attendre le mois d’août pour apprendre que, sans avoir fait de choix, nous étions nommés à quelques kilomètres de Pont-Audemer, dans un petit village dont nous n’avions jamais entendu parler, Caqueville. J’avais le cœur gros de laisser ma mère seule dans un petit bourg du sud du département où mon père était mort, trois ans plus tôt . Dans le pays d’Ouche, à Sainte-Marguerite-de-l’Autel où nous venions de passer deux années, nous nous étions fait beaucoup d’amis, et c’était aussi très dur de les quitter ; mais nous avions été avertis. Un couple de titulaires ayant demandé notre poste, il nous fallait partir. Nous allions donc devoir nous installer au « far west »… Si loin !
Qu’en serait-il à Caqueville ? Combien de temps y resterions-nous ? Malgré tout, curieux de voir au moins notre future résidence, nous décidâmes de nous y rendre, incognito . Ce fut...

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