La tête hors de l eau
93 pages
Français

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Description

Témoignage du combat pour mener à une guérison improbable deux enfants handicapés sur quatre. Deux handicaps sans cause identifiée.

Informations

Publié par
Date de parution 21 octobre 2013
Nombre de lectures 4
EAN13 9782312017785
Langue Français

Extrait

La tête hors de l’eau

Laurence Laborde
La tête hors de l’eau


















LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01778-5
Chapitre I
L A TÊTE SOUS L ’ EAU
Il n’y a pas de courant en ce mois de septembre baigné par un soleil radieux, mais les grandes marées ont la particularité de nous offrir de belles vagues bien formées, sans courants qui poussent dans tous les sens, qui nous empêchent de rejoindre la côte !
À la tombée de la nuit.
Il ne fait plus trop chaud, ni encore trop froid.
Alors qu’ils avaient seize et dix-huit ans, ils sont allés se baigner au soleil couchant sans surveillance, hors de la foule, sur cette plage un peu éloignée de leur spot habituel.
Le plaisir que procurent ces énormes vagues qui se forment au large.
La peur de cette masse d’eau.
C’est une poussée d’adrénaline !
Lui, il prend la vague pour qu’elle l’emmène jusqu’au bord.
Elle, plus romantique, se laisse porter. Elle s’allonge sur le dos, attend de ressentir ce bonheur de se faire bercer par une étendue d’eau qui, après cela ira s’éclater et emportera dans un rouleau ceux qui n’ont pas nagé assez loin !
Tout d’un coup une série est arrivée.
Ils n’avaient pas eu le temps de nager assez loin.
Combien de fois ils se sont moqués de ceux qui se font rouler.
Combien de fois ils ont ri de les voir se faire emporter, secouer comme dans une machine à laver.
Rira bien qui rira le dernier, cette fois c’était leur tour.
C’est dans cette machine à laver qu’elle s’est sentie perdue et proche de son dernier souffle, mourir dans l’eau oui, mais pas comme ça, pas déjà !
À peine a-t-elle réussi à sortir de cette mousse, à retrouver le sol, elle pousse sur ses pieds avec toute sa force et sort enfin la tête de l’eau juste le temps de reprendre un peu d’air, la deuxième vague est déjà sur elle, et c’est reparti pour la secousse.
Je crois que je ne vais pas réussir à sortir cette fois.

« Ça va, Lolo ? » demande Guillaume, mon grand cousin tout autant en difficulté que moi. Lolo c’est moi. Laurence, dite Lolo.
Guillaume, dit Willi, le cousin adoré, fan de surf.
Antoine était là aussi, sans me demander si j’allais bien, Antoine, mon frère.
Les filles le trouvent à leur goût, gros dingue de surf. Il ne vit que pour ça, se prend pour Tom Curren comme beaucoup de ses copains, à Hossegor, The spot.

« Oui, oui, ça va aller !
Non, ça ne va pas du tout ! »

J’ai toujours cru que je mourrai à mes quarante ans, en fait j’en ai quarante et un et je suis toujours là...
Je reprends le fil de mon récit, le fil de ma vie.
La tête hors de l’eau.
Le mariage est une chose parfaite, le plus beau jour de ta vie, surtout quand on croit aux contes de fées.
On se marie, on projette d’avoir des enfants à notre image.
Les enfants parfaits qui seront beaux et feront de belles études, mieux que ce que l’on a fait soi-même ou, dans tous les cas, pas moins bien !
Surtout pas moins bien !
La réalité m’a bien fait retomber sur terre. L’insouciance et mes rêves de jeune fille, voire de petite fille ; Cendrillon, la Belle au Bois dormant, même la Belle avec sa Bête m’a fait rêver à une vie parfaite !
Il faut se méfier des contes de fées, on devrait nous le dire avant de commencer l’histoire.
Il était une fois, attention ce que vous allez voir est une pure fiction, les similitudes avec la réalité ne sont que pures coïncidences.
Cette insouciance a disparu avec l’apparition des premiers cris perçants de bébé dans la nuit !
Cette insouciance n’est pas revenue dès les premiers pas, car les premiers pas ne venaient pas.
Nous allons réécrire cette histoire, ce conte de fées, la fin du conte « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ».
On s’était accrochés à cette fin, mais qu’en est-il d’après ?
Comme diraient les profs de français, imaginez une suite :
Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, certes, mais aussi beaucoup… d’emmerdes…
J’ai deux enfants handicapés, c’est officiel.
J’ai deux enfants handicapés et je vous emmerde. Non !
J’ai deux enfants handicapés et je n’en peux plus. Non !
J’ai deux enfants handicapés et voilà c’est comme ça, ce sont des enfants qui vont bien ; ils vont même très bien, ça n’est pas cohérent avec la vie dont chacun rêve en se mariant, en aimant ; en faisant un projet de vie à deux, à trois, quatre, cinq, six.
J’ai deux enfants handicapés et vais-je réussir à sortir la tête de l’eau ou vais-je me noyer ?
À vingt-quatre ans, j’ai un enfant porteur d’un handicap et rien ne s’oppose à ce que j’aie un deuxième enfant.
Nous sommes deux, je ne suis pas toute seule.
Parfois, je me sens toute seule.
Parfois j’ai l’impression que personne ne comprend, personne. Pas même mon mari.
Mais l’espoir que ça ne soit que passager restera dans leurs têtes à tous les deux pendant longtemps, jusqu’au…quatrième.
Nous partons de l’hypothèse que Hugues, notre fils aîné, a souffert intra utero entre autres à cause de la tension trop élevée que j’avais.
Puisque l’on soigne la tension, il ne devrait plus y avoir de problème.
Mais le placenta était très abîmé.
Il semble donc que cet enfant n’a pas été nourri, ou très mal, lors des derniers mois de grossesse.
Une charmante dame dira un jour que c’est un « survivor » !
Un survivant, oui, il a lutté contre la mort pendant les derniers mois de grossesse, c’est extraordinaire. C’est un battant ! Une rage de vivre !
Alors que je suis allongée en salle de travail, mon frère étudiant en médecine passe me voir.
Normalement les gens viennent après la naissance, ça c’est normalement.
Lui, il était là, ne sachant trop que faire. Il a piqué des gants de chirurgie, il trouvait ça cool.
« Euh, bon, c’est pas que j’ai mal, mais là... si tu pouvais aller bouffer ton cheeseburger plus loin... »
L’enfant a été sorti aux forceps car sa maman divaguait. Avec les prémices d’une éclampsie, le médecin était là à trois heures du mat’, signe que ça ne va pas fort.
Il m’engueulait :
« Bon maintenant ça suffit, il faut se concentrer et pousser correctement. »
Pendant ce temps mon bras devient tout violet et la machine ne marche plus.
« Non, tout va bien, c’est rien, la machine a un problème de dysfonctionnement » me dit-on, me prenant juste pour une gourde.
Hôpital de Dax.
« Il ne faut pas accoucher à Dax, jamais. »
C’est ce qu’on m’a dit après...
« Ah, il a un retard de marche ton fils, mais non, il fallait accoucher ailleurs, tu sais, c’est pas top là-bas. »
Vrai ou pas, quand l’info vient après, c’est forcément moins intéressant.
La ville où mon mari et moi avons grandi, enfin, plus moi que lui.
Pour ma part, c’est là que j’ai vécu.
Dax, ville thermale, remplie de curistes se baladant en peignoir blanc, le paradis sur terre.
Hugues fut placé en couveuse, il pesait 2, 2 kg, autant dire, une crevette. C’est le poids d’un bébé né avant terme.
Bien sûr ça, ça n’est absolument pas normal.
Un autre de mes frères, j’en ai deux comme ça, vient me rendre une petite visite après la naissance, il y a du progrès.
Il prend en photo le nourrisson dans sa couveuse. L’image de ce bébé tellement minuscule avec les tuyaux dans le nez, des aiguilles dans le bras.
Vision d’horreur !
Sur le moment, j’ai trouvé horrible qu’il prenne la photo. Mais c’était une bonne idée, car on oublie vite.
Si on ne les oubliait pas, ces bons moments de grossesses et accouchements, jamais on n’aurait d’autres enfants ! C’est ce que disent toutes les mères.
Pour le voir, il fallait que j’aille dans un autre service, avec des enfants préma et des enfants qu’on allait abandonner...
« Ah, donc, vous avez accouché sous X ? Et comment ça se passe ? » dit ma délicate mère à une pauvre malheureuse qui vivait le pire moment de sa vie.
« Euh, c’est bon, mama

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