Le Temps d une nuit
174 pages
Français

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Le Temps d'une nuit , livre ebook

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Description

Après un événement majeur, le septuagénaire Paul réfléchit longuement sur sa vie. Il pense à son enfance, à ses racines et à ses tragédies. Sa méditation se prolonge tard dans la nuit et nous plonge au centre d’une enquête à rebondissements, débutée dans les années soixante. Cette existence mouvementée alterne drames et pur bonheur au gré des événements... pas si banals. La vie n’est pas qu’une succession de coïncidences. C’est l’histoire d’une vie pas tout à fait comme les autres !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 décembre 2014
Nombre de lectures 12
EAN13 9782332772251
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-77223-7

© Edilivre, 2015
Citation


« La vie… c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber »
Forest Gump
« Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »
Dédicace


A Madeleine,
et à celle qui marche dans son sillage…

A Jean-Pierre,
le courageux soldat.
1 Le temps de la réflexion
Il est 22.15
Je devrais aller dormir… mais je sais que je ne dormirai pas, pas dans l’immédiat. Je vais veiller un peu.
La journée d’hier scella mes 70 printemps. J’ai du mal à y croire. Le dernier coucher de soleil a inscrit à l’encre indélébile une nouvelle année au compteur mais surtout une nouvelle décennie, une décennie cruelle qu’on refoule avec une crainte indescriptible, la crainte de l’ennemi que l’on sait invulnérable et insensible. Et c’est cet ennemi, justement, qui vous pousse dans vos retranchements, lui qui, quelques fois, fait mentir les statistiques de l’espérance de vie. Cet adversaire-là, on ne l’évoque pas les jours de fête. On le fait taire le plus clair de notre vie jusqu’à ce qu’il se rappelle à nous pour obliger à regarder dans le rétroviseur de la vie, le rétroviseur de ma vie …
Comment, après tout, ne pas revenir sur cette courte vie ? La vie n’a pas été un long fleuve tranquille. S’il s’agissait d’un parcours, il serait paisible au départ, puis sinueux et chaotique, ne manquant pas de surprises, de déconvenues. S’il s’agissait d’une musique, ce serait une symphonie de Mozart. Un départ en douceur, le couplet de mon enfance, pausé et mélodieux, bercé de comptines et d’histoires d’antan. Les couplets suivants s’enchaineraient de plus en plus vite alternant passion amoureuse, injustice, abus de pouvoir qui sonneraient comme des bémols mal placés. Et les dièses, amers et intenses, maladifs et mortels se poncturaient d’un fortissimo au dernier refrain. Peut-être est-ce le même genre d’émotions, les mêmes déceptions de la vie qui ont inspiré le virtuose autrichien. Pourquoi ses chefs-œuvre se terminent-ils en apothéose, avec violence, haletants et intenses ? Je reste convaincu qu’un artiste le devient vraiment vers la fin de sa vie, comme un bon vin qu’on a laissé vieillir, qu’on laisse décanter un dimanche de fête et qui libère finalement le meilleur de sa saveur en dégustation, gorgée après gorgée… N’est-ce pas cela la vie ? Et la mienne, quel parfum diffuse-t-elle à présent ? L’apothéose ? Y revenir ? Est-ce vraiment nécessaire ? Peut-être…
* * *
Il est 22.30
Cette réflexion sent l’insomnie, et qui sait, la nuit blanche. Quitte à ne pas dormir, pourquoi ne pas revenir à ces souvenirs inestimables, ceux qui font qu’on laisse refroidir le café trop chaud, qu’on boira presque froid agrémenté d’un frisson d’amertume pour ne pas le jeter. Bien sûr on se rappelle les bons moments, même des moments exceptionnels, de vrai bonheur partagé et des fous rires interminables embellis par des larmes de joie. Mais quoiqu’on en dise, ce sont les autres larmes qui nous lacèrent, nous malmènent et nous vieillissent. C’est de ces souvenirs-là que nous ne voulons pas. Et ceux-là, précisément, se rappellent à nous devant le miroir de la salle de bain, à l’heure d’aller se coucher, ou pire, nous y ramèneront au milieu de la nuit pour se rincer le visage d’une eau glaciale, infligeant un choc de plus à notre visage meurtri.
Alors pourquoi se refaire le film une fois encore ?… Quelques instants de rêveries dans cette petite maison silencieuse ; pas tout à fait silencieuse tant que fonctionnera l’horloge comtoise trônant dans la salle à manger. Ce rythme lancinant est un rappel du temps qui passe. Toutes ces années, ces décennies qui rendent les cheveux gris, accentuent les rides et additionnent les blessures de l’âme.
– Que le temps est cruel ! s’écrient plus d’un. Le temps n’y est certainement pour rien. Mais cela nous soulage de le charger de nos souffrances. Ce « coupable » est notre seul bouclier pour esquiver nos fautes et, bien des fois, notre manque de jugement. Combien d’épisodes aurions-nous changé, si la faculté nous était donnée de revenir dans le passé ? Là encore, le temps qui passe est coupable : il nous empêche de revenir en arrière. Quelle évidence ! D’autres fois, cependant, nous le rappelons à nous, disant périodiquement : « C’était le bon vieux temps »
J’y repense presque malgré moi. Le bon vieux temps ! Est-ce pour y trouver des réponses ? Des réponses survenues entre deux époques que l’on imagine proches, mais qui ne le sont pas ?
Je ressasse malgré moi…
2 Le temps de l’insouciance
Il est 22.36
Je suis né il y a si longtemps qu’on se souvient davantage d’une époque que d’une date, d’un environnement ; un environnement que l’on recherche comme un refuge à la vie moderne.
Ce cocon qui m’accueillit était franc-comtois, près de la petite ville de Morteau, dans le petit village de Fournets. En cette année 1943, il y vivait quelques 80 âmes. Cette commune est aujourd’hui jumelée à sa voisine et est appelée Fournets-Luisans, comme pour accentuer son insignifiance !
Ma mère me donna le jour un mardi dans ce village animé par le clocher-comtois et rythmé par les cloches bruyantes des vaches jurassiennes. Le seul souvenir qu’il me reste de mes premières années est la lueur de la cheminée qui illuminait notre séjour le soir, avec quelques bougies ici ou là, et qui dégageaient une odeur si particulière quand on les éteignait. J’entends encore le crépitement des bûches. C’était d’une douceur sans égale. Je revois la lueur qu’induisaient ces flammes dans notre séjour désuet. Pas d’étagères, ni de cadres photos, de souvenirs de vacances qui tapissent nos murs. La simplicité était le maître-mot de cette vie sans artifices. Ce schéma semblait inscrit en filigrane dans chaque domaine de notre existence. Je me rends compte bien des fois, que si tout était aussi simple, c’est aussi parce que tous manifestaient une sorte de contentement. Une surprise ou un cadeau, c’était un bouquet de fleurs du jardin, un canif qu’on garderait toute sa vie, ou encore une orange lors des grandes occasions. Qu’est-ce que le monde a changé ! Nos habitudes aussi, les miennes.
D’aussi loin que je me souvienne, le calme régnait dans notre petite maison. Il semblait si précieux que le seul vacarme toléré se limitait à charrier les braises pour faire de la place à la bûche suivante.
Cette petite ferme familiale allait devenir mon terrain de jeux, mon refuge et aussi mon lieu de travail. Chez les Morel, « On bosse du lundi au lundi ». Telle était la devise aussi loin que je m’en souvienne. Et quand mon prénom retentissait, je savais qu’il y aurait de l’occupation dans l’air. La fin de la récréation sonnait souvent à peu près comme ça :
– Paul ! Paul ! Mais où tu te caches ? s’écriait fréquemment mon père.
Mon père… Lui, que la grande guerre de « 14 » avait déjà blessé gravement. Et comme cela ne suffisait pas, la dernière a failli le rendre fou. Seul le travail acharné le soulageait des traumatismes d’antan, à part peut-être le pot-au-feu que cuisinait ma mère presque tous les dimanches. Les cicatrices visibles n’étaient rien par rapport à celles qui étaient enfouies, celles qui sont enracinées au plus profond de l’âme.
Pour ne rien arranger, l’effort de guerre consenti par chaque citoyen avait ruiné la plupart des éleveurs de la région.
– Mais c’est ainsi ! disait-il d’un ton détaché, faut pas se plaindre, faut avancer !
Ce refrain me façonnait, sans que je m’en rende compte, celui-là comme bien d’autres. Mais cette maxime tout particulièrement se révélait nécessaire, entre autres exemples quand j’entrai dans l’étable. Je m’y revois encore : cette bête immense, manifestant sa présence par la vapeur qui sortait de ses narines gigantesques, pesant 400 kg de plus que moi, et me signifiant son désaccord pour la traite !
Autre épreuve du quotidien : le coq et sa course folle… Quel imbécile celui-là ! Cet animal saturé de fierté et de rancune, bondissant à grande foulée au moment de mon hold-up quotidien au poulailler !
Heureusement, ma récompense et mon réconfort m’étaient réservés quasiment à chaque fin de journée. Lorsqu’on est fils unique, toute l’attention est portée vers nous. Je savourais ce privilège. Quel bonheur de ne pas avoir à partager l’affection paternelle et toutes ces attentions d’une mère qui vous câline des heures, laissant de côté le tricot en retard et la chemise à raccommoder !
Nos soirées n’étaient pas programmées à l’avance par quelque émission de télévision. De temps à autre, nous écoutions la radio, au gré de la qualité de réception sur les Grandes Ondes. Mais il fallait s’y prendre à l’avance pour entendre grésiller cette machine venue d’un autre monde. Pour nous, il s’agissait d’un pas vers le modernisme d’alors : nous approchions inéluctablement de l’année 1950.
D’autres soirées étaient consacrées à la lecture. C’est ma mère qui s’acquittait remarquablement de cette tâche. Que lisait-elle ? Le Nouveau Testament. Pendant sa fidèle et minutieuse prêche, mon père se contentait d’un hochement presque gêné. Faisant semblant de ne pas s’en apercevoir, « l’épouse modèle » y trouvait une satisfaction que peu de mots ne sauraient décrire. Sans doute espérait-elle inculquer en moi l’idée d’un « Etre supérieur » qui s’intéresse aux petits humains que nous sommes. Il nous arrivait de nous agenouiller pour prier « quelqu’un ou quelque chose » que je ne discernais pas très bien. J’acquiesçais sans résistance aucune, pour lui faire plaisir et peut-être parce je n’avais pas de r

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