Les cent-trente-huitards : chroniques du Collège de l Assomption
95 pages
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Les cent-trente-huitards : chroniques du Collège de l'Assomption , livre ebook

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Description

Fondé en 1832, le vénérable collège de l’Assomption (L’Assomption, Québec, Canada) numérote pieusement ses promotions estudiantines. Ainsi l’auteur de cet ouvrage, Paul Laurendeau (né en 1958, âgé de douze ans en 1970) et la bande de drilles et de drillettes évoquée ici sont de la cent-trente-huitième promotion du collège de l’Assomption (1832 + 138 = 1970). Et cela fait d’eux, comme irrésistiblement, de fervents promoteurs du nombre aléatoirement chanceux de 138... Segment concret du patrimoine collectif du Québec, portion briquetée de la petite histoire comme de la grande, le collège de l’Assomption se doit fatalement d’assumer son chaloupeux héritage. Il le fait ici, un tout petit peu, en un jeu soigné d’une quarantaine de miniatures en prose représentatives. Pour l’histoire, pour la sociologie, pour le souvenir... Depuis les suaves replis du temps, bienvenue à tous et à toutes. Entrez dans la danse des cent-trente-huitards.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 février 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782924550731
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0026€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les cent-trente-huitards
Chroniques du Collège de l'Assomption

Paul Laurendeau

© ÉLP éditeur, 2023 www.elpediteur.com ecrirelirepenser@gmail.com ISBN : 978-2-924550-73-1
Conception graphique : Allan E. Berger Image de la couverture : Yet another mistake / Alessandro Patelli, 2018. Creative Commons Attribution 4.0. Adresse URL : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Yet_another_mistake.jpg
Mais qui es-tu pour parler ainsi ? Qui je suis ? Mais n’importe qui !
Jean-Paul Sartre (1905-1980)
Préface Ce petit intello portant cheveux en brosse et bésicles…
Dans nos vertes années, qui se sont déroulées dansles années 1970, Paul et moi avons fréquenté lemême collège. Je découvre, avec ses récits,un aspect que je ne connaissais pas: une nouvelle facette du collège,mais aussi une facette différente de ce petit intello« portant cheveux en brosse et bésicles »,comme il se décrit lui-même, discret mais analysanttout. Nous avons vécu cette période un peu dans desmondes parallèles, n’ayant en commun que le goûtde l’écriture. Et une aversion pour le sport. Si nosmondes se sont superposés par moments, la vie n’étantpas une ligne droite, il aura quand même fallu quarante anspour que nos routes se croisent à nouveau, toujours grâceà la passion de l’écriture. Et il aura fallucinquante ans pour qu’un projet tel que celui de Paul prennenaissance. Nostalgie ? Il s’en défend bien. Commedans la vraie vie, les réminiscences douces-amèresabondent et ressortent. Il jette des petites graines de souvenirspour que puissent refleurir, dans la tête de ses lecteurs, cestemps révolus.

Marie-AndréeMongeau, fière cent-trente-huitarde
Entrez dans la danse
Fondéen 1832, le vénérable Collège de l’Assomption(sur L’Assomption, Québec, Canada) numérotapieusement ses promotions estudiantines. Moi (né en 1958, âgéde douze ans en 1970) et la bande de drilles et de drillettes évoquéedans le présent ouvrage sommes donc de la cent-trente-huitièmepromotion du collège de l’Assomption (1832 + 138 =1970). Et cela fait de nous, comme irrésistiblement, defervents promoteurs du nombre aléatoirement chanceux de 138...
Notremonde collégien est un monde largement révolu, ancien,vermoulu, vénérable. Déjà amplement perdudans les brumes du temps, ce petit univers, translucide et fendillécomme un vieux bibelot, est pourtant si profondément inscritau fond de nous que bon, le moment est venu pour lui de se dire, unpetit peu, comme ça, à la ronde… avant detotalement et définitivement se griffonner sur le papier àmusique, bruissant et fluide, de l’Histoire. Notreunivers estudiantin de fin d’enfance se raconteradonc ici, un petit peu pour les autres et beaucoup pour nous-mêmes.Je remercie chaleureusement tous mes confrères et consœursde collège qui fabriquent et configurent, littéralementet textuellement, la trame serrée de ce petit ouvrage. Lesidentités des protagonistes, les farfelu(e)s comme lesaustères, les sibyllin(e)s comme les univoques, les tondu(e)scomme les hirsutes, ont été subtilement altérées,de façon à soigneusement préserver le droitinaliénable de tous et de toutes à la discrétionla plus élémentaire. Mais autrement, de ce foisonnantmonde collégien d’autrefois, tout se dit ici, tout secontemple par le petit bout de la lorgnette, ou presque.
Segment concret de notre patrimoine collectif, portion briquetée de lapetite histoire comme de la grande, le collège de l’Assomptionse doit fatalement d’assumer… un peu beaucoup…son chaloupeux héritage. Il est partiellement relayévia les tessons anecdotiques, les émoussés comme lesacérés, les doux comme les aigre-doux, qui gisent…notamment… entre ces modestes pages. Les voix qui se rameutentici, au petit bonheur la chance, ahanent l’énormitédes petites choses anciennes, en tournoyant, un peu aléatoirement,comme dans une vieille danse contrite. C’estle tango du collège qui prend les rêves au piègeet dont il est sacrilège de ne pas sortir malin (Jacques Brel, 1929-1978)…
Depuisles suaves replis du temps, bienvenue à tous et àtoutes. Entrez dans la danse inaltérable descent-trente-huitards.

Paul Laurendeau, 138 ième cours
Chapitre 1 Le 138e cours dans l'Histoire
Ladistance du temps est une invitation implicite à reprendre unpeu en main notre place dans l'Histoire. Cela suscite un certainnombre d'observations, tant factuelles que fondamentales. Lesobservations factuelles, d’abord. Première annéede secondaire : 1970. Nous sommes entrés au Collègede l’Assomption (L’Assomption, Québec, Canada)exactement quatre ans après la fin de la RévolutionTranquille, au sens strict du terme (1960-1966). Dernièreannée de cégep :1977. Nous avons terminé notre formation au Collège deL’Assomption moins d’un an après l'électiondu premier Parti Québécois (novembre 1976) et l’annéede la proclamation de la Loi 101 (1977). Cela nous localise dans cefameux espace historique très spécial des années1970.
Lesobservations fondamentales, maintenant. D'abord, quiconque sesouviendra de cette époque-là aura ce qui suit aussi enmémoire. Nous sommes arrivés au collège toutjuste après la tempête des années 1960. Le coursclassique venait de s’effondrer. Et toutes sortes debizarreries hybrides se manifestaient, un peu partout, dans la vieordinaire du collège. Ces intrigantes curiositésmontraient assez bien que la génération antérieure,la génération des baby-boomers 1.0. (nésentre 1945 et 1955), était passée par là,charriant sa tempête historique. On pourrait avancer denombreux exemples. Je n'en citerai qu'un seul, suavement insolite. Onentre dans une vieille et vaste chapelle intérieure, avec descolonnades imposantes, qui visiblement exerça jadis desfonctions cérémonielles et religieuses. Or cetteimmense chapelle s'appelle « la grande discothèque » .Alors, c'est très bizarre, pour notre regard et nos oreillesde douze ans, de voir l'architecture surannée de cet espacemonumental, avec les décorations pieuses, et tout et tout…et ça s'appelle « la grande discothèque » .Le cardinal Paul-Émile Léger (1904-1991) est mêmevenu nous haranguer, en 1970, dans cette ci-devant grandediscothèque. Et tout le monde s’en foutait. Les plusvieux le niaisaient à voix basse, en évoquant sonfantasme raté d’être le premier papecanadien-français. Surréaliste. Ambiance sociale detransition, je vous en file mon carton. Le cardinal Léger àla grande discothèque du collège, bonjour le chocabrupt de deux époques. C'est seulement après uncertain temps qu'on se rend finalement compte que cet espace a étéfraîchement renommé, entendre débaptisé-yéyédans les années 1960, « grande discothèque » .Tout cela pour dire que notre arrivée au collège a priscorps sur les ruines d'une tempête sociale historiquementrécente, dont on pouvait encore voir certains branchagescassés pendouiller.
Maisil y a plus, bien plus. Maintenant qu'on dispose de la distancehistorique, on se doit de faire observer que les années 1960ne furent pas seulement une période d'effervescence etd'émancipation de la jeunesse. Ce fut aussi, au Québec,Révolution Tranquille oblige, l'époque de la mise enplace d'un vaste système scolaire public, laïc. Réformedu cours primaire, du cours secondaire, instauration des cégeps.Et ce qu'on doit comprendre, c'est que cet immense systèmed’instruction publique, allant du primaire au cégep,était tout nouveau, tout beau, tout neuf, lorsque nous sommesentrés au Collège de l'Assomption, en 1970. Il n'étaitdonc, à ce moment-là, plus vraiment possible d'allerstagner dans un collège privé, comme ça…sur l’erre d'aller… Désormais, c’étaitun choix à faire. Le collège privé étaitmaintenant en compétition avec un système publicefficace, performant, novateur, intellectuellement progressiste etgratuit.
Onavait beau dénigrer ledit système public, on ne pouvaitpas vraiment s’empêcher de sentir sa puissance, toutefraîche. « Chez nous, c’est différent,tout ce qu’y a ailleurs, on l’a pas icitte » … c’estsurtout cette situation nouvelle que ce slogan détournécommentait… Ils avaient les ressources que nous n’avionspas, ou plus. Et tout cela a eu une forte incidence sur la nature etla dynamique de l'enseignement auquel nous avons étéconfrontés, au collège. Les curés n'étaientplus triomphants. Ils étaient aux abois. Ils se devaient de semettre à la page, pour continuer d’attirer leurclientèle payante, aspirant désormais à unenseignement moderne pour leurs enfants (le tout débouchantsur autre choses que des carrières traditionnelles etvieillottes). Sans ce renouvellement, les enfants des temps nouveauxseraient tout simplement partis dans le système public. Subiteémulation par la compétition, si vous voyez le topo enaction. Cela a créé une espèce d'effervescencede modernisation, au collège. C’était…faire pop ou mourir. Nous en avons, je pense, amplement bénéficié.
Unautre élément, absolument crucial pour le 138e cours très spécifiquement, c'est celui que, pour parlermoderne, on appellera la double cohorte . Il y a des gens quiavaient fait la septième année du vieux systèmeprimaire, il y a des gens qui ne l'avaient pas fait. J'étaisdu second groupe. Le 138 ième cours fut donc lepremier cours où, au moment de la sélection, la cohorteétait double. Autrement dit, se mélangeaient ensembledes gens ayant fait la vieille septième et des gens n'ayantpas fait la vieille septième. Alors, vous commencez par couperde votre cohorte ceux qui n'ont pas les moyens (le collègeprivé, ça reste, hélas, un privilège declasse). Et, même quand vous ne gardez que les riches, vousvous apercevez que vous avez un plus grand cheptel étudiantque d’habitude, dans lequel vous pouvez appliquer votretyrannique dynamique sélective. C'est à mon avis ce quifait que la 138 ième promotion ressort pour sesqualités intellectuelles (si c’est le cas… ilfaudrait voir ce que les autres promotions en disent). Elle a tiréles atouts involontaires d'une situation de double cohorte et ce,dans un contexte social où s'imposait une modernisation forcéeet forcenée de l'enseignement privé, au beau risqued’une dynamique scolaire désormais progressiste etcom

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