Le Journal de bord d une hôtesse de l air
54 pages
Français

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Le Journal de bord d'une hôtesse de l'air , livre ebook

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Description

L'hôtesse de l'air est un personnage phare et incontournable du transport aérien. Pourquoi choisir ce métier quand on apprend, enfant, que son père, lui-même navigant, est décédé d'un accident d'avion en 1968 ? Ces femmes au maintien classieux, porteuses de l'image de marque de leur compagnie, ont longtemps été associées au luxe et ont suscité pour beaucoup d'entre nous une forme de fascination qui donne envie d'en savoir plus. Valérie dévoile au travers de son expérience la réalité méconnue de ce métier, mais aussi l'amour et la passion qu'il a suscités chez elle, ainsi que les circonstances particulières qui l'ont menée inexorablement à lui. Au travers d'un récit singulier, original, vivant, truffé d'anecdotes, d'émotions, elle vous conduit sur trois décennies à un voyage inédit dans l'univers du transport aérien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 novembre 2016
Nombre de lectures 57
EAN13 9782342058208
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Journal de bord d'une hôtesse de l'air
Valérie Nadame
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Journal de bord d'une hôtesse de l'air
 
 
 
 
Je m’appelle Valérie, je suis âgée de cinq ans et dors profondément ce matin du 7 mars 1968 lorsqu’une sonnerie insistante me tire de mon sommeil.
Il est sept heures du matin, ma mère qui dort dans la chambre d’à côté tarde à répondre. Lasse de cette situation, je me lève et vais ouvrir la porte d’entrée.
Deux hommes, l’air grave, demandent gentiment et poliment à parler à ma mère qui apparaît enfin. Ils lui font face et se présentent comme des cadres de la compagnie Air France dans laquelle mon père travaille en qualité de steward.
Ils lui annoncent que le vol sur la Guadeloupe où se trouvait mon père s’est écrasé à proximité de la soufrière et que personne n’en a réchappé.
Je me souviens vaguement des condoléances et des paroles de réconfort, par contre je garde encore en mémoire l’effondrement de ma mère, son désarroi face à la violence et l’immédiateté de cette terrible nouvelle. En un instant, tout avait basculé, la vie ne serait plus désormais la même.
 
Mon père est né à Oran où il a passé toute sa jeunesse. Dans le milieu des années cinquante, à l’âge de 27 ans, il intégra Air France en qualité de navigant.
Il adorait son métier, voyageait à travers le monde, faisait des escales de rêve dans des pays exotiques et partageait des moments de fête, de convivialité, de découvertes avec ses collègues dont bon nombre étaient des pieds noirs comme lui.
Il résidait souvent à l’hôtel de la vieille tour à Gosier sur l’île de la Guadeloupe. Je me rappelle bien de cet hôtel qui était le plus beau et le plus luxueux de la région car j’ai eu l’occasion d’y séjourner avec ma mère lors des escales de mon père.
À cette époque, les rotations étaient telles que les navigants demeuraient plusieurs jours dans le même endroit. Cette situation offrait l’opportunité à ces derniers de faire venir leur famille. C’est ainsi que je quittais Paris pour me retrouver en compagnie de mes parents dans ce lieu extraordinaire, heureuse et dépaysée.
Tout me paraissait luxueux, je m’émerveillais de voir voler les colibris, de goûter aux bains délicieux de la mer des Caraïbes, la nature était luxuriante, je voyais des fleurs magnifiques, les senteurs étaient à nulles autres pareilles. Il faisait chaud, la lumière était extraordinaire.
Je me souviens des effluves émanant des rhumeries lorsque nous visitions l’île en voiture de location et du rouge écarlate des immenses flamboyants.
 
J’admirais mon père, je le trouvais beau et très élégant dans son bel uniforme de navigant. Il était solide, en pleine santé et aimait sa vie.
Les causes de l’accident finirent par être connues au terme d’une longue enquête. Il s’agissait d’une erreur de pilotage.
À cette époque tous les aéroports ne disposaient pas de l’assistance radio balisée (distance mesurement équipement) qui permettait au pilote de savoir à quelle distance exacte se trouve l’avion lors de la phase atterrissage.
L’aéroport de Pointe à Pitre n’étant pas équipé de cet outil précieux et sécurisant, le commandant dû alors faire les approches en pilotage manuel et se trompa dans l’appréciation de la distance. C’est ainsi qu’il amorça la descente trop tôt et l’avion s’écrasa sur le volcan la soufrière.
Les proches des victimes sont habités par ce besoin impérieux de connaître les circonstances exactes des accidents ayant causé la mort des êtres aimés. C’est une manière de rester en contact avec le disparu, de l’accompagner dans les derniers moments de sa vie, de comprendre ce qui s’est passé, c’est une transition qui apaise un peu l’âpreté de la confrontation au néant.
 
La disparition fut d’autant plus douloureuse que ce vol ne faisait pas partie du planning de mon père qui, pour rendre service, avait remplacé un de ses collègues au pied levé.
Air France affréta un avion pour les familles désirant se recueillir dans la chapelle ardente de basse terre.
Mon père fut enterré avec une partie de l’équipage et des passagers dans un caveau commun au pied de la soufrière. Ma mère repartie sur Paris avec un objet précieux : l’alliance de son mari qui avait été récupéré dans les décombres de l’appareil.
Aujourd’hui, c’est moi qui garde soigneusement ce cher bijou, tel un talisman.
 
Ma mère a terriblement souffert de cette disparition, mais nous n’étions pas seules, notre famille nous a aidés et nous a entourés de toute son affection.
C’est ainsi que ma sœur aînée me prit sous sa coupe. Elle était généreuse, attentive, attentionnée et me prenait avec elle souvent dans son petit studio pour plusieurs jours. Certes, je peux même dire qu’elle était très affectueuse, mais en quelque sorte, une mère sur qui je pouvais compter, responsable sur laquelle je pouvais entièrement me reposer. Elle m’a sécurisée, apportée une forme de stabilité et nous nous sommes toujours beaucoup aimées.
Aujourd’hui je me suis beaucoup rapprochée d’elle et nous avons régulièrement l’occasion de nous voir…
Mes tantes ont soutenu leur belle-sœur. Elles ont su me prendre sous leur coupe le temps nécessaire, assumant ainsi un précieux relais dans les moments difficiles.
Enfin, mes trois oncles du côté de mon père ont aussi énormément compté dans mon enfance.
Ces derniers, très attachés à leur frère, se sont fait un point d’honneur de m’intégrer dans leur famille. C’est ainsi que je passais toutes mes vacances, chez eux en Californie.
Ils avaient quitté Oran pour San Francisco, dans les années cinquante et avaient connu une belle réussite professionnelle dans le monde des affaires. L’un était président des relais et châteaux de Californie, l’autre tenait le célèbre restaurant la fleur de Lys réputé pour sa gastronomie française très prisée à San Francisco.
Ils s’étaient particulièrement bien intégrés dans leur nouveau pays, s’étaient mariés à des Américaines et vivaient dans l’aisance. Mon père était fasciné par les USA et la réussite de ses frères. Ils avaient adopté le fameux « american way of life » et concrétisaient par là même le rêve américain. Son projet était d’aller rejoindre ses frères pour s’installer au plus vite dans ce pays de cocagne.
 
Je me rendais à San Francisco trois à quatre fois par an rejoindre mes oncles, mes tantes, et mes cousines avec lesquelles je m’entendais très bien.
Bien entendu, j’effectuais le trajet avec Air France, je voyageais en UM (enfant accompagnée), les hôtesses étaient gentilles, pleines de prévenance. Valérie était une pupille de la Compagnie et il fallait en prendre soin. Elles me donnaient des jouets, des valises en carton rose avec une poupée vêtue de l’uniforme des hôtesses et surtout me faisaient la conversation et me traitaient comme si j’étais une personne importante. J’avais l’impression d’être leur amie. J’étais tout à la fois admirative et fascinée par leur beauté, leur maintien, la manière élégante avec laquelle elles s’exprimaient. Je me souviens des effluves de parfum qui accompagnaient leur déplacement dans l’avion. Je me rappelle aussi de l’assurance qui émanait d’elles, la précision de leur geste, leur allure décidée, la manière courtoise avec laquelle elles traitaient les passagers, leurs sourires, leur présence distanciée.
Elles étaient toutes très belles. En effet les critères de sélection répondaient à cette époque, à des canons de beauté assez stricts car la notion de luxe et de prestige véhiculée par la compagnie dépendait pour une grande part du personnel navigant et surtout de ces femmes qui faisaient rêver.
Dans les années cinquante, le contrat de travail stipulait que les hôtesses n’avaient pas le droit de se marier. On imagine mal de nos jours qu’un contrat de travail remette en cause l’exercice d’un droit et d’une liberté aussi fondamentale que le mariage. C’était pourtant le cas et cela ajoutait encore plus au prestige de cette fonction qui prenait alors rang de statut.
La symbolique de l’engagement était telle qu’elle relevait du sacerdoce, sorte de dévotion à un métier sur la base d’une renonciation. Pour les profanes, ce don de soi mystérieux suscitait à la fois du respect, de l’admiration et même de la fascination.
Parfois, il m’arrivait de voyager en première classe sur le pont supérieur du Boeing 747.
Le salon première classe disposait d’un grand bar, d’immenses banquettes en cuir, sur les tables basses étaient posées des seaux à champagne en argent remplis de bouteilles millésimées auxquels s’ajoutaient des plateaux remplis de petits fours. Un personnel navigant attentif était au service d’une clientèle privilégiée pour laquelle le champagne était servi à volonté.
À cet instant du récit, il me faut évoquer les aides apportées par Air France aux orphelins des navigants de l’aviation marchande. Il s’agit d’une aide financière destinée à financer les études, les vacances des enfants à laquelle s’ajoute une indemnité mensuelle. Cela s’appelle la SSNAM. Inutile de dire qu’elle est utile et particulièrement bienvenue pour assurer ...

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