Larmes de bayou
150 pages
Français

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Description

Il était une fois une loi, en Louisiane, qui permet d'embaucher des enseignants francophones dans les écoles américaines. Ce sont souvent des femmes européennes, canadiennes, haïtiennes ou africaines, venues enseigner leur français, et qui ne repartent plus, car tombées amoureuses d'un Américain cajun... Dans les cas les plus fréquents, l'histoire est simple, évidente. Les couples sont jeunes et libres, et ont la vie devant eux. Mais le bayou, si féminin, ouaté, mystérieux et romantique, m'a fait penser à une femme mûre, mère et mariée, tombée en amour, alors qu'elle ne le veut pas, qu'elle s'en va, qu'elle n'est même pas libre et que son ami cajun s'y refuse aussi... Une histoire d'amour absolument impossible, entre deux êtres, issus de deux pays si différents. Tous deux quadragénaires. Lui est descendant de trappeurs, de Natives et de Cajuns, il a grandi dans le bayou et est connecté au divin après avoir vécu plusieurs drames violents. Elle est française, venue pour deux ans enseigner sa langue aux enfants noirs de l'école publique américaine. Et artiste à ses heures. Elle et lui se sont connus sur une valse. Ne savent strictement rien ni de leur passé, ni de leur présent. N'ont aucun avenir en commun. Ils le savent tous les deux depuis le début, et ont tout fait pour éviter de s'attacher l'un à l'autre. D'ailleurs, ils se sont à peine parlé. Ils ont juste dansé ensemble pendant de longs mois. Mais plus le terme de leurs adieux se rapproche, et plus leurs sentiments exultent. Et même encore plus fort, après qu'elle s'est envolée par-delà l'océan... qui les sépare définitivement tous deux maintenant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342051056
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Larmes de bayou
Ange Borel
Mon Petit Editeur

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Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Larmes de bayou
 
 
 
 
…A Cajun novel
 
 
 
 
Alors, avant de partir, dans les larmes elle lui promit…
Ce sera ton histoire Cajun, musicale et entraînante. Je t’écrirai un hymne à la Louisiane, au français, et à ta culture. Ce sera comme un film dansant et aussi un exemple à suivre, pour entrer dans la beauté, atteindre le divin, et en être nourri. Une histoire d’amour, de Dieu et des Cajuns… Un rêve merveilleux. Car elle comprit ce dernier soir, qu’il n’y avait pas de hasard. Tout avait été orchestré de longue date, dans ce sens : son envie d’écrire, ce blog alimenté pendant deux années en Amérique, le concours de prof des écoles, sa guitare, la musique, la Louisiane, les Cajuns, la danse, leur amour à tous deux pour la nature depuis toujours. LUI. Le travail accompli lentement mais sûrement, ils étaient les artisans d’une Volonté qui les dépassait. IL les avait choisis, les avait élus pour passer un message, vivre et écrire une légende. Une histoire qui touche les gens. Une histoire qui traverse le temps. Il leur avait fait confiance. Alors, il fallait travailler, ne pas Le décevoir. Finir l’histoire. Écrire… et lui revint alors une remarque prophétique d’une de ses collègues cajuns, la voyant écrire longuement et avec fougue une lettre fleuve à son tendre époux. Personne ne faisait attention à elle, dans cette salle de repos borgne. Tout autour de la table, les collègues parlaient, mangeaient, blaguaient. Mais au bout de sa septième page, l’une d’entre elles la vit et lui dit soudain : «  You should write a book  ! ». Elle répondit simplement, dans un lumineux sourire : «  Oh yes, I really would like, one day, when I’ll be retired, certainly  ». IL lui avait déjà parlé, dans la bouche de cette Cajun. Idem à propos de son arrière-grand-père écrivain, et de sa certitude de l’héritage génétique… Elle aimait tant écrire… C’était fou…
 
Deux ans orchestrés. Puis ces vingt derniers jours de mai et de folie…
Premier et huit mai, fériés chez elle, travaillés chez eux. Ils bossent tout le temps, ces Ricains-là. Ils y sont habitués et de toute façon ils n’ont pas le choix. «  Your job ? Love it or leave it  ! » Et ferme-la. Réfléchir, c’est déjà désobéir. Le patron est roi. Ils vivent pour bosser, quand chez elle, ils bossent pour vivre. «  It’s your job !  » lui dit un soir sa chef qui voulait la retenir, elle seule, tard après les heures légales. Juste pour lui rappeler la soumission et l’obéissance. Piqûre de rappel. Le boulot avant tout. Et on vous culpabilise si vous faites valoir votre famille d’abord. Elle n’aimait guère cette société-là, hard, cruelle, sans pitié, et où les enfants s’élèvent seuls, entre le frigo et les écrans. Car les parents sont toujours absents.
Mais elle voulait rendre hommage au bayou, aux Tropiques, à la vie d’antan ici, en Louisiane. Rendre hommage aux Natives qui avaient accueilli les survivants, les déportés, les insoumis, les mal-aimés, les insubordonnés, les clandestins, les expulsés de l’Acadie. Et ces sans-terres, ces pauvres hères errants, avaient mis les pieds dans l’eau, puis pris racine tel le cyprès chauve et avaient aimé cette vie de rien, cette vie de l’eau, du chaud, avec bien des maux. Mais la vie, la vie d’ici, si dure, les avait pourtant ravis. Mange, pêche et chasse, jouis, ris, chante et danse, et passe. Va, tu as la chance d’être libre, ici, et plein de vie. Tu as tant traversé, tant enduré, mais tu aimes la vie, elle n’est que bombance, et bonne musique, les amis, la famille et ton vieux français pour chanter ta vie. Elle, la Française fraîchement immigrée, disait souvent : « On a les mêmes aïeux, sauf que le mien est resté sagement chez lui. Sans chercher à changer son quotidien en partant très loin, comme le tien, dans le Nouveau Monde : l’Amérique. Avec son français, sa cuisine et sa musique en bagage. »
 
Non.
Il n’est pas beau.
Trop grand, aux grands pieds.
Embarrassé par sa carcasse.
Timides yeux bleu foncé et baissés,
Cachés sous la visière de son immuable casquette,
Toujours vissée sur sa tête.
Le nez de Cyrano. Patate boursoufflée sous une peau burinée.
Des lèvres si fines pour une bouche effacée.
Des mains immenses et élégantes, mais aux ongles rongés.
Pauvre et mal habillé, il n’a rien, et ça l’indiffère.
Non, il n’est pas beau.
Il a un charme fou.
 
Elle lui voue une profonde tendresse, une douce affection, un immense respect. Elle n’est pas sa femme. Elle aurait pu, si… Connus plus tôt ou plus tard ? Ce sont ses pensées, son amour de la vie, sa sagesse, son calme, sa vue du monde, des autres, du divin dans chaque détail du quotidien, sa façon d’appréhender les événements, qui lui donnent une aura, un je-ne-sais-quoi. Elle aime son regard si bon. Jean est différent des autres hommes, voilà. Il la calme, l’éclaire, la touche, l’amuse, la transporte. Danser dans ses bras, l’écouter parler tout bas, écouter sa voix si rare le jour et si bavarde dans la nuit noire. Et dans le bayou, suivre ses pas, l’écouter, le voir heureux de partager son vécu de trappeur, son enfance en house-boat, sa connaissance de la nature tropicale et de chaque signe qu’elle laisse lire, à qui sait voir. Et, depuis sa plus tendre enfance, son immense admiration pour les alligators. Tout en lui, l’émerveille, elle. Sa connexion, son acceptation, sa philosophie, c’est un Saint. Rien ne le détourne du bien, parce qu’il est heureux. Il n’a besoin de rien. Et sous ses manières de bûcheron, marchant à pas de géant, trappeur-chasseur et coureur des quatre chemins et des grands bois, se cache un être délicat et juste, humble et généreux, sentimental et noble, un Sage. Un Grand, un très Grand Homme.
 
Il est un descendant de croisés d’indiennes et d’aventuriers français, découvreurs du Nouveau Monde. Les indiennes étaient si belles et si douces pour ces grands chasseurs blancs, bien seuls. Il est un créole. « Créole » pour lui, signifie descendant de colons et croisés avec des « natives », indiennes d’Amérique, né en Amérique. Sa famille vit ici depuis des siècles. Il a grandi dans le bayou, en autarcie, vivant aux rythmes des saisons et en fonction de la nature. Les trappeurs ont appris leur langue française aux Indiens, qui leur ont appris en retour à survivre sous les tropiques. Et de cette descendance, est né cet homme-là. Un Homme bon. Qui ne boit ni ne fume, ne profite même pas de la chair juvénile des touristes décolletées, éméchées, offertes et en chasse… Neuf ans. Neuf ans déjà qu’il n’a plus touché une femme. Depuis son divorce. Abstinence sans effort. Plus envie de forcer le destin. Plus envie de souffrir pour rien. Ni d’appétit pour aventurettes récurrentes et sans lendemain, s’offrant pourtant à lui, tous les samedis soir bien tard ou très tôt les dimanches matin…
Elle est comme lui : sortie de la jeunesse, entre deux âges grisonnants, de blond doré elle est passée depuis des années au cendré et gris argenté. Pour avoir refusé obstinément de se teindre la tête, comme font toutes les femmes. Pour gagner quoi ? Quelques années faussées au compteur des apparences… Et paraître jeune en société ? Et se faire passer pour la sœur de sa fille ? N’importe quoi… C’est pas pour elle, ces machins-là. Elle est belle, dit-on. Cheveux assortis à ses yeux gris argent, sourire éclatant et visage d’ange pour un corps athlétique de fille de la campagne, habituée aux travaux et aux sports nature. Mais ici, depuis qu’elle est arrivée, Louisa a dû changer ses habitudes. Vit moins dehors, trop marre de se faire bouffer les pieds par les maringouins – les moustiques en cajun – et ne court ni ne pédale entre les trucks et les pick-up. Et elle exècre les salles fitness, leurs miroirs pour mégalo et leurs musiques à décibels mais bas de gamme… Junk food ou junk music , même combat… Et le sport d’extérieur est limité entre les marais, les autoroutes et les zones commerciales. De toute façon, le climat est si chaud, si lourd, si humide… qu’elle a laissé tomber. Alors elle danse. Elle aime danser, elle adore ça. Et chanter aussi. Et jouer de la guitare dans les jam . Mais elle a fait le deuil des randonnées. En échange, la musique la fait vibrer. Et ce grand escogriffe, très secret, toujours discret, rencontré sur une piste de danse parquetée, la guide et lui enseigne les danses de son pays. Depuis tant de mois et d’heures à danser ensemble, ils se connaissent bien maintenant en danse. Leur connexion est palpable. Nul besoin de se forcer ou de parler, l’un comprend l’autre, l’un ou l’autre guide et mène à tour de rôle. Et ils s’amusent bien, en musique. Sportifs sans efforts. Danse plaisir. Portés par le rythme combiné de leurs pas synchronisés. Car depuis qu’elle est arrivée, ils ont tant dansé ! Mais jamais vraiment parlé. De toute façon la musique est trop forte pour échanger. Ils ne savent de fait, presque rien l’un de l’autre. Elle ne s’est même jamais intéressée de savoir s’il vivait seul. Aucune question de part et d’autre. Et, en ce qui la concerne pour sûr, la danse uniquement l’intéresse. Mais elle se souvient d’une des premières fois, son étonnement d’homme célibataire, à apprendre par hasard, qu’elle était mariée. Il s’était exclamé, mi-amusé mi-surpris : «  Mais comment aurais-je pu le savoir, moi, tu n’as aucune bague aux doigts !  ». «  Mais, quelle importance … » s’était-elle dit intérieurement : «  Je m’en fous, moi, de nous savoir mariés ou pas. On ne va pas vivre ensemble, on

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