Les Années d’innocence
120 pages
Français

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Les Années d’innocence , livre ebook

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Description

« En lisant mes anecdotes, certains diront qu'il s'agissait d'autrefois et qu'heureusement, maintenant, les choses ont bien changé. Les effectifs dans les classes ont été réduits et les conditions d'accueil ont été améliorées même si parfois celles-ci sont difficiles. Les locaux sont adaptés aux enfants et aux objectifs à atteindre avec cette tranche d'âge que l'on reconnaît de nos jours, être primordiale dans le développement physique et intellectuel de l'enfant. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342005752
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Années d’innocence
Monique Borelle
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Les Années d’innocence
Septembre 2011
 
 
 
Voilà neuf ans que je suis retraitée de l’Éducation nationale et je me décide enfin à entreprendre ce que je veux faire depuis quelques années : écrire et relater ce qui fut ma carrière d’institutrice en école maternelle de 1970 à 2002.
 
J’ai pris ma retraite en juin 2002, à 55 ans, avec soulagement car j’étais bien fatiguée. En lisant mes anecdotes, certains diront qu’il s’agissait d’autrefois et qu’heureusement, maintenant, les choses ont bien changé. Les effectifs dans les classes ont été réduits et les conditions d’accueil des petits enfants ont été améliorées même si parfois celles-ci sont difficiles. Les locaux sont adaptés aux enfants et aux objectifs à atteindre avec cette tranche d’âge que l’on reconnaît de nos jours, être primordiale dans le développement physique et intellectuel de l’enfant.
 
Pour avoir enseigné toute ma carrière en école maternelle, pendant 32 ans, je suis profondément convaincue que l’essentiel de la personnalité de l’enfant se joue dans les premières années de sa vie. D’ailleurs, c’est là que bien souvent, à l’école maternelle, se découvrent les premiers troubles du développement. Les problèmes visuels, auditifs ou de comportement sont détectés rapidement et, à l’heure actuelle, tout est mis en œuvre afin d’y remédier et de donner à l’enfant toutes les chances de suivre une scolarité normale. Par ailleurs, c’est à cet âge que l’enfant est le plus réceptif à emmagasiner les connaissances.
 
 
 
Saint-Quentin
 
 
 
Mon premier poste d’institutrice fut le remplacement d’une collègue en congé de maternité, pour deux mois, d’avril à juin 1970, à Saint-Quentin, en Picardie, sous-préfecture de l’Aisne.
 
Dans cette école maternelle, j’avais à gérer quarante enfants de 4 à 5 ans, la section des moyens. J’intervenais donc le dernier trimestre de l’année scolaire : les enfants étaient déjà bien « rodés », ils avaient acquis de bonnes habitudes. La collègue que je remplaçais m’ayant laissé un cahier de préparations très complet ainsi que les objectifs à atteindre, l’intégration dans ce poste ne me fut pas trop difficile.
 
Quelques semaines après ma prise de possession de ce remplacement, les services de l’Inspection académique téléphonèrent à la directrice de l’école afin de lui demander comment se comportait la remplaçante pour qui c’était le premier poste ! La directrice me raconta ensuite qu’elle avait été toute étonnée de l’apprendre car, m’ayant observée et vue à l’aise dans mon rôle, s’imaginait que j’avais déjà quelque expérience dans ce domaine de l’enseignement en école maternelle.
 
Je lui confiai qu’après mon bac, j’avais obtenu un poste de surveillante d’externat d’un an, à Versailles, dans un collège, et ensuite dix-huit mois dans un autre collège d’Ermont-Eaubonne, toujours en banlieue parisienne où mes parents habitaient. Je m’étais mariée en février 1970 avec un homme qui avait obtenu un poste de professeur au lycée de Saint-Quentin et que j’avais déposé ma candidature pour un poste d’institutrice.
 
En fait, après avoir passé les épreuves du bepc de l’époque – brevet d’études du premier cycle – mes parents m’avaient poussée à étudier le secrétariat. Mon père me voyait déjà entrant comme lui à la sncf et ma mère, institutrice, me voyait au secrétariat de la mairie de la commune. Pour eux, ma trajectoire était toute tracée, leur fille aînée serait secrétaire.
 
Pour ma sœur cadette qui avait plus de facilité pour les études, il était prévu qu’elle serait institutrice et qu’elle passerait par l’École normale qui formait à cette époque les instituteurs, sur plusieurs années.
 
Je fus donc inscrite dans un collège à Enghien (Val d’Oise) où je m’initiai à l’apprentissage de la sténographie – méthode Prévost Delaunay – et à la dactylographie. La seconde année, toute la promotion fut transférée au lycée d’Enghien où fut ouverte une section secrétariat dans la partie lycée professionnel. Là, je me présentai aux épreuves du bec – brevet d’études commerciales – ainsi, la même année qu’aux épreuves du cap de sténodactylo facultatif, qui se déroulait à Argenteuil et que les autres élèves de ma promotion ne passaient pas. Mes parents souhaitaient que je m’y présente afin, disaient-ils, d’avoir le plus de diplômes possibles.
 
Afin de valider ce brevet d’études commerciales, il était nécessaire de faire un stage de trois mois en entreprise.
Le professeur, qui dispensait les cours de secrétariat, envoyait les élèves dans des entreprises conformément à la personnalité de l’élève. Je lui en étais reconnaissante, car à cette époque, j’étais timide et réservée et je fus envoyée dans une entreprise familiale, à Paris, située près de la station de métro Marx Dormoy, près de la porte de la Chapelle.
Ces trois mois de stage m’ont permis de prendre conscience que cet emploi de secrétaire n’était pas fait pour moi. Taper à la machine toute la journée des bordereaux et des factures avec comme clarté – alors que nous étions au printemps – uniquement la lumière d’un néon et celle d’un vasistas, m’a permis de réaliser que je souhaitais poursuivre mes études en vue d’enseigner.
 
Je continuai donc une troisième année en bsec – brevet supérieur d’études commerciales – dont le programme prévoyait deux langues étrangères, de l’économie politique, des notions de comptabilité, des heures de philosophie, du droit social, du droit public et du droit des sociétés ! En plus de l’anglais commercial, je dus me mettre à l’espagnol commercial !
Je décrochai cet examen en 1967 et obtins dès la rentrée de septembre un poste de surveillante d’externat (pionne) qui me permit de préparer, par correspondance, par le cned – centre national d’enseignement à distance – un bts de secrétariat – brevet de technicien supérieur.
 
En février 1970, je stoppai mon emploi de surveillante à Ermont-Eaubonne, pour me marier et quitter la région parisienne pour suivre mon conjoint qui, originaire de Franche-Comté, avait demandé un poste près de Paris, il fut nommé à Saint-Quentin.
Je me souviens avoir cherché un travail pour enseigner le secrétariat en lycée professionnel mais on m’annonça qu’il n’y avait pas de poste à pourvoir dans cette spécialité mais que, par contre, l’Académie avait besoin d’institutrices.
 
J’avais appris que, grâce à monsieur Pompidou, le bsec me permettait d’enseigner car il fut « baptisé » bac g à cette période : « le bac à bon marché » comme l’a chanté Michel Sardou dans l’une de ses chansons.
 
Ayant un mari maladivement jaloux, qui ne supportait pas l’idée que je puisse avoir des collègues masculins, j’optai, sous sa pression, pour une demande d’exercer en maternelle où, à cette époque, les hommes étaient très rares.
 
C’est ainsi que je fis de nombreux remplacements à Saint-Quentin et sa région. J’étais satisfaite lorsque l’on m’attribuait un poste sur un congé de maternité, car je pouvais prendre possession d’une classe et m’installer sur une durée plus grande que pour des petits remplacements qui allaient d’une journée à une semaine.
 
De trop courtes périodes ne me permettaient pas de connaître mes petits élèves que je devais quitter trop rapidement à mon goût. À mes débuts, cela m’a été difficile car je me sentais frustrée. Je m’attachais aux enfants et il me fallait partir ailleurs.
 
Dans cette école de Saint-Quentin, qui fut mon premier poste, je découvris que les parents n’avaient pas droit d’accès à l’intérieur de l’établissement. Ceux-ci déposaient les enfants à l’entrée principale, sous la surveillance d’une maîtresse de service et les petits regagnaient leur classe respective en cheminant le long des couloirs. À la porte de chaque classe, se tenait l’institutrice qui accueillait les enfants. Ces derniers s’installaient au fur et à mesure sur un tapis de regroupement dans la salle de classe où ils attendaient sagement que l’heure de l’accueil soit terminée. Ensuite venait l’heure de l’appel : la maîtresse devait cocher la présence ou l’absence de tous les enfants sur un registre afin d’éviter tout problème et afin de pouvoir calculer chaque fin de mois le taux de fréquentation. Avec un effectif de quarante enfants, cela peut paraître fastidieux mais j’y voyais un côté positif : d’une part, cela me permettrait de mémoriser les prénoms des élèves, et d’autre part, les petits apprenaient ainsi à se connaître et à retenir les prénoms de leurs camarades. Je leur demandais de lever la main et de dire : « présent » à l’appel de leur nom.
Pour la sortie de fin de classe, à « l’heure des mamans », le principe était sensiblement le même sauf que la directrice, qui connaissait pratiquement toutes les familles, appelait à l’aide d’un micro les enfants, l’un après l’autre en fonction de l’arrivée des parents. La sortie était échelonnée sur dix minutes. Les consignes étaient données aux élèves : interdiction de courir et de crier dans les couloirs, ce qui devait être difficile pour certains petits pour lesquels c’était la première séparation d’avec la maman, donc les retrouvailles étaient un moment important, joyeux et ils devaient modérer leurs manifestations de gaieté ! L’adaptation pour eux se faisait plus ou moins rapidement, selon la sensibilité de l’enfant.
 
Étant donné que j’avais été précédemment surveillante d’externat, à gérer des adolescents turbulents – mai 1968 était passé par là ! –, j’étais plus habituée à une autre tranche d’âge.
 
Ce

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