Le Trou dans la poche
310 pages
Français

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Le Trou dans la poche , livre ebook

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Description

Au moment de sa naissance, chaque être reçoit un viatique.

On peut l’imager par une poche qui propose tous les aléas qu’une vie peut contenir et qui comporte un trou en son fond, par lequel s’écoule le temps.

Les circonstances font que chacun doit, à un moment ou un autre, choisir son devenir.

La route est parfois droite, peut devenir sinueuse, comporter des croisements, c’est ce qui en fait l’intérêt et souvent le sel.

Mauvais choix ? Le rideau peut tomber, à l’ouverture de la représentation, ou à n’importe quel moment du spectacle.

Les inégalités sont parfois difficiles à comprendre, mais imperturbablement, la poche se vide plus ou moins lentement.

Ce livre suit les pérégrinations improbables d’un être tout aussi improbable, dont l’orifice du fond de sa poche est un peu plus petit que celui du commun des mortels.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 avril 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414174430
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0127€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-17441-6

© Edilivre, 2019
Prologue
Le plus dur, c’est le dimanche.
Rien ne se passe. Tout fout le camp.
Les animations de la semaine se sont éteintes, les gens restent dans leur chez soi.
Les passants qu’on voit dans le parc, à travers la lucarne quand on se met sur la pointe des pieds semblent tous aussi pressés les uns que les autres.
Ils ont quelque chose à faire, eux.
Mais je n’arrive plus à me mettre sur la pointe des pieds.
Alors que j’ai été ceinture noire de karaté.
Lorsque j’ai besoin d’aide, il y a bien cette sonnette, au-dessus de la table de nuit.
Je n’ai qu’à appuyer sur la petite tête rouge, quelqu’un viendra, c’est certain.
Peut-être sera-ce la petite Linette, elle a un visage doux comme une sainte en prière
La première fois que je l’ai vue, j’en avais presque une érection ou plutôt un semblant, jusqu’à ce que j’apprenne que Linette est un mec qui se nommait Lino avant qu’il ne se fasse opérer.
Moi, je n’ai jamais été intéressé par les hommes. C’est plutôt les femmes qui me branchaient.
Façon de parler bien sûr.
Ou alors, la porte s’ouvrira sur Jérôme ! Lui c’est le camionneur déménageur perpétuel.
On dirait qu’il voyage avec une armoire sur le dos, avec les battants, tellement il est baraqué.
Mais bon sang ! Comment en suis-je arrivé là ?
Il me semble que c’était hier que j’étais ce jeune homme plein d’allant, qui se disait que la vieillesse était bien lointaine, qu’il avait le temps.
Pourtant voilà ! Le temps de quoi ?
Je m’étais juré que jamais, au grand jamais, je ne mettrais ne serait-ce qu’un seul doigt de pied dans un de ces machins inventés pour caser les vieux.
Tout y est parfait !
Le matin au p’tit déjeuner, elles et ils sont tous là.
Ces fantômes d’existences, ces vies en fin de vie, ces ombres qui attendent le car pour l’au-delà, pour leur terminus à eux !
Elles ou ils me parlent, je ne les écoute pas vraiment.
Ce sont de pauvres histoires, ternes et ennuyeuses au possible, elles n’arrivent pas à la cheville de la mienne !
Non ! Je ne suis pas présomptueux, ni vantard, je suis lucide.
Combien de fois ai-je entendu cette phrase dans la bouche d’un de ces pauvres restes de vie ?
– Mais qu’ai-je fait de tout ce temps ?
Quand on en est là, c’est grave, cela veut dire que l’on a dépensé son capital existentiel sans investissement, donc sans intérêt.
Ce qui est encore plus grave, c’est qu’on parle d’intérêt de la vie.
– Merde ! Tous ces jours que l’on a eu la chance de voir naître, pour ne rien en faire d’autre que son p’tit train-train habituel !
Le fameux Métro, Dodo, Boulot ! Ou l’inverse je ne sais plus !
A midi, rebelote, les mêmes ombres, aux mêmes places, peut-être habillées un peu différemment.
Parce qu’en plus, toutes ces vieilles peaux se mettent sur leur trente et un.
– Il faut faire honneur aux autres ! Qu’ils disent.
Quels autres ?
Ceux-qui tremblotent, qui ne voient plus ou qui ne parlent que pour répéter inlassablement les mêmes histoires ?
Moi j’étais flic, moi vendeuse, moi assistante dentaire !
– J’ai soigné les dents des plus grands magistrats de la ville, j’ai même vu celles d’un fédéral, c’était en…… je… je n’sais plus bien.
L’après-midi, à l’heure du goûter une petite jeunette apporte une collation, un thé avec quelques mignardises.
Je préfèrerais un bon whisky, un Oban, ah ces bons écossais, ou un Tullamore Diew, oh ces p’tits irlandais, mais je n’y ai pas droit à cause des médicaments.
Les autres, ils lèvent le petit doigt pour boire, comme dans un salon de la haute.
Moi ! Cela me fait gerber !
Le soir, on sert le souper à 19h00 pétantes, dans la même salle, les hôtes placés comme à midi, et puis chacun va dans sa chambre pour se coller devant sa télé !
Et tu vois mon pote ! C’est tous les jours le même cirque.
C’est comme un ballet bien réglé, par un faux pli, pas un cheveu qui dépasse.
Non ! Vraiment rien qui dépasse.

EMS type (Photo anonyme)
1. Y a longtemps, très longtemps
Le temps pax
Il ne faut juste pas
Marcher sur la ficelle
Qui dépasse.
Put… de belle machine à vapeur ! Ce qu’elle est d’enfer !
J’devais avoir 5 ans, pas plus.
Les copains et moi, on était en pamoison devant le monstre puant et fumant.
La daronne m’avait habillé pour la messe, petite liquette blanche, nœud pap, short noir, beaux souliers vernis, la totale.
Elle m’avait dit avec son air très sévère, le même qu’elle prend quand elle veut que l’on fasse ce qu’elle veut :
– Tu feras attention, je t’ai habillé pour l’office, alors ne va pas trainer n’importe où avec tes amis et surtout ne faites pas n’importe quoi !
Elle avait encore précisé :
– Comme d’habitude.
Quand j’suis monté sur l’engin, en pensant à ce qu’elle m’avait dit, j’ai ôté mes pompes laquées, elles étaient trop belles et trop dommageables.
Les potes m’ont exhorté de descendre.
– Ne fais pas l’con, tu vas merder et on va tous se faire coincer !
Mais j’étais le maître du monde.
En petites chaussettes, j’ai crapahuté sur le bord du foyer. En passant, avec mon pied, j’ai shooté, sans le faire exprès bien sûr, mes godasses qui ont basculé derrière des rouages bien graisseux.
La merde totale.
En plus, mon plastron ressemblait à une serpillère après avoir frotté l’un sur les parties métalliques, ses petits plis bien repassés étaient tachés de cambouis à faire honneur à un mécano.
Du coup, voyant les dégâts, je me suis dit que ça valait la peine de monter jusqu’au siège du conducteur, de voir les environs d’en haut.
La grande maison locative où j’habitais avec mes parents était sur ma gauche, je me trouvais donc sur la droite de celle-ci, où le paysan du coin épandait du fumier avec cette nouvelle brouette.
Et depuis le siège, j’avais la terre devant moi.
Alignées couvertes, des manettes, et sur l’une d’elles, une chaînette au bout de laquelle un petit écriteau avec quelque chose d’écrit dessus.
« Ne pas pousser »
Pour rire, je l’ai poussée en avant, elle n’a pas bougé. En arrière, il y a eu une sorte de grondement, un nuage de fumée est sorti de la cheminée, et l’engin s’est mis à avancer tout seul.
Oui, je le jure. Tout seul.
Moi, je n’ai écouté que mon courage, j’ai sauté d’un seul coup sur le sol mou dans une superbe éclaboussure de purin, qui a fini le peu de mes habits encore propres, accompagné des autres qui se sont égaillés tel des perdreaux j’ai détalé comme un lapin, laissant le monstre avancer seul en direction du mur qui bordait la route.
Je dis bordait car lorsque l’engin l’a enfoncé dans un grand fracas qui a dû réveiller tout le quartier, il n’y avait plus de mur, que des parpaings répartis sur la route en contre-bas.
J’ai toujours pensé que ma mère était bonne, gentille et tout et tout.
Ce jour-là j’ai déchanté. J’ai compris que si je dépassais quelques limites, elle pouvait se transformer en furie.
Elle n’a pas aimé le coup des chaussures, mais alors pas du tout.
De ma belle petite chemise, on n’en parle même pas.
Ni non plus de l’histoire de la machine à vapeur qui avait calé sur le trottoir sans, par chance, traverser la route.
Elle n’a pas cru une seule seconde que j’étais le seul à avoir fait ça.
Elle m’a menacé de me priver de tout jusqu’à ma majorité, si je recommençais un truc pareil.
Ça a été dur, mais j’ai fermé les poings et tenu bon.
N’faut pas faire chier les p’tits mecs qui apprennent la vie.
Vieux tracteur, vieilles soupapes. (Photo web)



On frappe à la porte.
Comme j’ai de la peine à me bouger, je hurle comme d’habitude :
– Ouais !
La porte s’ouvre sur une mignonne petite infirmière, une nouvelle, une inconnue de moi, avec son badge et son stéthoscope.
C’est drôle, avant c’étaient les toubibs qui se promenaient avec cet appareil.
Ils l’avaient autour du cou, comme un collier et le portaient fièrement.
C’était un signe de ralliement de la profession, une marque d’honneur.
D’ailleurs, ma mère disait toujours, j’attends de savoir ce que dira « Le Docteur ».
Maintenant, on a remonté l’apparence d’un cran.
Les médocs viennent en costard cravate, comme s’ils étaient sur le point de partir en vacances ou d’aller à un perpétuel séminaire, les mains dans les poches, à l’aise.
Ce sont les métiers d’en dessous leur grade, infirmier ou infirmière chef qui ont une blouse blanche avec le fameux engin à écouter le battant.
Ça fait sérieux et concentré.
Elle entre avec un sourire aux lèvres, elle me rappelle un peu ma douce.
Celle qui a partagé 60 ans de mon existence, qui, bien plus jeune que moi, devait rester seule à ma mort, mais qui, comme souvent le destin sait faire, a dû partir la première, comme ça, d’un coup.
Mais ça m’fait trop mal d’en parler, malgré les années, c’est encore trop frais, peut-être que je la dirai plus tard, cette histoire, ce pan de vie, quand on se connaîtra mieux.
Il y a comme ça des choses intimes dont on ne parle pas.
En tous cas pas tout de suite.
La petite s’amène, elle frôle mon front avec ses doigts de fée, ils sont frais comme une goutte de rosée.
– Bonjour Monsieur, comment allez-vous ce matin ?
Que veux-tu répondre à ça ? Que tout va bien, que t’es en pleine forme, que tu pètes le feu, que t’es prêt pour aller bosser ?
– Ça va.
– Bien, nous allons donc faire notre petite piqûre, cela va soulager vos douleurs aux pieds.
Tournez-vous et montrez-moi votre fesse.
Purée, voilà que l’on devient intime.
Docilement, je me tourne et lui présente mon fessier flapi avec un grand soupir.
– Voilà, c’est fait, vous pouvez vous rajuster.
Moi, comme un con, je balbutie :
– Vous avez des mains de fée, je n’ai rien senti.
– Et bien tant mieux, cela veut dire que je ne perds pas la main.
J’ai cherché une réponse u

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