Le bâtard imaginaire

François Zabaleta

Description

Le bâtard imaginaire est l'histoire d'une destruction. Celle, quotidienne, irréversible, d'un enfant de huit ans muré dans un désespoir qui n'a pas de mot pour se dire. Un désespoir froid et blanc comme une banquise dans laquelle il s'égare en prenant soin d'effacer ses propres traces. Il ne comprend, ni ces règles ni le rôle qu'il est censé y jouer. Cet ouvrage est aussi celle d'un apprentissage âpre et cruel. Celui du sentiment de la différence chez un enfant aussi peu préparé que possible à la recevoir pour destin.

Sujets

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• Littérature
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 07 décembre 2018
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140107306
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Le bâtard imaginaire

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François Zabaletà

François Zabaletà Le bâtard imaginaire

Le bâtard imaginaire

LE BÂTARD IMAGINAIRE

François Zabaleta Le bâtard imaginaire

Du même auteur

Un alligator pour la vie, éditions Nathan, 1996. La dernière fois, éditions L’Harmattan, 2018.

© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16402-1 EAN : 9782343164021

Tout est cousu d’enfance. Ce n’est pas nous qui disons les mots. Ce sont les mots qui nous disent. Witold Gombrowicz

J’ai toujours eu la sensation qu’il y avait en moi un être assassiné. Assassiné avant ma naissance. Il me fallait retrouver cet être assassiné. Tenter de lui redonner vie… Samuel Beckett, dansRencontres avec Samuel Beckett de Charles Juliet

Être comme les autres

Tu n’es pas dans une école comme les autres. Maman explique que c’est une école pilote : « … une école où les maîtresses essaient, sur un nombre limité d’élèves triés sur le volet, de nouvelles méthodes d’éducation. » Elle ajoute que c’est un grand privilège d’avoir été accepté : « Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir entrer dans une école qui vous offre, d’emblée, toutes les chances de réussir dans la vie. »

Les filles et les garçons sont mélangés. En classe, la maîtresse insiste pour qu’il n’y ait pas deux garçons ou deux filles assis l’un à côté de l’autre.

On apprend des choses qu’on n’apprend pas dans les autres écoles, et les choses qu’on apprend dans les autres écoles, on les apprend d’une autre façon. D’une façon qui ne donne pas l’impression d’être à l’école.

Tu fais de l’imprimerie, vas au cinéma, regardes des films à la télévision, visites des musées, pars en vacances avec ta classe.

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Tu vas aux toilettes sans demander la permission, parles quand tu veux, poses toutes les questions que tu veux. Quand tu fais des bêtises, tu n’es pas puni. La maîtresse te prend à part. Elle te demande de lui confier ce qui ne va pas, si tu as des problèmes. Tu dois toujours discuter avec elle des bêtises que tu fais. Elle ne te dispute pas. Elle essaie juste de se mettre à ta place, de comprendre pourquoi tu as désobéi. Deux ou trois fois par an, tu vas chez une sorte de docteur. Il te demande d’assembler des morceaux de puzzle, d’empiler des cubes en bois de différentes formes et de différentes couleurs. Après chaque jeu, il coche des cases sur un grand cahier. Pour te remercier de ta bonne volonté, il te donne des bonbons et des images. Dans la cour de récréation, il y a un gros tilleul. Tu passes tes journées à le regarder à travers la fenêtre. Tu ne peux pas lui résister. Il te protège, te rassure, t’aide à passer le temps. Il t’entraîne dans des rêveries qui durent des heures. Il est ton meilleur ami. Quand tu lui tournes le dos, il t’appelle. Tu lui manques. Tu le connais par cœur, tu penses à lui chaque soir avant de t’endormir. Tu le récites comme une leçon. Tu dessines en pensée chacune de ses branches, la forme de son tronc, les inscriptions au couteau qui sont gravées dessus. La maîtresse n’arrête pas de te rappeler à l’ordre. Elle s’en est plainte à grand-mère.

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