Le cru des beaux arts
414 pages
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Le cru des beaux arts , livre ebook

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Description

Loin d’être le tout du « Cru des Beaux-Arts », ce livre est une simple « fillette » de vin guilleret.

J’ai eu la chance de vivre une période exceptionnelle et de collecter des témoignages de notre vie d’élèves architectes. Elle avait pour décor l’atelier où nous bossions toutes promotions confondues dans un chaudron festif.
Le 15 rue Visconti, entre Saint Germain des Pré et le quai Malaquais, les rues de Seine et Bonaparte, a été le centre névralgique des péripéties relatées.
Ces frasques et gaudrioles ont donné l’occasion de lever notre verre plus que de coutume, jusqu’à mettre de l’ombre sur le sérieux de notre travail.

Les croquis viennent d’un opuscule dont le titre aurait été approprié : « Tribulations d’un apprenti architecte des années 60 ». J’en ai laissé la paternité à son auteur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 novembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332561688
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-56166-4

© Edilivre, 2014
Le cru des beaux arts
 
– Oh là là, c’est très mal parti !! Non seulement, en première page, cette allusion à la dive bouteille, que vous allez jusqu’à rappeler en quatrième de couverture, mais le sujet de ce premier chapitre, non, ça ne va pas du tout !!
– Mais…
J’ai besoin de quelqu’un qui va m’écouter jusqu’au bout sans me juger, sans penser que j’ai tout inventé. J’te jure une fois de plus que j’ai rien inventé et que tout s’est passé comme je te le conte ! Exactement ? Peut-être pas. Peut-être qu’y a des bouts que j’interprète un peu, c’est vrai, ça fait tellement longtemps, mais pas assez, j’ai pas assez changé de choses pour que ce soit important… juste pour que ce soit intéressant. Les faits sont vrais, c’est ma façon de les conter qui est peut-être un peu exagérée. Y faut ben que je retienne ton attention, non, sinon tu vas repartir d’où tu viens et j’vas encore me retrouver toute seule devant mon verre !
En tout cas… Si tu me crois pas, au moins écoute-moi jusqu’au bout sans faire des grimaces de doute.
Michel TREMBLAY – « Le trou dans le mur ».
 
« Ça y est !! On va enfin avoir des chiottes propres !! ».
Comme premier contact avec l’enseignement de l’architecture, je ne pouvais pas être mieux servi.
Une porte vitrée un peu dure à manœuvrer, en face, deux lavabos collectifs, à gauche une porte que j’avais poussée en disant un « Messieurs, bonjour » à deux ou trois individus assis sur des tabourets derrière des planches à dessiner, tel avait été l’accueil chaleureux dans une salle dont l’odeur caractéristique de poussière me serait bientôt familière.
Elle vient se placer en toute première position dans cette «  arômothèque  » qui va rassembler les réminiscences olfactives glanées tout au long de ce récit.
La salle, l’atelier de la rue Visconti, est parquetée, charpente apparente, éclairage zénithal par des châssis dont les vitres sont colmatées au bitume, l’éclairage électrique composé de douilles à bout de fils suspendues à un réseau de fil de fer.
Sur les murs, des inscriptions immortalisant les propos de tel ou tel ou du patron comme ceux historiques, plusieurs fois cités dans le Livre d’or : « le 13-3-36, le Patron a dit à FROUX : Vous avez des formes agréables mais vous manquez un peu d’épaisseur ».
Des plaques en marbre, à la mémoire des « élèves de l’atelier morts au champ d’honneur ».
Je ne me souviens plus si j’étais le premier de ma promotion ou si SCHAACK était déjà arrivé ; toujours est-il que je me retrouvais avec lui pour répondre à cette demande qui avait l’air d’être pressante.
« On » nous indique une porte sur le côté en nous disant « Eh, les nouvôs, c’est par là » ; à l’odeur, c’est bien par là.
Dans ce galetas pavé, encombré, premier contact intime entre « nouvôs » et premier jaugeage :
– Tu dois bien comprendre une chose, me dit SCHAACK, je sors du service militaire, j’ai fait « CULTURE GÉNÉ » et je compte bien ne pas me laisser emmerder.
– T’inquiète pas, je vais m’en occuper.
Vu les on-dit circulant sur les Beaux Arts, je n’allais pas commencer à me mettre à dos mon premier compagnon de route, qui, vu de mes dix-sept petites années me semblait être d’une autre génération.
La porte entr’ouverte des « toilettes » nous révèle le pire.
Je referme prudemment le local et me mets à la recherche de quelconques ustensiles et produits adéquats. Rien d’autre que des tubes en cartons, des montagnes de lattes de parquets arrachées, qui se déroulaient vers un bouge arrière totalement obscur.
Comme il l’avait annoncé, SCHAACK me laissait toute initiative. Nous retournons dans l’atelier et je me risque à demander où est le nécessaire pour mener à bien notre besogne :
– C’est pas difficile, tu vas chez GOUJON, t’achète un litre d’acide chlorhydrique, tu le verses et le tour est joué.
– Et chez GOUJON, c’est où ?
Air malheureux de mon interlocuteur à cette demande qui lui parait superflue :
– C’est le droguiste de la rue de Seine »
– Et comment je le paie ?
Re-air malheureux
– Tu le mets sur le compte de l’atelier.
Laissant SCHAACK, je pars à la recherche du droguiste. L’ayant repéré, j’entre dans une boutique qui tenait plus du bazar que de la droguerie :
– Bonjour Monsieur, je suis de l’atelier LAMACHE…
– T’es le dernier nouvô, apparemment ; mmmhh, toi, tu m’as pas l’air bien déluré, mais ne t’inquiète pas, ça n’durera pas ; toi, tu viens chercher l’acide chlorhydrique, il est tout prêt.
GOUJON est le parangon du droguiste : blouse grise de laquelle émerge une tête à la calvitie entourée d’une couronne de cheveux sans couleur, yeux malicieux et pétillants, moustache à moitié roussie par un bout de cigarette qu’il n’arrête pas de rallumer.
Malgré sa remarque je pressens que son commerce deviendra vite un refuge et que sa fréquentation me sera des plus agréables quand j’aurai besoin d’une oreille bienveillante.
– Fais quand même attention, ce truc n’est pas innocent ; évite de te le renverser sur les panards.
De retour à l’atelier avec mon précieux butin, je file droit aux chiottes.
Cela semble être la solution, enfin pas du premier coup.
Une deuxième bouteille vient à bout de nos soucis ; bientôt la porcelaine de la cuvette brille de tous ses feux ; heureusement, la chasse fonctionne ( T’as intérêt à la faire fonctionner un bon nombre de fois pour diluer le produit ).
Les vessies de mes futurs camarades pouvaient enfin se lâcher sur place sans avoir à aller prendre un café au bistrot du coin ; je subis donc l’examen de mon labeur avec la mention plus qu’honorable : Ça peut aller.

C’en était assez pour la matinée. Les prospections que j’avais préalablement faites m’avaient fait d’ores et déjà découvrir l’existence du RESTO U.
Je partis alors rejoindre seul le « Mabillon » pour le déjeuner à 1,20 francs sur plateau métallique.
A mon retour dans la soirée à Bourg la Reine, mon père :
–  Ça s’est bien passé cette première journée ?
–  On dit qu’« Oui ».
« Mieux que ça »
Premier alinéa du nom : mes souvenirs sont embrumés. Quand j’aurai l’opportunité de retrouver un copain dont la mémoire n’aura pas été effacée, grâce lui sera rendue par un tel encart.
« Mieux que ça ! », interrompait ma grand-mère rectifiant un récit approximatif du grand père.
L’occasion m’est donnée de rencontrer récemment SCHAACK avec CHARLET, un ancien de l’atelier, autour de quelques plats typiques d’un bouchon lyonnais.
Nous nous remémorons nos faits et gestes rue Visconti.
C’est alors qu’il m’apporte une précision :
Figure-toi que j’étais passé deux ans auparavant pour m’inscrire.
J’étais tombé sur EYNAUD, qui devait être sous-massier et qui m’avait dit :
Ce n’est pas la peine que tu viennes maintenant ; il n’y a pas beaucoup de nouvôs d’inscrits ; tu vas juste être bon pour nettoyer les chiottes.
Je serais à ta place, je ferais mon service militaire, je préparerais CULTURE GÉNÉ et je reviendrais tranquille en octobre 1964.
Ce qui fut dit fut fait, et je me suis retrouvé après mon service à Neuf-Brisach et avec mon sésame en poche, avec toi et dans la même situation que deux ans auparavant.
En fait c’est EYNAUD, Jacques Régis EYNAUD de FAY, qui t’a envoyé chercher un litre d’acide chlorhydrique chez GOUJON ; une fois les produits arrivés, il a déposé veste de costard et cravate pour mettre la main dans la merde avec nous !!!
Je peux t’assurer que c’était la première et la dernière fois qu’il s’attelait à un tel exercice.
La cervelle de canuts n’en a été que meilleure.
J’ai 65 ans à l’instant où j’écris ces lignes ; le contexte général ambiant a fait que j’ai dû m’arrêter de travailler plus tôt que je ne le pensais.
J’ai eu la chance de vivre une période exceptionnelle et de collecter quelques réminiscences de notre vie commune d’étudiants. Elle avait comme décor l’atelier, l’ATÉYÉ, où nous bossions, toutes promotions confondues, sous la houlette de notre patron, Paul LAMACHE, jusqu’à la fête de clôture de l’atelier, le 10 novembre 1983.
Ces dernières années, les occasions de revoir les copains, les anciens, les bougres, ont été celles où l’un d’entre nous nous tirait définitivement sa révérence.
Marre de ce contexte !!! Une réunion des anciens de l’atelier reste dans l’esprit qui a animé toute notre jeunesse ; l’idée nait d’un échange avec Jean Pierre MARCHAND, à la sortie de l’enterrement de Gilles Le GALL du TERTRE.
Ce fut chose faite le 12 juin 2010, après une réunion préparatoire digne de ce nom comme savait les monter Serge CAILLAUD avec spontanéité.
Comme intentions, se retrouver, prendre l’apéro au son d’une fanfare reconstituée, manger et boire, échanger sur des thèmes divers et variés et, à l’occasion, rassembler le maximum de témoignages établis ; remettre la main sur les Livres d’or qui représentent le témoignage des frasques de notre passage rue Visconti était aussi à l’ordre du jour.
A l’actif du 12 juin, plus de 70 personnes et une fanfare, des échanges nombreux et variés sur nos incartades passées, une récolte de photos impressionnante.
CAILLAUD s’était trouvé dépositaire de deux Livres d’or, formats originaux, 1935 – 1940, 1960 – 1976, un livre hors format de 1900 à 1910, une série de pages reliées par anneaux et une pile de photos en vrac.
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