Les Combats de ma vie
302 pages
Français

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Description

« Chaque été une ou deux fermes isolées étaient frappées par la foudre. Quand celle-ci s'abattait directement sur le toit de chaume sous lequel se trouvaient entreposés paille et foin pour la nourriture hivernale des bêtes, l'incendie inévitable prenait tout de suite une ampleur considérable, transformant presque instantanément la bâtisse en un immense brasier, sans qu'il soit possible de le combattre, aucun moyen de lutte ne se trouvant sur place. C'est pour cela qu'au premier coup de tonnerre retentissant la nuit, nous bondissions tous hors du lit, nous habillant à la hâte, pour nous rassembler dans la pièce principale et attendre dans l'angoisse la plus totale, la fin de l'orage. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342015898
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Combats de ma vie
Pierre Neuville
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Les Combats de ma vie
 
 
 
 
Préface
 
 
 
Mon premier contact avec Pierre Neuville restera dans ma mémoire. À la fin des années soixante-dix, lors d’une campagne de fouille consacrée à l’étude d’un site préhistorique de Balagne, une personne d’un certain âge se présenta. « Je suis le colonel Neuville, intéressé par l’archéologie, et vous demande la permission de rester ce matin pour observer le déroulement de vos travaux ». Bien entendu, cette sollicitation fut accordée mais je me promis de surveiller d’éventuelles réactions des fouilleurs, essentiellement des étudiants venus d’Aix-en-Provence et de Nice, généralement frondeurs et dont le statut de militaire du visiteur ainsi que son grade pouvaient exciter l’imagination. Par miracle, mais surtout en raison des prémices d’une légère fatigue, rien de tel ne se produisit. Avant de nous quitter, le colonel nous manifesta son désir de renouveler l’expérience, et c’est ainsi que commença une relation qui devait s’avérer fructueuse.
Dès le début, il nous dit son souhait de se consacrer à l’archéologie, étant alors très près de la retraite. Je lui indiquais, pensant qu’un officier comme lui avait un certain nombre de diplômes, qu’il avait la possibilité de s’inscrire à l’université pour acquérir une formation dans le domaine concerné et, pourquoi pas, entreprendre plus tard des recherches personnelles. Il m’avoua avec regret qu’il n’avait pas le baccalauréat.
Son visage changea quand je lui appris qu’il pouvait passer l’examen spécial d’entrée à l’université, prévu pour les non-bacheliers. Cette fois, la machine était lancée, et il faut bien comprendre que l’ambition et la détermination de notre futur chercheur étaient totales car il projetait en fait, pratiquement à un âge où l’on quitte la vie active, de suivre un cursus universitaire dès sa première année, qui plus est à l’extérieur de l’île lui qui habitait la Corse (l’Université locale n’étant pas encore en place), pour arriver à un niveau minimum correspondant à la maîtrise (et plus tard, peut-être, au doctorat). Une belle leçon de courage et de foi en l’avenir.
C’est là que je pris conscience de la qualité de l’homme.
Le présent ouvrage confirme tout à fait cette impression initiale. Il convient, me semble-t-il, d’en retenir deux points majeurs.
Le premier est que l’auteur a été, phase parfois cruelle mais toujours exaltante, le témoin d’événements historiques majeurs (deuxième guerre mondiale, guerre d’Indochine, guerre d’Algérie) qui l’ont profondément marqué, y compris dans la chair. Il nous les fait vivre de l’intérieur, au niveau du combattant ou de l’acteur, en nous livrant des informations précises que ne retiennent pas toujours les manuels ou les livres d’histoire. Car l’évocation de ces combats est accompagnée de celle des sentiments ressentis alors.
Parfois même, les faits relatés surprennent car apparemment peu voire mal connus. Il en est ainsi, à titre d’exemple, du détail suivant, tiré strictement du texte de l’auteur : Les accords d’Évian prévoyaient, pour assurer l’ordre en attendant le référendum devant conduire à la proclamation de l’indépendance, la création d’une force militaire neutre, dite locale, constituée à parité de volontaires français et algériens. Ils prévoyaient aussi la mise en place à tous les niveaux de commandement (secteurs, divisions et régions) de commissions militaires locales mixtes chargées de veiller à l’application du cessez-le-feu. Ces dernières devaient siéger au moins une fois par semaine, voire plus souvent si nécessaire. Le général commandant la division de Méchéria dont nous dépendions avait décidé que les officiers de renseignements devraient obligatoirement en faire partie. C’est ainsi que je fus désigné pour celle de Géryville… À chaque séance, nous avions à débattre longuement de nombreux petits détails sans importance. Ils étaient en permanence demandeurs de futilités les plus diverses jusqu’au jour où, devant partir en permission, le Colonel décida de les mettre à l’épreuve. Il leur demanda de bien vouloir me délivrer un laissez-passer pour me rendre à Oran pour prendre l’avion. Avec bien des hésitations, ils finirent par en accepter le principe et me l’apportèrent la fois suivante, signé de tous deux. Je n’en eus pas besoin prenant l’avion dès Géryville mais il aurait pu me servir à mon retour, début juillet, ayant dû emprunter un convoi routier pour me rendre d’Oran à Saïda où venait de se replier notre état-major. Ce curieux document figure parmi les illustrations du présent ouvrage.
Dans un secteur différent, ses souvenirs relatifs à la vie rurale en Corrèze, dans la première moitié du XX e  siècle, sont truffés d’anecdotes et de détails parfois piquants qui nous aident à comprendre le goût de notre auteur pour les choses traditionnelles et, par conséquent, ses études portant sur les structures et activités anciennes du nord-ouest de la Corse, notamment sur les habitats temporaires des bergers insulaires.
À la réflexion, le point le plus significatif révélé par cet ouvrage est la remarquable ascension sociale voire intellectuelle de ce petit paysan ouvrier devenu colonel de la Légion étrangère mais aussi Docteur en Préhistoire, autrement dit ayant atteint le haut niveau dans deux domaines très différents.
Et pourtant, les premiers temps furent à tout le moins vraiment difficiles. Dans nos sociétés rurales de la première moitié du XX e  siècle, les gens qui s’éloignaient de la morale rigide de l’époque ne pouvaient guère s’insérer aisément dans la communauté, à commencer par les enfants naturels. Cet obstacle surmonté, il fallait trouver un emploi, généralement modeste, pour assurer le quotidien. Pour Pierre Neuville, ce fut garçon de ferme, puis boulanger. On comprend dès lors l’attrait de l’armée, conjugué aux événements de la deuxième conflagration mondiale, pour ces défavorisés du pays. Notre homme, malgré la gravité et l’extrême dureté de la situation, eut désormais la sensation de commencer à maîtriser sa vie, de devenir adulte. Dans les décennies qui suivirent, dans une ambiance de découverte de plusieurs parties de notre monde, son comportement exemplaire lui donna l’occasion de gravir les échelons de sa profession. Restait le besoin d’une expérience culturelle, devenue accessible, nous l’avons vu au début de ces propos, sur ces belles terres de la Corse nord occidentale. Le parcours était achevé, rééquilibré avant tout par les activités relatives à l’archéologie préhistorique.
 
Le texte est clair, sans fioriture, parfaitement adapté à des souvenirs évoqués sans fard et de façon pointilleuse. Le tout dégage une impression de vérité, de sincérité qui conforte la position du narrateur.
 
Que dire de plus ? Peut-être que ce cheminement fut celui d’une personne réservée, disponible, jamais avare de ses efforts et, bien évidemment, valeureuse. Une personne dont la vie devrait être en mesure d’intéresser bon nombre de nos contemporains. C’est la justification même de ce témoignage que l’on pourrait désigner en quelque sorte comme étant le reflet d’un itinéraire pour changer une image initiale injuste.
Michel Claude Weiss Professeur émérite de l’Université de Corse
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
À la veille de fêter mon quatre-vingt-dixième anniversaire, Président d’honneur du Cercle d’Études et de Recherches Historiques de Lumio, j’ai voulu me pencher sur ce qu’a été ma vie active que j’ai terminée de façon assez inattendue comme chercheur associé du groupe de Recherches Préhistoriques de l’Université de Corse, avec lequel j’ai œuvré pendant trente ans en tant que docteur de 3 e cycle. En effet, de façon totalement inespérée, j’ai pu après avoir accompli une longue carrière militaire, entreprendre à l’invitation de celui qui a été mon « patron » selon l’expression consacrée, un jeune Professeur d’Université, un cursus universitaire qui à l’époque (1979) fut un pari assez osé.
 
Un aboutissement que rien ne pouvait me laisser présager au départ, bien au contraire. Petit fils de paysan, j’aurais dû rester dans ce milieu si je n’avais appartenu à une famille recomposée qui dut le quitter à cause d’une mésentente avec les grands parents. C’est alors que nous entrâmes, bon gré mal gré, dans celui du monde ouvrier où j’ai passé mon enfance et mon adolescence dans plusieurs petits villages de la Corrèze profonde. C’est ainsi que je dus affronter en premier lieu mon lourd handicap d’enfant naturel avant de connaître les dures conditions de ce nouveau monde où j’entrai dès l’âge de douze ans comme valet de ferme avec une parenthèse de six mois en usine, à treize ans. À dix-huit ans, après deux ans passés en boulangerie, j’entrepris une longue carrière militaire des plus tumultueuses mais combien fructueuse. Sans son apport, je n’aurais jamais pu risquer mon pari universitaire.
 
Ma seule ambition avec ce récit, souhaité depuis fort longtemps par mes enfants, consiste à témoigner, en toute honnêteté des conditions de vie extrêmement précaires, dans un monde totalement déstabilisé par la première guerre mondiale, de bon nombre de mes concitoyens de ma génération. Ces conditions de vie à peine imaginables de nos jours, notamment dans les campagnes alors totalement privées de moyens de transport de proximité, encore dans leur majorité sans adduction d’eau et sans électricité, sans radio et sans téléphone, avec un pouvoir d’achat trois fois inférieur à celui

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