Le Murmure de l ibis rouge
168 pages
Français

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Le Murmure de l'ibis rouge , livre ebook

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Description

Octobre 1898, condamné pour avoir tué un négociant en vin bordelais, le marquis Bertrand de Saint Front est envoyé en Guyane. Le prisonnier doit purger dix années dans le terrible bagne, où les conditions de détention sont réputées insupportables. Outre la rigueur du climat, il lui faut endurer les corvées harassantes, la faim, le fléau de la maladie et survivre malgré tout. Proche de la fin, sur le point d'abandonner tout espoir de quitter cet enfer, il reçoit un soutien des plus inattendus. La jungle abrite également une tribu indienne et un oiseau fabuleux qui lui apportent leur protection. À travers la fiction, l'auteur entend dénoncer une sombre page de l'histoire de France, déjà pointée du doigt en son temps par le journaliste Albert Londres.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414186341
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-18632-7

© Edilivre, 2018
Introduction
Les premiers condamnés au bagne de Guyane arrivent en mai 1852. Ils sont au nombre de 298, premiers d’une longue liste qui ne sera close qu’en 1946.
Enchainés par deux, les forçats sont vêtus d’une vareuse rouge et d’un bonnet vert afin d’être aisément reconnus.
La peine des travaux forcés commençait par ce qu’on appelait « la grande fatigue », toujours enchainés les condamnés étaient astreints aux travaux de terrassement, au transport du bois, au défrichage, au sciage des troncs…
Les plus instruits se voyaient confier des emplois dans l’administration pénitentiaire.
Les manquements à la discipline relevaient de commissions disciplinaires. Les peines encourues étaient la cellule et le cachot. Les crimes et délits étaient jugés par le tribunal maritime, pour des peines allant de la réclusion à la peine de mort.
Mal nourris, exténués, sans hygiène, les condamnés offraient aux maladies, un terrain favorable, fièvre jaune, scorbut, lèpre, tuberculose, paludisme, décimaient leurs rangs. En plus des maladies, la réclusion en cellule les conduisait à la cécité.
La base des établissements pénitenciers était située sur l’archipel du Salut :
– L’ile Royale, où se trouvaient l’administration et la majorité des cellules.
– L’ile Saint Joseph et ses cellules enterrées pour les fortes têtes.
– L’ile du Diable destinée aux déportés politiques.
Il existait d’autres établissements et camps spéciaux localisés en brousse : Saut du tigre, Charvein, Godebert, Saint Laurent du Maroni, des mouroirs où très peu de condamnés survivaient. C’est dans cet univers délétère que l’on conduit Bertrand de Saint Front afin d’expier une peine de dix années de réclusion, un exil sans aucun espoir de revoir la France. Car selon les lois pénitentiaires, plus de huit ans de réclusion signifie un exil définitif.
Le Murmure de l'ibis rouge
 
 
Les iles du Salut ou l’enfer pérenne,
Ici-bas plus de nom et plus d’identité,
Un numéro gravé sur le bonnet de laine,
Les chevilles rivées à des anneaux d’acier.
L’enfer est sous leurs pas, dans leurs yeux, dans leurs veines,
Sous la blouse de toile où pullulent les vers,
Un cœur s’agite encore, terrifié, hors d’haleine,
Est-ce donc ici-bas la porte des enfers ?
Ce ne sont pas de saints qu’on transporte aux galères,
Bandits, voleurs, assassins, mâtins et gueux,
Des gredins affamés, fourbus, marqués d’ictère,
Mais des hommes pourtant qui s’adressent à Dieu,
« J’ai vu, j’ai cru, et j’ai pleuré »
 
 
Octobre 1898.
Bertrand de Saint Front contemple le paysage d’automne que lui permet d’observer l’étroite fenêtre garnie de barreaux de sa cellule.
En fait il ne voit qu’une maison blanche avec des volets bleus, rien de plus, mais cette modeste vision de la campagne environnante apaise son angoisse. Il en a bien besoin ce condamné aux travaux forcés.
Il accomplit la dernière étape de son voyage métropolitain à l’ile de Ré, avant d’embarquer sur le navire qui le conduira en Guyane, point final du voyage et lieu de sa future détention.
Avant d’arriver ici, à Saint Martin de Ré, Bertrand et ses compagnons, ont dû parcourir un long chemin à pied, enchainés, jusqu’à une gare de campagne où ils ont été enfermés dans des wagons cellulaires.
Le voyage a duré trois jours, trois longs jours de misère, le confort des bagnards n’étant pas la priorité de la compagnie de chemin de fer.
A bout de force, on les a logés dans de grandes cellules où ils reprendront quelque énergie avant la longue et difficile traversée de l’océan atlantique. On les nourrit convenablement afin de les aider à supporter les séquelles du pénible voyage qui s’annonce.
Bertrand occupe une modeste cellule dont la seule ouverture dans la muraille lui permet à la fois de respirer et de rêver en contemplant cette maison blanche aux volets bleus.
Quatre compagnons d’infortune partagent le même espace confiné.
Quel est la nature du crime qui a valu à ce ci-devant marquis de Saint Front de se voir condamné à dix années de travaux forcés en Guyane ?
Fut-il coupable de rébellion ? Voulut-il renverser la troisième république ? Ou tenter un coup de force contre les institutions ?
Rien de tout cela ! Bertrand a affronté en duel un riche négociant en vin de la région bordelaise, un duel qui s’est achevé par la mort de son adversaire.
Lorsque l’on détaille la morphologie du personnage, on l’imagine mal ferraillant tel un bretteur de roman de cape et d’épée, Bertrand est un homme d’apparence fragile, de faible constitution, des bras longs et maigres et des mains fines aux doigts de pianiste.
Son visage mince, gagné par une barbe poivre et sel, exprime la mélancolie, l’ennui, un visage de poète désabusé.
Conscient des désavantages que lui a concédés dame nature, il a préféré se diriger et se perfectionner vers la seule science des armes qui exige peu d’énergie mais une énorme concentration : Le tir au pistolet, domaine où il n’excella point mais qui le passionna vraiment.
Cette inclination pour l’usage des armes lui permit d’envoyer ad patres le négociant confit de suffisance qui l’avait insulté et giflé en public.
C’était oublier, mais sans doute n’y avait-il pas songé, que les magistrats de cette nouvelle république n’eurent pas la tentation de pardonner quoi que ce soit aux représentants de la noblesse qu’ils fussent d’origine royale ou d’empire.
Le jugement avait été expéditif et décisif : Dix années de réclusion au bagne de Guyane.
C’est ainsi que Bertrand se retrouve parmi les délinquants de tous ordres. Assassins, voleurs, déserteurs, faussaires, escrocs, sont ses nouveaux compagnons, et cela pour un interminable temps de misère.
L’île de Ré est la première étape, celle où existe encore un peu d’humanité. Demain, dans quelques jours peut être, ils embarqueront sur un navire qui les emportera, non seulement au-delà d’un océan, mais aussi d’un monde, et fera disparaître de leur mémoire la simple notion de civilisation, de respect, de considération. Le bagne est la négation de tout, l’avilissement, la descente aux enfers.
Les forçats ont appris que le départ était prévu pour le lendemain sur le navire de la société nantaise de navigation : Le Loire.
On leur a remis leur paquetage, des gardiens ont tondu leurs cheveux, et on leur a servi un repas consistant à base de riz et de légumes.
La nuit va être longue. Bertrand jette un dernier regard vers la maison blanche aux volets bleus, dernier souvenir de la France qu’il va quitter pour longtemps, peut-être pour toujours.
Le navire qui va transporter les condamnés vers la Guyane est un nouveau bateau à coque en acier, équipé d’une machine de 800 cv, il est pourvu de deux mâts sans voiles. L’équipage comprend 380 hommes et il peut transporter jusqu’à 500 personnes. Sa vitesse n’excède pas 9 nœuds, ce qui promet un voyage de 3 semaines au minimum.
Le navire est équipé pour recevoir les forçats, cages à barreaux d’acier, coursives larges permettant la circulation aisée des gardiens. Ce bateau effectue traditionnellement les liaisons maritimes avec la Guyane pour le transport des relégués et des condamnés aux travaux forcés.
Le matin affichant ses premiers rayons, les déportés sont rassemblés, pointés, contrôlés, puis dirigés vers le quai d’embarquement où des chalands attendent cette cargaison humaine que le navire engloutira dans ses cales, sans aucune formalité supplémentaire.
 
 
La population est rassemblée sur les quais pour voir passer les condamnés chargés de leurs sacs de toile sur l’épaule. Ceux-ci se dirigent vers les chalands entre une double haie de soldats baïonnette au canon. L’ambiance est lourde, les visages fermés, les godillots frappent le sol en cadence, chacun a conscience d’un adieu au sol des ancêtres.
Il y a trois voyages par an vers les pénitenciers de Guyane, et c’est à chaque occasion le même cérémonial.
Les hommes embarquent sur les chalands, l’ordre est donné de larguer l’amarre, et le quai s’éloigne dans une brume cotonneuse.
Bertrand est à l’arrière du chaland, une bonne place, une place idéale pour jeter un dernier regard à la jolie maison blanche. La gorge est serrée, on examine les voisins à la dérobée, on jauge leur éventuel pouvoir de nuisance, car ce ne sont pas des agneaux les déportés qu’il côtoie, certains ont un palmarès éloquent de nuisance : assassins, voyous des bas-fonds, escrocs, souteneurs, il va falloir cohabiter sur le navire, et plus tard dans les centres de réclusion.
L’embarquement sur le navire se fait par une passerelle donnant accès au pont principal, ensuite, les forçats sont dirigés vers un des quatre faux ponts, où des cages nommées « bagne » recevront de soixante à quatre-vingt condamnés.
Les godillots sonnent sur les ponts et les escaliers de métal.
Bertrand est logé au second pont, dans un « bagne » en compagnie d’une cinquantaine d’autres condamnés. C’est une chance pour lui car la promiscuité n’y sera pas trop stressante, comparée à d’autres où les hommes sont entassés comme des animaux.
Ils ne sont pas ferrés, une chance pour eux, mais l’ambiance est pesante, l’air déjà vicié, la propreté des lieux aléatoire. Les bagnards se répartissent comme ils le peuvent, avec une préférence pour une place près de la coursive, mais les plus forts, les plus gradés dans l’histoire du crime, imposent déjà leur volonté en se choisissant les meilleures places. Bertrand n’est pas taillé pour contester cette suprématie, il se retrouve loin des grilles en compagnie des plus faibles, des plus jeunes, des moins résistants.
Le caïd de la bande inspecte le troupeau des bagnards avec pour objectif de choisir son futur escl

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