La prof se cache pour déprimer
106 pages
Français

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La prof se cache pour déprimer , livre ebook

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Description

Plus qu'un métier, l'enseignement est une passion que l’auteur a eu la chance d'exercer pendant plus de vingt ans. Dépeignant sa condition de professeur, il insiste sur les difficultés qui l’ont conduit à mettre un terme à sa carrière en 2012. Sans verser dans le registre pathétique, il tente de dresser un portrait réaliste de la vie parfois cauchemardesque de l'enseignant. Sans prétendre trouver des remèdes universels à la crise actuelle, il livre au lecteur quelques propositions pour sortir du marasme le monde éducatif.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332688088
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-68806-4

© Edilivre, 2014
Ouverture



Bien que je n’aie jamais été très à l’aise pour parler de moi, aujourd’hui je ressens le besoin de raconter les mois de galère qui m’ont contrainte à faire une pause dans ma vie professionnelle. Cet exercice de noircissement de pages, c’est ma thérapie par le dire et par l’écriture. Aussi aurez-vous souvent l’impression que cette transcription de mon vécu conserve le style de l’expression orale.
Dans les pages suivantes, j’ai essayé d’être la plus sincère et la plus objective possible afin d’éviter toute altération de la réalité par mes ressentis. J’espère avoir restitué le plus fidèlement possible mon expérience, mon vécu et vous avoir fait découvrir cette face cachée de mon métier, méconnue du grand public, de la presse et que, même moi, j’étais loin d’imaginer il y a quelques mois. Malgré ma passion pour mon métier, au fil des pages, mon principal souci a été d’avoir une approche raisonnée, sans parti pris, d’avoir l’esprit critique et non pas l’esprit de critique.
Mes écrits n’engagent que moi, mais j’espère qu’après cette lecture vous direz :
« Je sais ce que vivent certains professeurs. »
« Les droits sans obligations, c’est l’anarchie »
Lessia Oukrainka
Dédicaces


A ma fille qui m’a toujours encouragée à écrire ;
A mon fils qui est le garçon le plus gentil du monde ;
A mon mari qui a toujours été là ;
A ma mère, morte trop tôt ;
A mon père, devenu prêtre trop tard ;
A mamie Lucie que j’aime comme une deuxième mère,
A tonton d’Almeida et tantie Delli, à tonton Anatole et tantie Yvonne, pour toutes les merveilleuses vacances passées chez eux ;
A oncle Honoré, l’unique ;
A tous les membres de ma famille et à mes amis sans oublier Mr et Mme Gourdy ;
Aux amis de Polynésie ;
A la sœur Marie-Thérèse Quillet, un des piliers de ma vie ;
A tous ceux pour qui le quotidien n’est pas toujours facile ;
Aux parents soucieux de la réussite de leurs enfants ;
A tous ceux qui critiquent en permanence les pseudo-privilèges des enseignants !!!
Citation
La prof. se cache pour déprimer
 
 
Que penser d’un pays développé qui laisse ses jeunes bafouer les lois et croire que droits ne riment pas avec devoirs !
«  Il était une fois, une petite fille qui rêvait de devenir enseignante … »
Ainsi pourrait commencer mon récit, car l’enseignement, je suis tombée dedans dès mon plus jeune âge. Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours voulu enseigner. Mon père était inspecteur de l’Education nationale ; ma mère, institutrice passionnée par son travail, ne comptait pas ses heures. A l’époque, c’était un métier valorisant. Nous habitions à Pobè 1 , petite ville du sud-est du Bénin, ex-Dahomey et ancien Quartier latin de l’Afrique. Elle travaillait pratiquement toute l’année, consacrant une partie des vacances à la réalisation de cahiers d’écriture pour ses élèves, car il n’était pas question d’acheter des pré-imprimés. Ils coûtaient trop cher. Elle se procurait donc des cahiers de format A4, puis les coupait en deux carnets d’égales dimensions. Elle les remplissait ligne par ligne. Tout d’abord les lettres de l’alphabet, puis quelques mots et exercices, allant des additions aux divisions. Elle avait une belle écriture, de style calligraphique, comme de nombreux adultes de sa génération, et formait généralement des élèves de CP (Cours préparatoire).
Pendant l’année scolaire, tous les soirs, après que nous avions revêtu nos pyjamas et que nous nous étions brossé les dents, elle commençait sa deuxième journée. Elle corrigeait les devoirs, prenant le temps de mettre à chacun un petit mot, tantôt pour le féliciter, l’encourager à s’améliorer, tantôt pour l’inciter à se ressaisir. Juste avant sa petite pause pour nous mettre au lit et nous border, lorsque j’étais bien sage, il lui arrivait de me permettre de feuilleter quelques carnets. Il fallait au préalable que je me lave les mains, les essuie puis les lui montre. Il lui est arrivé de m’accueillir dans sa classe lors des rares absences de mon institutrice. Bien que cette dernière fût agréable, je rêvais de passer tout le reste de ma scolarité dans la classe de ma mère. Apprendre avec elle était facile. Elle était calme, gentille, à la fois exigeante, ferme et diplomate. Pas de statut particulier, donc pas question de l’appeler « maman ». En classe, c’était « maîtresse » comme pour les autres élèves. Aucun privilège et le même traitement pour tous. Je crois qu’elle les adorait tous pratiquement autant que ses propres enfants. Ils en étaient conscients et le lui rendaient bien. Ils obéissaient et travaillaient en silence. Leur soif d’apprendre était palpable et on pouvait entendre les mouches voler.
Pratiquement tous les matins avant qu’elle commence la classe et les après-midi, au moment où se terminaient les cours, quelques parents franchissaient le seuil de sa classe pour dire un petit bonjour et s’enquérir des progrès faits par leurs chérubins. Ces derniers, inquiets, se tenaient un pas en arrière, fouillant dans leur mémoire à la recherche d’incident éventuel, tout en priant pour que la maîtresse soit encore une fois clémente, pleine de tact comme toujours. Parfois, le seul fait de dire à un parent que son fils ou sa fille avait fait quelques fautes d’orthographe lors de la dernière dictée ou une erreur de calcul suffisait à déclencher une colère, toujours dirigée contre l’enfant. La correction ne tardait pas à tomber ; allant du pincement d’oreille à la gifle, voire même la fessée devant tout le monde. Par précaution, il valait donc mieux ne pas se tenir à proximité. Tous les adultes se croyant investis de la mission d’éducation des enfants de la communauté, il n’était pas rare que d’autres y aillent de leurs commentaires ou de leur punition. Pire, selon les circonstances, l’arrivée à la maison pouvait être synonyme de nouvelles remontrances et/ou de châtiments corporels.
Ma mère était très psychologue et connaissait bien les tempéraments des uns et des autres. Elle déployait des trésors de délicatesse, de finesse, pour éviter que la situation dégénère. Il fallait vraiment être un élève très indiscipliné, cas rare à l’époque, pour qu’elle se laisse aller à se plaindre aux parents. Curieuse comme je l’étais, il m’est parfois arrivé, cachée derrière la porte, de l’entendre confier à mon père l’outrageante sévérité de certains parents. Elle donnait l’impression de faire le métier le plus beau du monde, notamment parce qu’elle prenait beaucoup de plaisir à instruire ses élèves. Comme tous les enseignants de cette époque-là, elle avait un statut de notable avec tout le respect du à ce rang.
C’est donc tout naturellement que je suis devenue professeure. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais j’y suis arrivée à la sueur de mon front et, depuis plus de vingt ans, malgré les difficultés rencontrées –  dans quel métier n’en rencontre-t-on pas ?  –, la passion l’avait, jusqu’à une période, emportée sur les désagréments.
Professeur de communication administrative et bureautique (CAB), j’ai toujours eu des classes de baccalauréat professionnel secrétariat et/ou comptabilité puis services (métiers de l’accueil) où je dispensais des cours de communication, d’organisation et d’informatique. Ces matières représentent un bloc horaire important dans les formations de BEP et bac pro d’alors. J’avais donc généralement deux ou trois classes et lorsqu’il manquait quelques heures pour atteindre mon service, il m’était demandé d’assurer le cours d’économie et de droit dans une classe supplémentaire de la même filière.
J’ai souvent mené toutes sortes d’expériences péda­gogiques telles que l’instauration d’une forme de tutorat. Bien accueillie par les élèves, les plus doués étaient fiers de jouer ce rôle. Quant aux autres, ils faisaient rapidement des progrès. En communica­tion/organisation, parfois, lorsque le bilan d’une évaluation faisait apparaître la nécessité de procéder à une ou plusieurs séances de remédiations sur le chapitre concerné, je procédais comme suit : révision collective du ou des chapitre (s), nouvelles explications, correction collective de l’évaluation. Ensuite, je constituais des groupes (mélange d’élèves ayant eu une excellente note et d’élèves ayant raté le devoir) et je leur donnais un travail à faire pendant mon heure de cours. Parfois, j’étais amenée à répéter l’expérience. Les résultats étaient pratiquement toujours à la hauteur de mes espérances, car les bons élèves se sentaient valorisés et les moins bons s’amélioraient. Certains binômes perduraient.
On ne peut pas vraiment dire pour autant qu’enseigner soit un long fleuve tranquille , mais c’est ma vocation. Je ne suis pas une exception, car ce n’est pas un métier qu’on décide d’exercer par hasard. Il faut un véritable amour de la profession, une grande énergie et beaucoup de patience. Preuve en est que malgré la crise économique, peu font ce choix par dépit ou pour des raisons alimentaires. En témoigne le fait qu’« à la rentrée 2011, 976 postes offerts aux concours externes n’ont pas pu être pourvus. Selon le Syndicat national des enseignements du secondaire (SNES), en neuf ans, le nombre de candidats présents a chuté de 70 %… » On dénombre également des centaines de défections : « 313 en 2009-2010 » 2 , chiffre qui peut sembler dérisoire. Mais le malaise est profond puisque «  46 % des enseignants du premier degré et 39 % de ceux du second degré disent songer à quitter ce métier en raison du stress qu’il engendre » 3 .
Je garde cependant d’excellents souvenirs de toutes ces années pendant lesquelles j’étais toujours allée au travail avec plaisir, sans compte

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