La Quête
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Description

« Ce texte est un témoignage autobiographique, centré sur la description des symptômes de la maladie mentale dont je souffre, à savoir les troubles bipolaires... Entre des méditations aspirant au mysticisme et des descriptions hallucinées de mon alcoolisme, les femmes que j'ai connues ont eu le mérite de me sauver d'un naufrage qui aurait pu être fatal... Cheminant pas à pas, et au fil du temps, la philosophie et l'art se sont avérés être les outils incontestables de ma résilience, voire de ma guérison. Ceci est un message d'espoir pour tous les malades. Oui, on peut sortir de la psychose. L'essentiel étant de trouver sa voie, loin des sentiers battus, et cette voie, c'est tout simplement la voie du bonheur. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juillet 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414334902
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Arnaud Landreau
La Quête
Suivi de
Maladie psychique et résilience

----------------------------INFORMATION---------------------------Couverture : Classique
[Roman (130x204)]
NB Pages : 76 pages
- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 5.32

---------------------------------------------------------------------------La Quête
« En mémoire de la vie tragique de Walter BENJAMIN »
Arnaud Landreau
6 962732
2
La Quête
En mémoire de la vie tragique de Walter Benjamin
10/05/05
Aujourd’hui, j’ai envie de crier de toutes mes forces ma
tolérance face au genre humain, envers les alcooliques, les
clochards, les marginaux.
26/11/04 : L’amorce d’un rêve
Dehors le ciel est gris et l’air frais. Les oiseaux ne chantent
plus trop ; ils pleurent déjà l’automne. Les feuilles tombent en
masse et se posent délicatement sur le sol souvent reluisant
d’humidité. Je suis en ville et les quelques arbres présents me
font regretter la campagne charentaise, où, je suppose, la
nature offre un spectacle désormais teinté de mille couleurs.
J’aime voir ces routes recouvertes de feuilles dorées, rouges
ou oranges et bordées d’arbres de toutes tailles. J’aime fouler
les sentiers recouverts de feuilles mortes où on entend à peine
le bruit de ses pas, où on se sait plus où est le haut et où est le
bas. Où les feuilles sont partout. En hiver, elles auront
disparues, ramassées par les hommes ou balayées par le vent.
Les arbres afficheront alors leur nudité, leur maigre ou
imposant squelette. J’aime l’image des arbres nus qui sont
devant un soleil rouge, sur le déclin. Ils apparaissent alors
noirs et frêles devant l’infinité du ciel.
Précipitation. La musique s’accélère, la batterie se déchaîne,
3 les guitares gémissent. Ô mon dieu que nous avons la
chance d’être des hommes et de côtoyer la beauté !
Ralentissement. Je m’imagine dansant doucement sous un
soleil de plomb, auprès des vagues, sur l’air, dans l’eau,
partout. Accélération. Sens. Rêve. Espoir. Quête. Je veux
être un artiste.
L’apparition de l’anxiété et des phobies sociales
Adolescent, je commençais à ressentir l’anxiété, déjà. Le
petit bonhomme drôle et énergique avait cédé la place à un
être introverti et timide. L’anxiété s’est amplifiée avec ma
maladie, surtout avec la dépersonnalisation. Ce symptôme
entraînait chez moi, dans les cas de crise, une angoisse
terrible à l’idée d’être vu. Et ce, même avec mes proches. A
Sciences Po, j’ai eu de nombreuses conduites phobiques
dues à l’anxiété. Le pire était quand je passais en exposé
devant toute la classe. J’étais là, devant tout le monde et il
m’était impossible de fuir, comme je faisais d’habitude. Il y
a même eu des fois où j’avais un exposé à présenter et où
j’allais à Sciences Po, pour faire demi-tour devant l’entrée,
pris dans une angoisse terrible. Etre vu, il fallait absolument
éviter d’être vu. Par peur qu’ils ne démasquent ma folie. Par
peur que je sois pris pour un fou. On m’a pourtant
récemment dit que mon mal n’était pas visible. Si seulement
j’avais su que la plupart de mes souffrances étaient dues à
une illusion… Je ne regrette pourtant rien. Rien de ma vie.
Je l’accepte, telle qu’elle fut. Et si je devais retraverser les
ténèbres pour encore être inondé de sa lumière, je crois que
je referais le chemin. Car je suis courageux. Et l’amour est le
tuteur vers lequel mon être doit se rapprocher.
4 1/11/04 : errance
Je marchais seul sur la plage, contemplant l’horizon. Les
derniers rayons du soleil m’éblouissaient. La plage était
déserte. Le vent soufflait fort et la mer remontait de plus en
plus à mesure que le temps passait. L’air avait un goût salé. Le
ciel s’assombrissait. Mes pas étaient lourds dans le sable. Je
laissais des traces qui étaient vouées à la disparition. Je
scrutais la mer et l’horizon, les yeux humidifiés par l’émotion
d’être là. Je pensais à Sophie. L’air remplissait doucement mes
poumons. Je regardais le ciel en pensant à elle. Je regardais
mes pas. Je me disais que je n’étais pas venu ici par hasard.
Mon cœur battait fort. J’avais trop d’air. Je pensais que ma
quête s’accomplirait, qu’elle m’adorerait comme on adore les
dieux. J’étais le plus heureux des hommes.
7/11/04 : ma maladie comme extrapolation de la
normalité
J’en ai marre de travailler. J’ai envie de boire et de me
saouler la gueule jusqu’à pas d’heure.
Je viens d’aller m’acheter des bières. J’en ai trop marre de
travailler. Tant pis si je ne réussis pas. De toute façon il y a
longtemps que j’assume ma médiocrité à Sciences Po et je le
vis très bien. Je ne suis plus le bon élève d’autrefois et ça
m’est bien égal.
La nuit tombait sur Bordeaux et le froid commençait à
frigorifier les visages. Je buvais, seul et très pensif. Je pensais
à mon passé, à ma folie et je voulais crier partout que je
n’avais pas honte de ce que j’étais, que pour moi le mot folie
n’a aucun sens. Je voudrais crier que je me sens différent dans
le sens où Jamison l’a écrit c’est-à-dire que les
maniacodépressifs vivent les choses plus intensément que les
5 personnes normales. Certes c’est un état pathologique mais je
pense, comme Freud, qu’il existe un continuum entre le
normal et le pathologique ; je pense que le pathologique est
une extrapolation du normal. Je pense qu’on retrouve dans le
pathologique le normal avec des traits beaucoup plus
exacerbés et accentués. Je suis fier de ce que je suis dans le sens
où je m’accepte et je m’assume pleinement. Je n’ai pas honte
de ma folie. J’aurais tendance à avoir une certaine tendresse
pour les fous et j’adore les films qui font l’éloge de la différence
comme « Vol au-dessus d’un nid de coucou » ou « Family
Life ». Pour moi, on ne peut pas juger les fous, comme s’ils
avaient choisi de ne pas être comme tout le monde. On ne
peut les juger dans le sens où leur comportement est la
résultante d’un choix rationnel ; c’est comme si on jugeait
quelqu’un qui a le cancer. Ça n’a aucun sens.
Ma révolte
Je pense qu’au fond je suis un révolté. En tout cas avant
ma dépersonnalisation, je l’étais très intensément. Mais je
suis toujours autant révolté par la misère, les clochards qui
ne savent pas où dormir. Même si je me sens impuissant, ça
me révolte énormément. J’ai été très marqué par L’homme
révolté, d’Albert Camus. C’est un essai d’une profonde
intelligence qui opte pour une position mesurée, des actions
à la portée de l’homme sans trop d’ambitions démesurées.
Ces ambitions ont conduit aux totalitarismes et Camus à
considérer l’histoire comme un absolu.
Pour lui, il y a l’histoire et autre chose : « le bonheur, la
passion des êtres » ; je me reconnais dans cette idée que
l’histoire et la politique ne forment pas un tout dans nos
existences. Il faut savoir cultiver des relations avec des êtres
et surtout savoir être surpris et admiratif. Je n’hésite pas à
6 déclarer mon admiration ou mon affection. Peut-être que
certains ne le feraient pas, par orgueil. Je me sens très
éloigné de cet état d’esprit. C’est peut-être une faiblesse mais
je suis comme ça. D’un autre côté il y a vraiment peu d’êtres
que j’admire. Ça se compte sur les doigts d’une main,
vraiment. Souvent je suis déçu par les gens. Peut-être parce
que je suis trop exigeant. Et un élément important est que
souvent, comme beaucoup, je ne me comporte pas avec les
gens comme j’aimerais qu’ils se comportent avec moi. C’est
pitoyable je le sais mais j’essaie au maximum de ne pas
instaurer ce rapport odieux.
La chute ou l’entrée dans la maladie
On sonna à la porte. Pour la première fois depuis plus de
vingt ans, ma mère et mon père étaient réunis pour venir
me voir. Ils venaient sûrement fêter mon écrasante victoire.
Nous eûmes une longue discussion. Il me parlait de tests à
faire à l’hôpital. Je refusais une première fois, ne
comprenant pas vraiment le but. Puis mon père eut le mot
juste : « peux-tu le faire par amour pour tes parents ? ». Je
ne pouvais qu’accepter. Ils me conduirent alors à l’hôpital
Charles Perrens. Je ne me rappelle plus très bien de ce que
me dit l’homme avec lequel je m’entretins. Il finit la
discussion par me demander si j’accepterais de prendre des
médicaments. Sans me rappeler pourquoi, j’acceptais. Mon
père rentra alors en Charente. Une fois de retour dans mon
appartement, je dis à ma mère que mon état ne nécessitait
pas de traitement. Je voyais qu’elle était très embarrassée.
Elle passa deux coups de fil. Je l’écoutais à peine, regardant
dehors par la fenêtre, perdu dans mes éternelles pensées
printanières. Quelques minutes plus tard, un médecin dans
une ambulance débarqua. Il se renseignait sur mon état. Je
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